Académie d'hygiène contre les maladies du premier âge et la mortalité des nourrissons : L'Art de donner des soins aux nouveau-nés.- Paris : imprimerie V. Goupy et Jourdan, 1883.-24 p.
SAISIE DU TEXTE : Sylvie Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque municipale de Lisieux (25.10.1995) ADRESSE : Bibliothèque municipale de Lisieux -B.P. 216 - 14107 Lisieux cedex. TEL. : 31.48.66.50. MINITEL : 31.48.66.55. E-MAIL : [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
Diffusion libre et gratuite (freeware).

L'Art de donner des soins aux nouveau-nés
par
L'Académie d'Hygiène
contre les maladies du premier âge
et la mortalité des nourrissons

INTRODUCTION

Depuis que la Préfecture de la Seine a organisé un bureau de statistique médicale, chaque semaine, les journaux de toutes nuances ne manquent pas de signaler la mortalité effrayante dans notre capitale. Le chiffre n'est pas sans varier entre 1,000 et 1,300.

Si, maintenant, l'on veut bien se reporter à chacune des maladies qui entraînent le plus de personnes vers la tombe, il sera facile de se convaincre que, sous le nom d'athrepsie, affection provoquée par la mauvaise alimentation chez les nouveau-nés, c'est la première enfance qui paye le plus largement son tribut à la mort ; chaque semaine, en effet, il meurt à Paris plus de cent enfants de un à six mois, soit un dixième de la mortalité parisienne. Comme nos statistiques nous l'enseignent, cela se passe également en province. Que faire contre un pareil état de choses ? Il est vrai qu'à Paris treize médecins sont chargés de la surveillance des nourrissons ; mais ce passage rapide, il faut le dire, chez les nourrices, n'a pas jusqu'à ce jour amené de grands résultats.

Il ne suffit pas, en effet, d'inspecter, il faut instruire ; et c'est dans ce but que notre oeuvre toute philantropique essayera, dans la mesure de ses moyens, en lançant ce livre par toute la France, d'apprendre aux personnes ignorantes dans l'art d'élever à se méfier de tous les préjugés qui courent les villes et les campagnes, à agir avec conscience et avec raison, et à veiller d'une façon intelligente sur ce qu'elles doivent avoir de plus cher, c'est-à-dire sur la vie de ces pauvres petits êtres qui ne demandent qu'à vivre, et qui meurent le plus souvent en dépit du sens commun.

Nous avons compté sur le concours bienveillant de MM. les maires, qui voudront bien remettre gratuitement aux personnes venant déclarer une naissance ou à celles qui en feront la demande, ce petit livre qui aura pour but d'instruire. Ils auront ainsi contribué à notre oeuvre humanitaire, en arrêtant les progrès de la dépopulation française, constatée encore dans le dernier recensement. Qu'ils n'oublient pas ces paroles, demeurées célèbres :

"C'est au berceau qu'il faut prendre l'homme".

Nous espérons que notre oeuvre, toute humanitaire, trouvera de nombreux adhérents qui voudront bien y coopérer afin d'augmenter nos ressources pour arriver au but que nous nous proposons, celui d'instruire les mères dans les soins à donner à leurs nouveau-nés et de donner des défenseurs à notre patrie.

CHAPITRE PREMIER
DE LA NAISSANCE

Dès que l'enfant sera né, il faudra s'occuper immédiatement de sa toilette. On aura soin d'avoir toujours pour ce moment de l'eau tiède, et, à l'aide d'une éponge fine et douce, après avoir enduit tout le corps d'un corps gras, tels que beurre frais, huile, axonge, ou bien encore d'un jaune d'oeuf, on le lavera entièrement en respectant le cordon, sur lequel on ne devra jamais faire des mouvements de traction. Il sera aussitôt essuyé avec un linge fin et usé, afin de ne pas froisser la peau, qui est, à la naissance, des plus délicates. Il est bon aussi de donner immédiatement au nouveau-né un grand bain d'eau tiède.

La sage-femme ou le médecin procédera ensuite au pansement du cordon, pansement qui devra être renouvelé tous les jours. L'on évitera ainsi bien des affections ayant pour point de départ l'ombilic et ne manquant pas de gravité.

Ne citons, en passant, que l'érysipèle, afin de rendre cette communication plus saisissable.

