DU BOIS, Louis (1773-1855) : Glossaire du patois normand, augmenté des deux tiers, et publié par M. Julien Travers.- Caen : Typographie A. Hardel, 1856.- XL-440 p. ; 22 cm.
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Glossaire du patois normand
par
Louis Du Bois

 ~*~

A

A : ce, cette. A matin : ce matin. L.
A : elle. Vient-a ? Lit-a ? Vient-elle ? Lit-elle ?
A QUANT ET : Avec.
A SEULE FIN ; A CELLE FIN QUE : Afin que. On ne trouve A celle fin que dans nos vieux auteurs.
ABAISSE : table abaissée ; tablette d'un buffet. Du qualificatif ou adjectif bas. Ce mot n'a pas de rapport avec l'abaisse de la pâtisserie qui est la base des substances culinaires qui composent un pâté.
ABAT : désordre qui met les choses ü bas. B.
ABATER : embaucher ; raccrocher. A.
ABATTRE DE L'OUVRAGE : faire beaucoup d'ouvrage. Par allusion au travail des bûcherons qui abattent beaucoup de bois.
ABAUBER (corruption d'ébaubi : étonné, surpris). Voyez BAUBE. Abauber, c'est, à proprement parler, étonner quelqu'un, au point de lui rendre la parole difficile, comme il arrive aux bègues. (Baubes, en patois.)
ABAUMIR : affadir. De l'effet que produisent certaines substances odorantes, comme le baume. C.
ABELLIR. MM. Du Méril assurent que ce verbe est usité dans le département de l'Orne. Je ne l'y ai jamais entendu. Suivant eux, ce mot signifierait : « trouver beau, plaire ». C'est le sens que Roquefort lui donne dans son Glossaire de la langue romane. En italien abbellire signifie embellir.
ABET : appât, amorce. Suivant MM. Du Méril, abet est tiré de l'islandais beita, nourriture. Il est plus vraisemblable que c'est par métaplasme qu'on a dit abet pour appet, du verbe français appéter, désirer vivement.
ABÊTER : amorcer ; par extension, tromper.
ABIBOTER un enfant : lui faire boire du lait, au lieu de l'alaiter.
ABIÉNER : mettre en bon état une culture, une récolte, une préparation. En roman, abienneur : « l'homme préposé à un bien ; qui mettait à bien un héritage », dit Roquefort dans le Supplément de son Glossaire. L.
ABIMER : gâter. Ce verbe appartient aussi au patois Walon et au patois Rennais. Au surplus, c'est dans ce sens figuré que Boileau a dit :

Abîme tout plutôt : c'est l'esprit de l'Église.

ABITER A : toucher à. On écrivait autrefois habiter : témoin ce passage, cité par l'abbé Carlier dans son Histoire du duché de Valois : « Le prêtre disait aux lépreux : Je te défends que tu ne habites à aultre femme que à la tienne. »
ABLET : piège. Roquefort dit que l'ableret, mot roman, est un « filet pour la pêche des petits poissons », tels que les ables ou ablettes.
ABLETTER (verbe réfléchi) : se laisser aller, céder. C'est, à proprement parler, tomber dans le piège. V.
ABLOT : petite pièce de bois, chantier que le charpentier place sous l'arbre abattu qu'il équarrit, pour l'élever au-dessus du sol.
ABOFFRER : déprécier, mésofrir. C'est l'opposé de surfaire. B.
ABOLIR : humilier ; anéantir. ,L.
ABOMINER : détester. on le trouve dans Nicot et dans les Psaumes de Marot. Du verbe latin abominari.
ABOT : sorte de cadenas que l'on attache au paturon d'un cheval pour l'empêcher de s'éloigner.
ABOTER : attacher un abot. Par métaplasme, du grec πούς, pied ; en changeant le p en b.
ABORDER : toucher, heurter. L.
ABOULER : apporter, envoyer. De boule, par allusion à la boule du jeu de quilles qu'on renvoie en la faisant rouler rapidement.
ABRIER : abriter, mettre à l'abri. Roman.
ABRE : arbre. Par syncope, le roman a dit abre pour arbre. On lit dans le roman de Blanchandin :

La pucele descent sos l'abre ;
Si le trova froit tome mabre.

Un proverbe du moyen-âge, reproduit par M. Le Roux de Lincy, disait :

Pour l'amour du buisson va la brebis à l'abre.

ABREAU ou ABROT : petit arbre enduit de glu pour prendre des oiseaux.
ABROUTOUT : qui brise tout, qui brouille tout, mauvais ouvrier.
ABSOLUTEMENT : absolument. Ce mot est roman.
ACA ; ACARD ; D'ACARD : très-abondamment. La pluie tombe d'aca. De l'islandais kat, averse, inondation. On trouve aca en composition dans acabasser, ci-après, et dans les verbes accabler et accravanter, mot roman. Voyez CRAC. A.
AÇA : faites attention à cela. En roman, aqa, que Roquefort tire du grec άγάω.
ACABASSER : accabler. Le drapier dit dans la Farce de Pathelin, p. 75 :

Mesmement les bergers des champs
Me cabassent ; ores le mien
A qui j'ay toujours faict du bien.

