SAINT-GILLES LENFANT, Charles de : Le Mercure normand ou voyage des mousquetaires à Valognes en 1702 Extrait des oeuvres posthumes du Chevalier de Saint Gilles et publié avec une Préface et des Notes par un bibliophile du quartier Martainville à Rouen [Maurice Cohen].- Rouen : [s.n.], 1876.- 26 p. ; 17 cm.

Saisie du texte : A.Michelson pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (16.IX.2005)
Texte relu par : A. Guézou
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Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : norm brc 06) 
 
LE
MERCURE NORMAND
ou
VOYAGE DES MOUSQUETAIRES
A Valognes en 1702

EXTRAIT DES OEUVRES POSTHUMES
DU CHEVALIER
DE SAINT GILLES
Et publié avec une Préface et des Notes
PAR UN BIBLIOPHILE
DU QUARTIER MARTAINVILLE.

~*~

A ROUEN

~*~

1876.


PRÉFACE.

    Le chevalier de Saint-Gilles, sous-brigadier de la première compagnie des Mousquetaires du Roi, est un des oubliés et dédaignés du siècle de Louis XIV dont il n'est pas trop téméraire de poursuivre la réhabilitation. Imitateur de Lafontaine dans deux jolis contes en vers intitulés : le Contrat et Vindicio, il ne se tient pas à trop grande distance de Chapelle et Bachaumont dans le voyage à Valognes, que nous remettons au jour. Ses lettres écrites à la Marquise de D**, du 16 Juillet au 16 Septembre 1702, ont la forme, alors à la mode, du Mercure galant. Elles sont au nombre de cinq. La première signale l'ancienneté de la ville de Pontoise et loue l'union et la cordialité de ses habitants. La deuxième, après quelques mots sur Bayeux, passe de suite à Valognes. Notre officier y est logé chez une veuve dont la fille, âgée de dix-huit ans, l'éblouit par sa beauté qu'il célèbre dans un sonnet sur deux rimes. La troisième lettre mentionne une revue à laquelle assistent les plus belles dames du pays. La quatrième décrit une saison d'eaux minérales passée

A la fontaine de la Taille
Dont la Nymphe livre bataille   
Aux tristes agents de la mort
..............................................
Et éteint la soif de rimer.

    La cinquième et dernière lettre annonce le retour de la première compagnie des Mousquetaires à Paris, pour le 2 Octobre, et contient le récit d'une visite aux petites ouvrières en dentelles élevées par les Supérieures de l'Hôpital de Valognes. Chacun des quatre premiers Mercures rédigé partie en prose, partie en vers se termine, selon l'usage de l'époque, par une énigme. Divers objets du costume militaire fournissent les mots de ces énigmes qui sont successivement: la perruque, l'épée, le fusil et le chapeau. Plusieurs passages rappellent un peu Boursault et Cotin. D'autres, il faut aussi l'avouer, sentent leur Mousquetaire et c'est peut-être, pour en faire pénitence, que Saint-Gilles, après la bataille de Ramillies (1706) alla se renfermer dans un couvent de Capucins. Mais en somme, l'ensemble de ce petit Mercure normand a une allure vive et pimpante qui ne manque pas d'originalité. Nous le croyons même assez gai pour faire plaisir aux amateurs de la littérature boulevardière de 1876. Ils y trouveront quelques historiettes joliment racontées, des mots curieux et spirituels et passeront certainement un quart d'heure agréable à le lire.
  Nous avons exactement suivi le texte du volume pieusement réuni et publié, après la mort de l'auteur -qui ne fit rien imprimer de son vivant- par son frère aîné, lieutenant de cavalerie au régiment de Bissy. C'est un in-12 de 2 ff. liminaires et 284 pages y compris la table, l'approbation signée de Fontenelle et le Privilége. Il a pour titre : LA MUSE MOUSQUETAIRE, oeuvres posthumes de M. le Chevalier de Saint-Gilles. A Paris au Palais, chez Guillaume de Luynes. 1709. L'orthographe ancienne a été scrupuleusement respectée ainsi que la ponctuation défectueuse du premier éditeur.
     Saint-Gilles n'est connu aujourd'hui que de quelques collectionneurs. Puisse la présente réimpression lui donner une nouvelle couche de lecteurs.
    
     UN BIBLIOPHILE
     du quartier Martainville.
    
Rouen, 25 Mars 1876. 

