Extraits du Bulletin de la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie, n°4 - 1900.
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EXTRAITS
du

BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE
DU
CENTRE DE LA NORMANDIE

N°4 - 1900

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Les Nodosités et les Microbes des Légumineuses

Depuis bientôt deux mille ans, les Agriculteurs répètent que les cultures des légumineuses sont « améliorantes », et que, loin d'épuiser le sol, elles le rendent meilleur. Les botanistes et les physiologistes, comme ils en sont coutumiers, se montrèrent sceptiques et pendant longtemps dédaignèrent de rechercher ce qu'il pouvait y avoir de vrai dans ce préjugé populaire. Les expériences de laboratoire sur ce point, ne remontent guère qu'à une vingtaine d'années, et ce sont deux savants allemands, Hellriegel et Wilfart, qui eurent le mérite d'établir d'une manière incontestable (1) que « la végétation des légumineuses dans les sols privés de matières azotées ne peut réussir complètement que si leurs racines sont pourvues de petits tubercules particuliers. »

Les tubercules ou nodosités, avaient été déjà vus par les botanistes du XVIIe siècle qui les ont considérés comme des productions normales, physiologiques ; quelques auteurs en avaient même fait la caractéristique de certaines espèces. C'est en 1866 seulement que  Woronin (2) démontra qu'elles servaient de retraite à des microbes, et dès lors l'étude de ces productions, évidemment anormales, entra dans une voie vraiment scientifique, non .seulement en France (3), mais en Angleterre et en Allemagne. Les recherches effectuées de 1891 à 1899, à l'Institut Pasteur, par MM. Laurent et Schlœsing fils, et par M. Mazé (4) ont fait le jour complet sur le mode de fixation de l'azote atmosphérique par le microbe des légumineuses et sur l'évolution de ce microbe dans les nodosités et dans le sol où il se trouve en concurrence vitale avec beaucoup d'autres microbes. Ce sont ces derniers et importants travaux que j'essaierai de résumer Et dont je ferai ressortir les conséquences pratiques au point de vue agricole.

Les visiteurs de l'Exposition Universelle qui se sont arrêtés devant les vitrines de l'Institut National agronomique, au palais du Champ-de-Mars, ont pu remarquer de nombreuses figures de microbes, les uns utiles, les autres nuisibles à l'agriculture. La bactérie des légumineuses y figurait en bonne place et on la retrouvait en cultures pures, dans le palais de l'Hygiène, au Salon Pasteur. Grâce à la publicité des journaux, tout le monde sait aujourd'hui, plus ou moins exactement, ce que c'est qu'un microbe. Il me suffira de rappeler que ce sont des êtres vivants, infiniment petits, dont les germes sont répandus en quantités innombrables dans l'air, dans l'eau, dans le sol, et se multipliant parfois avec une telle abondance et une telle rapidité, que ces invisibles deviennent visibles par les masses qu'ils produisent. C'est ainsi qu'à l'Exposition Pasteur, où figuraient plus de cinq cents espèces de microbes, on voyait, tracés sur des plaques de verre, comme dans les plates-bandes d'un jardin, des lignes, des mots, une croix qui n'étaient autre chose que des cultures de ces organismes semées intentionnellement dans un ordre donné.

Je rappelle encore, pour compléter ce court exposé, que le Créateur a donné aux microbes un rôle prépondérant dans les actions chimiques qui s'exercent à la surface et dans les profondeurs du sol. Ce sont eux qui ramènent la matière organique à l'état inorganique et s'il en est qui attaquent et détruisent les fruits, les plantes, les produits alimentaires, et même la santé des hommes et des animaux, il en est d'autres qui fabriquent le vin, le cidre, la bière, le fromage, etc. Pasteur nous a appris à combattre les uns, à domestiquer et à mieux utiliser les autres.

Arrivons aux faits. Les bactéries des légumineuses sont des fabricants d'azote et leur fabrique est installée dans les nodosités. Si vous arrachez avec quelque précaution un plant de trèfle, de luzerne, de pois, de lupin ou même de genêt, vous apercevez sur les racines de petites excroissances, blanchâtres quand elles sont jeunes, brunes et même rougeâtres quand elles sont plus âgées. Ce sont les nodosités. Elles peuvent avoir la grosseur d'un pois; plus souvent, elles ont seulement celle d'une grosse tête d'épingle. La forme de ces tubercules peut différer beaucoup dans des espèces voisines; mais elle est assez constante dans la même espèce, tantôt ronde (haricot), tantôt ovoïde (trèfle), ou même présentant des ramifications plus ou moins nombreuses (vesce, luzerne). Dans le lupin et surtout dans le lupin jaune, ces ramifications arrivent parfois à former une masse volumineuse autour du collet. L'aspect intérieur varie aussi avec l'âge; les vieilles nodosités sont creuses; mais si l'on fait une section dans un jeune tubercule avec une lame bien tranchante, on voit qu'il est plein et, avec une forte loupe, on reconnaît que les cellules du centre sont beaucoup plus grosses que celles de la périphérie, et, détail qui a son importance, que ces dernières sont en communication directe avec les racines par des faisceaux libero ligneux. Les microbes sont surtout abondants dans les grosses cellules. Leur diamètre ne dépasse pas un millième de millimètre, et pour les apercevoir il faut non seulement recourir au microscope, mais encore faire usage de réactifs colorants qui les rendent plus visibles. Leur forme varie, bien que M. Mazé ait établi qu'il n'y a en définitive qu'une seule espèce qui, suivant l'âge, la température, l'acidité plus ou moins grande de la sève, se développe en races distinctes. A un moment donné ce sont des Cocci, c'est-à-dire de très petits points immobiles, à d'autres des bâtonnets mobiles, bacilles, à d'autres enfin, et c'est cette particularité qui différencie nettement le microbe des légumineuses des autres microbes, ce sont des formes en poires creusées de vacuoles ou des formes ramifiées simulant soit la lettre Y soit la lettre T (5). Enfin M. Mazé a obtenu en dernier lieu une forme filamenteuse en écheveaux : la forme oospora.

