LE CLERC, A. : Bulletin des modes.- La Mode, revue politique et littéraire, 18eme année, 6 juillet 1847.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (24.V.2003)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque André Malraux (BmLx : nc).
 
Bulletin des modes
6 juillet 1847
A.Le Clerc

~~~~

 

L'influence pluvieuse de saint Médard semble passée, cependant le ciel n'a pas repris sa robe bleue et le gris y domine encore. Ces nuages nuisent grandement au développement complet des toilettes d'été. Aussi les mantelets de mousseline brodée qui avaient réjoui notre vue pendant les quelques vrais jours d'été que nous avons eu, ont disparu pendant que le vent du nord a régné ; en revanche, les mantelets de taffetas de toutes les couleurs sont en pleine vogue. Nous en voyons beaucoup en nuances sombres, garnis de volants découpés ou bordés d'un cordon de passementerie ; leur forme est longue derrière et courte devant ; en demi-toilette ils sont presque toujours assortis à la robe ou de couleur tendre, alors on les borde de ruches chicorées et tantôt avec un grand luxe de rubans ou de dentelles.

Le caraco se prend le soir quand l'haleine de la nuit commence à se faire sentir. A ce moment de locomotion, ce ne sera point un anachronisme de parler des petites pelisses de voyage qui sauvent de la poussière de la route et des brises parfois traîtres de l'atmosphère.

Quand on ne voyage pas, quand on demeure chez soi, il faut se consoler de son immobilité par toutes les aises possibles du home, il faut que le comfortable et la quiétude du repos dédommagent des plaisirs de la locomotion et de l'agitation des voyages. Or, un des délices du logis, c'est le négligé de la robe de chambre. Nous venons d'en voir une charmante de taffetas giroflée doublée de levantine citron. La taille rappelle la façon des blouses, seulement elle est ouverte sur le devant et la jupe laisse aussi voir le jupon blanc de dessous. Un cordonnet ou câblit citron borde les deux côtés de cette ouverture que referme la ceinture à longs bouts. Les manches larges descendent un peu au dessous du coude ; là se montrent jusqu'au poignet les sous-manches de mousseline ou de batiste très ornées de dentelles.

Avec cette robe, tout-à-fait de la vie intime, une véritable harmonie, un parfait accord, c'est un bonnet Louis XV un peu forme paysanne, avec un petit fond et papillon de dentelle garni de deux rangs de dentelle tuyautée tout autour ; guirlande de ruban passant au dessus du papillon, et deux grosses rosettes ou choux de chaque côté de la tête.

Pour la promenade, robe à la Fontange en gros de Naples coutil, à volans festonnés et encadrement de corsage formant un petit falbalas à tête, création de madame ANNA GAGNEUX (22, rue de Rivoli). Chemisette montante à petit collet rabattu. Chapeau de LEMONNIER-PELVEY, en gros de Naples, formé de ruban guipure avec noeud à pans sur la droite et feuillage à gauche.

Le foulard écru est fort recherché pour la campagne, et avec une robe dont la nuance tire sur l'abricot, et le mantelet ou la mantille de taffetas violet garni de dentelle noire. Avec un chapeau de paille d'Italie orné de trois ou quatre roses nichées dans de la dentelle noire recouvrant le fond, on est mis admirablement bien dans la vie des champs.

Le taffetas coutil, fond blanc rayé de bleu de ciel, a aussi une grande distinction ; les volans hauts et festonnés, à raies, mis de biais, vont bien à ce genre de robes.

Nous avons vu, à l'Hippodrome, une ravissante jeune mère, avec une robe pareille, donnant la main à une gracieuse petite fille de quatre ans, vêtue d'un fourreau blanc et par-dessus une sorte de surtout de taffetas rose s'ouvrant en V sur la poitrine, et également des bandes de ruban rose joignaient les bords de la robe ouverte, mais sans les rapprocher. Sur la blonde tête de l'enfant, jouait une plume blanche attachée sur un chapeau à la glaneuse ; avec sa robe de taffetas coutil, blanche et bleue, la jeune femme portait un chapeau rose dont le bord était découpé en feston garni de petit ruban plissé ; un gros noeud de ruban rose sur un côté, un bouquet de camélia blanc sur l'autre. Ce chapeau, nous l'avions vu, peu de jours auparavant, chez madame BAYVET (17, boulevart de la Madeleine).