~*~


MERCURE
NORMAND
ou
VOYAGE DES MOUSQUETAIRES
à Vallognes.

Sur l'imprimé de
1709.

 fleuron

LETTRE I.

 A Madame la Marquise D**.

    

Quand on aime, helas qu'on est sot !
Quand on est sot, que l'on ennuye!
Quel chagrin il faut qu'on essuye
Prés d'un Amant qui ne dit mot !
Quelle heure est-il ?... Voici la pluie.
Qand on aime, helas qu'on est sot !
Quand on est sot, que l'on ennuye !

    C'est un petit recit que je vous prie de faire mettre en musique par quel que habile homme.
 
    Passez-moi ce Mercure-ci, & je vous promets Madame, d'attendre vos ordres pour vous en envoyer un autre.
 
    La premiere Compagnie des Mousquetaires partit le dix Juillet pour aller coucher à Pontoise. 

     Ce nom de Pontoise, qui ne fait qu'un seul mot, a été ingenieusement imaginé par les anciens Gaulois, pour exprimer que cette Ville joüit d'un Pont sur la riviere d'Oise. Ce nom lui donne une prérogative considerable sur Pont-sur-Yonne, qu'on a surchargée, c'est-à-dire chargée d'un sur dont elle pouvoit fort bien se passer.

     La ville de Pontoise se distingue encore par l'union & la cordialité qu'on y voit regner parmi ses Citoyens.

     Vous voulez que je vous dise quelque chose de son ancienneté; cela ne me coûte rien. César dans ses Commentaires, ou Virgile dans ses Bucoliques ( je ne sçai bonnement lequel des deux) rapporte que l'Empereur Héliogabale y fonda un Convent d'Ursulines pour s'y mettre à couvert de la persecution des Iconoclastes. Tous les historiens sont d'accord là-dessus, quoiqu'ils n'en conviennent pas.

     Il est certains esprits doux & variables, disposez à recevoir les dernieres impressions qu'on leur donne, quoi-que contraires aux précédentes. Par exemple :

       

EPIGRAMME.

A Pontoise, Dom Guichot
Fut voir une Carmelite :

Il en sortit tout devot.
Mais Satan, sans dire mot,
Le mena chez Marguerite :

Il en sortit Huguenot.

 

ENIGME. 

Des dépouilles d'autrui je suis un assemblage.
Qu'on m'enleve au vieillard il demeure confus.
L'infidelle Ottoman méprise mon usage ;
La France est le Pays où je regne le plus.

 Je suis, Madame, &c. ce 16. Juillet 1702.

 
LETTRE II.

 A Madame la Marquise D**.

 COmme je n'ay rien vû de particulier depuis Pontoise jusqu'à Bayeux, où nous arrivâmes le 21. je ne vous parlerai, Madame, que de cet endroit. J'y logeai chez un Bourgeois dont le nez m'auroit bien réjoüi, si je pouvois rire des défauts naturels. Je ne vous dirai donc rien de ce nez prodigieux, mais je puis vous dire quelque chose de sa fille. 

Nison s'est mis en fantaisie
D'entrer à l'Opera : C'est fort bien fait vrayment.
Cinq lustres, & quatre ans: contenance hardie :
Voix aigre en G. ré sol: accent un peu normant :
Maître à chanter Gascon. A parler franchement,
C'est pour donner fort peu de jalousie
A la petite Armand.

    Le 25. nous arrivâmes à Vallognes, où la petite vérolle faisoit rage, il y a six semaines. Dieu merci elle a disparu avec la flote Angloise, dont on n'a ni vent ni nouvelles.

    Le sort me fait loger ici chez une veuve nommée Madame de l'Oraille Groux. Mais que pensez-vous que soit Mademoiselle de l'Oraille sa fille? une Bergere ? une Nimphe ? une Dryade ? un Ange ? une Silphide ? une Déesse? à dire vrai je n'en sçai rien, je ne l'ai point vûë, & je suis si ébloui depuis deux jours, que je ne vois rien. On dit qu'elle a dix-huit ans, qu'elle est blonde, qu'elle a les yeux bleus ; pour moi je pense avoir entrevû des roses et des lis au travers d'une grande lumiere. Je disois que je n'aimerois plus, juste Ciel où me suis-je fourré ! dans quelle embuscade ai-je donné ! fatal destin! mauditte flotte !

 

SONNET.