En résumé les microbes des nodosités présentent une succession de générations alternantes qui rappellent le mode de développement de beaucoup d'organismes inférieurs. J'ajoute — et l'on verra tout à l'heure pourquoi — que dans les nodosités jeunes on constate au microscope l'existence de filaments mucilagineux qui ne se colorent bien que par certaines couleurs d'aniline.

La nature de ces filaments a été l'objet de controverses très vives de la part des savants qui les avaient observés. Tout d'abord on les a pris pour un mycelium de champignon, puis pour le microbe lui-même, et on les a décrits comme tels sous le nom de rhizobium légu-minasorum (Frank). En dernier lieu Mazé a constaté (6) qu'ils renferment toujours des Cocci, et qu'ils sont secrétés par le microbe lui-même. Il en a obtenu abondamment dans ses cultures artificielles et il a nettement établi par quel procédé, un peu plus compliqué qu'on ne l'avait cru tout d'abord, la plante s'assimile l'azote de l'atmosphère.

En somme, les microbes du sol, attirés par les poils radicaux, envahissent les racines et forment les nodosités où ils sont nourris par la plante elle-même ; mais en échange ils lui fournissent un engrais dont l'azote est emprunté, par eux, à l'atmosphère. Cet engrais n'est autre que ce mucilage qui est constitué, pour ainsi dire, par leurs excréments. Comme tout être qui respire et qui se nourrit, le microbe rejette les produits qu'il ne s'est pas assimilé. Ce produit mucilagineux fortement azoté n'est d'ailleurs pas spécial au microbe des légumi-neuses. Beaucoup de plantes inférieures microscopiques qui végètent dans les eaux ou à la surface du sol humide y forment un enduit visqueux, jaune ou verdâtre ; mais il y a cette différence que le mucus des nodosités est mis à la portée de la plante, dissous dans la sève et assimilé au fur et à mesure qu'il se produit. C'est pour cela qu'on en trouve de si petites quantités dans les nodosités elles-mêmes, et de si grandes dans les bouillons de culture où il n'y a pas de plante pour les absorber.

Pour démontrer qu'il ne s'agit pas ici d'un roman inventé par un savant plus ou moins ingénieux, il me suffira d'exposer quelques faits tangibles.

Dans un sol stérilisé et avec des graines stérilisées, c'est-à-dire privées de tout germe de microbes, Laurent et Mazé font pousser, à l'abri des germes de l'air soigneusement tamisé, des légumineuses dont les racines ne portent jamais de nodosités. Ces plantes prospèrent cependant si on leur fournit en quantité suffisante un engrais azoté; elles dépérissent si on les en prive ; mais elles reprennent et donnent des produits abondants si l'on provoque la formation de nodosités sur leurs racines par des inoculations de microbes, microbes bien déterminés et qui ne sauraient être confondus avec aucun autre.

Les nodosités apparaissent sur les racines dix à douze jours après les inoculations, et lorsqu'à la fin de l'expérience on établit le bilan de l'azote qui a été fourni à la plante par l'expérimentateur, et celui de l'azote qui est emmagasiné dans la plante ou qui reste dans le sol, il y a un gain d'azote. Il faut donc bien que cet excès d'azote, qui n'a pas été pris au sol, vienne de l'air par

l'intermédiaire du microbe. Mais ce n'est pas tout : ce microbe, on peut le faire vivre sur un milieu artificiel, on le met pour ainsi dire en bouteille, sans rien autre que le bouillon de culture dont on a pesé chacun des éléments constitutifs. On le voit alors former abondamment du mucus visqueux et, dans des conditions dont on est absolument maître, on arrive à établir le bilan de l'azote initial fixé et consommé. Voici, à titre d'exemple, un de ces bilans emprunté au mémoire de
M. Mazé (7). Dans cette expérience, l'aliment fourni au microbe était du bouillon de haricots stérilisé et additionné de sucre (saccharose).

Sucre initial
millig.
Sucre consommé
millig.
Azote initial
millig.
Azote final
millig.
Azote gagné
millig.
175013077.113.46.3

 Dans la nature, je l'ai déjà dit, l'hydrogène et le carbone, représentés ici par le sucre, ainsi que l'azote nécessaire à la mise en train de la vie du microbe, lui sont fournis, dans les nodosités, par la plante elle-même; mais le résultat final est identique et le microbe rend au centuple à la plante ce qu'il a reçu.

Avant d'aborder le côté pratique de cette étude, j'aurais encore à signaler certaines particularités curieuses de la vie du microbe des nodosités, lorsqu'il végète librement dans le sol. Ce sont ces particularités, découvertes par M. Mazé (8), qui lui ont permis de donner la clef de certains phénomènes encore obscurs et d'expliquer les échecs qui ont si mal récompensé les tentatives des agronomes allemands en vue de préparer des cultures rationnelles de légumineuses.

Deux méthodes ont été préconisées dans ce but, celles de Salfeld (9) et celle de Nobbe (10).

Pour introduire les bactéries des légumineuses dans les sols qui en sont présumés dépourvus parce qu'ils sont vierges de toute culture de légumineuses, Salfeld prend tout simplement de bonnes terres arables qui ont porté récemment des légumineuses et les répand, sur le sol à cultiver, préalablement soumis aux travaux de préparation et d'amélioration habituels. Cette terre, véritable engrais microbien, doit être prise de préférence dans un sol qui ait porté l'espèce végétale qu'on se propose de cultiver, ce qui correspond bien aux données fournies par la science sur l'adaptation du microbe et la diversité de races qui en résulte.

