Denis Bogros : Histoire du cheval de troupe de la cavalerie française : 1515-1918. (3)
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CHAPITRE III

LA CAVALERIE SOUS L'ANCIEN REGIME (1)

La fourniture des chevaux aux unités de cavalerie était à la charge des chefs propriétaires des bandes. Héritières, comme on l'a vu, de "l'ost" du moyen âge, ces troupes à cheval étaient peu obéissantes.

Aussi nos monarques des temps modernes portèrent l'effort sur la discipline et l'organisation.

Déjà Henri IV avait créé des "compagnies", que son fils réunit en "escadres". En 1635, la formule du "régiment" est essayée puis abandonnée. C'est le 24 janvier 1638 que la formation des "Régiments de cavalerie" sera définitive ; assortie, le 15 mai 1638, d'un "règlement" signé du roi pour établir "le bon ordre et la discipline".

Mais la question de la qualité des chevaux était escamotée. La culture d'un peuple évolue lentement au-delà de son cadre naturel. Car les sujets du roi n'élevaient pas de chevaux de selle. Louis XI (XVème siècle) avait eu de la peine pour trouver cent chevaux pouvant galoper 16 km ! afin de créer la "poste royale". Alors que, deux siècles plus tôt Gengiskhan avait un système de poste sur tout un continent avec des étapes de 40 km au galop.

En 1639, un mémoire anonyme préconise l'établissement de haras d'élevage en France. Vieux projet ! Fait nouveau : la raison invoquée est pécuniaire. Nous marchons vers le mercantilisme. Il faut empêcher les achats de chevaux, d'Allemagne, de Danemark, d'Espagne et de Barbarie. Preuve, qu'il s'agissait bien de chevaux de selle. Car on importe pas, de ces régions du Sud, des chevaux de trait. Projet resté sans suite. Il faut comprendre que les gouvernants du XVIIè siècle portaient tous leurs efforts sur l'infanterie. (Ce sera la préoccupation majeure de Louvois) (2).

La cavalerie à cette époque n'était qu'une arme secondaire. Cependant il était préférable qu'elle fut performante.

C'est pourquoi, Richelieu s'attacha les services du régiment de Gassion (1635). Son propriétaire avait combattu sous les ordres du roi Gustave Adolphe de Suède, l'un des rénovateurs de la cavalerie en occident. Ce fut un bon placement, car quelques jours après la mort du Roi Louis XIII... à Rocroi, le 19 mai 1643, la cavalerie "française", derrière le duc d'Enghien (22 ans) avec Gassion et le Baron Sirot (des anciens de Gustave-Adolphe), fit l'une de ses plus belles démonstrations de savoir-faire : à la Henri IV !

Elle enveloppa l'armée espagnole et infligea une défaite définitive aux "Tercios" (infanterie célèbre) du plus grand roi d'Europe.

Ainsi donc les chevaux de troupe de notre cavalerie n'étaient pas si mauvais ? la réponse est dans le contexte : d'abord, l'effectif était modeste, moins de 5 000 chevaux ; ensuite, le champ de bataille était étroit : quelques 5 km de front ; enfin, le combat se déroula à un rythme peu rapide : six heures... après une mise en place très lente. On ne peut donc pas se prononcer, faute de témoignages, sur la qualité des chevaux, celle des hommes ayant été bonne.

On le peut d'autant moins que (nous sommes sous le règne de Louis XIV) l'année suivante, l'Ambassadeur de Venise s'étonnera de voir l'armée française en guenilles... et la "cavalerie mal montée" (à la fin du XVIè déjà un de ses prédécesseurs avait noté "le royaume ne possède pas, à la vérité, de race de chevaux de guerre"). La cause en était double : d'une part, le royaume ne produisait que des "roussins" et des "bidets", d'autre part, le système dit de "la compagnie ferme", c'est-à-dire appartenant au capitaine, était pervers. En effet celui-ci achetait les chevaux au moindre coût. Par ailleurs il économisait sur la nourriture. C'est pourquoi, le ministre Louvois créa les "inspecteurs", chargés de vérifier les effectifs et l'état des chevaux ! Mais, en outre, il fallait se rendre à l'évidence, la production chevaline française était très déficitaire et de ce fait, les importations aux prix forts étaient une obligation. C'est la raison principale qui a conduit Colbert (3) (ministre des finances), à s'intéresser à la question dès 1663.