L'auteur de cette Farce emploie plus loin, p. 82, le verbe cabasser dans les vers suivants :

L'aignelet ! maint aigneau de laict
Tu as cabassé à ton maistre.


ACAGNARDIR (S') : devenir paresseux. L'Académie écrit s'acagnarder. En patois Lorrain on dit, comme en Normandie, s'acagnardir.
ACANCHIER : avoir du succès, de la chance. Usité dans la Manche, comme le verbe suivant.
ACATER : acheter.
ACAUCHIER : causer avec quelqu'un ; l'appeler. A.
ACCESSEUR : assesseur. L.
ACCIPER : escroquer, prendre, dérober. Roman. Du latin accipere, d'où on a tiré aussi, par aphérèse, le verbe chiper qui a la même signification.
ACCLAMPER : attacher, fixer. De l'islandais klampi : agraffe, cheville. Voyez CLAMPIN. A.
ACCLASSER : s'assoupir, clore les yeux. Dans le patois Provençal, aclusar a le même sens.
ACCOINTER : fréquenter. Roman.
ACCORGER : accoupler, réunir deux objets. A.
ACCOTE-POT : petit meuble en fonte de fer que l'on place derrière un pot pour le soutenir, l'accoter. Roquefort s'est évidemment trompé en donnant à acote-pot la signification d'accoudoir. L.
ACCOUER : attacher à la queue (en vieux français coue de cauda ), en parlant des bêtes de somme que l'on attache à la queue les unes des autres. Voyez CODÉE. A.
ACCOUFLER (S') : s'accroupir. A.
ACCOUPLÉE : linge, bas, ou autres effets assujettis par couple ou même en plus grande quantité, pour être blanchis. L.
ACCOUPLER : mettre en accouplée.
ACCOURSER : achalander. Accoursé, celui qui est en cours de bonne vente. A. Du roman accoursier, accoursin : chaland.
ACCOUT : appui sur lequel ou s'accoude. Voyez COUTE.
ACCOUTER (S') : s'accouder. L.
ACCOUVER (S') : s'accroupir comme l'oiseau qui couve. On dit en patois Troyen s'écouver.
ACCRAVANTER : écraser, accabler. Roman.
ACCRUCHE (Madame Sainte-) : femme qui a l'habitude de dérober, d'attirer les choses à elle. L.
ACCRUCHER : attraper subtilement quelque chose. D'accrocher. Voyez AGRIPPER. L.
ACERTAINER : affirmer, certifier. L.
ACHÉE : ver de terre. A. On dit ache, à Blois.
ACHOCRE : difficile à vivre ; hargneux ; obstiné. Usité dans le patois Rennais. Dans la Manche. il a le sens de maladroit.
ACHOPPER : heurter. Voyez CHOPPER.
ACHUQUETÉ : obstiné; entêté. B.
ACCLABOT : acclamation. De clabauder. B.
ACCLAS : clas ; barrière. Du latin claudere : clore. O.
ACCOMICHER : faire en commun. B. Voyez SOUATER.
ACLUFER : accroupir.
ACMODER : accommoder. C'est une syncope, comme racmoder pour raccommoder. L.
ACO : encore. On dit aico dans le patois des Vosges. Voyez CO.
ACONDIRE. Ce verbe qui, suivant Oberlin, veut dire dans le patois Messin « mettre obstacle aux publications », signifie, à Alençon, éconduire. C'est un simple métaplasme.
ACOQUETÉ : rouge comme la crête d'un coq. Voyez ÉCOQUETÉ. B.
ACQUITTOIRE ; ACQUITTOURE : travail dont on s'acquitte à la hâte et sans soin. L.
ACRACO : adverbe. D'occasion; de hasard; de raccroc. B.
ACTONNER. Voyez HAQUETONNER.
ACUCER : mettre à quia.
ACULER : éculer, en parlant des souliers.
ADELAISI : fainéant, qui prolonge trop son loisir. A. Se trouve aussi dans le patois Rennais.
ADENS : sur les dents, en parlant d'un vase mis sur son ouverture, sur ses dents. On dit aussi d'une personne : elle est tombée adens. C'est le mot roman adanz, adens, adent.
ADENTER un vase : le placer sur son ouverture. En roman, endenter.
ADET : entièrement. A.
ADORÉMUS (faire des) : faire des révérences multipliées.
ADOULER : rendre plus douloureux ; être souffrant.
ADOUS : parures ; ornements. Roman. On lit ce vers dans la Chevalerie Ogier de Dannemarche :

Tos lor adous furent à or battus.

Du verbe islandais at dubba : décorer, disposer, apprêter.
ADRECHIR : adresser. B.
ADRET, adverbe : vis-à-vis. Du substantif endroit. Voyez LENDRET.
ADREUGER : arranger mal.
ADROGER : ce verbe a la même signification que le précédent. Du roman aréger, arroier : arranger, disposer. A.
AFFAIRE : quantité. J'ai eu une bonne affaire de grain, de fruits , etc. , etc. On retrouve ce mot avec le même sens dans le patois Lorrain.
AFFAUTURER : priver. De faillir, faire faute. V.
AFFECTER : s'appliquer; se forcer. B.
AFFETTEMENT : assaisonnement d'un mets. L.
AFFETTER : assaisonner. Dans quelques cantons ce verbe signifie embellir, nourrir, etc. On trouve ce verbe employé par Wace, dans le Roman de Rou :

Haubers et helmes afaitier.

