Extraits du Bulletin de la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie, n°2 - 1873-1874.
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EXTRAITS
du

BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE
DU
CENTRE DE LA NORMANDIE

N°2 - 1873-1874

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LA POMME DE TERRE EARLY ROSE

A l'occasion de l'Exposition d'Horticulture, qui fut organisée à Bernay, en septembre 1873, par les soins de la Société, M. Bayvel, propriétaire en cette ville, présenta à l'examen des Membres du Jury quelques échantillons de Pommes de terre, avec la notice suivante, concernant l'introduction dans l'arrondissement de Bernay de cette nouvelle espèce de tubercule, connu sous le nom d'Early rose.

Le docteur Lemercier, dans ses nombreux voyages sur le Nouveau Continent, ne se bornait pas seulement a étendre le domaine de ses nombreuses connaissances scientifiques ; il s'attachait encore, avec un zèle infatigable, souvent couronné de succès, à rechercher les choses qui pouvaient être utiles et profitables à tous, mettant ainsi en pratique ce vieil adage : « Aimez-vous les uns les autres. »

Pendant un de ses séjours aux Etats-Unis, le docteur Lemercier, ayant entamé d'amicales relations avec l'honorable Marshall P. Wilder, président du Massachussets Agricultural Club », à Boston, reçut, de ce dernier, avec 21 espèces de greffes des meilleures espèces de Pommiers, plusieurs tubercules d'une Pomme de terre, qui servirent pendant la traversée à protéger les greffes.

Sur la lettre d'envoi était. cette mention :

« The grafts are inserted in Early rose potatoes, — very Early, — very productive, first quality, and are nove selling at one dollar in pound. »

Que l'on traduit par : « Les greffes sont implantées dans une Pomme de terre rose hâtive, — très hâtive, — très productive, de première qualité, et actuellement vendue un dollar la livre. » (Le dollar vaut 5 fr. 20.)

Au commencement de l'année 1869, le docteur Lemercier remit deux spécimens. à Mlle Longlet, institutrice à Bernay.

Celle-ci ne pouvant entreprendre elle-même la culture de ces tubercules, en confia un à M. Chambellan, propriétaire à Menneval, et le deuxième à M. Bayvel, propriétaire à Bernay, qui, simultanément, et sans savoir qu'ils possédaient le même trésor, ont néanmoins compris son importance et ont l'un et l'autre travaillé à sa propagation.

Le succès le plus complet est venu réaliser les espérances fondées par MM. Chambellan et Bayvel , et confirmer la véracité du fait mentionné par l'honorable ami du docteur Lemercier.

Il a été reconnu, en effet, que la Pomme de terre, Early rose, introduite par le docteur Lemercier, était « very early, very productive, très-hâtive, très-productive et de première qualité. »

Car elle est non seulement d'une qualité supérieure, mais sa pulpe est d'une finesse et d'une blancheur toute particulière ; elle est très hâtive, d'un goût exquis et d'un rendement, de moitié supérieur aux diverses espèces que nous connaissons.

Dans un champ cultivé à St-Aubin-d'Ecrosville, chez le docteur Auzoux, le célèbre inventeur des Clastiques, moitié avec la Pomme de terre ordinaire et moitié avec la Pomme de terre Early rose, il a été constaté que comme précocité celle-ci est sans rivale, et que sa production est moitié plus abondante que celle de l'autre espèce.

Si l'on ajoute à ces précieuses qualités, l'intéressante observation que jusqu'alors la maladie ne l'a pas attaquée, il est juste de reconnaître que l'introduction et la propation de la Pomme de terre Early rose dans notre pays est un véritable bienfait. 

BAYVEL.

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DURÉE GERMINATIVE DES GRAINES.

Rien n'est plus nécessaire et plus utile que de connaître la durée des facultés germinatives des graines ; mais malheureusement, il faut bien reconnaître que rien n'est plus difficile, et que si sous ce rapport on a établi des règles générales dans beaucoup de cas, elles présentent de nombreuses exceptions, et qua, sur ce sujet, l'on ne peut souvent donner que des renseignements approximatifs. C'est donc une raison pour ne rien négliger de ce qui peut jeter quelque lumière sur cette question, et qui nous engage à publier la note suivante, que nous avons reçue d'un de nos confrères qui, dans la position où il se trouve placé, est particulièrement à même de voir et de contrôler les faits qui résultent d'expériences spéciales. Les indications qui suivent sont exclusivement propres aux graines de plantes potagères usuelles, ce qui, à nos yeux, en augmente le mérite.

*Nota*.-- Les chiffres qui suivent les noms indiquent le nombre des années pendant lesquelles les graines peuvent être regardées comme très-bonnes, ce qui toutefois ne veut pas dire qu'au-delà de ce temps ces graines seraient tout à fait impropres à la germination, mais qu'il n'y faut pas compter d'une manière certaine, et qu'il convient de les renouveler si l'on tient à les conserver, et que, dans le cas où l'on serait obligé de les semer, il faudrait que les graines soient plus nombreuses, — semer plus épais, — comme l'on dit.

Quant à l'arrangement, les noms sont placés par ordre alphabétique, et afin que cette note puisse être consultée dans tous les pays, les noms français sont suivis de leurs synonymes latins, connus à peu près partout.