En commençant l'habillement de l'enfant, on aura bien soin de se servir d'un maillot qui ne manquera pas d'ampleur. C'est dans ces conditions qu'il pourra être déposé dans son berceau, couché alternativement sur l'un des côtés en commençant par le gauche.

CHAPITRE DEUX
DE L'ALLAITEMENT JUSQU'A L'AGE DE HUIT A DIX MOIS

Nous est-il nécessaire de dire que la seule nourriture qui convienne à l'enfant, est le lait. Rien ne peut le remplacer ; aussi doit-on s'abstenir absolument de toute bouillie et de toute farine. Ne suit-on pas de cette façon ce qui se passe dans la nature ?

Quel est maintenant l'allaitement, qu'il faut choisir de préférence ? C'est sans contredit, celui de la mère. Ainsi, jeunes mères, quelle que soit votre condition de fortune, votre devoir est de commencer par nourrir votre enfant. Si vous ne la faites pas, sans motif grave, vous aurez manqué à toutes les lois de la nature, et, pour mieux dire, vous aurez manqué de coeur.

Vous sauverez ainsi vos enfants, qui auraient certainement succombé, en les confiant à des personnes étrangères, car, faut-il le dire, elles ne leur auraient point donné des soins comme vous, et ne les auraient point aimés comme vous. C'est ici maintenant qu'il faut faire abstraction des préjugés qui courent le monde, et dont on aura beaucoup de mal à se débarrasser.

Deux heures environ après la naissance, présentez le sein à l'enfant. Pour cela, ne vous asseyez pas sur votre lit, mais restez couchée.

Il arrivera que votre enfant ne voudra pas téter de prime abord ; mais, ne vous découragez pas, insistez un peu et mouillez prélablement le bout du sein avec un peu d'eau tiède sucrée, soit qu'avant votre accouchement, vous n'ayez pas préparé vos bouts de sein, soit que l'enfant se refuse obstinément à toute succion. Après quelques tentatives infructueuses, procurez-vous en toute hâte le tire-lait Robert, que vous trouverez chez le pharmacien le plus proche. Vous pourrez alors facilement amorcer le sein que vous représenterez à l'enfant. C'est seulement ainsi que vous vous tirerez de ces petits embarras. Votre premier lait, que nous appelons Colostrum, a des qualités qu'il n'aura pas dans l'avenir. Vous dirai-je qu'il est purgatif, et que le sirop de chicorée donné si habituellement comme premier médicament à l'enfant est superflu ; mieux que cela, il est nuisible.

Votre premier lait purgera donc suffisamment votre enfant et le débarrassera de tout son méconium, ou pour mieux vous faire comprendre, de toutes les matières contenues dans son intestin. Passons à un autre ordre de faits.

Comment doit-on régler les tétées ? Eh bien ! de six heures du matin à sept heures du soir, donnez le sein toutes les deux heures, et trois fois seulement pendant la nuit, vous pourrez ainsi prendre un sommeil réparateur, qui vous sera non seulement utile, mais qui rejaillira sur l'enfant. Dès les premiers jours de la naissance, habituez-le donc à dormir la nuit, et considérez comme une faute, que de donner à téter au premier cri.

Assurez-vous seulement si l'enfant n'est pas mouillé, ou n'a pas besoin d'être changé, souvent vous serez avertie de cette façon, de ces petites incommodités ; vous éviterez de la sorte bien des indigestions provoquées par l'alimentation irrégulière. Plus tard, à trois mois par exemple, vous pourrez espacer les tétées et ne plus donner le sein que toutes les trois heures. Du reste, nous nous appuyons sur l'enseignement de M. Bouchut, médecin en chef de l'hôpital des enfants malades de la ville de Paris que nous allons citer :

