[Prospectus] Les Cent-et-une Nouvelles nouvelles des Cent-et-Un, publication nouvelle de la Maison Ladvocat (1833).
Saisie du texte et relecture: S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (27.X.2003)
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Texte établi sur les exemplaires de la Médiathèque (BmLx : nc), collection incomplète, la description des volumes manquants ( 3-10-13-14-15 ) est donnée d'après les notices de la BnF. On trouvera sur Gallica une version en mode image de la totalité des volumes.
 
page de titre 101e
PUBLICATION NOUVELLE DE LA MAISON LADVOCAT
 
LES CENT-ET-UNE
NOUVELLES
NOUVELLES
DES CENT-ET-UN,
 
ORNÉES DE CENT-ET-UNE VIGNETTES
Dessinées et gravées par cent-et-un Artistes,
 
6 A 8 VOLUMES IN-8°,
IMPRIMÉS SUR PAPIER SUPERFIN VELIN, PAR MM. FIRMIN DIDOT.
Prix : 9 fr. le volume, et 10 fr. 50 c. par la poste.
LE PREMIER VOLUME PARAITRA LE 30 MARS PROCHAIN.
Les souscripteurs inscrits avant le 15 avril auront leur exemplaire orné d'une épreuve
De toutes les vignettes, tirées séparément sur papier de Chine.

 
I VOLUME PARAITRA TOUS LES QUARANTE JOURS
 
On souscrit à Paris :
CHEZ LADVOCAT, LIBRAIRE
De S.A.R. LE DUC D'ORLÉANS,
RUE DE CHABANNAIS, N°2.
 
MDCCCXXXIII

 

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vignette 101e

 

L'ÉDITEUR du LIVRE DES CENT-ET-UN peut croire, sans montrer beaucoup d'orgueil, qu'il a fait preuve de quelque aptitude dans l'exercice de son industrie, à se conformer, en temps propice, au goût universel des lecteurs ; l'empressement qu'on a mis à se saisir de la forme de ses entreprises justifie, du moins jusqu'à un certain point, cette présomption. Cette fois il n'a pas l'avantage de l'initiative. L'idée d'une longue série d'intéressantes historiettes ne lui appartient point, puisqu'elle est devenue commune, depuis quelques mois, à quiconque se mêle de produire et d'imprimer : mais elle n'appartient à personne ; car il faudrait remonter bien haut pour en trouver l'origine, à travers les délicieux recueils de Boccace, de Louis XI et de Marguerite de Navarre. On ferait avec cette recherche un article, on plutôt un volume curieux de bibliographie spéciale, et il ne s'agit ici que d’un PROSPECTUS.

Seulement, il lui convenait peut-être plus qu'à tout autre de profiter du concours bienveillant de tant de beaux talents, qu'un sentiment honorable pour lui a rendus ses généreux tributaires, pour jeter à son tour dans la circulation un de ces livres du jour où les esprits fatigués viennent chercher un délassement, un plaisir ou une consolation. Ce besoin des courtes lectures dont nous avons déjà parlé est en effet un des symptômes les plus infaillibles de l'âge de lassitude, chez les peuples usés par de cruelles tourmentes politiques, ainsi que chez les vieillards dont trop de sensations ont émoussé les organes. On veut alors des émotions assez variées pour stimuler une curiosité difficile à satisfaire, assez vives pour ébranler un coeur exercé à toutes les secousses, et surtout assez rapides pour ne pas distraire long-temps l'attention de tous les objets contingents qui l'occupent et qui la remuent. Les innombrables et brillants conteurs de l'Italie apparurent à la suite des maladies contagieuses et des guerres civiles.

Le LIVRE DES CENT-ET-UN, qui portait en lui tant de garanties de succès, en a dû sans doute une grande part à cette disposition générale des esprits. Cependant s'il a de quoi contenter les exigences les plus difficiles par l'inépuisable diversité des sujets, les auteurs n'ont pas pu recourir, clans le plan qu'ils s'étaient tracé, à ces puissants artifices de l'imagination qui égayent la pensée ou bouleversent l’âme, au gré des caprices de l'inventeur. L'observation considère les aspects et les choses avec un verre qui éloigne ou qui rapproche, qui grossit ou qui diminue suivant l'organisation de l'homme qui observe ; car l'exagération elle-même peut être une manière fort naïve de sentir, et il n'y a que les gens sans esprit qui en doutent. L'invention seule a le privilège de les voir avec un prisme, et le prisme est fort à la mode.

