Le Chemin de fer et la Société d'Emulation de Lisieux : Extrait du Pilote du Calvados du 1er Avril 4845.- Caen : Imp. de F. Poisson, 1845.-8 p. ; 20,5 cm.
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LE

CHEMIN DE FER
ET LA
SOCIETE D’EMULATION
DE LISIEUX.

Extrait du Pilote du Calvados du 1er Avril 4845.
_____



Forte et orgueilleuse du patronage sous lequel elle s'est placée, la ville de Lisieux s'est tenue long-temps dans une attitude dédaigneuse, tant elle se croyait sûre du succès. Mais, à mesure que la question s'est éclairée, cette petite localité, si superbe dans ses prétentions, a commencé à perdre de son assurance première : elle a senti que ses chances diminuaient et que son silence n'avançait pas ses affaires.
Mais alors, grand a été son embarras, car il fallait trouver des raisons à l'appui d'une mauvaise cause, et c'était, chose moins facile, que des invocations â la prétendue toute-puissance de M. Guizot.

Pour trouver ces raisons, les spéculateurs et les beaux esprits du lieu se sont cotisés, et l'enfant de leur génie a été baptisé sous le nom de la Société d'Emulation.

Dans l'écrit sorti de ces efforts réunis, nous avons cherché des raisons et nous n'avons trouvé que de l'emportement, de la déclamation en place d'arguments, des chiffres fabriqués pour le besoin de la discussion et des insinuations dont la perfidie doit se retourner contre leurs auteurs. Ce factum, destiné à fourvoyer l’opinion, a été répandu à profusion dans les campagnes, distribué sur les routes aux voyageurs, et les Lexoviens, ont, en outre, envoyé de droite et de gauche des missionnaires pour le colporter et prêcher une croisade contre la ville de Caen.

Une cause est bien désespérée quand on est réduit à la défendre par de tels moyens. Nous allons prouver qu'en effet les actions de Lisieux commencent à baisser.

Constatons d'abord combien, depuis le début, la question a changé de face. Au premier aperçu, on a été généralement étonné de l'idée d'aller à Paris par Alençon ; mais la surprise une fois passée, on a examiné le mérite relatif des différents tracés , et lorsqu'on a vu , du côté de l'Ouest , un nombre considérable de voyageurs et une masse de marchandises, double de ce que peuvent offrir les tracés par Lisieux ; quand on a su que, de ce dernier côté, il y avait à ouvrir des tunnels immenses dans des terrains glaiseux, à établir des viaducs pour franchir des vallées profondes, à créer un sol artificiel dans des terrains marécageux , travaux dispendieux qui ne se rencontrent pas vers l'Ouest ;

Quand on a vu que, par suite de ces dépenses et de la jonction du rail-way projeté avec celui de Rouen, on aurait à subir des tarifs élevés et pour ainsi dire éternels ;
Que les tracés par Lisieux traversaient des contrées qui n'ont à fournir à l'exportation aucune masse importante des matières ou denrées nécessaires pour donner de la vie à un chemin de fer ; tandis que dans l'Ouest on rencontre des centres de production considérables qui manquent de moyens de communication ;

Alors il s'est opéré une réaction complète dans les esprits. Tous les hommes éclairés, les capitalistes eux-mêmes, dans leur intérêt bien calculé, n'ont pas hésité à adopter le tracé par Alençon.

Aussi, il n'y a pas aujourd'hui un homme de l’art, s'il est désintéressé dans la question, qui ne repousse, comme une œuvre d'égoïsme et d'intrigue le projet appuyé par Lisieux. Le nombre des députés associés pour la défense du chemin de l'Ouest, qui n'était que de quarante, il y a deux mois, est de plus de soixante actuellement ;  et, ces jours derniers, le représentant d'une compagnie qui venait en Normandie dans l'intention de soumissionner le tracé par Lisieux, s'est empressé d'abandonner ce projet dès qu'il a eu examiné la question, et cette même compagnie est décidée à concourir pour l'exploitation de la voie par l'Ouest.