AFFICHE ; AFFIQUE : branches de clôture sèche que l'on fiche en terre et que l'on assujettit au moyen de certaines gaules appelées liures, serrées par des harts.
AFFICOT : petit instrument de buis tourné et troué, dans lequel on appuie ou fixe une des aiguilles à tricoter. L.
AFFISTOLER. Voyez RAFFISTOLER.
AFFLATRER : renverser. terrasser. Du roman flatir , dérivé du latin flectere. M.
AFFLUBER : affubler, envelopper. Du latin infulare, dans la basse latinité, affibulare. On lit dans le Roman de Rou :

La Est d'un mantel afluber.

AFFOLER : devenir fou. Roman. On lit dans le Roman de la Rose :

Il m'a faict, pour mieux m'affoler,
La tierce flesche au corps voler.

Rabelais emploie souvent ce verbe dans le sens de rendre fou. A.

AFFONGRER : briser, défoncer. Altération du verbe effondrer : enfoncer. O.
AFFOUER : enflammer, exciter. Du roman affoer : faire du feu. M.
AFFOURCHER : enfourcher. Ce verbe, en roman, signifiait : « se mettre à cheval sur un bâton pour aller au sabbat », dit Roquefort.
AFFOURRÉE : fourrage. De feurre, fodrum, dans la basse latinité.
AFFOURRER : donner l'affourrée aux bestiaux.
AFFRAI : effroi. Du français affres.
AFFRANCHIR : châtrer. Affranchir, affranchissement, affranchisseur sont des mots romans.
AFFRANCHISSEUR : celui qui exerce la profession de châtreur.
AFFRIBOURDIR : engourdir de froid. A.
AFFROC (s. m.) : fréquentation. Voyez HANT. Ces substantifs masculins se prennent en mauvaise part.
AFFRONTER une fille : lui faire l'affront de la séduire.
AFFROQUER (S') : se mettre en affroc avec quelqu'un.
AFFURER : voler, dérober. Du verbe latin furari ; en roman, furt signifie vol, comme furtum en latin.
AFFUTER ; RAFFUTER : ajuster, disposer. L.
AFRION : parcelle de pâte qui reste aux doigts en pétrissant. O.
AGA, interjection, comme : bon ! da !
AGALI , sorte d'interjection ou d'exclamation pour se moquer de quelqu'un. Ordinairement on prononce ce mot, en se frottant avec l'index droit le creux de la main gauche. En roman, agali signifie dur. Dans certains cantons de la Manche, agali signifie regarde-le.
AGENOILLONS (A) : à genoux. Roman.
AGER ; AGIER : suppléer l'âge ; émanciper.
AGET : petite coulisse dans une porte que l'on ouvre pour faire le guet. Ce mot s'emploie, à Vire, dans le sens d'habitude, de manière d'agir.
AGETER : acheter. L. Se trouve dans le patois Lorrain.
AGIOS (s. m. pluriel) : répétitions ennuyeuses, comme dans les litanies grecques où le mot άγιος, saint, est toujours répété, ainsi que le mot latin sancte l'est dans les litanies de l'Église romaine. Les agios signifient aussi dans le patois normand, des façons d'agir cérémonieuses et affectées.
AGOBILLES : menus meubles et ustensiles de peu de valeur et d'utilité. Le rouchi emploie ce mot dans le même sens.
AGOGONNER : amadouer. Voyez GOGON. A.
AGOHÉE ; GOHÉE : accueil joyeux et bruyant. Du latin gaudium, joie. Du verbe grec Λωγ, conduire.
AGONIR DE ; AGONISER DE: accabler, en parlant d'injures, de mauvais propos. De la basse latinité acanizare, injurier ; acaner, roman.
AGOSER : se repaître outre mesure. De gosier. On dit dans le Calvados s'en mettre jusqu'au noeud Gabriel.
AGOUCER : exciter contre quelqu'un. Du verbe latin acuere. Corruption d'agacer. Agoucé signifie aussi refrogné.
AGOUT : assaisonnement propre à aiguiser l'appétit, à relever le goût. Du latin gustus.
AGOUTER : donner de l'agoût, l'opposé de dégoût.
AGRACOT (d'). Voyez ACRACO (d').
AGRAT ; AGRAP. Voyez ÉGRAT.
AGRATIER : se rendre agréable. Du latin gratus.
AGRIOCHES : mines pour se rendre agréable.
AGRIOTTE : griotte., sorte de cerise.
AGRIOTTES : caresses. B.
AGRIPPER ; AGUCER ; ACUCHER : aiguiser l'appétit. On dit plus souvent ragucer. Voyez ce mot. D'acuere.
AGUIANNEU ; AGUILANNEU : étrennes. Des mots : au gui l'an neuf, au gui de l'an nouveau. D'origine gauloise. L'expression aguianneu, avec plusieurs variantes, appartient à la langue romane. Dans une lettre de 1473, citée par D. Carpentier, on lit : « Trouva des varlets qui alloient querant aguillenneu le dernier jour de decembre. » Suivant une lettre de Grentemesnil, rapportée par Moisant de Brieux dans ses Origines de quelques coutumes anciennes, on disait à Rouen hoguignettes pour haguignettes, termes qui sont une altération d'au gui l'an neuf. Voyez HAGUIGNETTES. On a donné une étymologie bretonne, très-vraisemblable, d'AGUIANNEU.
AGUILAN. C'est , par apocope, au gui l'an neuf. M.
AHAN : effort qui essouffle.
AH-ÇA ! interjection. « Ah-ça ! voulez-vous venir. » Assa en roman. L.
AHEURT : heurt.
AHONNIR : honnir. Ces A sont là par épenthèse.
AHOQUER : accrocher, heurter. La Fontaine emploie le mot hoquet pour heurt, pierre d'achoppement, dans la fable intitulée : Le Pot de fer et le Pot de terre :