"Bien que dans les premiers jours l'enfant soit en apparence difficile à rassasier, il ne faut pas lui donner trop souvent à téter, et il convient d'étancher sa soif avec un peu d'eau miellée ou ne lui donner que toutes les heures lorsqu'il ne dort pas, et après les premières semaines, il faut encore mettre plus de distance. Il ne faut pas que les mères apportent un zèle inconsidéré à remplir leur devoir de nourrice, et cherchent à calmer les cris de l'enfant en lui donnant le sein, elles doivent se ménager, dans l'intérêt de leur nourrisson, et ne pas épuiser leur force par un allaitement trop souvent répété. Si pendant le jour les mères doivent donner à téter toutes les deux heures et demie ou toutes les deux heures pendant la nuit, il faut qu'elles apprennent à leur enfant dès le début à ne se réveiller qu'une seule fois pour prendre le sein. Cela est très facile, les enfants prennent rapidement cette habitude, et ils n'en éprouvent aucun préjudice. La mère trouve alors dans le sommeil un repos salutaire à la suite des fatigues de la journée. Elle peut prendre six à sept heures de repos à deux reprises, en donnant à téter pour la dernière fois, vers dix heures et en recommençant le lendemain, à six ou sept heures du matin, n'ayant donné le sein qu'une seule fois dans la nuit ; si pendant cet intervalle, l'enfant se réveillait et se mettait à crier on devrait, pour lui faire perdre l'habitude du sein durant la nuit, lui donner un peu de bon lait de vache à l'aide du biberon Robert".

Dr BOUCHUT. (Hygiène de l'Enfance).

CHAPITRE TROIS
DE L'ALLAITEMENT MIXTE, DU BIBERON ET DU LAIT

Bien que l'on ait employé tous les arguments pour engager les mères à allaiter leurs enfants, il s'en trouvera toujours, que des raisons majeures empêcheront de remplir ce devoir sacré.

Aux unes, que l'on aura reconnues, ou trop faibles, ou trop délicates, il sera conseillé d'allaiter en partie et de subvenir artificiellement pour le reste, aux besoins de l'enfant. C'est alors que l'on pourra avoir recours au biberon ; aux autres, dont les occupations seront incompatibles avec l'allaitement, l'on ne saura trop recommander de ne pas trop éloigner leurs enfants, au lieu de les envoyer à 40, 50 ou 100 lieues comme cela se pratique journellement dans les grandes villes. Elles pourraient aussi les mieux surveiller et leur donner des soins immédiats en cas de maladie, soins qui manquent le plus souvent avec une nourrice indifférente. Il est vrai que cela n'est pas toujours possible, mais quand cela se pourra, ne négligez pas cette recommandation.

Dans l'un et l'autre cas, l'enfant ne pourra être élevé que par l'alimentation artificielle, si l'on ne peut se procurer ce que l'on appelle communément une nourrice au sein.

C'est dans ces cas aussi, qu'il faudra faire usage du biberon de préférence au verre ou à la cuiller, comme nous allons à l'instant le démontrer.

Une récente communication de M. Tarnier, à l'Académie de médecine, a ému la population parisienne. Comme les chiffres sont souvent plus éloquents que les paroles, il invoque M. Bertillon et nous dit que sur 46,235 enfants élevés dans Paris, 10,190 étaient morts ; parmi eux 5,202 avaient succombé à la mauvaise alimentation et 3,067 avaient été nourris au biberon. Partant de là, et pour ne pas qu'on supposât que le lait fût défectueux, il cite Denis Dumont du Calvados, où le lait serait réputé excellent, qui dans un rapport disait que sur 9,611 enfants, 3,204 avaient été élevés au biberon et 986 étaient morts.

Quelles conclusions peut-on tirer de tout cela ? Est-ce à dire que le biberon a causé la mort de tous ces enfants ou que l'alimentation est défectueuse ?

Nous la croyons défectueuse pour plusieurs raisons. D'abord voyons à Paris ; si la mortalité est si effrayante, c'est que, d'une part, le lait est souvent mauvais, soit qu'on le falsifie comme le prouvent les condamnations plus ou moins récentes et scandaleuses, soit qu'il n'ait pas les qualités requises, comme étant le produit de vaches devenues tuberculeuses par l'espace restreint, dans lequel on les condamne, après les avoir enlevées à l'air pur des champs, ou par la nourriture peu appropriée que leur donnent des industriels, plus soucieux de la quantité que de la qualité, comme le disait si bien dernièrement l'honorable directeur du laboratoire municipal. Mais, nous dira-t-on, en Normandie, où le lait est si bon, vous avez une mortalité de 30 % chez les enfants élevés au biberon. C'est vrai ; mais aussi votre statistique est incomplète, car vos 986 enfants ne sont pas tous morts d'athrepsie. Votre lait n'aurait-il pas été donné trop froid ou en quantité insuffisante, ou encore à des heures non réglées ? Et puis ! ne sait-on pas qu'il existe des préjugés dans les campagnes où l'on fait manger les enfants à l'âge de six semaines, qui sont la cause principale de la mortalité des nourrissons. Qui de vous n'a pas vu une nourrice se mettre à table avec son nourrisson, et suivant qu'elle mangeait de la soupe ou du lard, et buvait du vin ou du cidre, ne pas manquer de partager avec l'enfant qu'elle aime et qu'elle veut déjà faire vivre de la vie commune ?