Enfin , on assure que quelques Lexoviens , dans la prévision d'un échec, ont songé à négocier une transaction.

Une seule compagnie sérieuse restera pour le tracé par Lisieux : nous n'avons pas besoin de dire que c'est celle du chemin de Rouen, qui a un si grand intérêt à pousser sur ce chemin toute la Basse-Normandie. Il parait qu'après avoir prôné originairement la compagnie Letellier, Lisieux donne enfin la préférence à celle de Rouen. Quels arguments irrésistibles peut-on donc avoir employés pour opérer cette conversion ?

Ainsi le tracé par Lisieux et St-Pierre-de-Louviers reste seul. Or, d'après le calcul de M. l'ingénieur en chef de l’Eure, dont la Société d'émulation invoque l’autorité, le parcours est de 269 kilomètres : c'est-à-dire 17 kilomètres ou 4 lieues et demie, ou 25 minutes de route de moins que par le chemin où les tarifs seront d'un tiers moins élevés, et où tant et de si puissants intérêts se tendent la main.

Il est différents points, et des plus essentiels, sur lesquels la Société d'Emulation s'est bien gardée, et pour cause, de rien dire. De ce nombre est la question des tarifs. La Société nous permettra moins de discrétion â cet égard.

Voici, d'après le tableau publié par M. Le Tellier, quel serait en moyenne le prix du transport des voyageurs et marchandises :

Par Lisieux et St-Pierre-de-Louviers :
Voyageurs, 24 fr. 72 c.
Marchandises (la tonne), 41      25
              
Par Lisieux et Mantes :
Voyageurs, 21    79
Marchandises (la tonne), 49    82

Les tarifs par Alençon étant d'un tiers au-dessous de ceux du chemin par Lisieux, le prix de transport serait :

Voyageurs,
14 fr. 20 c.
Marchandises,  28     60

Quant aux bœufs, s'ils sont transportables par les chemins de fer, les frais de route seraient, dans les premières directions, de plus de 30 fr. par tête.

Voilà ce que la Société d'Emulation a tu avec soin dans son mémoire, dont le but manifeste a été de susciter des défiances entre les villes qui ont un intérêt commun, et surtout de rendre le chef-lieu du département suspect aux autres localités. A cet effet, elle a prêté à Caen les calculs égoïstes qui mettent en mouvement la petite ville de Lisieux. Elle a nié les faits, dénaturé les chiffres, et cherché à alarmer la propriété et l'industrie, en alléguant qu'une communication établie entre le Calvados et les départements de l'Ouest ruinerait le premier au profit des autres ; que les importations de denrées de première nécessité devenant plus faciles, le prix se nivellerait entre les différentes contrées que le rail-way mettait en relations, et que, dans cette éventualité, notre production étant plus chère, nous n'avions qu'à perdre à l'établissement de cette voie.

Ce gui revient à dire qu'aux yeux de MM. de Lisieux la baisse de prix des denrées de première nécessité serait un malheur. La classe des consommateurs, la population ouvrière surtout leur sauront gré de tant de sollicitude... Quand on a à dire de pareilles choses, qui choquent également les lois de l'économie politique et la morale, on les dit tout bas, après s'être assuré que les portes sont bien fermées et que les voisins n'entendent pas.

Nous n'eussions même pas relevé une telle hérésie sociale, si de fait même elle n'était une erreur ; de sorte que c'est un argument gratuitement odieux que l’on a eu le triste courage de mettre en avant ; et cet argument ne peut avoir été lancé de bonne foi, autrement il faudrait avoir une pauvre opinion de l'intelligence et des lumières des capacités du cru.