L'un contre l'autre jetés,
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

AHOURDI DE FROID : engourdi de froid. M.
AHUBIR ; HUBIR : honnir, huer. Crier sur quelqu'un hu ! hu !
AIGRAS : verjus. D'aigre, employé pour vinaigre.
AIGREDON ; AIGLADON : édredon.
AIGRE : vinaigre.
AIGUILLE A EMPAINTER : aiguille d'emballeur.
AILETTE : partie du rouet à filer, appelée ailleurs volier. Les deux ailettes de la tête du rouet sont comme deux petites ailes tournantes qui portent le fil sur le fuseau. Roquefort a considéré le mot ailette comme roman.
AIMER (S') : se plaire. On trouve cette façon de parler dans Molière (Mélicerte ; acte Ier. , scène Ire.). Éroxène dit à Tirène :

Je m'aime où tu n'es pasr

AINCHI; AINCHIN : ainsi.
AINDE : aide ; AINDER : aider.
AINGUE , s. m.: hameçon. Voyez HAIM.
AIRAGE : air, ressemblance.
AIRAI, AIREZ, AIRIEZ : aurai, aurez, auriez.
AIRE : planche de jardinage. C'est aussi la place vide, soit des appartements de la maison, soit de la grange. D'area.
AIRER : aérer.
AIRETTE : petite planche de terre dans un jardin , diminutif d'aire.
AIRGALÊTE ou ERGALÊTE : raboteux. A Vimoutier, on dit un chemin airgalête. Du radical celtique arg. Voyez ERGALÊTU.
AIRIE. Voyez AIRE. C.
AIRIÉE : quantité. Airiée de toux, accès de toux.
AIRIÈRE ou ERRIÈRE : arrière. Airier, en patois messin a la même signification. Consultez l'Histoire de l'Académie des Inscriptions, t. I et V.
AIRSES. Voyez ERRUSÉE et ERSE. MM. Duméril se sont évidemment trompés sur l'orthographe et l'étymologie de ce mot, qui ne vient ni de l'azers des troubadours, ni du latin erigere.
AIRURE : façon donnéé au labour. Du latin arare. C.
AJAMBÉE : enjambée. L.
AJAMBER : enjamber. L.
AJEU : enjeu. A.
ALEINIER : mauvais sujet.
ALÉMONE : anémone.
ALERME : alarme. Ces six expressions sont de simples métaplasmes.
ALIPAN : soufflet. D'alapa. Voyez JAFE.
ALISE ; ALISÉE : bourbier, ornière fangeuse. V.
ALLÉLUIA : oxalide (oxalis acetosella ). Ainsi appelée parce qu'elle fleurit à l'époque où l'Église chante alleluia. D'autres plantes tirent aussi leur nom de l'époque de leur floraison, comme la Pâquerette, la Pentecôte. Voyez ces mots.
ALEU. Voyez ALOU.
ALLUCHER : nourrir, élever. D'alere. En roman , ce verbe signifiait planter, semer. On lit dans le Testament de J. de Meung :

Nul ne doit aluchier mal arbre ne male herbe.

ALLURE : nom donné à une marche particulière du cheval, dans laquelle il fait entendre quatre battues, et qui diffère du trot et de l'amble. Ce genre de locomotion, fort usité au moyen-âge pour les chevaux de route, s'est conservé plus long-temps en Normandie qu'ailleurs, et paraît même être spécial à cette contrée. (Note communiquée par M. Éphrem Houël, inspecteur des haras.)
ALUMELLE : lame de couteau. Du latin lamella. En roman alemelle et alemiele :

Et l'alemele d'un poitevin acier.

dans la Chevalerie Ogier de Danemarche.
AOEUVRÉ : actif. D'œuvre, ouvrage. A.
ALOGNE ; ALOIGNE : retard. Du verbe éloigner.
ALOGNER : alonger. Dans le roman, alogner, différer, prolonger.
ALOSEMENT : louange. Du latin laus; en vieux français les. L.
ALOSER : louer. On lit dans le roman de toute Chevalerie (Biblioth. imp., ms. 7,190) :

Jerosme le dict et Solin l'alosée.

