Notice sur les pommiers par M. Sabine, de Fervaques (1891).
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Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm 850) de l'Annuaire des Cinq Départements de la Normandie, 58e année, 1892 publié à Caen par H. Delesques.


Notice sur les pommiers

par

M. Sabine, de Fervaques


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SESSION TENUE A SAINT-PIERRE-SUR-DIVES EN 1891. M. Travers, après avoir donné lecture d'extraits d'une notice sur les pommiers, qu'il a été chargé par l'auteur, M. Sabine, de Fervaques, de présenter au Congrès, dépose ce travail sur le bureau. L'Assemblée décide l'insertion, dans l'Annuaire de 1892, de la notice communiquée, dans laquelle M. Sabine traite du bouturage des pommiers, de la création de pépinières, du greffage, du puceron lanigère, de la fabrication, de la fermentation et du soutirage du cidre, etc.


BOUTURAGE DU POMMIER ET DU POIRIER. — Vers la fin de juin, on choisit sur les arbres les bourgeons que l'on veut bouturer, on fait à la base du bourgeon une ligature très serrée avec du fil de fer pour obtenir un bourrelet très gros — dans ce bourrelet il y a des rudiments d'où il sortira des racines ; — après la chute des feuilles on détache les rameaux et on coupe les boutures horizontalement au-dessus du fil de fer : on laisse six yeux sur les bourgeons et on les met, la tête en bas, dans un pot rempli de terre légère, maintenue un peu humide. On place le pot dans un endroit chaud pour qu'il ne gèle pas ; dès les premiers jours de mars, on plante les boutures sur couche chaude, en pot, pour les mettre en pleine terre au mois de juin.

On peut également, ce qui est plus facile, ne détacher les boutures de l'arbre que vers la mi-mai pour les mettre en pleine terre, dans une planche préparée de terre légère mélangée de terreau bien consommé et recouverte de mousse, qui doit toujours être un peu humide. On doit avoir soin de ne laisser que deux yeux sortir de terre, et, en évitant un soleil trop ardent, la reprise sera au moins de 60 %.

Pour les arbres à noyau, la ligature produirait la gomme, il est nécessaire de la remplacer par une incision pratiquée avec un coupe-sève.

La même variété peut être également obtenue par semis, en enveloppant une branche, avant la floraison, de gaze ou de tulle fin pour empêcher les mouches d'y pénétrer, afin d'éviter le croisement des autres espèces par le pollen.

CRÉATION DE PÉPINIÈRES. — Les petits propriétaires négligent leurs plantations, à cause du prix élevé de revient d'un nombre considérable de pommiers chez le pépiniériste, cependant rien n'est plus facile que de planter à peu de frais en créant une pépinière. Un ouvrier, un journalier ou artisan qui possède un petit coin de terre, peut se distraire, à ses moments perdus, en s'occupant de sa pépinière ; il lui sera moins pénible de reprendre son travail quotidien, que s'il était, pendant une partie de la journée, assis à une table à faire la partie de domino ; il se procurera, de plus, de l'aisance dans son ménage, et, en piochant son lopin de terre, trouvera de l'or plus facilement que ne le font les émigrants en Californie ; il y a peu de frais à faire ; et l'occasion de mettre ces conseils en pratique est d'autant meilleure, que beaucoup de pépinières ont souffert de l'hiver 1890-1891. Nos pépiniéristes improvisés pourront, de cette manière, réparer les dommages causés par l'intempérie de cette saison.

SEMIS. — On recueille les pépins des espèces les plus vigoureuses, on les stratifie dans un grand pot à fleur ; on met dans le fond 10 centimètres de terre et une couche de graines, puis un peu de terre, et une autre couche de graines, et ainsi de suite ; maintenir la terre humide à la cave, mais pas trop mouillée. Au mois de mars, on renverse le pot sur une toile et on trouve en bon état les semences toutes germées ; on les sème dans une planche soigneusement préparée à l'avance, où l'on a fait des rayons distants de 25 à 30 centimètres. L'année suivante, on a du plant bon à repiquer. Pour que le poirier soit bon, il faut le repiquer Une fois avant de le mettre en place.