Ces essais datent de 1887. Salfeld a mis en culture des sols tourbeux préalablement assainis et amendés, divisés en parcelles; ces champs d'expérience ont reçu jusqu'à 40 kil. de terres à légumineuses par are. Dans les parcelles ainsi traitées, les récoltes de fèverolles et de pois comparées à celles des parcelles témoins, c'est-à-dire n'ayant reçu que les soins habituels, ont donné, dans certaines expériences, jusqu'à 90 et 200 0/0 d'excédent en graines, 87 et 417 0/0 d'excédent en paille. Ces magnifiques résultats ne sont pas contestés, mais est-il vraiment pratique d'avoir à déplacer plusieurs tonnes de terre par hectare ?

Nous avons déjà vu que les microbes des légumineuses se cultivent facilement sur les milieux artificiels. Pour obtenir l'engrais microbien sous un petit volume, MM. Nobbe et Hiltner sont entrés dans la voie qui leur était tracée par les bactériologistes. Ils fabriquent industriellement des cultures pures qu'ils livrent au commerce sous le nom de Nitragine (11). Ce produit a été essayé dans un grand nombre de stations agronomiques de France, d'Angleterre, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse. Partout, les agronomes ont eu à formuler des réserves sur la valeur pratique de la Nitragine, et, en France notamment, deux expérimentateurs dont l'autorité n'est pas contestée, MM. Dehérain (12) et Schribaux (13), sont arrivés à des conclusions qui lui sont peu favorables. La vérité, et Mazé le démontre, c'est que les bactéries sont si abondantes dans les bons terrains que l'addition de Nitragine est au moins superflue. Plus que toute autre, la bactérie des légumineuses jouit de cette souplesse d'adaptation qui assure la dissémination de l'espèce et sa conservation indéfinie dans le sol.

La conclusion pratique de toute cette étude est donc qu'ici encore il n'y a qu'à aider la nature. C'est ce que fait Salfeld avec ses transports de terres à légumineuses ; mais n'est-il pas plus simple de tenir compte de ce fait bien démontré par Mazé, qu'il y a deux grands groupes naturels de bactéries des légumineuses : celui des terrains calcaires et celui des terrains acides, et que le choix des espèces de légumineuses à cultiver dans un sol déterminé doit être fait en conséquence. Il faut en second lieu, — et c'est ce que fait tout agriculteur expérimenté — préparer le terrain par des fumures, des amendements, des drainages ou des irrigations suivant le cas. Ces opérations ont, en effet, pour résultat de transformer radicalement les fermentations qui se produisent dans le sol sous l'action des bactéries, et les bonnes espèces en profitent. Si elles semblaient endormies, elles se réveillent bientôt et prennent possession d'un milieu qui leur est devenu favorable, pour y accomplir leur tâche.

En définitive, bien préparer sa terre est encore le procédé le plus sûr pour favoriser la pullulation de ces races de microbes du sol, que la plante attire et qui, en échange de l'hospitalité qu'ils reçoivent, lui préparent, avec l'azote de l'atmosphère, l'engrais dont elle a besoin pour prospérer (1).

A. CERTES,
Membre et ancien Président de la Société zoologique de France.


 NOTES :
(1) Les travaux de ces savants ont été analysés dans les Annales de la Science agronomique française et étrangère en 1890. Ceux de B. Franck, fort intéressants aussi, ont paru dans les Annales en 1888.
(2) Annales des Sciences Naturelles. — Botanique, T. VII, 1866.
(3) Cf. dans les Annales agronomiques, 1888, la savante étude de M. Bréal, à qui l'Académie décernait, l'année suivante, le prix Desmazières, sur le rapport de M. Duchartre.
(4) Annales de l'Institut Pasteur : E. Laurent, « Nodosités radicales des légumineuses », 1891, p. 105, avec pl. — Seltloesing et Laurent « Fixation de l'Azote libre par les Plantes », 1892, p. 65 et 824. — Mazé, « Fixation de l'Azote libre par le bacille des Nodosités des légumineuses » 1897, p. 44. — Le même, « Microbes des Nodosités des légumineuses «, second mémoire, 1898, p. 1. — Troisième mémoire, p. 128, avec pl. — Quatrième mémoire, 1899, p. 145.
(5) Loc. cit., 3e mémoire 1898, pl. I et II. Cf. aussi es planches du mémoire de Laurent, 1891, pl. II, fig. 12 et 14.
(6) Loc. cit. 3e mémoire 1898.
(7) Loc. cit., 3e mémoire 1898, p. 143.
(8) Cf. le 3e mémoire de M. Mazé. —, Morphologie du microbe des nodosités, avec pl., p. 138 et 121. Annales Pasteur 1898.
(9) Biederm. Centralblatt. XVIII, p. 219.
(10) Land Versuchstationen. XLVII, 1896.
(11) Mot à mot : qui engendre l'azote.
(12) Annales agronomiques, 1898, p. 174
(13) Agriculture pratique, T. I, 1897, p. 813
(14) Nous ne détournerons cependant pas les horticulteurs de faire des essais dans leur potager, à la suite de Salfeld. Transporter de la terre d'un point à un autre est à la portée de tous, et il n'est pas nécessaire d'opérer sur une bien grande échelle pour obtenir des résultats appréciables. Je leur rappelle seulement que s'ils veulent se rendre un compte exact du rendement des parcelles en expérience, il faut toujours à côté de ces parcelles, cultiver des parcelles témoins.


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SOURCES CRÉÉES ARTIFICIELLEMENT

Dans un précédent article, nous avons signalé une méthode qui permet d'exécuter utilement des travaux de drainage dans des terrains où l'absence de pente n'admet pas naturellement l'écoulement des eaux.