Il est prouvé que le département du Calvados ne produit pas assez de céréales pour sa consommation : il lui faut donc en faire venir du dehors. Or, ce n'est pas l'établissement d'un chemin de fer qui créera un genre d'opérations qui existe. Eh bien, malgré ces importations le prix des céréales a-t-il baissé ? Depuis bien des années au contraire le prix des grains ne s'est-il maintenu dans une moyenne dont les consommateurs pourraient se plaindre plutôt que les cultivateurs ? C'est de l'Ouest et du centre que notre département tire cet objet de consommation , et le chemin ferré se dirigeant vers l'intérieur n'aura d'autre effet que de rendre plus faciles les relations déjà établies avec les pays voisins.

Ce que nous disons ici du froment s'applique à plus forte raison aux avoines que nous allons chercher en quantités considérables dans la Bretagne. Le plus grand mérite des chemins de fer est précisément celui que leur conteste Lisieux, car c'est par ce moyen que les pays jusqu'à présent privés , faute de communication , de certains objets de consommation, pourront à l'avenir se les procurer ; et grâce à cette consommation plus étendue , les pays de production pourront tirer meilleur parti de leurs denrées : ce seront des échanges plutôt que de la concurrence que la similarité dans la production devra amener, car avec la facilité que l'on aura , au moyen d'un réseau de chemins de fer, de transporter au loin les denrées , on ne sera plus réduit comme aujourd'hui à les vendre, même à bas prix , dans la contrée limitrophe ; on les placera sur tous les points où elles seront d'un prix élevé. Au lieu donc de s'avilir les prix se soutiendront, et par suite la propriété foncière, affermée plus avantageusement, augmentera généralement de valeur. Ajoutons que, dans les années désastreuses, les disettes seront moins à craindre.

Actuellement, d'où les chantiers de tout le littoral de la Manche peuvent-ils tirer leurs bois de construction, et bientôt d'où tirerons-nous nos bois de chauffage ? d'où nos chanvres, et en cas de guerre , d'où nos sels, nos houilles, nos fers , et tant d'autres objets indispensables, si ce n'est des contrées dont Lisieux prétend nous fermer l'accès , contrées auxquelles, en échange de ces valeurs, nous envoyons nos huiles de colza, des engrais, des objets de fabrique, des huîtres, du poisson, du bois du Nord, des denrées coloniales ?

C'est Caen que l'on attaque ; mais est-ce donc la ville de Caen qui profite seule de ces échanges ? Est-ce elle seule qui produit et consomme ? Elle seule qui reçoit les denrées à échanger ? Et tout le Calvados n'a-t-il pas comme Caen, comme Lisieux même, intérêt à posséder des communications qui multiplieront les affaires, en rendant les relations plus faciles et plus rapides.

Parce que Caen 'a l'avantage d'être la ville principale du pays, on lui fait un crime de sa position et du soin qu'elle prend de défendre ses intérêts. Mais accusez donc aussi les villes de Bayeux, de Falaise, de Condé, de Flers et toutes les localités de l'Orne, qui cherchent à faire prévaloir leurs intérêts sur les intérêts étroits et nous pourrions dire aveugles de Lisieux. Qu'y a-t-il, en cela rien qui ne soit juste et naturel ? Vous, petite ville que vous êtes, vous voulez confisquer à votre profit le chemin de fer, au préjudice d'une foule de localités, de Flers, notamment qui fait plus d'affaires que vous, de Condé, centre commercial aussi important que vous ; au préjudice d'Honfleur, dont vous voulez ruiner le commerce maritime, comme vous prétendez ruiner celui de Caen, et c'est vous qui accusez les autres d'égoïsme

Et sur ce point nous ajouterons que l'on aurait peine à comprendre comment la ruine d'une grande ville que l'on veut mettre au ban de la Basse-Normandie enrichirait le pays ; et comment au contraire la prospérité d'un centre comme Caen ne rejaillirait pas sur toutes les contrées qui l'environnent.