On dit aussi éloser, loser.
ALOU : travail du journalier, donné à l'entreprise.
ALOUER : donner ce travail à l'entreprise, à forfait.
ALOURDIR: ennuyer, étourdir. A.
ALOUVI : affamé comme un loup. En patois vendéen aloubri. L.
ALOVIR (S') : s'endormir. De l'allemand. A.
AMADOUE ; s. f. : amadou.
AMAIN. Être placé à son amain, être commodément placé pour l'exercice de la main.
AMALADIR ; EMMALADIR : devenir malade. Du roman. En patois du Berry, amalader, emmalader.
AMBRON : essor. Des verbes latins ambire, ambulare.
D'AMBRON : sans réflexion, tout à coup, de dépit.
AMBRONCHER : prendre son ambron.
AMÊCHES ; AMÈGUES : cerises acides. On comprend sous le nom générique cerises ce fruit et les griottes, les guignes ainsi que les bigarreaux.
AMELETTE :omelette. L.
AMENIVÉ A : empressé à.
AMEUILLANTE ; AMOUILLANTE (vache) : vache avancée vers son terme de gestation et dont la mamelle se développe.
AMEUILLER ; AMOUILLER  (v. n.) : faire de la mamelle, développer sa mamelle.
AMICE : ami.
AMIDONER : disposer dans l'amidon, empeser.
AMIGNONER : caresser. C'est à peu près l'amignarder, l'amignoter de la langue romane. De mignon. L.
AMIGRANER ; bouillir à petits bouillons.
AMIN : ami. M'NAMIN : mon ami. M.
AMOMI DE : fou de, épris de. De Momus, dieu de la folie. Voyez MOMON. A.
AMONTER :gravir un coteau, un mont ; arriver à un endroit élevé. Admont, en langue romane : plus haut. ROQUEFORT.
AMOROCS, camomille romaine. Voyez AMOURETTE DES CHAMPS. L.
AMORPHOSÉ : absorbé dans ses pensées, au point d'être immobile, comme ces personnages des contes de Fées qu'elles métamorphosent en statues.
AMOURETTE DES CHAMPS : camomille commune. (Anthemis arvensis).
AMOURETTE DES PRÉS (Briza media).
AMPRÉS ; ENPRÉS : près,    auprès. Cette    préposition signifie aussi en comparaison de.
AMUSER ; muser. L.
ANCHIAS :enfant de mauvaise mine, qui n'acquiert pas de forces. A.
ANCIAN : ancien.
ANGINES (Guignes d') : mérises noires, propres à faire des ratafias. Ce nom vient d'Ancines, commune du département de la Sarthe, voisine de la ville d'Alençon, où l'on transporte la plus grande partie de ces fruits. A.
ANDAIN : intervalle entre deux pas. Du verbe italien andare, aller, marcher. Dans la basse latinité, andena signifie l'espace que contiennent entre elles les deux jambes écartées. Consultez Nicot, Monet, Mage et Furetière. A.
ANDAIN : foin mis en rayons sur le pré où il passe la nuit. Voyez ONDIN. L'Académie définit l'andain « l'étendue de pré qu'un faucheur peut faucher à chaque pas qu'il avance.» Cette définition semble peu exacte.
ANDOUILLE : fusée de terre et de foin que l'on dépose et assemble pour former un plancher.
ANEMI : ennemi. Alexandre de Bernai a dit, dans le XIIe. siècle :

Des anemis grever...

ANEMI QUE : à moins que.
ANERTER : défricher, essarter. D'iners : oisif. C'est, en effet, rendre à la culture et à la production un terrain oisif.  A.
ANGARIER (v. réfl.) : s'égarer. C.
ANGE: papillon de nuit, du genre pyrale. B.
ANGE-CHRIST : Antechrist. R.
ANGELOT : sorte de fromage. Dans le moyen-âge, on appela angelon, puis angelot, un fromage fabriqué dans le Pays-d'Auge. C'est angelon pour augelon et même augeron. On lit dans le roman de la Rose :

Ou de tartres ou de flaons,
Ou de fromages angelons
Qu'aussi est se moult bel jouel.

