DUVAL, Anatole (18..-19..) : Notice historique et instructive sur les foires et marchés de Briouze (Orne) pour servir de guide aux Agriculteurs, Marchands de Bestiaux et Commerçants.- Flers : Imprimerie A. Levesque, 1897.- 11 p. ; 24 cm.
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NOTICE
HISTORIQUE ET INSTRUCTIVE
sur les

FOIRES & MARCHÉS
DE BRIOUZE (ORNE)
POUR SERVIR DE GUIDE
Aux Agriculteurs, Marchands de Bestiaux
et Commerçants

Par M. Anatole DUVAL
Secrétaire de la Mairie, à Briouze
Propriété de l'auteur. — Tous droits réservés


FLERS
IMPRIMERIE A. LÉVESQUE, RUE DE LA GARE
1897



~ * ~

AU LECTEUR,
Le désir de rendre service aux agriculteurs de la contrée et aux marchands de bestiaux qui ont l'habitude ou le désir de s'approvisionner sur la place de Briouze, m'a décidé à réunir dans cet ouvrage tout ce que j'ai pu recueillir de données et de renseignements certains au sujet des foires et marchés de cette localité.

Je me suis surtout appliqué à leur en fournir la liste complète, détaillée et précise, avec la nomenclature des divers genres de bestiaux et de marchandises qu'on y trouve généralement.

Ce travail qu'ils consulteront toujours avec intérêt, ne peut que leur rendre service en leur évitant parfois des voyages inutiles et coûteux, car il arrive très souvent que des marchands de bestiaux ou des agriculteurs viennent ici de fort loin, et, mal renseignés sur l'importance de certaines foires et marchés, qu'ils ne connaissent que par en avoir vu les dates dans quelques calendriers ou almanachs, sont obligés de s'en retourner mécontents, sans avoir trouvé de marchandises à leur convenance.

C'est donc dans le but de remédier à cet état de choses des plus préjudiciables à l'agriculture et au commerce local que j'ai l'honneur de présenter cet ouvrage au public.

Trop heureux si je puis atteindre ce but sans froisser la susceptibilité d'autrui et sans reproches.


Briouze, le 6 novembre 1897.

A. DUVAL
Secrétaire de Mairie, à Briouze.

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* *

FOIRES ET MARCHÉS

L'origine des foires et marchés de Briouze se perd dans la nuit des temps. Comme toutes les institutions de ce genre, il semble logique et plausible d'en faire remonter la fondation aux premiers seigneurs du lieu, c'est-à-dire au IXe ou Xe siècle.

Dans une enquête qui fut faite en 1450, au sujet des revenus des terres seigneuriales de Briouze et de Bellou, il est parlé de deux foires qui se tenaient en la ville de Briouze et qui rapportaient ou valaient 15 sols en 1427, mais ne rapportaient plus que 7 sols 6 deniers en 1450.

C'était déjà un beau produit pour l'époque, si on le compare à la monnaie du temps de saint Louis ; mais quoiqu'il en soit, l'importance des foires et marchés n'est pas plus douteuse que leur origine. L'histoire de la Généralité d'Alençon sous Louis XIV, basée sur des documents authentiques, nous en fournit la preuve en rangeant les foires et marchés de Briouze au nombre des principaux de la province de Normandie. (Histoire de la Généralité d'Alençon sous Louis XIV, page 130, publiée par M. Louis Duval, archiviste du département de l'Orne).

Il ne serait peut-être pas téméraire de dire que les foires et marchés de Briouze étaient même plus importants il y a deux siècles, ou dans le siècle dernier seulement, que dans le XIXe siècle.

Pour ne citer qu'un fait, je dirai même que pendant la Révolution et sous le premier Empire, Briouze possédait un marché tous les cinq jours, les primidi et sextidi de chaque décade.

Y avait-il trop de commerce à cette époque ou les marchés étaient-ils trop importants ? On serait tenté de le croire. Qu'on juge de la situation.

Les habitants et les marchands s'en plaignirent du moins, et le II messidor an IX (c'est-à-dire au mois de juin 1800), le citoyen Lecouturier, maire, adressa à ce sujet une pétition au Ministre de l'Intérieur, pétition dont voici un extrait et qui laisse à penser que le commerce était des plus considérables à cette époque et les marchés trop multipliés :

« Citoyen Ministre,

« Le marché de Briouze est sans contredit le plus fort de toute la ci-devant province de Normandie, les marchés qui se tiennent les primidi et sextidi de chaque décade sont trop multiples ; cela est nuisible au commerce, attendu que les laboureurs, marchands, artisans et manouvriers, n'ont pas le temps d'apprêter leurs différentes marchandises.
« Pour ces motifs, ledit Maire a recours à votre justice pour qu'elle lui accorde qu'à partir du premier thermidor prochain, an IX, le marché de Briouze n'ait lieu que de sept jours en sept jours ; les jours de décade exceptés.