Partout, partout de la dentelle… Les femmes qui, pendant plusieurs années, y avaient renoncé, veulent réparer le temps perdu ; jamais elles ne l'ont recherchée plus qu'aujourd'hui, et VIOLARD, de la rue de Choiseul, pourrait nous dire ce qu'il en vend de mètres dans une année ; ce serait, j'en suis sûr, si l'on aboutait ensemble toutes ces aunes de valenciennes, d'angleterre, de malines et d'alençon, de quoi entourer le jardin des Tuileries, dans l'enceinte duquel on prétend que la ville de Genève tiendrait tout entière et fort à l'aise, et savez-vous pourquoi ce ruban de dentelle sortant de chez Violard serait si long ? C'est que nulle part la dentelle n'est d'une qualité supérieure et d'un prix aussi modéré qu'au magasin du numéro 2, rue de Choiseul.

Les dentelles doivent être rangées parmi les magnificences de toilette ; l'élégance les recherche le même jour où elle est allée chez FICHEL, 2, boulevart Montmartre, choisir de ces merveilles de l'Inde, de ces somptueux cachemires que les femmes qui vivent sur les bords du Gange tissent avec tant d'art pour les femmes qui se font belles à Paris. Ces beaux châles sont déployés et montrés par MM. Fichel fils, avec une courtoisie qui devient rare de nos jours, même dans la ville que l'orgueil français nomme la capitale du monde civilisé.

On a beau aimer le mouvement des voyages, on ne va pas toujours pour choisir des soieries jusqu'à la ville des canuts ; cependant Lyon n'est plus seulement à Lyon, il se trouve rue de la Vrillière, n° 2 ; là, vraiment, on peut se croire dans la seconde ville du royaume, sans être sorti de la première. Dans ces magasins, quand on y déploie et y déroule tant de pièces de soieries aux mille nuances, aux mille couleurs, quand tant de reflets chatoyans vous éblouissent, on serait tenté de renoncer aux achats que l'on veut faire quand on s'arrête aux prix que de si belles choses doivent coûter ; mais rassurez-vous, car il y a certaines maisons où le bon marché s'allie à la bonne qualité, et celle de MM. GAY et DENIS est de ce nombre.

Là où se trouve encore cette alliance entre le beau et le bon, entre le splendide et le bon marché, c'est à la Sublime-Porte, rue de la Paix. Cette année, tout le monde a pu le remarquer, on se marie beaucoup à Paris, et si vous vouliez la preuve de tous les grands et beaux mariages, vous pourriez aller demander à MM. CHAPRON et DUBOIS, combien de centaines de mouchoirs, caprices, régences, fleur-des-pois, reines, duchesses et marquises, fontanges et pompadour ont été fournis par eux pour illustrer les trousseaux et les corbeilles qui ont été commandés à leur établissement renommé aujourd'hui en Europe.

La Sublime-Porte ne se borne pas aux mouchoirs de luxe, elle a parfaitement compris que tous ne pouvant pas prétendre à la magnificence, ils devaient songer à l'élégance, qui est à la portée de la petite comme de la grande propriété.

Pendant que nous sommes encore dans cette rue de la Paix où les illustrations industrielles viennent s'installer et briller, nous ne pouvons pas omettre de mentionner honorablement le gantier des impératrices et des reines…. vous avez deviné MAYER. Ses gants d'été ont vaincu la plus grande des difficultés ; malgré la chaleur de la main ils se mettent facilement, et quand une fois ils sont mis, la main y est à l'aise, et, cependant, la peau de chevreau n'y fait aucun pli. Pendant que Mayer a le secret de vaincre ces difficultés, madame MAYER offre à sa clientèle de charmans tabliers d'intérieur, des pointes, des fichus, des bourses et des sachets tout-à-fait dans les goûts du jour.

Tout près de cette rue de la Paix s'ouvre encore un rendez-vous où la bonne compagnie afflue chaque après-midi, c'est au n° 17, boulevart de la Madeleine, chez madame BAYVET. Là, les lionnes peuvent choisir de vaporeuses capotes de tarlatane et des chapeaux de gaze brodée et de tulle illusion. Ces chapeaux, ces capotes, sont si aériens, si indéfinissables tant ils sont faits de rien, que madame Bayvet a peine à suffire aux commandes qui lui en sont faites pour Baden-Baden, pour Spa, pour Pornic, pour Aix-la-Chapelle, pour Dieppe. Nous avons vu partir de chez elle un envoi qui devait passer la frontière et qui portait à l'admiration des étrangers des chapeaux de paille de riz et de paille de Livourne que la célèbre modiste coupe aussi bien que Beaudrand.

