[PROSPECTUS] : IVe République parti républicain de réorganisation nationale.- Paris : Imp. E. Desfossés, 1919.- 4 p.+ 3 f. ; 27 cm.
Numérisation : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (06.V.2016)
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IVe République parti républicain de réorganisation nationale

IVe RÉPUBLIQUE.
PARTI RÉPUBLICAIN DE
RÉORGANISATION NATIONALE

CRÉÉE par des combattants, largement recrutée parmi les jeunes hommes qui ont servi dans les années, ouverte à tous ceux de nos aînés dont la guerre a rajeuni la pensée, notre Association a pour objet essentiel d'empêcher que le sang des générations sacrifiées ait coulé en vain.

1.500.000 Français sont tombés pour que, dans la paix et la justice retrouvées, la France victorieuse devienne grande et prospère. Il faut que leur volonté soit faite.

Tout ce pour quoi nos morts sont morts doit être réalisé : voilà notre devise.

Nous nous appelons la QUATRIÈME RÉPUBLIQUE.

La Troisième République, née dans la défaite, a réparé la défaite ; ce sera son honneur. Mais des factions politiques et des querelles religieuses l'ont égarée loin de sa route et détournée de son but, et elle s'est montrée trop souvent incapable d'assurer la supériorité nécessaire de l'intérêt national sur les intérêts particuliers.

Nous avons devant nous une tâche trop vaste et trop haute pour ne pas écarter délibérément tous les anciens motifs de division.

Nous ne voulons pas de faction : la guerre a définitivement affermi les principes sur lesquels reposent les institutions républicaines et le régime parlementaire.

Nous ne voulons pas de guerre religieuse : nous pensons que les lois laïques, appliquées dans un esprit libéral, sont suffisantes pour résoudre toutes les questions que poserait l'avenir.

Nous répudions toute idée de luttes de classes : loin de lutter l'une contre l'autre, toutes les classes doivent collaborer au développement du progrès général.

Nous ne prétendons pas supprimer les conflits de doctrine ou d'intérêts. Ils sont la manifestation inéluctable de toute vie collective. Mais nous voulons qu'un nouvel esprit préside aux rapports des hommes entre eux : l'esprit de fraternité qui régnait aux armées, où les classes mêlées ont appris à se connaître et à s'aimer.

L'heure est venue pour les millions de jeunes hommes qui ont vécu aux armées de prendre, dans le pays, la direction de l'opinion publique, de former les cadres de la vie sociale, de participer demain, à tous les degrés de la hiérarchie, au Gouvernement de la France. Dans leur petite patrie professionnelle et régionale, ils apporteront, avec ce sentiment de fraternité sociale, cette habitude de l'effort collectif, dont le danger couru par la Grande Patrie leur a montré toute la nécessité.

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En retrouvant leur métier, ils iront d'instinct à l'ASSOCIATION PROFESSIONNELLE. Le Syndicat sera pour eux un centre d'organisation. Aux syndicats, qui recevront tous les droits de la personne civile, il appartiendra de réglementer le travail sous le contrôle de l'Etat, de répandre partout l'enseignement technique, de restaurer l'apprentissage sans lequel la production s'avilit, d'assurer dans la gestion des affaires la coopération du capital et du travail et de s'opposer ainsi aux tentatives de nationalisation, aussi contraires à l'intérêt du producteur qu'à celui du consommateur.

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En retrouvant leurs foyers, ils se pénétreront de la nécessité d'intensifier la vie locale et régionale. Ils réclameront pour des Assemblées représentant les GRANDES RÉGIONS économiques de la France, enfin constituées, les pouvoirs indispensables pour que la décentralisation administrative, depuis si longtemps promise, devienne une réalité.

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Mieux avertis des conséquences funestes de la politique de clientèle, ils réclameront qu'un SCRUTIN PLUS LARGE préside à l'origine des assemblées nationales, de manière que les élus, affranchis de la tyrannie des comités incompétents, soient les représentants qualifiés des intérêts généraux. Par le jeu de la proportionnelle, une place sera assurée dans les assemblées législatives à l'élite de toutes les classes et de tous les partis.

Une place sera faite parmi les électeurs sénatoriaux aux représentants des associations professionnelles.

Ainsi, mieux recrutées et débarrassées de ce qui concerne la profession et la région, ces assemblées exerceront plus efficacement leur contrôle. Les éléments nouveaux y introduiront une nouvelle méthode de travail et le goût des réalisations pratiques.

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Le RENFORCEMENT DU POUVOIR EXÉCUTIF central nous semble indispensable dans un pays régionalement et professionnellement organisé afin de maintenir l'unité politique contre les tendances de la décentralisation.

La fondation de grands partis politiques fortement constitués nous paraît le meilleur moyen de supprimer ou de diminuer l'instabilité ministérielle.

Le chef de l’Etat pourra, sans le contre-seing d'un ministre, communiquer directement par message avec la Chambre et le Sénat et demander qu'une loi soit l'objet d'une nouvelle délibération, s'il le juge bon, avant de la promulguer. Il pourra, dans les conditions prévues par la Constitution de 1875, dissoudre la Chambre sans l'assentiment du Sénat.