 

PLus n'aimerai, crainte qu'on ne me raille,
Bien veux-je encor m'ébatre, & deviser.
Jeunes tendrons si viennent m'embraser,
Ce seront feux ou d'étoupe ou de paille.
 
    Or, qu'à Lemnos Vulcain suë & travaille
A forger traits, puis à les éguiser,
Peu les redoute, & leur vais-je opposer,
Ferme pavois, fine cotte de maille.
 
    Du mot, Amour, plus ne voudrai-je user,
Amusement, veux-je lui suposer.
Daphnis parloit. Amour l'écoute, & baille.
 
    Mais fatigué de l'entendre jaser,
Et lui lançant trait des yeux de l'Oraille,
Tien ! lui dit-il, voila pour t'amuser.

 

    Est-il permis de faire un Sonnet sur deux rimes ? Je ne me souviens point d'en avoir vû.

ENIGME.
 
  De quelque éclat dont je puisse briller
Souvent le plus galant pâlit à me voir nuë.
Alexandre se plut à me deshabiller.
Darius eût voulu ne m'avoir jamais vuë. 

    J'oubliois de vous dire que le mot de la derniere étoit la Perruque. 

    Je suis, Madame, &c ... à Vallognes ce 27. Juillet 1702.

fleuron 


LETTRE III.

 A Madame la Marquise D**.

  DAtte, datte, & mille fois datte.
Est-il besoin qu'on le rebatte

Tant de fois? datte derechef !
Datte encor ! datte ! par mon chef !
J'en ai pour huit jours la migraine.
Hilarion ! Climaque ! Arcene !
Dans ces deserts qu'on vante tant,
En vîtes-vous jamais autant ?

 
   Je sçai, Madame, qu'il ne tiendroit qu'à vous de m'écrire des choses mille fois plus gracieuses & plus obligeantes qu'une datte. Je sçai qu'un exploit signifié n'en est pas plus aimable pour être datté. Mais enfin :

 

  Soit en amour, soit en affaire,
Datter est chose nécessaire,
Ou d'une grande utilité.
Un écrit pardevant Notaire
N'est bon à rien s'il n'est datté.
Voulez-vous être en sûreté
Loin d'un jaloux qui vous éclaire?
Dattez ! jour, & lieu limité.
Disons aussi ! ( Pourquoy le taire)
Datte parfois a tout gâté,
Auprés de certaine beauté,
A qui Galant nouveau sçait plaire.
Datte a fort peu d'autorité.
Nizon dont je vous ay conté
Les talens & le sçavoir faire,
Voudroit bien fort qu'on l'eût ôté
De son Extrait de Baptistaire.

 
  Monsieur de M... fit hier la reveuë de son armée; on nous rengea en bataille sur l'Estran, c'est ainsi qu'ils appellent l'endroit que la mer laisse à sec, quand elle se retire. Les plus belles Dames du pays s'y trouverent : Les Anglois n'y parurent point.

 
Le mot de ma derniere énigme est l’Epée.  

ENIGME. 

Sans être Évêque j'ai ma Crosse,
Sans être Berger j'ai mon Chien,
Et sans être Magicien,
J'ai ma Baguette, & ma fureur atroce.
 

  Je suis, Madame, &c... à Vallognes ce 10. Aoust 1702.

cul de lampe


LETTRE IV.

A Madame la Marquise D**.

IL y avoit ma foi trois semaines que je n'avois vû d'écritoire, je me trouvois fort bien de son absence & de vôtre paresse, pourquoi vous avisez-vous de m'écrire ? je menois la vie du monde la plus douce, en vérité, Madame, vous avez grand tort. Messieurs les polis trouveront peut-être ce compliment passablement ridicule mais la franchise que vous me faites voir dans vôtre Lettre merite bien, ce me semble, que je vous parle avec la même sincerité, autre impertinence !

    Monsieur de M*** n'a pas voulu abuser de son pouvoir & de nôtre complaisance, nous n'avons paru qu'une fois à l'Armée, qu'il n'a pas manqué d'assembler tous les huit jours depuis que nous sommes ici.

    Le jour que nous y parûmes Messieurs de l'arriereban avoient essayé de nous disputer la droite, elle nous fut adjugée à bon compte en attendant un Reglement de la Cour. Le Roy a décidé en nôtre faveur.

   
Nôtre General congédia la Noblesse Samedy 26. du mois passé, ce qui nous donne lieu de soupçonner que nous approchons du terme de nôtre exil.
 