Nous pensons intéressant d'étudier aujourd'hui à l'aide de quels procédés on peut, dans certains terrains, parvenir à créer à la surface du sol l'écoulement continu des eaux d'une nappe inférieure.

Le résultat cherché est inverse du précédent : il ne s'agit plus de faire disparaître dans le sous-sol les eaux gênantes de la surface, mais, au contraire, de faire apparaître à la surface l'eau potable du sous-sol.

A l'aide des puits artésiens, on peut faire jaillir des couches inférieures du sol des volumes d'eau considérables, mais le forage de ces sortes de puits est trop coûteux en même temps que trop aléatoire pour pouvoir être tenté autrement que dans des circonstances particulières.

A l'aide de la méthode nouvelle, les volumes d'eau obtenus seront relativement faibles mais le résultat des travaux sera prévu avec certitude, comme aussi la dépense dont le montant restera, le plus souvent, fort peu élevé.

En général, quand on creuse un puits, soit sur le sommet, soit sur le flanc d'un coteau, on rencontre l'eau, en nappe, à un niveau supérieur au thalweg de la vallée commandée par cette hauteur. On aperçoit de suite la conséquence à en tirer : l'eau se trouvant dans le puits à un niveau plus élevé que la ligne du fond de la vallée, il suffit pour avoir de l'eau courante à la surface du sol, de créer au niveau de la nappe d'eau rencontrée dans le puits un débouché à flanc de coteau : l'eau s'écoulera nécessairement.

A première vue, la méthode paraît destinée à rester dans le domaine de la théorie, il n'en est rien cependant : la méthode est pratiquemen 'réalisable, dans un très grand nombre de cas ; elle peut même parfois être appliquée avec une grande simplicité. Si, par exemple, l'eau est à un niveau élevé dans le puits et si la déclivité du terrain est assez grande, il pourra suffire de faire une tranchée peu profonde pour atteindre rapidement le niveau de sortie à la surface du sol.

Nous pouvons citer dans les environs immédiats de Lisieux, une source créée artificiellement de la sorte et dont l'établissement, en dehors du prix de revient du puits, n'a pas coûté plus d'une centaine de francs. Cette source débite, suivant les saisons, 2 à 4 mètres cubes d'eau par jour, exactement au 1er décembre 1900, après une période de sécheresse exceptionnelle, 1 mètre 95, volume d'eau plus que nécessaire pour pourvoir en eau potable une agglomération déjà nombreuse.

Le détail de cet établissement indiquera le peu d'im-portance des travaux.

Niveaux au-dessus de la mer : du thalweg 47 mètres; du sommet du coteau 151 mètres ; — de l'orifice du puits 88 mètres. Lors du forage du puits, une nappe d'eau a été rencontrée à la profondeur de 2 mètres 75 ; le forage a été poussé jusqu'à la profondeur de 5 mètres. Les travaux de forage terminés, le niveau de l'eau s'est relevé à 1 mètre 75 au-dessous du niveau du sol, cote à laquelle l'eau s'est définitivement établie pendant les saisons moyennes, tandis que pendant les saisons les plus sèches elle n'est pas descendue au-dessous de la cote de 2 mètres 50. La tranchée d'amenée de la source a été poussée près du puits à la profondeur de 3 mètres, soit à un niveau inférieur de 1 mètre 25 au niveau moyen de l'eau. La tranchée a reçu une pente de 1 centimètre par mètre; la déclivité naturelle du terrain étant de 12 centimètres, il était possible de faire recouper la surface du sol par cette tranchée, c'est-à-dire d'obtenir la sortie de terre de la source ainsi créée à 27 mètres environ du puits d'origine. Dans l'espèce, la tuyauterie a été poussée beaucoup plus loin afin d'amener l'eau en un point particulièrement favorable au service mais sans qu'il y ait aucune nécessité technique pour agir ainsi.

En plaçant le tuyautage étanche, comme il a été fait lors de la création de la source dont nous venons d'indiquer les conditions d'établissement, au-dessous du niveau de l'eau le plus bas observé, on assure le débit de l'eau pendant les mois de sécheresse et on constitue aussi une réserve d'eau fraîche dont le service rapide est garanti par un robinet de retenue placé à l'orifice de production. Sans robinet on obtiendrait un écoulement d'eau permanent égal au débit du puits mais le plus souvent insuffisant pour donner rapidement, au moment voulu, un certain volume d'eau.

On pourra encore augmenter la réserve d'eau en construisant un siphon qui permettra au besoin de mettre le puits à sec ; la réserve sera dès lors égale à la capacité entière du puits.

Utile au point de vue de la réserve, le siphon est, dans un grand nombre de cas, indispensable au point de vue de la création même de la source ; c'est grâce au siphon qu'on peut obvier aux difficultés qui se présentent lorsque la nappe d'eau se trouve à une profondeur difficile à atteindre directement en tranchée.

Il est assez rare en effet que l'eau dans un puits atteigne un niveau suffisamment élevé ou que la déclivité du sol soit assez marquée pour permettre sans aucun danger et sans grandes dépenses d'amener cette eau à jour à flanc de coteau à l'aide d'une simple tranchée directe n'ayant ni trop de profondeur ni trop de longueur.

Chaque fois que le point de départ de la source devra être fixé à plus de quatre ou cinq mètres de la surface du sol, chaque fois que l'on se trouvera en présence de terrains manquant de consistance, chaque fois encore que la pente naturelle du sol sera assez faible pour obliger à conserver à la tranchée une grande profondeur sur un trop long parcours, il conviendra d'avoir recours au siphon.

