PATTU, Jacques-Pierre-Guillaume (1772-1839) : Rapport fait à la société, dans la séance extraordinaire du 4 juillet 1823, sur les plaques de porcelaine, de la fabrique de M. Langlois, destinées à indiquer les noms des rues et les numéros des maisons.– Caen : Imprimerie de F. Poisson, 1823.– 7 p. ; 21 cm.– (Société Royale d’Agriculture et de Commerce de Caen).
Saisie du texte et relecture : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (22.XII.2003)
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Rapport fait à la société,
dans la séance extraordinaire du 4 juillet 1823,
sur les plaques de porcelaine, de la fabrique de M. Langlois,
destinées à indiquer les noms des rues et les numéros des maisons
par
M. Pattu

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MESSIEURS,

M. LANGLOIS, fabricant de Porcelaine à Bayeux, et membre non résident de la Société, vous présente des Plaques destinées à indiquer le nom des rues et les numéros des maisons. Cet essai de la Porcelaine vous paraîtra fort avantageux, si vous considérez le moyen employé chez nous jusqu'à ce jour, pour donner au public les mêmes indications. Ce moyen consiste très-souvent à préparer avec le plâtre un petit tableau sur lequel on applique, des couches de peinture, et ensuite les noms ou les chiffres. Mais vous, connaissez, Messieurs, les inconvéniens, qui en résultent ; vous savez combien la nature de la maçonnerie des murs, la qualité du plâtre et des matières qui composent la peinture, le temps sec ou humide où l'on exécute le travail, l'exposition des maisons et d'autres circonstances influent sur la solidité de ce tableau qui, quelquefois est détruit au bout de deux ans seulement. Il convient donc que l'on ait recours à des moyens plus certains et moins dispendieux. Celui qu'offre M. Langlois, doit incontestablement avoir la, préférence, puisqu'il fournit des inscriptions inaltérables et qu'il entraîne en même temps moins de dépense, par le bas prix de la Porcelaine, de Bayeux. Toutes les Plaques sont ovales ; celles des numéros ont 20 centimètres (7 po. 5 l.) de longueur sur 16 cenimètres (5 po. 11 l.) de largeur. Les chiffres ont 7 cent. (2 po. 7 l.) de hauteur. Celles où les noms des rues sont écrits, ont 33 centimètres (1 pied) de longueur et 25 centimètres (9 po. 3 l. ) de hauteur. Chaque Plaque a deux trous dans lesquels on fait passer les extrémités taraudées de deux chevilles de fer scellées dans le mur ; deux écrous extérieurs retiennent invariablement cette Plaque.

Les Plaques des numéros coûtent 2 fr. pièce, celles des noms 5 fr. 50 centimes. Les frais de transport et de pose sont compris dans ces deux sommes, pour toutes les villes du royaume. On peut maintenant comparer les dépenses. Un tableau peint sur les murs et servant au numérotage des maisons, a coûté ordinairement 75 centimes ; il a 50 cent. (18 po.) de longueur et 35 cent. (1 pi. 1 po.) de largeur. Les chiffres ont 15 cent (5 po. 7 l.) de hauteur. On ne sera pas accusé d'exagération en assurant que les numéros ne seront plus visibles au bout de huit ans. Supposons qu'il y ait 1,000 maisons dans une ville ; la personne qui voudrait en entreprendre le numérotage, dépenserait, à raison de 75 centimes par tableau, 750 fr., qui devraient être remboursés en huit ans. En admettant un intérêt de 5 pour cent, elle devrait recevoir :

131 fr. 25 c. la 1ère. année, - 126 fr. 5 c. la 2e., - 121 fr. 87 c., la 3e., - 117 fr. 18 c., la 4e., - 112 fr. 50 c. la 5e., - 107 fr. 81 c. la 6e., - 103 fr. 17 c. la 7e., - 98 fr. 43 c. la 8e.

Mais si l'on emploie des Plaques de Porcelaine , comme elles sont indestructibles, la ville ne devrait payer, que l'intérêt de 2,000 fr., prix de 1,000 Plaques , ou 100 fr. chaque année, la, dépense serait ainsi beaucoup diminuée. On ne serait pas fondé à objecter que les numéros sur Porcelaine n'ont que sept centimètres de hauteur et qu'ils ne seront pas aussi visibles que ceux des tableaux ; car le noir brillant des premiers et le fond blanc et pur sur lequel ils se détacheront, les feront apercevoir bien mieux malgré la différence des dimensions.

Quelques personnes ont pensé que la vue serait plus flattée par des lettres blanches sur un fond noir : il sera fait des essais.

On avait craint que les Plaques ne fussent cassées dans la pose ou par des chocs. On a été rassuré en examinant la forme de leurs attaches, et en considérant qu'elles seront appliquées sur un enduit frais, ou elles se mouleront exactement, de manière que tous les points de leurs revers seront également appuyés.

Il fut proposé à Paris, vers 1 804, un prix pour la manière la plus convenable de numéroter les maisons et d'indiquer le nom des rues. Quelques manufacturiers présentèrent des Plaques de faïence. Si elles étaient préférées, on serait bientôt forcé de les abandonner, parce qu'elles sont beaucoup plus cassantes que celles de Porcelaine, et que l'émail ne se dilatant ou ne se retirant pas comme la terre cuite, dans les variations de la température, se fendille et tombe.

On présenta aussi des Plaques de tôle vernissée. Vous avez remarqué, Messieurs, avec quelle rapidité celles que les Compagnies d'Assurance emploient, s'altèrent.

On en présenta aussi de cuivre émaillé ; elles étaient trop dispendieuses, et ne furent point admises.

On continua donc à employer des tableaux peints à l'huile, sur la pierre, sur des enduits 0u même sur du bois.

Un manufacturier proposa, en 1822, la peinture en émail sur verre, et des caractères détachés, qu'on aurait réunis dans des chassis de fonte. Il ne paraît pas encore que ce procédé ait été préféré, du moins la dernière ordonnance du Roi, sur le numérotage des maisons, ne le signale pas.

On pourrait s'étonner maintenant que le moyen offert aux villes, par M. Langlois, et employé déjà avec succès, n'ait pas encore été généralement adopté. Ce retardement doit être attribué à la difficulté que l'Administration éprouve à introduire des améliorations qui, au premier abord, paraissent un luxe, et qui font naître des critiques peu fondées. Nous espérons que la vérité se montrera peu à peu, et que le premier exemple donné à Bayeux, d'un numérotage parfait, sera suivi. Notre département y gagnera une nouvelle branche d'industrie, et nous devons sous ce rapport remercier notre collègue de la communication qu'il nous a faite et le féliciter de nouveau de ses efforts, pour donner à sa manufacture toute l'extension qu’elle peut recevoir.

Nous ne devons pas oublier de dire que l'on verra probablement de nouvelles Plaques de Porcelaine à la prochaine exposition des productions de l'industrie française, au Louvre.

La Société Royale d'Agriculture et de Commerce de la ville de Caen, après avoir entendu la lecture du Rapport ci-dessus, arrête qu'il sera imprimé et inséré dans le Recueil de ses Mémoires.

(Extrait du procès-verbal de la séance du 4 juillet 1823.)
Signé P. A. LAIR, secrétaire.


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