PÉPINIÈRES. — SOINS A DONNER. — Pour faire une pépinière, il faut défoncer la terre de 30 à 35 centimètres de profondeur et y enfouir une fumure à 25 centimètres environ ; tous les engrais sont bons, des déchets de laine de préférence, et ainsi l'on empêche la larve du hanneton de se développer.

Avant déplanter, il faut habiller le plant, c'est-à-dire couper la moitié de la racine (du pivot), et le disposer en ligne sur une largeur de 75 c. entre chaque rangée et à une profondeur de 40 centimètres du sol ; on peut planter du 1er décembre jusqu'à la fin de mars, ce qui est déjà tard, il est bien préférable de le faire plus tôt. Ne pas manquer de couvrir le tout d'un paillis ou de jeunes joncs marins, et donner 2 à 3 binages par an ; ce travail, quoique très long, rend au centuple la valeur du temps passé.

Je conseillerais de ne pas rabattre tous les sujets droits et qui poussent avec vigueur ; ils valent mieux tels, cela fait gagner du temps, et les arbres sont toujours plus sains que ceux qui sont écussonnés ; on les greffe en tête lorsqu'ils sont plantés à demeure dans les vergers. Les sujets tordus ou qui poussent mal doivent être rabattus la 2e année à 0 m. 40 du sol ; l'année suivante, on écussonne, on coupe les petites pousses du bas du sujet (les dards) et on laisse les trois fortes branches du sommet ; on les lie pour les réunir avec un lien de paille et l'on procède au greffage en juillet.

On prend des pousses de l'année, vigoureuses et bien aoûtées, à l'état ligneux, sur des arbres sains ; il ne faut employer que les yeux du milieu du bourgeon, ceux du bas n'étant pas assez formés, ceux du haut n'étant pas assez mûrs et offrant peu de chance de reprise ; choisir le matin de préférence pour faire sa provision de greffes ; dès qu'elles seront détachées de l'arbre, couper les feuilles afin d'éviter l'évaporation en laissant le pétiole, et les envelopper dans un linge humide ; on lève ensuite l'écusson, on fait une incision en T au bas du sujet, on l'insère, on le coupe du haut, on le lie avec du coton ou de la laine à greffer, on y met du mastic L'Homme-Lefort ; éviter d'en mettre sur l'œil, et on passe à un autre sujet. Le greffage fini, on donne un binage ; ne jamais y laisser d'herbes ; quinze jours ou trois semaines après, il est utile de desserrer un peu la ligature pour éviter les étranglements. Au printemps suivant, lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on coupe le sujet à 15 centimètres au-dessus de la greffe (écusson), et on donne un nouveau binage à la houe ; le recepage concentre toute l'action de la sève sur la greffe.

ÉBOURGEONNAGE. — Les sujets sont recepés à 15 centimètres au-dessus delà greffe ; l'œil de l'écusson s'allonge et perce plusieurs yeux sur le sujet ; il faut les laisser pousser, mais, dès que la greffe a huit à neuf feuilles, il faut pincer les bourgeons au-dessus des deux premières feuilles et, quand elle a atteint 30 centimètres de longueur, on supprime tous les bourgeons ras le tronc pour que la greffe ait à elle seule toute la sève ; aussitôt après, on l'attache avec un jonc sur le chicot du sujet pour la redresser pendant qu'elle est encore tendre et, dès que la greffe a acquis une consistance ligneuse, on enlève le chicot d'un coup de serpette et de cette façon on aura un arbre bien constitué.

Il est utile de conserver une certaine quantité de rameaux latéraux pour que l'arbre acquière plus de grosseur, mais il ne faut jamais les laisser trop vigoureux, ils se développeraient à la base et l'émondage ferait à l'arbre de trop larges entailles ; un pincement ne nuira pas, surtout aux branches supérieures qui sont aussi vigoureuses que la flèche ; sans ce moyen, l'arbre serait tout en tête, et par conséquent ne pourrait pas s'allonger au fur et à mesure de la croissance ; les bourgeons latéraux de la base devront être supprimés et ainsi de suite chaque année.

PUCERON LANIGÈRE BLANC DE POMMIER. — Il est rare que les pépinières ne soient pas attaquées par le Puceron lanigère blanc ; il faut le détruire le plus vite possible, car, par sa propagation très active, tout serait bientôt infesté ; à cet effet, il ne faut pas hésiter à couper menu des bouts de cigares fumés ; j'insiste sur ce dernier point que les bouts de cigares aient été au moins un peu fumés ; les faire tremper dans de l'eau trois ou quatre jours et badigeonner les arbres infestés avec une brosse un peu rude ; c'est ce moyen qui m'a le mieux réussi.