Le LIVRE DES CENT-ET-UN est d'ailleurs un ouvrage rationnel, pris dans la société comme elle est quelquefois, peut-être plus pittoresque, plus coloré que le vrai, mais fidèle du moins à cette belle vérité de convention qui est le principal objet de l'art. Il n'a pas la prétention d'être froidement exact comme le calque, mais il servira d'étude à l'histoire locale, à l'histoire contemporaine. Le temps et l'espace l'enferment donc dans une époque, et presque dans une ville. Pour élever à côté de cette oeuvre si bien accueillie du public une oeuvre nouvelle et digne de la même faveur, il ne fallait que donner de l'air à la veine de ses poètes, et de l'essor à leurs ailes. Les CENT-ET-UNE NOUVELLES DES CENT-ET-UN que nous annonçons aujourd'hui sont une excursion des auteurs du LIVRE DES CENT-ET-UN dans le monde romanesque et dans le monde imaginaire. Entre la chronique de nos moeurs et la fable de nos sentiments, il y a presque l'univers, et il faut une longue portée pour toucher aux deux pôles de cette double composition littéraire, ainsi que nous l'entendons ; mais les auteurs du LIVRE DES CENT-ET-UN sont assez connus pour que leurs noms, inutiles à répéter, suffisent à rassurer le lecteur ; nous pouvons même nous dispenser d'insister sur un éloge que la reconnaissance nous imposerait, et qui, distribué entre toutes les illustrations de notre époque, n'aurait rien toutefois d'assez personnel pour effaroucher la plus timide modestie.

Les CENT-ET-UNE NOUVELLES DES CENT-ET-UN ne sont plus contenues dans les bornes d'un genre ou entre les frontières d'un pays; elles ne sont plus assujéties à un cadre que le talent remplit presque toujours avec bonheur, mais qui le gêne souvent. Tout rentre dans leur domaine immense. La vallée de Tempé leur appartient comme les bosquets d'Aulnay, la tente du patriarche comme la maison de campagne de l'agent de change, et Tombouctou comme Vaugirard. Bien plus, nos auteurs ont le droit, et ils sont très-capables d'en user, de lutter en féeries badines avec Hamilton, de se jouer avec Caylus aux vives et plaisantes causeries du peuple, et de nous conter même quelques-uns de ces beaux contes que M. Galland contait si bien quand il ne dormait pas : c'est dire assez qu'aucun des genres du conte et de la nouvelle n'est exclus du système de l'éditeur, et que son plan élastique embrasse également l'épopée pastorale à la manière de Longus et la fable naïve de Perrault ; la satire en action dans le goût de Lucien et de Voltaire, et les touchantes historiettes de Parthénius et de Florian : vaste carrière où les esprits les plus indépendants peuvent s'élancer sans contrainte, sauf à s'affranchir même de ses limites presque infinies sur le manche à balai des sorciers ou la Selle des hippogriffes.

Quant à ce qui concerne l'éditeur, il ne négligera rien pour mériter de plus en plus la faveur que le public a bien voulu attacher jusqu'ici à ses entreprises. Il prend l'engagement solennel de se circonscrire invariablement dans le cercle qu'il s'est tracé lui-même. Le nombre de ses NOUVELLES n'excédera pas le chiffre sous lequel il les a annoncées ; les CENT-ET-UNE NOUVELLES seront toutes entièrement nouvelles ; elles porteront le nom de cent-et-un auteurs différents, de sorte que chacun n'y contribuera que d'une seule ; et toutes ces NOUVELLES sans exception seront ornées d'une élégante vignette gravée sur bois, et dessinée par nos artistes les plus habiles et les plus renommés.

Nous offrons dans ce Prospectus un spécimen exact du caractère, du papier et des vignettes des CENT-ET-UNE NOUVELLES NOUVELLES.

Paris, ce 15 mars 1833.

C. LADVOCAT.


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