Ce siphon sera installé de la manière suivante : le niveau de l'eau étant déterminé, la tranchée est amenée vers le puits à la plus grande profondeur pratique posssible, le tuyautage étanche est posé, coudé à son arrivée dans le puits et descendu jusqu'au plafond de ce puits: à l'extrémité opposée, la tranchée et le tuyautage sont naturellement continués jusqu'à ce qu'ils soient parvenus, sur la déclivité où doit apparaître la source,. à un niveau sensiblement inférieur au niveau le plus bas que l'eau puisse atteindre dans le puits pendant les sécheresses; on a soin, d'autre part, que la différence entre le niveau de prise d'eau, le plus bas prévu., et le point le plus élevé du siphon n'excède jamais 9 mètres 50 (théoriquement 10 mètres 30, variable), hauteur au delà de laquelle la pression atmosphérique serait insuffisante pour assurer le fonctionnement du siphon.

L'adjonction d'un siphon au puits peut permettre, à supposer que la tranchée à son point d'attache avec le puits ait une profondeur de cinq à six mètres, le débit, en source, d'un puits dans lequel le niveau de l'eau serait à quinze mètres de profondeur environ et même plus, en établissant la tranchée dons certaines conditions.

L'amorçage du siphon se fait, soit automatiquement par l'ascension naturelle de l'eau dans la tuyauterie étanche, si la partie la plus élevée correspond à un niveau inférieur au plan d'eau, soit à l'aide d'une pompe aspirante à main si cette partie correspond au contraire à un niveau supérieur. Dans les deux cas, le siphon doit être muni d'un tube de dégagement de petit diamètre, soudé avec soin au point le plus élevé de la canalisation ; ce tube se termine par un robinet ou mieux par une valve et par une partie filetée, son extrémité vient effleurer le sol. Si l'amorçage doit se faire automatiquement, le robinet d'amorçage étant ouvert et le robinet de production fermé, le tube de dégagement permet à l'air de s'échapper de la tuyauterie au fur et à mesure de l'ascension de l'air; si l'amorçage doit être fait à l'aide d'une pompe aspirante, le robinet d'amorçage étant ouvert, on fixe à l'extrémité filetée du tube de dégagement une pompe à main, la présence de l'eau dans cette pompe indique que l'amorçage est terminé.

L'air dissous dans l'eau, les gaz qui s'échappent des parois du puits, en s'accumulant à la partie la plus élevée du siphon peuvent provoquer en ce point la rupture de la colonne d'eau ; on peut éviter ce désamorçage en ayant recours à une disposition assez simple : au-dessus de la valve ou du robinet d'amorçage, on fixe un récipient d'amorçage de capacité au moins égale, et de préférence supérieure, à la capacité du tube de dégagement, ce petit récipient complètement clos et étanche se termine par un second robinet ou mieux par une seconde valve, à l'intérieur, un tube de très petit diamètre, engagé de quelques centimètres dans le tube de dégagement auquel il est soudé d'un côté laissant l'autre côté libre, à l'extrémité supérieure, au-dessus du second robinet, une partie filetée, sur laquelle peut être vissé soit un entonnoir soit la pompe aspirante. Le siphon étant amorcé et le robinet inférieur d'amorçage fermé, on ouvre le robinet supérieur et on visse à la place de la pompe un entonnoir à l'aide duquel on emplit d'eau le récipient; on ferme le robinet supérieur et on ouvre le robinet inférieur, l'air contenu dans le tube d'amorçage, pour quelque cause que ce soit, vient petit à petit prendre la place de l'eau contenue dans le récipient; l'opération est' au besoin renouvelée, le tube de dégagement est définitivement rempli et le récipient lui-même reste plein d'eau ; si des bulles viennent à se former dans le siphon, elles sont naturellement amenées par le tube de dégagement dans le récipient dont elles remplacent une partie du contenu sans jamais occasionner de rupture dans la colonne d'eau ; il suffit de maintenir une certaine quantité d'eau dans le récipient pour éviter de ce côté tout désamorçage. Il convient également de régler l'orifice d'écoulement dont le diamètre, afin d'éviter une autre cause de désamorçage, doit être en rapport avec le débit sous pression et le diamètre de la canalisation. Il importe enfin, afin de prévenir le désamorçage par la mise à sec du puits ou par l'abaissement du niveau de Peau du puits au-dessous de l'orifice de production, de-fixer à l'intérieur de la lanterne du tuyau de prise d'eau un cône de fermeture commandé par un flotteur, ce cône vient boucher automatiquement la prise d'eau chaque fois que l'eau se rapproche du niveau auquel le désamorçage doit avoir lieu ; l'eau, en remontant à nouveau, entraîne le flotteur et dégage le cône, l'orifice de prise redevient libre et la circulation normale est rétablie.

Nous croyons que notre région est particulièrement favorable à l'établissement des « sources créées artifi-ciellement » et que cette méthode, éprouvée déjà, peut, sans dépenses considérables, rendre de très sérieux services.

Ouilly-le-Vicomte, le 5 décembre 1900.

DESCOURS-DESACRES

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ROLE ACCIDENTEL DES PLANTES
DANS LA
TRANSMISSION DE LA TUBERCULOSE DE L’HOMME AUX ANIMAUX

Pour être toujours en éveil, notre prudence n'en veille pas moins assez mal. Un danger, quelque improbable soit-il, s'il frappe directement nos sens, parfois même notre imagination seule, suffit à nous faire redouter les pires maux. En dehors de ces dangers apparents, on se préoccupe peu, en général, de savoir s'il n'en est pas d'autres moins visibles, mais non moins redoutables. Il en est cependant et ils sont nombreux.

Il peut être utile de signaler ici l'un de ces dangers. La question a trait à l'hygiène, elle intéresse particulièrement notre contrée.

L'homme transmet un certain nombre de maladies aux animaux domestiques qui deviennent, à la suite, un nouveau foyer d'infection pour lui-même.