L'arrest royal du 17 octobre 1665

C'est l'acte fondamental par lequel l'Etat monarchique s'est décidé à : "organiser les haras dans le royaume". Attention ! il s'agissait seulement d'aide à l'élevage privé, et non pas de créer des établissements d'élevage étatisés. Ce qui aurait été contraire à la culture économique de ce temps. (On reverra cela en 1790 et en 1848...). Bien sûr, une administration naîtra et se développera, pour gérer cette intervention de l'Etat, qui avait dû se faire violence pour assister le secteur privé.

Donc, pour tenter d'agir sur la production, le roi se décida à importer des étalons de qualité et à les répartir dans les provinces d'élevage du cheval. L'arrêt ne parle pas de chevaux de selle ; par contre il parle de chevaux de carrosse. C'est l'indication que l'économie rurale était orientée avant tout vers la traction, pour le labourage et le tirage. Cependant le texte fait une distinction. Il y a d'abord les provinces produisant des chevaux de carrosse. Elles vont des "côtes de la mer de Boulogne à la Garonne" dans lesquelles "il se trouve des cavales de tailles nécessaires à cet effet" : on y placera des étalons de Frise - Hollande - Danemark.

Et puis il y a "les provinces de Poitou, Xaintonge, et Auvergne" où l'on placera des étalons Barbes (importés de Barbarie). On peut penser que c'était pour produire des chevaux aptes à la selle (?). Le texte officiel n'est pas explicite. Preuve nouvelle que l'industrie chevaline de ce pays n'était pas orientée vers la selle, mais le trait.

Le Roi Soleil, malgré ses efforts, ne verra pas d'améliorations sensibles de l'élevage équin dans son royaume, en tout cas pour ce qui intéressait les troupes à cheval. Vers la fin de son règne, il devait encore importer des centaines de chevaux pour les équiper.

Ceci fit la fortune des marchands de chevaux ; ces achats étant toujours urgents, on n'était pas regardant sur la qualité.

Ainsi ce grand roi accepta que ses cavaliers soient remontés d'animaux peu aptes au service.

L'ordonnance royale du 25 octobre 1680 indique les tailles minimum acceptables : gendarmerie : 1,45 m ; cavalerie : 1,42 m ; dragon : 1,37 m. Quelques années plus tard, il acceptera des tailles plus petites encore. Ce qui prouve le mauvais état de l'élevage. La cavalerie de Louis XIV ne fut pas de grande qualité. Il faut dire, pour se rapprocher de la vérité, que son mode de gestion ne la favorisait pas.

Cette arme était "réglée" sur "l'extraordinaire de la guerre". Un budget à éclipses, suivant les nécessités, ce qui entraînait des variations d'effectifs handicapant la fiabilité des unités. On levait et on licenciait les régiments, au gré des événements. Or une cavalerie ne s'improvise pas dans un peuple de sédentaires ! Notons au passage que le Robert prend en compte le substantif : "Remonte" en 1680 : "action de fournir de nouvelles montures".

La question du cheval de selle au grand siècle

Faisons le point. Il serait injuste de ne pas signaler les efforts concrets faits par Louis XIV pour créer une production nationale de chevaux de selle. Il fallait d'abord, savoir comment cela se fabriquait ! Ensuite, il fallait tenter de produire le cheval du type selle choisi.