PLANTATION A DEMEURE. — Pour planter, il est préférable de faire des trous ronds ; sans remuer effectivement plus de terre, vous donnez plus d'espace à parcourir aux racines et elles s'étendent avec plus de facilité et de régularité, et par conséquent votre arbre est plus vigoureux et mieux équilibré ; ces trous auront lm 50 de diamètre et 0m45 de profondeur ; on remet la moitié du gazon dans le fond, coupé menu.

GREFFAGE. — Il faut toujours couper les greffes pendant le repos de la végétation, dans le courant de février ; on les lie par paquets de chaque espèce et on les enterre, couchées à 30 centimètres de profondeur ; en opérant ainsi, la reprise est certaine.

Dans le courant d'avril, on greffe ; au lieu de couper la tête de l'arbre horizontalement, on la coupe en biseau, afin de faire affluer toute la sève à la pointe du biseau, en ayant soin de couper l'écorce avant de fendre pour éviter de la déchirer, ce qui empêcherait la reprise.

Chacun sait qu'il faut tailler la greffe en lame de couteau, il faut avoir soin de commencer les entailles de chaque côté d'un œil et ne laisser que trois ou quatre yeux à la greffe, on introduit ensuite un coin en bois dur dans la fente pour l'ouvrir ; on y adapte la greffe de manière que les écorces s'ajustent bien en haut et qu'elle ressorte en dehors par le bas de un ou deux millimètres. La coupe en biseau lui permet de se recouvrir plus promptement ; l'année suivante, au mois d'avril, on rabat la greffe à 15 centimètres de sa base sur toutes les branches au-dessus des yeux, en dehors, bien entendu, pour la faire ramifier.

Tout ceci n'est encore rien ; si vous voulez avoir une bonne fructification, choisissez des greffes du pays, des variétés les plus productives, et que l'époque de la végétation concorde avec celle du sujet ; sans cela pas de fertilisation. Exemple : il se trouve souvent une rangée de pommiers qui ont été tous greffés avec des greffes prises toutes sur le même pommier ; mais il s'en trouve forcément, dans le nombre, qui sont stériles ; ces pommiers sont néanmoins aussi vigoureux que leurs voisins, mais ne donnent que peu ou point de fruits.

Je profite de cette circonstance pour réfuter, dans l'intérêt général, la réponse faite à la huitième question du programme du Congrès pomologique de l'Ouest, tenu à Caen, en octobre 1890, par M. Alexandre Oudin, pépiniériste à Boos (Seine Inférieure) :

M. Oudin dit que l'on peut greffer toutes les variétés de pommes à cidre sur n'importe quel sujet ou intermédiaire, sans tenir compte de l'époque de végétation, par rapport à celle de la variété que l'on met pour la remplacer. « J'en ai fait, dit-il, l'expérience surplus de soixante variétés, qui ont maintenant deux années de greffe et qui sont toutes « d'une belle venue. »

Mais quels sont les résultats pour l'avenir ? Nous avons malheureusement sous les yeux, depuis vingt ans, trop de preuves que des arbres achetés greffés n'ont pas encore répondu à ce qu'on était en droit d'espérer comme rapport en fruits ; c'est alors qu'on se décide à les regreffer.

Si donc vous n'avez pas de pépinières, achetez des sujets francs de pays et greffez-les-vous-même : vous n'aurez plus à redouter les déceptions.

ENTRETIEN DES-ARBRES ET RESTAURATION. — Une fois par an, il faut visiter les arbres, pour enlever les branches mortes et celles qui poussent dans l'intérieur de la tête ; il faut également enlever avec soin le gui et la mousse qui naissent sur les branches, opération facile à exécuter par un temps humide, en hiver.

Les amputations doivent être faites avec des instruments très tranchants, aussi près que possible du tronc ; on recouvre aussitôt la partie vive de mastic à greffer, seul moyen d'éviter la carie ; si on laissait un onglet, le bois se carboniserait au contact de l'air, puis la carie amènerait, quelques années après, la formation d'un trou à la place de l'onglet, bientôt suivie du dépérissement du sujet.