ANGLAGE : côtes et rades d'Angleterre. B.
ANGOISSER : faire éprouver des angoisses et en éprouver. Montaigne l'emploie dans le premier sens, et la Chronique de saint Denis dans le second. M.
ANGOLA ; CHAT ANGOLA ; LAPIN ANGOLA. Corruption d'angora : en effet, ces animaux à poils longs et soyeux viennent d'Angora (l'ancienne Ancyre), ville d'Asie, et non pas d'Angola, en Afrique.
ANH : ah ! L.
ANHUI ; ANI ; ANIEUT. En roman anuit. Voyez ENNUI.
ANILLE : béquille. Du latin anus : vieille femme. Anille se trouve dans le roman.
ANNELER : attacher un fil de fer dans le groin d'un porc pour l'empêcher de fouir.
ANOUILLÈRE ( vache) : vache que l'on n'a pas fait saillir, on qui n'a pas conçu et qui continue de donner du lait.
ANSERÉE , s. f. : plantin, plantago lanceolata.
ANTENAIS : poulain d'au moins un an, natus ante annum.
ANTIVEILLE : surveille. Anti pour ante.
AORÉ; BLÉ AORÉ : blé dont l'épi se dore et mûrit.
AORIBLE ; AVORIBLE : précoce. L.
APIÉ ou APIER : ruche. D'apis : abeille.
APIÉGER (S') : prendre pied, s'établir.
APIPER : attirer subtilement, par ruse. Piper, tromper. L.
APOLON : taille, corsage, camisole. M.
APOS ; APOUS ; APEUR : ennui, anxiété, D'aporia de la basse latinité, qui a la même signification. Peut-être faudrait-il écrire appeaux, et le dériver de ces canards attachés et placés pour appeler les canards sauvages sur les marais où le chasseur est à l'affût dans une loge. L. On dit dans la planche
« Il m'en fait apous ou apeur » pour  « Je regrette d'en être privé. »
APPARAISSANCE : apparence.
APPÉTISSÉ : qui a de l'appétit.
APPÉTISSER : exciter l'appétit.
APPLET : sorte de filet. D'aploidum qui a le même sens dans la basse latinité.
APPLOMER : écraser comme sous une masse de plomb. On dit, au figuré, applomé de sommeil pour accablé de sommeil.
APPOINTER ; APPOINTER : faire la pointe d'un pieu, d'un piquet, d'une aiguille épointée.
APPONÉ : rassasié. Du mot patois pone : ventre.
APPRÉCHER : approcher. S. I. APPRÉCHIR. M.
AQUETER : acheter. L.
AQUIAULÉE : longue et désagréable suite, file, série. Une aquiaulée de.... Il se prend en mauvaise part. De queue.
AQUINABO, s. m. : inclinaison de politesse excessive. Du latin acclino, au futur acclinabo.
AR, en parlant des chevaux, signifie nu. C'est un animal sans harnois. Dans l'arrondissement de Lisieux, on dit monter un cheval à nar pour à cru. Au reste, ar, nard ont la même origine que haras , haridelle , etc.
ARASER : enrager.
ARAGNÉE ; ÉRAGNÉE : araignée ; autrefois aragne.
ARAIÉ ; ARAGIÉ : enragé.
ARAMIE : ordre, arrangement. D'armoire, meuble dans lequel on mettait en ordre et en sûreté les armes et autres objets. C.
ARASER : couper à rase, rez le tronc.
ARBITRER : s'opposer à une chose raisonnable. A.
ARBRE ; BOIS D'ARBRE : bois de pommier, l'arbre par excellence, qui produit en effet un très-bon chauffage, et qui, avant d'être usé, donne en abondance des fruits pour le pressoir et pour la table.
ARBRE A PRESSOIR : le bélier qui sert à presser la motte du marc.
ARCA : arrière! arrière d'ici ! M.
ARÇONNER (en parlant des sabots) : fixer dessus, pour les fortifier contre les efforts que fait le coude-pied en marchant, un cercle ou arc de fil de fer ou de laiton. A.
ARDE (s. f. ) partie des ridelles d'une charrette. On lit dans Du Cange, d'après des lettres de grâce de 1408 : « Julian prit une arde ou baston d'une charrette à beufs. »
ARÉ : tiens ! vois ! Sorte d'explétive.
ARESTISON : délai, retard. Du saxon hrestan : se reposer.
AREUNER : mettre en route, mettre en train d'aller. Dans l'Orne, on emploie areuner dans le sens de mettre en train. Ce mot vient du celtique ru : ruisseau, eau courante. Il a bien le sens de sa racine. A.
ARGAIGNE, ou plutôt HARGAIGNE : hargneux. Voyez HAIRGANE, et HERGNE.
ARGANCIER : églantier. C'est la corruption du mot français églantier, qui autrefois, avec raison, s'écrivait aiglantier, et que Ménage, comme Périon, fait dériver du latin acanthus. Je préférerais tirer le mot aiglantier d'aigle, parce que les aiguillons de ce rosier ressemblent au bec retors des aigles. A.
ARGÉLATRE (s. f. ) : argile. A.
ARGENTÉ, ARGENTU : pourvu d'argent, riche.
ARGOUÊME : repu , rassasié. B.
ARGUILLE et ERGUILLE : argile.
ARGUILLON : ardillon. L.
ARISMÉTIQUE : arithmétique.
ARJETOURE : reginglette, repenelle. D'arc qui jette l'oiseau dans la boucle de la ficelle où il se trouve pris par les pattes.
ARMELLE : alumelle.
ARMENA : almanach. Ce mot se retrouve dans le patois Troyen.
ARODIVER : ennuyer. En islandais, at reida signifie irriter, fâcher. V.
ARQUELIER. Voyez HAIREQUELIER. A.
ARREGARDER : regarder. Brantome s'exprime ainsi dans ses Dames galantes : « Parmi les grands, on n'arregarde pas à ces règles et scrupules.  » A la fin du XIVe. siècle, on disait agarder pour regarder.
ARRÊT : durée. Les jours d'hiver n'ont pas d'arrêt, ne s'arrêtent pas dans leur marche, n'ont pas de durée sensible.
ARRIAS : embarras, tracas, obstacle. Dans le Roman de Rou, Wace dit :

Pur li grant arias kil reciet.