Nous disons que les vœux de Lisieux sont aveugles : il est évident, en effet, que c'est dans un intérêt privé que l'on cherche à entrainer la population dans une fausse voie. C'est du Centre que l'arrondissement de Lisieux tire une partie de ses denrées de première nécessité ; c'est vers l'Ouest , — la Société d'Emulation en fait l'aveu,— que l'arrondissement exporte une partie notable des produits de son industrie ; d'autre part, on a le talent de faire croire aux bons lexoviens que c'est vers Rouen qu'ils ont besoin d'avoir un chemin de fer, tandis que c'est sur Paris que Lisieux dirige la presque totalité de ses toiles. Voilà les faits, concluez, et tâchez de mettre un nom à l'œuvre qui tend à jeter ainsi un pays en dehors de ses véritables intérêts.

Messieurs de Lisieux disent aux habitants du Bessin : « Le prix de vos beurres va diminuer, car la Bretagne est placée dans de meilleures conditions que vous, pour vous faire concurrence par la voie même que vous voulez ouvrir ; » aux marchands d'huîtres de Courseulles, aux pécheurs de la côte, on dit : « vos denrées ayant un long circuit à faire, elles arriveront moins fraîches et paieront plus cher de transport, etc. , etc. »

Il n'est pas une de ces insinuations qui résiste à un simple examen : quant aux huitres et au poisson, nous avons démontré que le trajet est d'une demi-heure à peine plus long, et que, grâce à la différence des tarifs, il y aura économie à suivre la voie de l'Ouest. De plus, nous allons le prouver, il y a tout intérêt pour ceux que l'on cherche à alarmer sur l'avenir, à adopter ce tracé.

Paris, à la vérité est le grand consommateur ; mais quelque appétit que l'on suppose à l'ogre parisien, il ne peut pas tout dévorer, et avec les chemins de fer qui, de tous les points de la France, vont approvisionner la capitale, il y aura bientôt encombrement de denrées de toute espèce, et par suite diminution dans le prix de ces denrées. Dans cette prévision n'est-il pas d'une spéculation intelligente de chercher d'un autre côté l'écoulement des produits dont Paris regorgera ?

Prenons pour exemple les huîtres : aujourd'hui les deux tiers des huîtres expédiées de Courseulles sont dirigées sur Paris, et l'autre tiers vers l'intérieur. Eh bien, c'est depuis l'époque où les communications plus promptes ont permis de transporter ces crustacés à de grandes distances, que les huîtres ont plus que doublé de valeur. A moins donc de vouloir nier l'évidence, il faut reconnaître que le commerce des huîtres a tout à gagner en se portant vers l'intérieur. Si la voie de l'Ouest lui est fermée, ce seront les huitrières de la Bretagne qui, grâce au chemin de fer de Nantes et à celui de Rennes, approvisionneront les marchés dont Courseulles est en possession. Courseulles alors n'aura plus que le débouché de Paris où il rencontrera les huîtres de tous les points de la côte placés dans la sphère d'activité des chemins de fer.

Il en sera de même du poisson que Fécamp, Dieppe, Boulogne et tous les ports de la Manche et de la Bretagne jetteront, en quelques heures et en abondance, à la halle de Paris. Ainsi encore du beurre, objet d'une industrie si importante.

A cette occasion, Bayeux doit de vifs remerciements à Messieurs de la Société d'Emulation pour les bons conseils qu'ils veulent bien donner à cet arrondissement, Il est vraiment curieux d'entendre les lexoviens conseiller Bayeux sur ses intérêts. Lisieux en sera pour son zèle ridicule, car Bayeux sait fort bien ce qu'il doit faire, et il considérerait comme une calamité ce que les bonnes âmes du chemin de Rouen voudraient leur faire accepter comme un bienfait.

Dans deux Mémoires très remarquables, émanés, l’un de la Société d'agriculture de Bayeux, qui compte dans son sein tous les principaux propriétaires et cultivateurs de l'arrondissement, l'autre du conseil municipal de la même ville, il a été établi de la manière la plus claire que l'industrie beurrière du Bessin apprécie très-bien sa position : que, d'une part, elle n'a rien à redouter sur le marché de Paris de la concurrence des autres pays, qui ne peuvent produire du beurre d'une qualité qui approche des siens ; et que, d'autre part, elle a tout intérêt à pouvoir les transporter vers le centre et jusqu'à Bordeaux, où les beurres fort médiocres de la Bretagne sont recherchés à des prix avantageux.