Il y a des industries qui, par leur spécialité, demandent de l'éclat et de vastes emplacemens pour étaler et mettre en évidence leurs produits ; il en existe d'autres qui peuvent pour ainsi dire être appelées les violettes du commerce ; parmi celles-là, il faut ranger celle des corsets. On place au premier rang, derrière une large et haute devanture de glace, un chapeau émaillé de fleurs, un turban lamé d'or, un petit-bord où de blanches plumes ondoient, un toquet où brillent les perles et les pierreries ; on expose, on échelonne les mantelets de mousseline et de taffetas, les caracos et les visites de soie écrue, des vestes, des gilets et des pantalons d'étoffe de l'Inde…., mais on ne fait pas montre de vrais chefs-d'oeuvre et de choses intimes indispensables à toute femme ; le corset n'est point matériellement directement offert aux regards ; il se révèle par les grâces qu'il donne, et l'on pourrait, si la comparaison de violette ne suffisait pas, dire que le corset ressemble à l'être charitable qui se cache pour faire le bien, et c'est dans cette spécialité que madame DUMOULIN exerce son génie, n° 44, rue Basse-du-Rempart.

Une autre femme qui, certes, mérite bien des pères et des mères, c'est madame LECLERC, qui s'est vouée à parer, à embellir l'enfance déjà si gracieuse par elle-même ; dans ce bulletin des modes nous avons décrit une charmante toilette de petite fille, elle venait du n° 2, boulevart des Italiens.

Pas de toilette complète, pas de véritable élégance si la chaussure n'est pas soignée ; pas d'aisance, pas de grâce pour une femme, si elle est gênée, blessée, par son soulier ou sa bottine. Pour conserver à la marche d'une fille d'Eve toute la séduction que la nature y a mise, il faut des brodequins, des bottines, des souliers qui chaussent le pied sans l'étreindre et le torturer ; ces souliers, ces bottines, ces brodequins incomparables, vous les trouverez chez DUFOSSÉE, rue de la Paix, n° 22.

Voici le moment des lis ; c'est en juillet qu'ils embaument les jardins de leur puissant parfum. Si, au milieu de l'hiver, vous voulez retrouver cette forte et puissante senteur perfectionnée par l'art, allez chez DELABARIERRE-VINCENT, rue du bac, 45. Sa crême de lis est une vraie merveille, non seulement pour réjouir l'odorat, mais encore pour charmer les yeux ; car ce cosmétique garde aux mains, à la peau, leur blancheur native.

BECKER jeune ne s'arrête pas dans son progrès ; il invente, il perfectionne, il tient tout ce qu'il promet, il élégantise tout ce qu'il touche. Les lions du jour honorent de leur confiance, et lui les pare d'habits, de fracs et de pardessus légers comme les brises de la saison.

A propos de choses légères, en connaissez-vous de plus aérienne que les chapeaux des CHEVASSUS, 62, rue de Richelieu ? Moi, je l'avoue, je n'en sais pas. Il vous pose au front une coiffure qui vous abrite la tête et qui ne le blesse jamais ; on dirait une couronne de bon aloi.

Les gilets confectionnés à l'élégant magasin de Jean de Bourgogne, sont faits avec un art si particulier, qu'alors même qu'ils seraient de l'étoffe la plus commune, on ne les confondrait jamais avec ceux qui viennent d'ailleurs. BLANC leur donne son indélébile cachet.

Nous disions, dans une page précédente, que la rue de la Paix réunissait un grand nombre de notabilités industrielles. Pour être chroniqueur exact, nous devons dire que la rue Vivienne dispute avec justice cette illustration à la rue voisine de la place Vendôme. N'est-ce pas dans cette rue, qui s'étend comme une veine du Palais-Royal au boulevart, pour faire circuler la richesse, que BOLLOTTE, le fameux horloger du monde élégant, fait marcher, briller et sonner ses pendules et ses montres. C'est à son magasin, j'allais dire à son musée (33, rue Vivienne), qu'il réunit les chefs-d'oeuvre de bronze, de marbre, d'albâtre et d'or moulu.