Il y a là certainement des points qui méritent d'être étudiés ; et nous sommes convaincu que tant que les enfants élevés artificiellement ne seront pas soumis aux visites médicales, obligatoires et répétées tous les 15 jours ; où le médecin pourra enseigner et surveiller, l'on n'aura rien fait, en attendant que la nourrice soit suffisamment instruite des principes d'hygiène nécessaires à l'enfant. Puisque l'alimentation artificielle ne peut être supprimée et qu'il faudra toujours la subir, elle devra être l'objet de tous nos soins et de toutes nos recherches. Jusqu'à ce jour le biberon a rendu des services, et nous sommes porté à croire qu'il en rendra encore beaucoup. Il n'est pas en effet aussi défectueux qu'on veut bien le dire, et même il est arrivé à une rare perfection. L'on s'est peu ému quand les Anglais nous inondaient de leurs biberons, dont les caoutchoucs contenaient de notables proportions de sels de zinc et qui empoisonnaient en France un tiers des nourrissons. Un ingénieur Français, M. Robert, est venu heureusement suppléer à cet état de choses, en présentant un biberon, ayant non seulement des qualités commodes mais encore physiologiques. Tout le monde sait que les glandes salivaires servent à la digestion des aliments et particulièrement du lait. Eh bien ! en faisant prendre à l'aide de ce biberon si répandu, le lait qui doit être la nourriture journalière, l'on se rapproche ainsi de l'allaitement maternel, en ce qui concerne la succion par le mélange continuel du lait à la salive. Pourra-t-on jamais obtenir un semblable résultat avec le petit pot ou la cuiller ? non, jamais, car la nourrice en donnera trop à l'enfant ou pas assez. Avec le biberon, l'enfant boira toujours avec une mesure aussi certaine qu'avec le sein de la mère. Quelle est la nourrice qui sera assez patiente pour donner en temps et heure du lait à la cuiller ? Et puis ne voit-on pas d'ici le lait donné dans ces conditions, couler de chaque côté des commissures des lèvres, gagner insensiblement le cou, aller faire un magma sur le devant de la poitrine de l'enfant, et causer chez lui des bronchites ?

Il me semble que ce point de physiologie ne doit pas être dédaigné, et même qu'il doit être pris en grande considération. Le biberon ne demande qu'une condition, c'est la propreté, où ne la faut-il pas ? Ainsi donc, jeunes mères, vous ne pouvez choisir un biberon meilleur que celui que l'on dénomme vulgairement biberon-Robert, si nous vous le recommandons d'une manière spéciale, c'est que, sans contredit, après avoir été expérimenté pendant de nombreuses années, il est le seul qui ait fait son chemin.

C'est celui que tous nos confrères recommandent comme étant parfait, pour me servir de l'expression de M. le Dr Bouchut.

Il ne faut pas, dans l'alimentation, dédaigner l'Instrument, c'est vers lui au contraire qu'il faut apporter toute votre attention.

Les qualités essentielles d'un bon biberon, c'est d'abord de pouvoir le tenir bien propre, et ensuite d'avoir avec lui un fonctionnement aussi régulier qu'avec le sein de la mère. Eh bien ! sans parti-pris, ce biberon ne les possède-t-il pas ? Nous avons démontré l'emploi physiologique de cet instrument, quoi de plus simple à nettoyer maintenant, qu'une bouteille de verre et un vulgaire tube de caoutchouc ?

Autrefois le biberon-Robert se fermait avec un bouchon de liège. Ce bouchon, à la longue, et peut-être plus souvent par manque de propreté finissait par sentir mauvais, et donnait au lait un goût désagréable, au point que l'enfant ne le prenait plus avec plaisir.

En présence de ces faits, toujours soucieux de la perfection de son biberon, M. Robert supprima le bouchon de liège et le remplaça, comme vous le savez tous, par un système aussi simple qu'ingénieux, par un bouchon flexible de composition spéciale, ne pouvant nuire en aucune façon au lait, ni à son tour être altéré par celui-ci dans sa décomposition.