Arrayé, dans l'ancien français, signifiait occupé. D'arrie. Arrias se trouve aussi dans le patois Lorrain.
ARRIE : crête de fossé, talus de fossé. D'orée, vieux mot qui a la signification de bord, rebord, comme le substantif latin ora. Arrius, que nous dérivons d'arrie, signifie obstacle, empêchement , qui s'oppose au passage. Suivant Du Cange, l'aria de la basse latinité est un lieu qui n'est ni labouré, ni cultivé. Roquefort dérive arrie du mot latin restare : s'arrêter, résister. On retrouve le radical celtique art dans le nom de la ville basque de Biarritz (double roche).
ARROCHER. Voyez RUCHER. A.
ARROLE : arroche. A.
ARROQUER : accrocher. Corruption d'accroquer.
ARROSSIR, en parlant d'un cheval ou de toute autre bête de travail : en faire une rosse, en l'excédant de fatigue. A.
ARROUSER , ENROUSER : arroser. L.
ARROUSSE (s. f.) : vesce. Voyez JAROSSE.
ARROUTÉE : quantité de chanvre mise au routoir.
ARROUTER : mettre en train de marcher, de faire route. Dans le patois Walon, roter signifie marcher. Froissard emploie arrouter dans le sens d'acheminer.
ARROUTER : mettre au routoir.
ARROUTOIR : routoir.
ARROUCHER. Voyez RUCHER. A.
ARRUNER : mettre en ordre ; arranger. Ce verbe se trouve encore dans Nicot.
ARSEI pour ARSOIR : hier au soir. Arser en provençal.
ARSELET : vairon, espèce d'able. Voyez DARSELET. V.
ARSOUILLE : femme très-malpropre. Par aphérèse, de garse et de souiller. Ce mot est rouchi. En patois du Berri, garsouiller signifie gâter.
ARUSUÉTIQUE : arithmétique. L.
ASPERGÉS : goupillon ; arrosoir. Du verbe latin aspergere. Clément élarot dit :

Il y avoit dedans
Pour aspergès une rose fennée.

ASSAISONNER ; ENSAISONNER : mettre à la saison qui convient, en parlant des terres labourables. En parlant d'une vache, c'est la faire saillir en saison convenable. Dans la première de ces acceptions, ce mot appartient aussi au patois du Berri.
ASSASIN : assassin, et assassinat.
ASSAUTER : attaquer. D'assalire. Ancien verbe du substantif assaut, qui est resté dans notre langue.
ASSAVER ; FAIRE ASSAVER : faire savoir; informer.
ASSÉGRIR : se tranquilliser. Du latin securus.
ASSEI : ce soir. M.
ASSEMBLEMENT : réunion. Roman.
ASSENS ; ASSENT : raison, bon sens. B.
ASSICHER ; ASSIÉCHER : asseoir. S.-I.
ASSIESSER (S') : s'asseoir. Je m'assiesserais ; s'assiessant ; assisez-vous ; qu'ils s'assisent. Assiessous, pour assiessez-vous.
ASSOIRANT : approche du soir. L.
ASSOLEILLER : exposer au soleil. Antoine Baïf a dit :

Orangers soleillés fleurissans y fruitissent. A.

ASSOT ; ASSOTEMENT : ennui propre à rendre sot. En roman , asotie et asotememt signifient folie, sottise et même débauche. L.
ASSOTER : ennuyer profondément. L.
ASSOTIR : même sens ; et, dans le sens neutre: devenir sot. L.
ASSOUIR : assommer; étourdir. On dit assabouir dans les patois du Berri et du Nivernais. B.
ASTHEURE : maintenant. Par contraction, pour à cette heure.
ASTICHER; ASTIQUER : taquiner.
ASTICOTER : tracasser, tourmenter, piquer sans relâche. D'astic, os creux rempli de suif, dans lequel les cordonniers enfoncent fréquemment leur alène. A.
ATACHER : donner un travail à la tâche.
ATELLE. : bûche. Du celtique breton, asteil ; en roman, attelle, estelle. Il signifie aussi bâton ; d'où le proverbe maigre comme une âtelle.
ATIGNOLE : boulette de viande hachée que vendent les charcutiers.
ATORI : taché, moisi. B.
ATOUCHER : toucher. L'auteur du Testament de Pathelin fait dire à cet avocat :

Jamais à telz gens n'attouche. L
.