Le boulevart Poissonnière a aussi, pour les promeneurs, ses motifs d'attraction, et, parmi eux, nous devons citer le magasin de MOTTET, n° 7. C'est là que le génie industriel s'est mis à l'étude, pour garder des rayons, des baisers trop ardens du soleil, comme disent les poètes, le teint de nos soeurs et de nos filles. Les ombrelles de Mottet sont de vraies merveilles d'élégance, et ses paraverses et parapluies des chefs-d'oeuvre d'utilité.

De l'utile au doux la transition est toute naturelle, et, après avoir vanté les corsets de madame Dumoulin, les pendules de Bollotte, les chaussures de Dufossée, je dois indiquer une maison dont le nom ne s'était pas encore trouvé inscrit dans notre livre d'or de l'industrie élégante. La maison HUGUENET LEJAY, 77, rue de Richelieu, est de nature à faire venir à elle beaucoup de notre monde. C'est maintenant mademoiselle LABORDE qui la dirige ; la grâce et la jeunesse ne touchent à rien sans y laisser quelque chose de leur charme ; aussi, voyez les capotes, les chapeaux, les coiffures du soir façonnés par mademoiselle Laborde, tous ces objets, en passant sous ses doigts, ont pris de la magie, de cette magie qui rajeunit l'âge mûr, de cette magie qui embellit les belles et qui désenlaidirait la laideur si elle existait à Paris.

Jamais mademoiselle Laborde n'abuse des rubans, des fleurs et des plumes. Les chapeaux, les bonnets, les capotes qu'elle expédie aux châteaux voisins et lointains, se font toujours remarquer, admirer par leur gracieuse et noble simplicité, c'est avec cela que l'on réussit.

On réussit également avec des douceurs, avec des sirops, avec des mont-blancs, avec des mazarines. Aussi voyez comme le nom de DESSATS succède bien à celui de MUOT, la clientèle du premier est maintenant échue au second, et ce successeur l'agrandit chaque jour ; du faubourg Saint-Germain on vient faire au n° 15 rue de Choiseuil sa provision de sirops, avant de partir pour aller aux champs et y vivre de cette simplicité dans laquelle entre toutes les douceurs de la vie.

Si l'on mange trop de dragées, si l'on croque trop de pralines, si, à force de sucre d'orge, et de pommes de terre à la vanille, on gagne le mal de dents, on peut être sans crainte et sans frayeurs, M. FÉLIX n'est-il pas toujours à son numéro 17, rue Royale Saint-Honoré, pour guérir ceux qui souffrent et les éthériser.

La compagnie générale des vignobles, qui se fait bénir dans les familles où l'on aime le vrai, marche à grands pas vers un succès immense ; déjà, nous l'avons dit, le président des Etats-Unis ne s'adresse plus qu'à elle pour avoir, par delà des mers, les meilleurs vins de France.

L'invention des lits de fer de M. DUPONT (n. 3, rue Neuve-Saint-Augustin) est aussi appréciée au-delà de nos frontières, et avant peu on ne verra que de ses lits dans les colléges, les hôpitaux et les casernes, lits aidant à la propreté des dortoirs et des chambrées, et, dans les maisons particulières, ils pourront, grâce à l'élégance que M. Dupont sait leur donner, être admis avec avantage, eux aussi unissant l'agréable à l'utile.

L'agréable, quel en est le meilleur symbole, si ce n'est une fleur ? et qui peut écrire le mot fleur sans que sa pensée ne se reporte à M. TRIPET ? Lui et M. LEBLANC se sont voués à cette poétique, à cette charmante spécialité… et rien ne nous éloigne plus des tristesses de notre époque de corruption que d'aller visiter leur établissement du boulevart des Capucines. Là, en parlant horticulture, on oublie bien de sales et odieuses turpitudes ; le parfum des fleurs nous empêche de sentir l'odeur morbifère de la corruption ; allons donc chez MM. Tripet et Leblanc !

Il y a, hélas ! autre chose que des fleurs en ce monde : la goutte y fait des ravages, et si elle ne vous a pas encore pris par les pieds, courez chez M. BOUBÉE (38, rue Dauphine), et il vous donnera son sirop préservatif et curatif. Quand nous aurons plus d'espace, nous redirons les merveilles opérées par lui.