Le 7 mars 1669, le roi écrit à Colbert qu'il envoie Garsault (son écuyer) en Angleterre : citation : "... non seulement pour y acheter quelques chevaux pour moi, mais encore pour y observer tout ce qui se pratique dans les haras de ce royaume..."

L'Ecuyer Gaspard Saunier (4) (Art de la Cavalerie) rapporte les essais d'élevage faits dans le haras royal de St léger. "... Louis XIV fit venir plusieurs cavales (juments) de Turquie, de Barbarie, et d'Espagne...", on leur donna "(des) étalons d'Espagne, de Portugal, et d'Italie, de même que quelques beaux Anglais" ; "...afin de faire remarques sur ceux qui produisaient le mieux. Mais tout cela ne valut pas la peine que l'on s'était donnée : au lieu que tous ces braves chevaux (étalons)... firent des merveilles avec les cavales (juments) du pays (France)". Expérience du début XVIIIè siècle qui tendait à démontrer : que l'élevage des races étrangères n'est pas valable (en race pure !), mais que la solution sage est le croisement : juments du pays par étalons orientaux. Ce que faisaient déjà les Anglais, qui en ont tiré le "Pur sang". Ce que l'on fit, un peu, en France au XIXè siècle. Mais sans continuité, comme l'a écrit le Comte d'Aure, et en oubliant les expériences de l'Ancien Régime.

De ce fait on n'a pas repris le Barbe comme étalon de croisement ! On aurait eu des dérivés "stables", alors qu'on a eu des Anglo Arabes "instables". Pourtant La Guérinière (5) avait précisé (Ecole de cavalerie - Chap. V - T1 - 1729). "En France on se sert volontiers de chevaux Barbes (-) pour les haras. Ce sont d'excellents "étalons pour tirer (produire) les chevaux de chasse...", et (Au tome II - Chap. Traité des haras), il ajoute : "un étalon barbe fait ordinairement plus grand que lui, surtout en France...".

En juin 1992, le Directeur des Haras de la circonscription de Compiègne, lors d'une réunion de travail à la Direction Générale des Haras Nationaux, nous a informés que des éleveurs demandaient l'autorisation de se servir de l'étalon Barbe, en croisement, pour produire le cheval de loisir, à tout faire. Ce qui est légalement interdit - Mais d'après le maître des maîtres, La Guérinière : ces éleveurs de 1992 avaient raison ! D'autant que le Cheval de loisirs à tout faire, de nos jours, n'est autre que le cheval de selle de guerre de troupe de 1730 à 1914... Celui que la cavalerie métropolitaine n'aura jamais eu. Il n'est pas trop tard pour faire un bon cheval de selle !...

Le système de la remonte des régiments jusqu'en 1762

La perversité de ce système était telle que les bons chevaux avaient peu de chances de rejoindre l'armée du roi. En effet, la remonte était à la charge des colonels et capitaines propriétaires (6). Exemple : en 1697 le comte d'Uzès - colonel - acheta un petit régiment à deux escadrons (4 cies) pour 22 500 livres. Il revendit à des capitaines les compagnies de 50 chevaux (!) à 7 500 livres. Les capitaines devaient pourvoir, sur leurs revenus, aux remplacements des montures. Ils recevaient du roi une solde par "cavalier/cheval" (différente suivant les armes) avec laquelle ils devaient payer l'homme, l'habiller, le nourrir ainsi que subvenir à l'entretien du cheval.

Que l'on ne s'y trompe pas, l'entreprise était bonne... mais en économisant sur tout ! Et la cavalerie devenait mauvaise de ce fait. Dès que l'armée entrait en campagne, une telle cavalerie improvisée devenait vite squelettique. Ainsi, début 1708, une inspection nous montra "Uzès-cavalerie" avec 183 hommes, 171 chevaux, dont 109 à remplacer. Le rôle de la cavalerie était heureusement secondaire dans la bataille. Le changement ne devait s'effectuer qu'au milieu du XVIIIè siècle.