L'argument si charitable de Lisieux pèche d'ailleurs par sa base, puisque, dans toutes les hypothèses, la Bretagne aura son chemin de fer qui, voté en principe, de Paris à Rennes, ne peut manquer d'être prochainement exécuté.

Lisieux invoque l'intérêt de l'industrie bovine.

Sous ce rapport, la Société d'Émulation n'est pas plus heureuse que sous les autres, car, nous le répétons, les herbagers ne consentiront pas à payer plus de 30 francs pour le transport d'un bœuf, qui leur coûte actuellement de 7 à 8 fr. de conduite, et qui, au dire des gens du métier, a plus de qualité comme animal de boucherie, quand il a fait la route à pied. L'argument lexovien, fût-il fondé, serait d'ailleurs neutralisé par cette observation que la Basse-Normandie tire de l'Ouest et de l'intérieur des milliers de bestiaux maigres qui, sans inconvénient et à un prix très modéré, pourront être amenés dans nos herbages par le chemin de fer.

Après ces rapides explications, que reste-t-il de toutes les bonnes raisons alléguées par Lisieux ?

Les malveillantes insinuations de cette petite ville contre le chef-lieu ; des déclamations contre les rues désertes d'une cité qui compte 45,000 habitants, non compris ses écoles, ses grands établissements, ses casernes d'infanterie et de cavalerie ;

Une pitoyable plaisanterie contre le port de Caen qui, ruisseau fangeux, au dire d'une ville assise sur le bord de la Touque, reçoit annuellement treize cents navires, exportant ou important plus de 60,000 tonneaux de marchandises, payant à la douane plus de deux millions de droits.

Le bon sens public a fait prompte justice de semblables moyens de discussion, et le gouvernement lui-même, en dépensant 7 à 8 millions pour le port de Caen et le canal maritime, répond pour nous à des attaques qui trahissent la pauvreté de la cause de nos voisins. Le ton de persifflage cache des craintes sérieuses et justes ; il serait scandaleux, en effet, et Lisieux doit le comprendre, de voir sacrifier les intérêts les plus légitimes, les plus graves de toute la Basse-Normandie, moins une fraction d'un arrondissement, à ceux d'une petite localité qui ne pèserait rien dans la balance, si elle n'avait. M. Guizot pour député, et pour auxiliaire la compagnie de Rouen, qui est tenue d'acquitter la dette électorale de M. Charles Laffitte envers Louviers.

Lisieux sera à moins de 20 kilomètres du chemin de l’Ouest, tandis que Flers et Condé qui valent au moins cette ville, en seront plus éloignés, et ne pourraient profiter du chemin par Lisieux. Dans cette condition, une ville qui, il y a quelques années, eût été bien aise d'obtenir la navigabilité de la Touques, sera heureuse de la part qui lui sera faite.

Le chemin de fer, quelque direction qu'il doive suivre, ne pourra être voté cette année. Nous nous en félicitons, car tous les jours l'opinion publique se forme en faveur du tracé par l'Ouest le seul qui soit rationnel et qui satisfasse aux besoins de la Basse-Normandie. Lisieux ne pouvait réussir dans ses prétentions que par un tour d'escamotage : avec le temps sa cause est perdue, car nous-sommes dans le vrai, et avant un an la vérité aura brillé de tout son éclat.

Plus tard, toute la Basse-Normandie, moins quelques spéculateurs qui masquent sous un manteau d'intérêt public le sentiment tout personnel qui les fait agir, se féliciteront de la création d'un rail-way qui rapprochera entr'eux des départements qu'un intérêt commun attire l'un vers l'autre.

A.    B.   

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Caen, lmp. de F. Poisson.-1845.



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