Enfin, me voilà au bout de ma tournée de décade, me voici à mon passage Choiseul, et j'aime à m'y reposer chez mon industriel-artiste favori, chez M. JEANNE. Là, il fait bon s'y asseoir. On s'y trouve au milieu de statuettes, de gravures, de portraits ; ce que vous regardez est édifiant et beau : ce sont des anges gardiens, des saints et des saintes, des illustrations du ciel et de la terre ; enfin, tout ce que nous vénérons, tout ce que nous aimons et implorons. Si des acheteurs entrent pendant que vous vous reposez dans ce petit musée, ce sont presque toujours gens dont les noms sonnent bien, gens de connaissance. M. et madame Jeanne reçoivent avec avenance et comprennent à merveille tout ce qu'on leur demande. Nulle part une commande n'est mieux comprise, nulle part mieux remplie. Le papier, la cire, les buvards, les plumes, l'encre, en un mot, tout ce qui sert au plaisir de la correspondance, se trouve là auprès des objets d'art et des cadres les plus charmans.

Chez GILLION (9, boulevart des Italiens), le progrès va toujours progressant. Chaque fois que je passe devant sa brillante devanture, je me laisse aller au doux plaisir du flanage. Depuis quelques temps, j'y admire des tasses, des coupes, des théyères, des crémières, des cafetières et des sucriers, une délicieuse petite sonnette surmontée d'un cygne aux ailes déployées ; c'est une vraie petite merveille chef-d'oeuvre d'art. Une de nos amies a acheté chez M. Gillion un bracelet chambord ; c'est un large cercle en platine ; sur le dessus du bracelet, une guirlande de lys se rattachant à son écusson en or, blasonné ainsi que doit être.

Le genre émail est aussi très perfectionné par M. Gillion ; on peut s'en convaincre à ces petits médaillons de forme ovale et aplatie en émail blanc, ornés de guirlandes de forget me not en turquoises ou en émail vert, avec une pensée en brillans ; bracelet remember, formant un anneau massif en vert d'Isly et portant une pensée en diamans.

Ainsi que nous l'avons dit, la forme et la couleur des mantelets varient à l'infini : ils doivent être appropriés à l'heure et au lieu où on les porte ; pour les négligés, ils sont glacés sombres ; on les garnit de volans de soie bordés de passementerie ou festonnés à dents rondes, ou de ruches de ruban, ou bien encore de dentelles noires posées à plat sur le mantelet et non au bas. Les mantelets-écharpes, les mantelets-maintenon, avec une fronce bien fournie en dentelle de couleur assortie à l'étoffe, se portent pour demi-toilette. Pour toilette on en fait beaucoup en tulle ramagé doublé de florence de couleur et garni de dentelle ; d'autres sont en mousseline blanche brodée, en dentelle blanche imitation ou en véritable application d'angleterre ; ces derniers et ceux de tulle sont doublés de nuances tendres et garnis de volans. - Pour la campagne, les mantelines en taffetas glacé ornées de garnitures de la même étoffe, sont ce qu'il y a de mieux ; nous en avons remarqué plusieurs en vert glacé de blanc, écru, gros bleu, groseille et lilas. En général, ils forment châle par derrière avec bouts assez courts devant.

Pour les promenades du soir et les excursions au bord de la mer, on fait beaucoup de pardessus qui ont tout-à-fait la forme des pelisses ; ils sont amples, très larges des manches et ne descendent que jusqu'aux genoux.

La lutte est de nouveau engagée entre les anglaises et les bandeaux : pour le matin, pour les eaux et les promenades les bandeaux sont de rigueur ; mais plusieurs lionnes, par un chic tout particulier, ont repris les cheveux bouclés pour le soir.

Rien n'est plus joli pour les mousselines de soie que les volans ; on en pose trois, le dernier prenant de la ceinture, ou cinq diminuant de hauteur en montant vers la taille, ou neuf et même onze, hauts seulement de trois à quatre travers de doigt, espacés les uns des autres à distance égale. Les robes de soie prennent aussi de petits volans ; mais alors ils sont découpés à petites dents rondes. Les corsages sont justes et ouverts devant en coeur, les manches ouvertes et arrondies du bas. Aux robes d'étoffes légères, les corsages sont froncés, et les manches demi-larges,à partir des coudes, sont froncées du bas sur un poignet.

Nous avons assisté, cette semaine, à plusieurs mariages et à l'exposition faite des corbeilles ; nous avons admiré les magnifiques cachemires, les parures, les dentelles, la lingerie et les étoffes fournis par la Maison de commission Lassalle.