    Pardon Madame, si je vous avois promis un ordre de bataille; je sçai qu'un ordre de bataille est une chose essentielle au Mercure, mais Madame il faut copier! il faut transcrire ! vous figurez-vous ce que c'est que transcrire? c'est une chose si triste, cela est si sec !
 
    Le Roi a crèé depuis peu deux Compagnies de Gentilshommes à pied pour la garde des Côtes, elles sont de cent hommes chacune, Monsieur de M*** en est le Capitaine. Vous sçavez que la Flotte ennemie est je ne sçai où. Ici finit le discours de la Guerre.

    J'ai pris enfin les eaux de la Taille pendant dix huit jours, & j'en revins avant-hier. La Taille est le nom d'un Prieuré fort délabré, il ne peut être occupé que par un Religieux de l'Ordre des Chanoines Reguliers de saint Augustin. Ce fameux Prieuré est scitué dans un fonds, entre deux côteaux à quatre lieuës de Vallognes, à six de Cherbourg, & à huit de l'Isle de Gersay. Il a Vallognes à l'Orient, Cherbourg au Septentrion, & l'Isle de Gersay au Couchant. La réputation de ses eaux s'étend jusqu'à l'Ocean, des trois côtez que je vous ai marquez, & ne passe pas Coutance au Midi.

C'est la Fontaine de la Taille,
Dont la Nymphe livre bataille
Aux tristes agens de la mort.
Le débile en revient plus fort,
Elle extermine la colique,
Celle qu'on nomme néphrétique,
Détruit les opilations,
Ravage les obstructions,
Coule à fond le froid rhumatisme,
Fléchit le plus dur...
Mais peut-on assez l'estimer?
Elle éteint la soif de rimer.
 

  Vous avez bien deviné Madame, les mots des deux dernieres énigmes sont l'Epée, & le Fusil. Mandez-moi le mot de celle-cy.

 ENIGME.

Sur un Prélat
Mon orbe est plat.
Sur un Gendarme
D'audace on l'arme.

 

   Je suis Madame, &c.. . A Vallognes ce 2. Septembre 1702.

 

LETTRE V.

 A Madame la Marquise D**. 

ENfin Madame, Dieu mercy, nos ordres sont arrivez; nous partons demain Dimanche 17. du courant pour arriver à Paris un Lundy 2.Octobre. Messieurs de la seconde Compagnie moins impatiens que nous, ne partiront que le 19. Nous reprenons nos mêmes routes à contrepoil.

    Je fus me promener il y a quelques jours à l'Hôpital de Vallognes, j'y trouvay dans une grande salle trente petites filles qui travailloient en dentelles; l'une de ces petites ouvrieres , convaincuë apparemment de quelque crime énorme, portoit fort douloureusement une poignée de verges en aigrette sur l'oreille gauche. Tel qu’Orphée aux Enfers fixa la rouë d'Ixion, suspendit le rocher de Sisiphe, &c... La fatale aigrette tomba à mes pieds, & le choeur émerveillé, chanta le bonheur de la petite criminelle, & la gloire de son libérateur. 

   Un bienfait, dit-on, n'est jamais perdu. Les Supérieures de l'Hôpital faisoient une loterie du produit des petites mains de leurs jeunes Eleves. On vient de m'aporter sept aulnes de dentelle, seiziéme lot des vingt-quatre dont cette loterie étoit composée.

   Vous l'avez dit Madame, le mot de ma derniere Enigme est le Chapeau.

  Je suis Madame &c ... A Vallognes ce 16. Septembre 1702.

IMPRIMERIE E. CAGNIARD, A ROUEN.
Tiré à petit nombre. 


NOTES :

PRÉFACE, Page v. son frère aîné. Ce frère est l'auteur d'une tragédie d'Ariarathe représentée sans succès le 30 Octobre 1699 et non imprimée. Il mourut en 1746, à l'âge de 86 ans, écrasé par les roues d'un carrosse.

TITRE. Le fleuron que nous avons reproduit est emprunté à un petit volume, devenu rare, qui s'annexe à la collection des Elzévirs: Le MÉDECIN DE SOI-MÊME, ou l'Art de se Conserver la Santé, par l'Instinct (par Jean DEVAUX, chirurgien de Paris). A Leyde, chez de Graef, pour l'Autheur. 1682.