La tuberculose doit être comptée au nombre des maladies qui se transmettent le plus facilement de l'homme aux animaux, et inversement. La facilité de transmission est telle que l'on peut presque avec certitude assurer actuellement, c'est-à-dire en l'absence des précautions voulues, qu'il n'est pas de troupeau complètement indemne de tuberculose là où se trouve depuis un certain temps un tuberculeux. Dans la plupart des cas la transmission est due uniquement à l'imprudence du malade; elle est, par suite, facile à éviter.

On sait que le bacille de Koch (le bacille de la tuberculose) se trouve en abondance dans les crachats des tuberculeux, on sait aussi combien les expectorations des malades sont fréquentes. Répandus par imprudence, un peu partout, en particulier sur la nourriture des animaux, ces crachats se dessèchent au bout d'un certain temps et forment une fine poussière dans laquelle le bacille se trouve à l'état d'indifférence chimique ; cette poussière inoculera certainement l'un des animaux que le hasard conduira à portée. L'absorption a lieu par les fosses nasales, le plus souvent au moment où l'animal flaire sa nourriture. Les chances de transmission sont d'autant plus nombreuses que l'animal, par son état, est plus souvent appelé à se trouver en contact avec les germes que l'imprudence des malades a disséminés sur le sol, il en est ainsi pour les animaux qui pâturent en liberté.

Les cas de transmission de la tuberculose à des ruminants, par aspiration de poussières tuberculeuses répandues imprudemment sur le sol des terrains de pâture, sont si nombreux que chaque praticien peut personnellement en citer plusieurs exemples ; je ne veux en retenir qu'un seul, le dernier que j'ai eu à enregistrer. Lui seul suffit à une pleine démonstration.

J'ai pensé, afin d'en faire mieux ressortir les conséquences, qu'il convenait de donner une certaine ampleur à cette observation clinique. La voici :

Dans le courant de l'année 1900, j'étais appelé aux environs de Lisieux à visiter une vache laitière d'une douzaine d'années présentant, me disait-on, des symptômes d'un affaiblissement général.

L'importante exploitation à laquelle appartenait l'animal malade comprenait de nombreux sujets, tous en excellente santé ; tout au contraire l'animal que j'étais appelé à soigner se trouvait dans un état de misère physiologique extrême. Les commémoratifs étaient les suivants: Appétit diminué, capricieux ; — Rumination difficile, irrégulière ;— Le flanc tendu, dur, douloureux ;— La secrétion lactée presque tarie ; — Le poil piqué, la peau adhérente et sèche ; — Une grande sensibilité à la pression en arrière du garrot, chaque pression suivie d'une toux rauque et sifflante.

A l'auscultation on constatait une modification complète du murmure respiratoire ; un bruit caverneux particulier laissait supposer des lésions d'origine déjà ancienne. Au dire des gens de service « l'animal toussait déjà depuis quatre ou cinq semaines très régulièrement mais le commencement de cette toux remontait à une époque plus ancienne ».

Au nombre des personnes interrogées se trouvait une servante dont l'aspect dénotait une maladie de poitrine avancée ; la malade toussait et crachait continuellement sur le sol ; c'était elle qui était chargée du soin des vaches laitières.

La transmission de la tuberculose, de la personne atteinte à l'animal qu'elle soignait, pouvait dès lors être supposée ; la vache fut séquestrée en attendant qu'elle fût soumise à l'épreuve de la tuberculine.

L'injection de tuberculine fut pratiquée après que les précautions ordinaires eurent été prises ; la température initiale était de 37°08. Ses réactions organique et thermique se firent concurremment ; le maximum de température 39°09 était atteint à la 17e heure, soit une différence de 2°1. Aucun doute n'était possible, l'animal était bien tuberculeux. Il fut abattu le jour même. L'autopsie révéla des lésions profondes : ces lésions étaient bien en rapport avec l'observation thermique, la réaction étant d'autant plus faible que la lésion est profonde. Phtisie au 3e degré. Constatation dans les muscles de la présence du bacille de Koch.

Plus « tuberculinisable » (Straus et Gaucher) que les autres animaux du troupeau cette vache avait été frappée la première.

Restait à établir le mode de contagion afin d'en éliminer si possible l'origine au profit des animaux jusque-là indemnes.

L'animal supprimé était né à la ferme, de parents sains ; dans le troupeau, aucun autre sujet suspect, donc pas de contagion possible du côté de la race ou du voisinage.

Par contre, aucun doute sur la contagion du fait de la femme de service. Des crachats jetés par elle sur le sol, inoculés à quatre cobayes, donnent des résultats positifs.

Sur le cobaye no 1 lésions non équivoques de la tuberculose, mort survenue vingt jours après l'injection.
Sur le cobaye no 2, insuccès, l'animal meurt d'une péritonite à la suite de l'inoculation.
Sur le cobaye no 3, mort survenue au bout de cinq semaines, lésions non équivoques de la tuberculose.
Sur le cobaye no 4, mort survenue au bout de six semaines, mêmes lésions.

Les préparations histologiques dues, les unes, à l'éminent professeur Nocard, mon maître d'Alfort, les autres, à notre savant collègue de la Société de Botanique, M. Aubrée, ont été soigneusement conservées.

CONCLUSION : Tout tuberculeux qui habite dans une ferme où pâturent des animaux, doit, plus que tout autre, s'abstenir d'une façon générale de cracher sur le sol, dans l'herbe, partout où les animaux peuvent se trouver mais partout, surtout, où ces animaux doivent trouver leur nourriture. Il n'y a pas seulement danger pour l'animal qui contractera la maladie : une fois inoculée, la vache laitière transmettra certainement à son tour la tuberculose à quelques-uns de ceux qui se nourrissent de son lait ou de son beurre.
Tout tuberculeux peut, à une certaine période de la maladie, guérir : en se soignant, puisse-t-il ne pas oublier que le terrible mal lui a été transmis par d'autres êtres vivants, que lui-même, par son imprudence, peut faire de nouvelles victimes et que si lui-même guérit, d'autres, moins heureux, peuvent être par son fait et volontairement condamnés par lui à mort.