On peut conserver très longtemps un arbre creux en opérant ainsi :

Il faut aviver les parois de l'ouverture du trou jusqu'aux parties saines, en enlevant tout le bois mort et pourri dans la profondeur de la cavité, que l'on remplit ensuite de mortier de chaux mélangé de petits cailloux ; on laisse sécher le mortier quelques jours, puis on avive à nouveau l'orifice du trou, que l'on recouvre avec du mastic ; quelques années après, l'écorce recouvre l'ouverture.

Ne jamais se servir de goudron de gaz, dont l'emploi est très nuisible.

Voici la manière de faire, à peu de frais, du mastic qui est d'un bon effet, employé à chaud :

Mastic pour 100 parties en poids :

Poix noire....                      28
Poix de Bourgogne ....       28
Cire jaune....                     16
Suif ...                               14
Cendre tamisée...              14
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100


ARBORICULTURE DES JARDINS. — La greffe consiste à poser des boutons à fruits sur les arbres qui en sont dépourvus ou infertiles. On peut pratiquer cette greffe tout le mois de septembre ; on enlève tous les boutons à fruits, qui sont destinés à tomber à la taille, de la même manière qu'on enlève un écusson, mais en y laissant un peu plus de bois ; bien entendu, il faut lier la greffe avec de la laine et garnir avec du mastic à greffer, pour que l'air ne pénètre pas.

On peut mettre différentes variétés sur le même arbre, et, l'année suivante, il sera couvert de fruits variés ; au lieu de mutiler un sujet rebelle, faites-lui produire des fruits.

Le pommier Reinette du Canada ou Reinette de Bretagne est sujet aux chancres, au bois mort et rugueux, ce qui est d'autant plus regrettable qu'il s'agit incontestablement de la meilleure pomme de table.

Mais on peut éviter ces inconvénients en opérant ainsi : greffez d'abord un sujet franc, en tête, par une greffe de pomme de Bouteille (pomme à cidre très connue) ; quelques années après, lorsque les branches sont assez fortes, surgreffez-le de Canada ou Reinette de Bretagne ; de cette manière, préservé de sa maladie, l'arbre est plus fertile et les fruits sont même d'une meilleure qualité.

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LE CIDRE : SES PROPRIÉTÉS, SA FABRICATION, SA FERMENTATION. — On sait que le cidre a ses variétés aussi nombreuses que celles du vin ; on sait aussi que le cidre, le vrai cidre, est une boisson aussi favorable aux divers actes de la digestion qu'elle est agréable au goût.

Quant à ses qualités toniques, réconfortantes, nutritives, nous pourrions en demander la démonstration à l'analyse chimique : les bons cidres contiennent de 12 à 13 % d'alcool, proportion plus forte que dans beaucoup de vins de Bordeaux, et le tannin s'y trouve également en plus forte proportion que dans le vin naturel.

Nous avons donc, chimiquement parlant, une liqueur composée d'éléments qui, subissant l'élaboration digestive, se changent en produits utiles.

Mais, que nous importent ces considérations chimiques ? N'avons-nous pas à notre disposition un instrument d'épreuves autrement sûr, l'organisme humain lui-même : versez à cet homme accablé de travail quelques verres de cidre, et il vous dira quel bien-être il éprouve et combien il se sent réconforté ; et ce n'est pas là une simple excitation momentanée, laissant après elle, comme certains liquides, un affaissement plus grand ; les cultivateurs intelligents ne s'y trompent pas : ils savent que le bon cidre, pris dans une juste mesure, non-seulement stimule l'homme, qui fournit ainsi une somme de travail plus considérable, mais encore diminue notablement la dépense en aliments solides.

D'ailleurs, ce liquide clair et limpide, qui est la richesse de la vallée d'Auge et de toute la région de l'Ouest, rutilant comme l'or, pétillant dans le verre en se couvrant d'une légère couche de mousse sur ses bords, présente encore un avantage par son aspect agréable.

Le cidre a beaucoup d'adversaires : le vin étant prescrit de préférence par bien des médecins, qui oublient que, trop souvent, cette boisson n'est pas naturelle. Nôtre regretté professeur de l'École de médecine de Caen, le docteur Denis-Dumont, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu, a combattu et fait cesser en partie cet abus, et je puis affirmer formellement que ce praticien a sauvé plus d'un de ses malades en leur administrant le cidre en bouteilles.