Une vignette analogue, moins bien soignée comme exécution et d'un plus grand modèle figure sur les titres des cahiers mensuels de: LA PIERRE DE TOUCHE POLITIQUE (par Eustache LE NOBLE), imprimés sous la rubrique d'Oxford, 1690-91. La tortue y est tournée en sens inverse de la nôtre et la devise QVI. VA. PIANO. VA. SANO surmonte le PAULATIM. M. Luzarche avait fait frapper ce dernier fleuron sur les plats de plusieurs des volumes de la bibliothèque qu'il a livrée aux enchères en 1868.

PAGE 10. elle a disparu avec la flote Angloise. GUILLAUME III était mort le 19 Mars 1702 et le 14 Mai suivant la reine ANNE avait déclaré la guerre à la France et à l'Espagne. Le 23 Août les vaisseaux de la marine anglo-batave paraissaient devant Cadix. (V. HENRI MARTIN, Histoire de France, 4me éd. tome XIV.)

PAGE 11. un Sonnet sur deux rimes. On trouvera dans les AMUSEMENTS PHILOLOGIQUES de Peignot, les CURIOSITÉS LITTÉRAIRES de Ludovic Lalanne et les RECHERCHES SUR LES JEUX D'ESPRIT, par A. Canel, Evreux 1867, un certain nombre de pièces de vers qui, du commencement à la fin, ne reposent que sur deux rimes. Nous y relevons l'épitaphe suivante de Pierre de Marca, nommé Archevêque de Paris en 1662 et mort le jour de son installation :
  Ci-git l'illustre de Marca,
Que le plus grand des rois marqua
Pour le prélat de son église;
Mais la mort qui le remarqua
Et qui se plait à la surprise
Tout aussitôt le démarqua. 

La Canonisation de Saint-Yves, conte en vers de Grosley (imprimé pour la Société des Bibliophiles François, en 1826) n'offre également que deux rimes, ise et ier.

PAGE 12. Le fleuron de cette page, souvent employé par Wolfgang, nous rappelle une locution populaire d'Alsace : Das heiszt man in eine geige furzen.

PAGE 15. Le cul-de-lampe est tiré de la MORALE PRATIQUE DES JÉSUITES, imprimée par Daniel Elzévir, sous la rubrique de Cologne, Gervinus Quentel, 1669.

L'expression que nous venons d'employer est usitée de tous les amateurs de livres illustrés. Mais nous convenons volontiers avec Voltaire qu'elle peut faire «  rougir les Dames, à qui nous devons tous un si profond respect » et «  qu'un ornement, une petite vignette, ne ressemble ni à un C. ni à une Lampe. » (V. la Réponse au Sieur Panckoucke, Libraire de l'Année littéraire, du 24 mai 1764 et le prologue de la Guerre Civile de Genève, ou les Amours de ROBERT COVELLE, 1768).
 
PAGE 18. les eaux de la Taille. La fontaine minérale de la Taille est située sur le territoire de la commune de la Haye-d'Ectot, arrondissement de Valognes, à 25 kilomètres environ au S.-O. de cette ville près de la route de Barneville. On voit sur la carte de Cassini (feuille n° 126) qu'elle verse ses eaux à la rivière de Gerefleur qui tombe dans la mer au hâvre du Carteret.

Le dictionnaire universel de la France (par SAUGRAIN), Paris 1726, in-f°, donne les indications suivantes (tome second, col. 152) : " La Haye d'Ectot, ou la Haye d'Hutot, dans la Normandie,diocèse de Coutances, Parlement  de Roüen, Intendance de Caen, Election de Valognes a 294 habitants. Il y a un Prieuré nomme la Taille, dont le Titulaire est curé de la Paroisse : c'est toujours un chanoine Régulier de l'Abbaye de Cherbourg, laquelle y présente. Il y a dans l'enceinte du Prieuré une fontaine d'eau minérale assez fréquentée, avec plusieurs logemens "pour les buveurs: ce qui fait un second casuel au curé. "

La fontaine de la Taille est également mentionnée dans le Dictionnaire géographique de BRIAND-DE-VERZE. Paris. 1839 (p. 666) et dans le grand dictionnaire de géographie universelle de BESCHERELLE et DEVARS, tome III, page 684 à l'article Manche (département de la).

Les deux volumes de l'Annuaire des eaux de la France, publiés en 1851 et 1854 par le Ministère de l'Agriculture et du Commerce, ne contiennent aucun renseignement sur les eaux de la Taille.


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