Choisi dans le sein de la Chambre et du Sénat ou parmi les compétences éprouvées dans les organisations régionales ou syndicales, le Gouvernement, à qui sera réservée l'initiative de toutes les dépenses publiques, devra procéder à une répartition des ministères plus conforme aux exigences de l'Etat moderne. A sa tête, le Président du Conseil, assisté d'un secrétariat permanent, dirigera la politique générale et assurera les liaisons entre les divers services dont l'éparpillement et la rivalité perpétuent l'anarchie.

L'administration sera complètement transformée. Nous avons trop souffert de son incapacité absolue devant les problèmes nombreux et complexes qu'elle a charge de résoudre. Moins nombreux, convenablement rémunérés, travaillant, suivant les méthodes rapides et économiques de l'industrie, dans des bureaux organisés et outillés, les fonctionnaires devront être jugés sur leurs initiatives et récompensés selon leur rendement. Ils seront responsables (actes et omissions) de leur gestion.

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Ainsi, rééquipée de pied en cap, la France, ayant retrouvé l'intégralité de son territoire et son équilibre moral, devra s'occuper de relever ses ruines et de préparer à ses enfants un meilleur avenir.

L'entreprise exige un effort soutenu où le rôle du pouvoir sera d'encourager, de faciliter, de diriger, en les coordonnant, les initiatives individuelles.

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La reconstitution des pays dévastés est le premier devoir du Gouvernement. La créance de ces régions sur l'Allemagne étant, de sa nature, une créance privilégiée, devra être recouvrée dans le plus bref délai ; car il importe que, soit en nature, soit en argent, soit en crédit, des moyens de relèvement rapides soient fournis à une région qui contribue pour une large part à la richesse économique du pays.

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L'avenir de la France est dans le développement de la PRODUCTION, en quantité et en qualité.

Le fardeau de l'impôt sera très lourd en France, même après le paiement des indemnités légitimement réclamées à l'ennemi. Sans le développement de la production, l'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE resterait impossible à obtenir, quel que soit d'ailleurs le système fiscal adopté. Pour le réaliser, il faudra combiner les nécessités fiscales du rendement de l'impôt avec les principes de justice sociale qui exigent que l'impôt frappe les citoyens selon leur capacité, en discriminant les revenus du travail des revenus du capital et en tenant compte des charges de famille.

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Au point de vue agricole, comme aux points de vue commercial et industriel, il faudra rajeunir des méthodes surannées et compléter un OUTILLAGE insuffisant ; étudier et réaliser le programme des grands travaux publics, rechercher et exploiter les richesses si diverses et si négligées du sol et du sous-sol (domaine colonial, transports maritimes, etc.)

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Il faudra penser à la RACE si atteinte : créer un ministère de la Santé Publique, chargé de lutter contre la dépopulation par des mesures destinées à accroître la natalité et à enrayer la mortalité infantile, de pourvoir à l'hygiène sociale par la réglementation des débits, la construction des maisons ouvrières, l'établissement de terrains de sports et de jeux. Les efforts les plus énergiques seront faits contre l'alcool et la débauche.

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Il faudra créer et développer les ASSURANCES SOCIALES.

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Il faudra briser le compartimentage trop étroit de l'ENSEIGNEMENT PUBLIC, de telle sorte que les aptitudes de chaque enfant puissent être utilisées au maximum et que l'élite de la France, fauchée sur les champs de bataille, soit rapidement reconstituée, si nous ne voulons pas être dominés bientôt par des concurrents qui ont su mieux ménager la leur.

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Car la concurrence internationale, nous n'en doutons pas, va recommencer. Pour qu'elle ne soit pas génératrice de conflits sanglants, il faudra renforcer entre les nations les liens de droit. La SOCIÉTÉ DES NATIONS doit devenir le régulateur des rapports internationaux. Il importe qu'elle obtienne des Etats associés une véritable délégation de souveraineté et qu'elle ait les moyens de faire respecter ses décisions. Par une juste péréquation des dépenses de la guerre, elle peut, dès maintenant, justifier son existence et manifester son utilité.

L'Impérialisme allemand a été vaincu. Sur ses débris, nous ne voulons pas bâtir un autre impérialisme. Nos camarades sont morts pour la France, mais aussi pour la Justice. Nous n'enseignerons pas à nos enfants la religion de la force, mais nous leur dirons que la force française reste dans l'avenir la meilleure garantie de la Justice et nous veillerons à ce que, dans le cadre tracé par la Société des Nations, la France soit préparée, le cas échéant, à défendre son existence par une organisation qui tiendra compte des erreurs commises avant et pendant cette guerre, et qui, écartant les formules d'un militarisme périmé, lui donnera la sécurité de ses frontières.

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Telle est la tâche des ouvriers de la QUATRIÈME RÉPUBLIQUE.

Nous avons juré d'être des citoyens après avoir été des soldats. Nous ne voulons pas demeurer égoïstes et satisfaits auprès de nos foyers rejoints. Nous voulons que la France soit pareille aux plus beaux désirs de ceux qui ont combattu pour elle. Nous ne le voulons pas seulement en pensées et en paroles, nous le voulons en action.

Paris, le 21 Mars 1919

LA COMMISSION EXÉCUTIVE

99, RUE DE RICHELIEU
Téléphone : GUTENBERG 12-59
Chèque Postal : N° 79/9


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