ATOUT : avec.
ATOUT : coup, blessure.
ATRA : à travers. Roman. Roquefort écrit atras, qu'il définit derrière, et dérive de retro. C'est une simple apocope.
ATTÉDIER : affliger. De toedere, et non pas de tepescere, comme le dit Roquefort. Employé par Basselin , vaudev. 39°. Nous avons, à ce sujet, dit dans la note 224 de notre édition de 1821 : « Ce verbe, dans Nicot, est défini ennuyer ou fâcher..... Bourgueville de Bras l'emploie pour signifier fâcher (part. I , p. 113 ). »
ATTENDIS (EN) : en attendant. On disait en roman : entandis ou entendis, pour cependant, pendant ce temps-là. L.
ATTENTIONNÉ : attentif. A.
ATTICHER : agacer, exciter. On trouve en ce sens atticier dans le Roman de la rose. Voyez ASTICOTER.
ATTICOCHER : corruption d'asticoter. B.
ATTINCHER : agacer. S.-I.
ATTITONNER : caresser, dorloter. A.
AU : avec. Voyez O.
AUBET : aubier. Voyez AUBEUR.
AUBETTE : le point du jour, le commencement de l'aube. Du latin albus : blanc.
AUBEUR : aubier. D'albus, parce que l'aubier est plus blanc que le coeur de l'arbre.
AUBOUFEIN : bluet, aubifoin. De la couleur blanchâtre de son feuillage : album fenum.
AUCHE. Voyez OCRE.
AUDIVI : autorité. Se trouve aussi dans le patois de la Corrèze.
AUGERON, NE : habitant du pays d'Auge.
AULIÈRE ou OLIÈRE : oreille. L.
AULUE : promesse qu'on ne réalise pas, retard.
AULUER ou OLUER : tromper, faire attendre, différer.
AUMAILLES : animaux, bestiaux. D'animalia. En roman alméle et amaille.
AUMIA pour AUMEAU : jeune boeuf. M.
AUNE (Sainte-) : Sainte-Anne.
AUQUEMENTER : augmenter.
AUTE : autre.
AUVARE : avarie.
AUVEC : avec. On trouve awech dans la langue romane, témoin ce vers du Chevalier du Cisne :

Aweeh li ert un des enfans remés. L.

AVALASSE : inondation ; grande averse. Du substantif français lavasse. En patois walon, walai signifie ondée, grosse pluie. Dans le patois des Vosges, laivasse et laivesse ont aussi cette signification.
AVALER ; DEVALER : descendre. On lit dans les Essais de Montaigne : « Jusqu'à ce qu'un, homme de cheval l'alla saisir au corps et l'avalla par terre », liv. III, chap. 6 ; et dans la 1re. scène de l'Iphigénie de Rotrou :

Quelle prompte frayeur dans le sein me devale !

AVANGER (v. n.) : fournir avantageusement. Les légumes avangeront, produiront beaucoup. En roman, avenger et avangier signifient avancer, arriver.
AVAS : le long de. Avas le chemin. L. A Bayeux, on dit avau. En roman, avault, avaux signifient parmi, dans. En français, aval. Nous avons cité, à la fin de notre édition de Basselin , p. 233, une ancienne chanson normande dans laquelle on dit :

Passementée avaud les gambes
D'un biau nerfil.

A VEINDRE : atteindre.
AVENAT : balle d'avolue; paille d'avoine.
AVER : avoir, fortune. bien. Avé, en roman. Avei, en patois de Grenoble. L.
AVER ou AVET : porc. Du latin aper. A.
AVÉRAS : volailles de basse-cour. D'avis : oiseau. En roman, avers s'entend des bestiaux et des instruments aratoires. Du substantif de la basse latinité averium, averia.
AVERLAND : grossier, brutal. En roman, averland signifie maquignon. De l'allemand, haverling.
AVERNANT : agréable à voir. D'avenant.
AVERNON : surnom, sobriquet.
AVERON ou HAVRON : avoine stérile.
AVERSAT : fou, dont la cervelle est renversée. Du roman, avertie : épilepsie, folie.
AVETTE : abeille. Ancien français. Du latin apis.
AVEUC : avec. Roman. S.-I.
AVEUR : précoce. Voyez AORIBLE. On dit proverbialement : « L'aveur ne doit rien au tardif. - L'aorible n'a rien à demander au tardif  ». Aveur vient d'avant heure, avance.
AVIAS ; AVIAUX : oiseaux. D'avis. B.
AVISION : invention, bonne idée.
AVISOURE : invention, etc. Du roman avisoire. On lit dans les Heures perdues d'un Cavalier François : « Pardy, je m'avisis hier au soir d'une bonne avisoire !  » L.
AVOLÉ : aventurier. Qui a pris sa volée d'un pays vers un autre. Froissard dit (t. I, ch. 39) : « Et ceux qui estoient ainsi bannis se tenoient à Saint-Omer le plus, et les appeloit-on Avolez ». B.
AVOUER : faire effort pour lancer loin ce qu'on envoie.
S'AVOLER : prendre son élan. M.
AVOMES (NOUS) : nous avons. Roman. A.
AVONDER ou AVONDIR : gorger d'aliments en abondance, engraisser.
AVORIBLE : précoce. Voyez AORIBLE, et AVEUR.
AVOU : où. D'AVOU : d'où.
AVOUER : épuiser. A force de bouillir, cette eau s'est avouée.
A VOUS : Avez-vous ? Dans la Farce de Pathelin, p. 88 :

Avous mal aux, dents, maistre Pierre ?

AVRILLER (v. n.), IL AVRILLE : il tombe une pluie fine et tiède comme en avril.
AVRONER : apostropher insolemment.


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PRÉFACES
(de l'éditeur, de l'auteur, biographie de Louis Du Bois)

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