Nous avons dit précédemment que la nourriture de l'enfant au premier âge devait être le lait et rien que le lait. Il devra toujours être aussi frais que possible et ne jamais être bouilli. L'ébullition sépare en effet les éléments du lait et le rend plus difficile à digérer. Un lait bouilli donne le plus souvent de la diarrhée. C'est en vain que vous lutterez pour la combattre si vous n'êtes pas prévenues. On remarque encore que les enfants pâles et qui ont les yeux ternes sont nourris avec du lait bouilli. Si on leur fait changer de régime en leur donnant du lait frais chauffé au bain-marie et amené à la température du lait de la mère on les voit bientôt reprendre leur fraîcheur et la vivacité de leurs yeux. C'est ainsi que l'on a rendu le biberon responsable de toutes les maladies du premier âge. Quelques confrères vous interdiront l'usage du Biberon parce que l'on a écrit ceci et cela. Qu'ils tentent de diriger une fois sérieusement toute une alimentation artificielle, et nous ne doutons pas qu'ils en seront plus tard de chauds partisans.

Dr VANDENABEELE 172, avenue Daumesnil, Paris.

CHAPITRE QUATRE
DU SEVRAGE

Lorsqu'on ne peut élever ou faire élever l'enfant au sein, l'on a pour habitude de le nourrir au biberon ; nous nous sommes précédemment élevé contre le petit pot et la cuiller. Il nous est donc inutile d'y revenir maintenant.

Jusqu'à l'âge de huit mois, dans ce cas, il ne faudra nourrir l'enfant qu'avec du lait de vache ou de chèvre.

Le lait sera pur, de meilleure qualité possible, on l'emploiera non bouilli, chauffé seulement au bain-marie et peu sucré, un peu salé, ces points sont essentiels.

Dès lors, c'est-à-dire, à huit mois seulement, le nourrisson, s'il n'est point en retard dans sa dentition, pourra prendre quelques légers potages ou bouillies.

Nous engageons nos lectrices à ne pas acheter inconsidérément les farines recommandées à la quatrième pages des journaux.

Une fécule nous a été présentée et nous paraît remplir toutes les conditions de nutrition désirable ; elle devra surtout être employée de préférence chez les enfants faibles et rachitiques qui présenteraient des déviations des os, ou pour nous expliquer plus clairement, les enfants qui auraient les jambes arquées.

Cette fécule a pour nom, dans le commerce, fécule maternelle. Comme à la suite d'allaitement artificiel, la composition des os n'est pas toujours des meilleures, nous pensons qu'il sera bon d'y avoir recours, vu les quantités de phosphates de chaux qu'elle contient suivant les analyses qui en ont été faites.

On en fera avec du bon lait une sorte de petit potage très clair, bien cuit, salé avec du sel gris qui sera pour la journée une excellente nourriture, une cuiller à bouche dans un verre de lait ou bouillon gras fera un excellent potage aussi bien pour le nourrisson que pour l'enfant de deux à quinze ans.

Toute autre nourriture, sauf l'oeuf à la coque bien frais, doit être interdite, car l'alimentation prématurée est presque la cause unique de la mortalité des enfants arrivés à cet âge.

Lorsque nous étions attaché, en qualité d'externe à l'hôpital des enfants malades, il nous arrivait tous les jours de voir des enfants, presque mourants, dont les mères s'enorgueillissaient d'avoir fait manger de tout à ces pauvres petits moribonds, et quelquefois il nous est arrivé de les avoir revus dans la suite bien portants, ramenés à la santé avec du lait et rien que du lait.

Bien qu'à l'âge de huit mois nous permettions quelques bouillies ou potages, il n'en faut pas moins continuer le régime lacté jusqu'à seize mois. Vers l'âge de deux ans, lorsque l'enfant aura des dents l'on pourra commencer à le mettre au régime de la famille, en usant toujours des bouillies de fécule maternelle, comme nous l'avons indiqué précédemment. L'enfant ne devra jamais boire de vin pur, ni aucune liqueur, le café pourra être prescrit dans certaines affections, comme dans la coqueluche.

N'oubliez pas ces paroles : Le lait est aux enfants ce que le vin est aux vieillards.


retour, partie 2
table des auteurs et des anonymes