Parmi toutes les parures, nous devons en signaler une en rubis et diamans d'un magnifique effet : diadême, broche, bracelet, rivière, tout se démontait et formait un objet d'art aussi remarquable par la beauté des pierres que par le fini du travail.

Il y avait aussi une ravissante parure en émail bleu ciel et brillans ; une châtelaine aux écussons des jeunes époux aux couleurs vives des blasons ; la montre, les cachets, les breloques étaient suspendus par des chaînes également émaillées d'un travail remarquable.

Parmi les objets offerts en cadeaux de noce, nous citerons deux magnifiques boîtes d'argenterie ; un service de dessert en vermeil ; un thé en argent ; un nécessaire de voyage aussi complet que possible et cependant très portatif. Il y avait aussi de délicieux bracelets de fantaisie, des épingles et des broches.

A cause de la saison d'été, toutes les robes étaient en pièces. Il y avait plusieurs redingotes en mousseline de l'Inde brodée avec un rare talent.

La facilité qu'offre la Maison de commission Lassalle, d'envoyer à choisir des objets de toute nature, quelle qu'en soit la valeur, sans aucun engagement ni obligation pour le demandeur, est de plus en plus appréciée.

A ces différens et nombreux envois, sont joints des devis détaillés sur les objets de toute nature, tant pour toilettes, équipages ou ameublemens, ainsi que des cartes d'échantillons de toutes les étoffes en vogue, et des albums de dessins, de meubles, de bronzes et de décors d'appartemens.

Comme on le voit, grâce à ces facilités, il n'y a plus de distance, et à deux cents lieues de Paris, on peut présider soi-même, en quelque sorte, aux choix et à la confection des trousseaux et corbeilles de mariage.

Nous le répétons, ces envois d'objets à choisir sont faits sur une simple demande SANS AUCUN ENGAGEMENT D'ACHAT pour les demandeurs, et la Maison de commission Lassalle répond à toutes les demandes de renseignemens qui lui sont adressées, RUE LOUIS-LE-GRAND, n° 35.

____________

Une nouvelle édition du Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, de M. Bouillet, proviseur du collége Bourbon, vient de paraître à la librairie Hachette (1). Le succès de ce livre qui, en quatre années, a obtenu quatre éditions, en fait assez l'éloge et en promet à la fois le mérite et l'utilité.

Remplaçant de vastes et dispendieuses collections que les gens du monde n'ont pas le loisir de consulter, il rassemble en un seul volume tout ce qu'il est nécessaire de savoir sur les sujets qui nous intéressent le plus : Histoire abrégée de chaque peuple, de chaque ville même, ordres militaires ou monastiques, sectes religieuses, politiques, philosophiques ; institutions publiques, assemblées délibérantes ; généalogie des maisons souveraines et des grandes familles ; biographie des personnages célèbres en tout genre, avec l'indication des oeuvres principales des écrivains, des savans, des artistes ; divinités et religion de chaque pays, description de chaque contrée, géographie comparée de tous les âges ; c'est, on le voit, une véritable encyclopédie historique indispensable à toute personne qui aime à s'instruire. On y trouve, en effet, la solution immédiate d'une foule de questions qui font naître à chaque instant la lecture ou la conversation. L'ouvrage est d'ailleurs rédigé avec une étendue qui lui permet d'en dire assez pour instruire, avec une sobriété qui exclut les longueurs, avec une exactitude et une impartialité qui commandent la confiance.

La 4e édition offre de notables améliorations. L'histoire de chaque pays y a été conduite jusqu'à la fin de 1846. C'est ainsi qu'on y trouve consignés les derniers événemens de l'Espagne jusqu'au mariage de la reine, de la Gallicie et de Cracovie jusqu'à leur insurrection, de l'Italie jusqu'à l'avénement de Pie IX, des Etats-Unis et du Mexique jusqu'à l'annexion définitive du Texas, la prise de Santa-Fe et de Monterey.

Cette nouvelle édition ne se recommande pas moins par l'exécution matérielle que par le soin apporté à la rédaction. La correction typographique du texte, la beauté du papier et du caractère en font un des livres que la librairie française peut citer avec le plus d'honneur.

(1) Un fort volume in-8° de 1,900 pages à deux colonnes ; 21 fr.

A. LE CLERC.


retour
table des auteurs et des anonymes