F. CLIQUET.

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RÉCOMPENSES OBTENUES PAR LA SOCIÉTÉ
A l'Exposition Universelle de 1900

La Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie a obtenu à l'Exposition Universelle de 1900 â Paris les récompenses suivantes :

2    MÉDAILLES    D'OR (1ers Prix)
2    MÉDAILLES    D'ARGENT
2    MÉDAILLES    DE BRONZE
(Classes 3 — 38 — 45 — 62 — 109)

C'est avec une légitime fierté que nous enregistrons ces succès dans nos annales. Ils font' honneur à notre chère Société en consacrant ses laborieux efforts. Qu'ils soient aussi pour tous un encouragement à mieux faire encore. Que chacun apporte à l'oeuvre commune tout ce qu'il a de bonne volonté, d'expérience et d'intelligence. Nous serons ainsi de plus en plus forts pour le bien et nous marcherons à grands pas vers le progrès.

A. D.

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Variété nouvelle de Pomme à cidre

La variété nouvelle de pommes à cidre reconnue par la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie, dans sa séance du 9 janvier 1900, et dénommée par elle « Président Descours Desacres », vient d'être analysée par l'éminent pomologiste M. A. Truelle, de Trouville-sur-Mer. Voici les résultats de l'analyse qui se rapportent à un litre de moût :

Densité : 1.070,5
Sucre interverti : 114,942
Tannin : 0,697
Saccharose : 33,952
Matières pectiques : 11,100
Sucre total en glucose : 150,680
Acidité en acide sulfurique : 1,320

Cette analyse a confirmé pleinement l'analyse précédente. M. A. Truelle conclut ainsi : « Cette analyse est celle d'une « bonne pomme, si l'arbre se distingue par sa rusticité et sa fécondité, il y a lieu de propager cette pomme. »

La rusticité de l'arbre et sa fécondité sont aujourd'hui hors de doute. L'arbre étant de plus remarquable par sa vigueur et la rapidité exceptionnelle de sa croissance, on peut dès aujourd'hui prédire un brillant avenir à la nouvelle variété que la Société d'Horticulture et de Botanique aura eu le mérite de faire connaître. Parmi les greffes de pommes à cidre mises gratuitement, au printemps, à la disposition du public par la Société, les intéressés trouveront un certain nombre de greffes de cette variété nouvelle.

A. DEGRENNE.

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Analyse de Minerai

La Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie, dans un but d'intérêt local que tout le monde comprendra, a fait analyser du minerai de fer qui lui était signalé à Rocques. Malheureusement l'exploitation de ce minerai ne serait pas rémunératrice ainsi qu'il résulte de l'analyse à laquelle vient de procéder l'Ecole Nationale des Mines et dont voici lés résultats :

Sable..................................66,66
Peroxyde de fer..................27,60
Perte par calcination.............5,60
TOTAL...............................99,86

NOTA.Cet échantillon est beaucoup trop pauvre en oxyde de fer pour qu'il y ait lieu à exploitation. La. Société d'Horticulture et de Botanique poursuivra l'examen de tous les gisements de minerai de fer ou autres qui viendraient à lui être signalés.

A. D.

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Le Chancre du Pommier

Voilà une de ces maladies qui depuis quelques années sèment constamment la mort dans les rangs de certains arbres fruitiers, principalement le pommier.

Elle manifeste sa présence par l'apparition de petites bosselettes ou chancres, sur les branches ou le tronc de l'arbre. Les chancres apparents ne sont que la conséquence de la maladie qui est occasionnée par la présence d'un petit champignon à peine visible à l'oeil nu. Ce cryptogame ne traverse jamais l'écorce, mais il s'insinue grâce à sa petitesse, dans les moindres interstices de celle-ci par les coupes de la taille ou de la greffe ; enfin, il s'établit entre la peau et le bois, puis il fructifie en se nourrissant de la sève. C'est alors que sous l'attaque de ce parasite, l'arbre développe ses chancres absolument comme un doigt se gonfle lorsqu'un corps étranger, une épine par exemple, y pénètre. Une fois maître de la place, si on n'y porte remède, le champignon ne s'en va plus, il augmente chaque année sa sphère d'action, et bientôt l'arbre ne tarde pas à mourir.

On a remarqué que certaines variétés : Le Pigeonnet, La Reinette de Caux, Le Grand Alexandre ne sont jamais attaquées par ce parasite dont, en revanche, les deux variétés : Reinette du Canada, Calville blanc d'hiver sont loin d'être indemnes. Que faire en présence de l'accroissement constant de cette maladie ? Différents traitements avaient été essayés jusqu'à ce jour et aucun n'avait produit de bons résultats.

Pour éviter que ce parasite ne se communique aux arbres indemnes, il suffit après la taille de les badigeonner avec une eau de chaux dans laquelle on ajoute 25 pour 100 de sulfate de fer.

Les Reinettes de Canada et Calville d'hiver ainsi traitées seront exemptes de maladie.

Pour les arbres attaqués, un procédé me réussit très-bien et étant peu coûteux, je le recommande aux amateurs de beaux arbres.

Après la taille, il suffit de gratter avec une serpette jusqu'au vif toutes les bosselures ou chancres. Ensuite on recouvre ces plaies de la bouillie suivante : après s'être précautionné de mauvaises graisses, on les fait fondre dans un récipient quelconque en y ajoutant 10 pour 100 de sulfate de fer, ensuite on étend avec une spatule en bois sur toutes les parties malades.