Aroche Belle-Dame, Atriplex hortensis, un an. — Artichaut, Cynara scolymus, 5 ans. — Asperges, Asparagus officinalis, 4 ans. — Aubergine, Solanum melongena, 7 ans, — Baselle ou Epinard d'Amérique, Basella, 3 ans. — Basilic, Ocymum basilicum, 6 ans. — Betterave, Beta vulgaris, 5 ans. — Capucine, Tropeolum majus, 5 ans. — Cardon, Cynara cardunculus, 7 ans. — Carotte, Daucus carotta, 4 ans. — Céleri, Apium graveolens, 7 ans. — Céleri-Rave, Apium graveolens, 7 ans. — Cerfeuil, Scandix cerifolium, 2 ans. — Cerfeuil bulbeux, Chœrophillum bulbosum, 2 ans. —  Chicorée frisée, Chicorium endivia, 8 ans. — Chicorée sauvage, Chicorium intybus, 8 ans . — Chou-Pomme, Brassica oleracea, 5 ans. — Chou-Fleur, Brassica oleracea botrytis, 5 ans. — Chou-Rave, Brassica caula rapa, 5 ans. — Chou-Marin , Crambe maritima, 3 ans. — Ciboule, Allium fistulosum, 2 ans. — Concombre, Cucumis sativus, 5 ans. — Courge, Cucurbita, 5 ans. — Cresson alénois, Lepidium sativum, 5 ans. — Cresson de fontaine, Sysimbrium nasturtium, 4 ans. — Cresson vivace, Erysimun precox, 3 ans. — Epinard, Spinacia oleracea, 5 ans. — Fenouil doux, Foeniculum officinale, 6 ans. — Fève, Faba sativa, 6 ans. — Fraisiers, Fragaria, 8 ans. — Haricot, Phaseolus vulgaris, 2 à 3 ans. — Igname de Chine, Dioscorea batatas, 2 ans. — Laitue romaine, Lactuca saliva, 5 ans. — Mâche, Valerianella olitoria, 4 ans. — Maïs, Zea, 2 ans. -- Moutarde blanche, Sinapis alba, 5 ans. ---Melon, Cucumis melo, 5 ans. — Navet, Brassica napus, 5 ans. — Ognon, Allium cepa, 2 à 3 ans. — Oseille, Rumex acetosa, 2 ans. — Patate (très-rare), Convolvulus batatas, 2 ans (1). -- Panais, Pastinaca sativa, 1 an. — Persil, Apium petrosolinum, 3 ans. — Piment, Poivre long, Solanum capsicum, 4 ans. Pimprenelle, Poterium sanguisorba, 2 ans. — Pissenlit, Taraxacum dens leonis, 1 an. — Poireau, Allium porum, 2 ans. — Poirée, Beta vulgaris, 5 ans. — Pois, Pisum, sativum, 4 à 5 ans. — Pomme de terre, Solanum tuberosum, 3 ans. — Pourpier, Portulaca oleracea, 8 ans. — Radis, Raphanus sativus, 5 ans. — Raiponce, Campanula rapunculus, 5 ans. — Rhubarbe, Rheum, 3 ans. — Salsifis, Tragopogon porrifolium, 2 ans. — Sarriette, Satureia hortensis, 3 ans. — Scorsonère, Scorsonera hispanica, 2 ans. — Tétragone étalée, Tetragonia expansa, 5 ans. — Tomate, Solanum lycopersicum, 5 ans. -- Thym, Thymus vulgaris, 2 à 3 ans.

(1) Je cite la Patate plutôt pour mémoire, car les graines sont excessivement rares, pour ne pas dire nulles.

(Revue Horticole.)    X...

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De l'influence que le froid, suivi immédiatement de chaleur, exerce sur les plantes.

Bien des personnes ne se rendent pas un compte exact de l'influence du froid, suivi immédiatement de chaleur, sur les plantes. Nous donnons un extrait tirée du récent traité allemand de physiologie végétale de Sachs, traduit par M. Micheli, qui offre un certain intérêt.

De nombreuses plantes, surtout dans la zone tempérée et froide, peuvent parfaitement bien geler, assez pour que leur sève ne forme plus qu'un bloc de glace, sans qu'après le dégel elles semblent avoir souffert le moins du monde. Mais ces mêmes plantes peuvent, après le dégel de leur sève, présenter dans leurs tissus des modifications assez profondes pour amener la mort de certains organes ou même du végétal tout entier.

Une des causes qui agissent avec le plus d'énergie sur ces résultats en apparence contradictoires, est la rapidité du changement de température du milieu ambiant, qui paraît avoir pour effet de désorganiser les parois des cellules et de les rendre perméables aux liquides qu'elles renferment. Si donc on peut ralentir le dégel d'une plante qui a été soumise à une basse température, elle pourra être conservée parfaitement intacte, comme cela est prouvé par les faits suivants :

Les racines des plantes qui gèlent et dégèlent avec le sol, c'est-à-dire très-lentement, périssent fort rarement, mais si on les sort de terre pour les porter dans un milieu chaud, alors elles se désorganisent très-vite.

Si on touche avec la main certaines parties gelées d'un végétal, elles s'altèrent immédiatement, tandis que les autres restent intactes. Il a même été constaté qu'une épaisse couche de gelée blanche pouvait être sans inconvénient sur les plantes, parce que cette croûte ralentit le dégel intérieur des cellules. Ce qui se passe dans le règne végétal est donc tout à fait semblable à ce qui a été constaté depuis longtemps pour les tissus animaux. On sait, en effet, que lorsqu'un membre a été gelé, il faut éviter avec soin de le plonger dans de l'eau chaude ; on doit, au contraire, le frotter avec de la neige.

Il est important de rappeler aussi, en terminant, que les conséquences fâcheuses du gel et du dégel, sur les plantes, sont d'autant plus grandes que les organes renferment une plus grande quantité d'eau. C'est pour cela que les bourgeons hibernants, les graines, l'écorce des jeunes rameaux, qui en renferment très-peu, savent spi bien résister aux variations de température qui ont lieu pendant l'hiver.

(La Science pour tous.)


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