La maison du Roi. Les troupes à cheval de la maison du roi, et la gendarmerie de France, étaient des troupes permanentes "réglées" sur le budget dit de "l'ordinaire de la guerre".

Remontées de bons et forts chevaux, elles étaient bien entraînées.

A la fin du long règne de Louis XIV, la maison du Roi était composées des gardes du corps, mousquetaires, chevau-légers, grenadiers de la garde. Avec la gendarmerie, elles formaient trois divisions de réserve (environ 5 000 cavaliers au total).

Leurs charges, on le sait, décideront de la victoire de Fontenoy en 1745. Le vainqueur Maurice de Saxe (7), illustra ainsi sa théorie, écrite en 1732 : il faut peu de grosse cavalerie, mais bonne et montée sur des chevaux forts et épais, pour intervenir seulement dans la bataille. Mais ce Maréchal de France voulait en complément, une cavalerie à tout faire, montée sur des chevaux rustiques d'au moins 1,46 m supportant la fatigue, la faim et la soif, pour manoeuvrer avant et poursuivre ses avantages après la bataille ; bref pour faire la guerre véritable ! Cette cavalerie n'existait pas en France, faute de chevaux de selle.

Aussi, retiré au Château de Chambord en 1748, Saxe y créa un haras militaire avec des chevaux (étalons et juments) qu'il fit venir de Pologne et de Russie ! Nouvelle expérience, qui n'eut pas de suite, qui prouve que les soldats d'élite étaient préoccupés par le manque de chevaux de selle en France. Un général suisse, des célèbres hussards de Prusse, Warnery (de), écrira en 1763 "La France devrait élever plus de chevaux qu'elle ne le fait..." (op. cit.) Il manquait donc la quantité, en plus de la qualité ?...

La fin de l'Ancien Régime

La guerre de sept ans (1756-1763) marque le véritable retour de la cavalerie comme arme de mêlée dans toutes les phases de la guerre.

A la suite de Gustave Adolphe, roi de Suède, et de Cromwell, lord-protecteur, Frédéric Le Grand de Prusse (roi de 1740 à 1786) sut se créer la meilleure cavalerie d'Europe Occidentale.

Comment ? Avec de bons chevaux galopeurs et rustiques qu'il achetait en Pologne et Ukraine, plus, de bons généraux, sportifs, entraînant leur troupe chaque jour, et sachant coopérer avec l'infanterie. Il avait hérité de son père une grosse cavalerie qu'il sut employer ! mais qu'il se garda bien d'augmenter.

Le 5 novembre 1757 à Rossbach avec 21 000 hommes, Frédéric l'Unique, ridiculisa les 70 000 hommes franco-allemands de Soubise.

Sans minimiser le combat de l'infanterie, le fait majeur fut : le mouvement rapide d'enveloppement de la cavalerie prussienne, dirigée par le général Seidlitz, qui acheva la victoire par une charge en ligne sur deux rangs, au galop, le sabre à la main.

Ce fut en France, un coup de tonnerre dans un ciel serein. La guerre venait de changer de techniques. La cavalerie devenait importante. Une réforme s'imposait.

Le roi Louis XV le comprit et soutint son ministre Choiseul (8) qui entreprit la réorganisation dès 1762.

Nous en retiendrons : la suppression de la "compagnie propriété privée". Tous les régiments de cavalerie furent alignés à quatre escadrons. L'Etat, désormais, fournira les chevaux de remonte ; à cet effet, un crédit est alloué annuellement à chaque régiment, dont le colonel prend la responsabilité (sous contrôle) de l'achat des chevaux (c'est le système dit : des achats directs). Par ailleurs, l'instruction des cavaliers devient permanente ; pour cela on construit les grands manèges que l'on voit encore à Paris, Saumur, Lunéville... (devenus des garages à notre époque). On remarquera que les mentalités étant ce qu'elles étaient, on ne put changer les modes de production des chevaux ! Braudel, dans son dernier ouvrage L'identité de la France (op. cit) s'en est étonné : "... pourquoi le cheval continue à s'élever, à la veille de la révolution française, comme au temps de la guerre de cent ans ?" (on voudra bien pardonner à l'auteur de revenir plusieurs fois sur cette interrogation du grand historien universitaire. Elle est fondamentale).