L'année suivante on recommence la même opération, mais en évitant cette fois de gratter les parties atteintes qui sont cicatrisées par la première opération. On peut être assuré que les arbres ainsi traités, guériront et donneront des fruits magnifiques.

Depuis 2 ans que j'en ai fait l'expérience sur les arbres de M. Barbulée à Anisy, j'ai obtenu les meilleurs résultats.

E. MANSON.

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Culture de la Tomate

La tomate est aujourd'hui universellement connue.

Introduite chez nous au commencement du siècle dernier, elle ne tarda pas à s'y répandre et sa culture prit bientôt une grande extension, qui ne fait chaque jour que s'accroître bien que tous les soins nécessaires n'y soient pas encore apportés.

La tomate ne peut sous notre climat être entièrement cultivée à l'air libre ; si sa graine était semée dehors à l'époque où la température se fait douce, la chaleur n'étant pas suffisante la plante fleurirait trop tard et son fruit n'arriverait certainement pas à maturité avant la fin de la belle saison.

Dans les jardins maraîchers d'une assez grande importance, ou ne consacre pas une couche spéciale au semis de graines de tomates ; on en garnit le rebord des couches sur lesquelles on pratique la culture forcée du melon ou autres légumes que l'on trouve assez communément maintenant à titre de primeurs, alors que le froid sévit encore avec rigueur dans nos jardins. Le plant a besoin d'être piqué ou mis en pot au moins deux fois. Mais il est de beaucoup préférable, pour ceux qui disposent d'un grand nombre de pots, d'y mettre les jeunes pieds de tomates, qui n'ont dans ce cas nullement à souffrir au moment de la mise en place. Dans les premiers jours de mai, il faut choisir une bonne exposition et disposer près d'un mur des piquets en lignes ayant 40 centimètres de haut et espacés d'environ un mètre les uns des autres.

Sur ces piquets doit être fixé un fil de fer à peu près semblable à ceux dont on se sert pour les arbres fruitiers disposés en cordon. Cette installation faite on plante un pied de tomate en face de chaque piquet qui lui servira à la fois de guide et de tuteur. La plante ayant gagné le sommet de son tuteur sera alors pincée, mais on conservera les deux bourgeons supérieurs, qui seront couchés et attachés l'un sur le fil de fer de droite, l'autre sur celui de gauche ; quand aux faux bourgeons ils seront tous supprimés. Tout les deux jours il faudra procéder au palissage et à l'ébourgeonnage : cette plante ayant la végétation très vigoureuse, si cette, opération se trouvait négligée le travail n'en serait que plus difficile, car le couchage de la branche ne pourrait guère s'effectuer sans qu'on risque de la rompre. Le fil de fer étant complètement garni on pince les extrémités des branches afin de donner plus de vigueur aux fruits qui ne demandent plus qu'à se développer. Lorsque les premières tomates commencent à rougir, on dégarnit la plante d'une partie de ses feuilles, afin de placer les fruits sous l'action directe du soleil ; de cette façon tout sera certainement arrivé à maturité avant que les gelées ne fassent leur apparition, nous annonçant l'hiver.

Ainsi cultivée la tomate sera d'un excellent rapport grâce à l'abandon de cette vieille coutume, qui n'était autre qu'une routine, consistant à la cultiver en buisson. Cette ancienne culture permettait il est vrai d'avoir des quantités de fruits, mais si petits qu'ils faisaient songer à la pomme d'api, et qui comme elle restaient toujours verts. Ce qui s'explique étant donné que la trop grande quantité n'avait pas une sève assez abondante et de plus ne jouissait pas suffisamment des chauds rayons du soleil, ce grand aide des jardiniers, qui autant, que leurs soins, transforme leurs jardins en véritables paradis de fleurs et de fruits.

P. CAUVIN,
Jardinier au château du Boullay.

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Analyse de la Pomme dite « Saint-Victor »

M. Brière, maire de Mesnil-Guillaume, nous communique la note suivante de M. Louise, directeur de la station agronomique du Calvados et de la Manche, relative à l'analyse de la Pomme dite « Saint-Victor :

Analyse d'un échantillon de pommes envoyé par M. Brière

DOSAGE DU SUCRE TOTAL

Ces pommes renferment 10,63 0/. de leur poids de sucre fermentescible. A, titre de renseignemement, les espèces suivantes renferment en sucre fermentescible :

Bedan.........................................10,07
Moulin-à-Vent............................12,10
Noël-des-Champs......................11,41
Bouteille.....................................11,20
Petite-Sorte................................11,37

Docteur E. LOUISE.

Nota. — Les pommes de Saint-Victor envoyées à la Station agronomique avaient été cueillies sur un arbre ayant deux ans de greffe.

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Placement gratuit des Jardiniers et Garçons Jardiniers

Notre Service de placement fonctionne bien. Cette année, le personnel nous a manqué pour satisfaire à. toutes les demandes.
S'adresser à M. Rosier, adjoint au maire de Lisieux, directeur du service. Un registre est ouvert chez chacun de MM. les Marchands Grainiers de Lisieux.

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Excursions Botaniques

Plusieurs excursions ont eu lieu sous la direction de M. Lahaye. Ces instructives promenades sont à la fois utiles et agréables. Nous engageons vivement nos Collègues et tous ceux qui s'intéressent à la botanique à y prendre part.

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Caisse Agricole de Retraites

Nous recommandons à l'attention de tous cette institution de sage prévoyance, qui met à l'abri du besoin la vieillesse du travailleur. S'adresser pour renseignements à M. Descours Desacres, président, et à M. Sohier, secrétaire-trésorier.

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Greffes

Plus de 800 greffes des meilleures variétés de pommiers ont été distribuées gratuitement cette année. Il suffit pour en obtenir de se faire inscrire chez M. Degrenne, secrétaire-général rue du Bouteiller.


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