Après cette description à grands traits des qualités du cidre, parlons maintenant de sa fabrication, dont elles dépendent essentiellement.

J'entends dire de tous côtés : « Mon cidre ne se fait pas » ; un autre : « Le mien est de même, il est comme de l'argile délayée, et chaque année, c'est la même chose. »

Pour éviter le retour de semblables inconvénients, je ne puis conseiller qu'un seul moyen, malgré l'opposition trop certaine d'un grand nombre de producteurs, coutumiers des anciens procédés, peu disposés à ce remède radical :

Le vieux système de brassage doit être abandonné, et il faut remplacer par un broyeur mécanique les tours et meules en granit, qui ne font que réduire les pommes en une parfaite bouillie.

Il en résulte un rendement plus considérable, et en même temps le cidre y gagne en qualité.

Il vaut cependant encore mieux continuer les anciens usages que de procéder par macération ou par lixiviation, ce qui ne peut produire qu'une piteuse piquette.

La presse ancienne peut servir, si elle est d'une forte puissance de pression.

Lorsque l'on est forcé d’avoir recours aux ferments artificiels, on ne peut obtenir qu'une mauvaise fabrication.

Si le cidre est brassé dans de bonnes conditions, la fermentation doit se faire promptement et naturellement, et par conséquent il n'est sujet à aucune maladie.

Le cidre doit être soutiré aussitôt après la fermentation tumultueuse, qui a lieu huit à dix jours après le brassage ; il vaut mieux ne pas le soutirer, que de le faire trop tard. Je conseillerais de ne pas soutirer le petit cidre (boisson), ce dernier se conservant mieux sur la lie.

Lorsque l'on tire très longtemps à un tonneau, on doit placer la chantepleure au milieu ; de cette manière on ne met que la couche supérieure en mouvement, et quand vient le moment de placer la chantepleure au bas, le cidre est aussi bon que si l'on mettait un autre tonneau en perce.

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PARASITES DU POMMIER. — Il est un fait acquis maintenant que les pulvérisateurs, les injections et les badigeonnages à la chaux ne font rien à l’anthonome ; le plus sûr moyen est de tendre des toiles sous les arbres que l'on gratte le mieux possible, puis de brûler de suite les écorces et la mousse qui se sont détachées ; au printemps, avant la floraison, il faut encore étendre des toiles et secouer fortement les arbres, puis brûler tout ce qui tombe.

Pour ce qui est de la destruction de la chenille, qui a fait cette année autant de dégâts que l'anthonome, il faut, après un nettoyage préalable, faire un cercle d'huile avec un pinceau autour du tronc à 30 centimètres environ au-dessous de la greffe : les chenilles ne le franchiront pas ; quelque temps plus tard on recommence à y mettre de l'huile et on secoue l'arbre pour faire tomber le plus possible d'insectes ; toutes les huiles étant bonnes, on emploiera la moins chère.

Pour les pépinières, il est très facile de les débarrasser des chenilles : on opère en même temps sur deux rangs, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche, et on presse entre le pouce et l'index toutes les feuilles des branches latérales qui sont roulées, pour écraser l'insecte ; mais pour les feuilles de la flèche, il faut prendre plus de précaution, de peur de meurtrir la tige, et les feuilles doivent être déroulées.

Cette opération se fait rapidement.

Les pommiers qui n'ont pas encore été attaqués par les parasites sont : le Bédan, la Bouteille, le Cul-à-cul, le Duret, le Noël-des-champs ; je conseillerais donc de greffer de ces variétés dans une forte proportion. Le choix de la pomme de Bouteille est généralement écarté, l'opinion courante étant qu'elle produit un cidre clair comme de l'eau ; il n'en est pourtant pas ainsi, si on la brasse quinze à vingt jours après qu'elle est cueillie, car elle donne un cidre coloré, très fort et délicat, même sans mélange ; il est même meilleur la deuxième année : d'ailleurs la question de coloration doit importer peu, lorsqu'il s'agit d'une espèce donnant un produit présentant toutes les autres qualités, et c'est le cas de la pomme Bouteille, dont l'analyse (faite par M. Truelle) a fourni des résultats satisfaisants.


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