Le rapport d'Auvergne. En février 1769, l'Ecuyer en chef de l'Ecole Militaire de Paris, d'Auvergne (9), écrit dans un rapport secret (archives de l'armée Vincennes) (MR 1732) : que l'on doit réduire l'emploi de la cavalerie au combat de masse ; que son but ne peut être (matériellement) que la charge, et donc, que c'est sur ces bases que doit être fondée l'instruction équestre de la troupe ! Il en donne deux raisons ; d'abord : "le cheval fait le cavalier. L'espèce que le royaume produit est inférieure (-) et n'est pas susceptible de (-) légèreté et de (-) vigueur...", ensuite : "le peu d'habitude qu'ont nos cavaliers fait qu'ils ont (cette) maladresse à cheval..." Il conclue : "ces deux raisons (-) suffisent pour prouver que notre cavalerie ne peut combattre qu'en masse".

Ce diagnostic limpide dans sa sévérité, contient toute la problématique de notre cavalerie métropolitaine. Elle ne pourra jamais briller que par sa bravoure dans les charges en masse, et sera toujours handicapée par la mauvaise qualité de son matériel chevaux... "quod erat demonstrendum".

Le Roi Louis XVI monte sur le trône de France en 1774

Les finances se portent mal. Une armée coûte cher. Le compte-rendu au Roi de Necker (10) : sur l'état de ses finances (janvier 1781) fait apparaître que les dépenses (11) "armées et colonies" représentent plus de 45 % du total. Difficile, dans ces conditions, d'aider l'élevage. Le roi supprime la cavalerie lourde : la gendarmerie, en 1787. Monsieur de Bohan (12), élève de d'Auvergne, en fut le dernier major général. C'est le meilleur témoin de ce temps. Il publie Examen critique du militaire français dans lequel il écrit : "le cheval de guerre (-) doit être d'une taille et d'une force qui lui permettent de résister aux longues fatigues". Or les chevaux que l'on offre pour le service de la cavalerie "(-) sont des animaux lâches, tristes, mous, et défigurés (sans "figure" c'est-à-dire sans "espèce")". Et il critique l'élevage du royaume, fautif "par le choix (-) des pères et mères dont on veut tirer race". Aussi, comme la consommation du royaume excède la production, et comme, par la rareté de bons chevaux, les prix "haussant" tous les jours (alors, citation) "ne permet plus à nos moyens militaires que le rebut des autres consommations (sic)". Tel est son témoignage en 1781.

Ainsi, malgré les excellentes réformes de Choiseul, la cavalerie n'atteindra pas le niveau opérationnel, pour cause de "mauvaise remonte" !

Signalons une belle exception : le régiment des hussards de Bercheny, qui achetait ses poulains en Limousin et les élevait à Saint Léonard de Noblat (20 km est de Limoges) entra en campagne en 1792.

Il recomplétera et renouvellera plus de six fois sa "remonte" en 23 années de guerres. Cependant, en 1815, à sa dissolution, on comptera encore sur ses contrôles des "métisses limousins orientaux" de plus de 26 ans. Ils avaient fait le tour de l'Europe en combattant . Avec leurs cousins Auvergnats, on les appelait les "arabes d'Europe" ; quant aux Grognards de la grande armée, ils les avaient surnommés : "les mangeurs de baïonnettes" pour exprimer leur ardeur et leur générosité !

Le 29 janvier 1790, au nom de la suppression des privilèges et au nom de la libre concurrence, le célèbre vicomte de Noailles (celui de la nuit du 4 août) fit voter à l'Assemblée Nationale "le régime prohibitif des haras est aboli"...

... Les centaines d'étalons royaux seront vendus à l'encan.

Comme nous venons de le voir, cela ne pouvait avoir d'influences directes sur la remonte de la cavalerie, qui était peu concernée par leur production. Nous entrons dans ce quart de siècle de grandes turbulences, et, qui, dit-on, aurait changé le monde.

Pour la cavalerie et sa remonte ce sera une longue période d'improvisations et de transitions !


NOTES

(1) "L'Ancien Régime" celui qui précéda la Révolution. "Sous l'ancien régime" - avant 1789 - Hachette 1980.
(2) Louvois, marquis de (1641-1691) : Secrétaire d'Etat à la guerre du Roi Louis XIV réorganisa l'armée. A la fin de sa vie obtint le rattachement des haras à son département (1690) - créa les manufactures d'armes.
(3) Colbert, Jean-Baptiste (1619-1683) : Surintendant des finances de Louis XIV. Il créa les "haras dans le royaume" et "les arsenaux de la marine". L'idée est la même : libérer l'Etat de dépenses à l'étranger.
(4) L'Art de la Cavalerie par Gaspard de Saunier - A Paris chez Jombert, 1756.
(5) François Robichon de la Guérinière : Ecole de Cavalerie. A Paris par la compagnie avec approbation et privilège du Roi, 1729 (et 1769).
(6) Sous le Roi Louis XIV : "les brevets" de colonels et de capitaines étaient "achetés" au Roi de France. Ces brevets étaient en quelques sortes des "patentes" donnant privilèges de lever des troupes, pour les exploiter au service du Roi !! Les régiments et compagnies étaient des "entreprises".
(7) Saxe, Maurice comte de (1698-1750) fils naturel du Roi de Pologne - Fait Maréchal général par le Roi Louis XV. Vainqueur à Fontenoy en 1745 - En 1732, il écrivit un ouvrage sur l'art militaire intitulé : Mes rêveries, cet ouvrage fut publié par l'Abbé Pérau à Amsterdam et Leipzig en 1757.
(8) Choiseul, Etienne-François duc de (1719-1785) : Ministre des affaires étrangères, de la guerre et de la Marine (1758-1770) acheta la Corse pour des raisons stratégiques, réorganisa la marine et l'armée en profondeur (particulièrement la cavalerie). Ce grand ministre nous a laissé le compte-rendu de son administration et de ses réformes, publié en 1904 par Plon à Paris sous le titre Mémoires du Duc de Choiseul 1719-1785.
(9) Père de l'équitation militaire en France ; a écrit des "mémoires" conservés aux archives de la guerre au Fort de Vincennes - 1769 - Observation sur l'équitation par M. d'Auvergne..., 1774 - Instruction pour un régiment de cavalerie relativement à l'équitation.
(10) Necker, Jacques (1732-1804 Genève) financier et homme d'Etat en France (protestant). En 1781 publie compte-rendu au roi - démissionné puis rappelé (1788) ; il fit convoquer les Etats Généraux. En 1790 se retira en Suisse.
(11) 45 % du budget de la Nation. On sait que c'est la crise des finances de l'Etat qui fut la cause de la convocation des Etats Généraux, qui à leur tour engendreront la grande révolution (1789).
(12) Bohan, François baron de (1751-1804) : 1768 cadet à l'Ecole militaire de Paris, fut élève de d'Auvergne - En 1784 il fut aide major général de la gendarmerie (dissoute en 1787) ; a publié examen critique du militaire français L.B. D.B. Genève, 1781 - Mémoire sur les Haras... pour... augmenter les avantages de la cavalerie française par feu le Baron de Bohan - Paris, An XIII (1804). Le décret de 1806 créant les haras impériaux est inspiré du projet Bohan.


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