« Citoyen Ministre,

« Je puis vous assurer que c'est rendre justice et le plus grand service à l'agriculture, cet art si utile, ainsi qu'au commerce qui est très étendu ici, puisque c'est dans ce marché où est fixé l'entrepôt des diverses denrées qui approvisionnent tout le pays situé aux environs, et l'enceinte des villes de Falaise, Argentan et Domfront ; Briouze étant au centre et à même distance de ces trois villes. » (Archives de l'Orne, série M., foires et marchés.) (L. Duval. Histoire de la Généralité d'Alençon sous Louis XIV, pages 140-141.)

La supplique de l'honorable Maire de Briouze produisit son effet et depuis cette époque le marché se tient tous les lundis seulement.

Une délibération du gouvernement de la République, datée de Saind-Cloud, le 28 fructidor an XI (archives de la mairie de Briouze), dit que les foires de Briouze se tiendront :

1° Le 1er lundi, après le 17 vendémiaire ;
2° Le 4 frimaire (1) ;
3° Le lundi qui précède le 16 nivôse ;
4° Le 18 pluviôse ;
5° Le 23 ventôse ;
6° Le ler mercredi après Pâques (1) ;
7° Le 17 prairial (1) ;
8° Le 10 messidor (1) ;

qu'il convient de désigner ainsi :

La 1re c'est la foire Saint-Denis ;
La 2e c'est la foire Sainte-Catherine ;
La 3e c'est le 1er Lundi de Janvier ;
La 4e c'est le Grand-Lundi ;
La 5e c'est la foire des Rameaux ou de Pâques-Fleuries ;
La 6° c'est la Foire de Pâques ;
La 7e c'est la foire Trinité ;
La 8e c'est la Foire aux Faulx ou Saint-Pierre.

Cinq nouvelles foires ont donc été établies depuis lors. (Voir le tableau ci-après.)

Je vais donner maintenant, pour compléter ce trop court exposé, la liste actuelle et complète des foires de Briouze, ainsi que la liste des principaux marchés aux bestiaux de l'année.
Chacun y trouvera un guide sûr au point de vue de leur importance et des différents genres de bestiaux et marchandises qu'on y trouve en général.

Je dois à ce sujet de précieux renseignements à quelques personnes très compétentes en la matière ; qu'elles me permettent de les remercier ici de leur aimable concours ; elles ont également leur part de mérite pour le service qu'elles rendent à leurs concitoyens et au public en la circonstance, et je ne doute pas qu'elles soient heureuses d'apprendre que mon ouvrage rend le service que je me suis proposé en le publiant.

Pour revenir aux foires et marchés, il faut bien reconnaître qu'à Briouze comme partout les foires et marchés ont beaucoup perdu de leur prestige et de leur renommée ; toutefois, je ne crois pas être contredit en affirmant qu'il y a peu de localités, dans le pays, où ils se soient maintenus comme à Briouze, en dépit de l'usage des plus préjudiciables, et malheureusement en pleine vogue, qu'on a pris d'acheter à domicile un grand nombre de bestiaux et chevaux, et cela positivement l'anti-veille, l'avant-veille et la veille même des foires et bons marchés, en un mot dans la semaine précédente, ce qui réduit sensiblement le nombre des bestiaux exposés en vente sur les champs de foires et empêche aux acheteurs de faire de bons choix et de bons achats.

On estime néanmoins qu'il est vendu à Briouze, tant les jours de foires que des marchés de chaque semaine, un nombre de 20 à 25,000 têtes de bétail par an et environ 7 à 8,000 moutons et autant de porcs, en dehors de ce qui se vend à domicile dans la contrée environnante.

Enfin, Briouze est, je pense, la seule localité de l'Orne pourvue de treize foires annuelles et d'un grand nombre de bons marchés aux bestiaux.

Briouze était aussi, naguère encore, un centre renommé pour les halles aux grains.

Il n'était pas rare de trouver à la halle 2 à 3,000 hectolitres de blé ; les autres halles étaient approvisionnées à l'avenant. Mais, depuis 20 à 25 ans, ce commerce a décliné d'une façon inquiétante ; tous les propriétaires et cultivateurs de la contrée ont couché leurs terres en herbages pour se livrer presque exclusivement au commerce de l'élevage des bestiaux.

La hausse sur les grains qui s'est manifestée en 1897, par suite du manque général de blés et de farines étrangères, pourrait bien leur faire reprendre la charrue pendant quelques années.

Les terres sont engraissées et reposées ; les rendements n'en seraient assurément que meilleurs.

A eux de juger s'ils ont avantage à changer leur méthode ; mais, dans le public, on commence à le penser.

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RENSEIGNEMENTS SPÉCIAUX
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Briouze est une forte bourgade, peuplée de 1,700 habitants environ, située sur la ligne du chemin de fer de Paris à Granville, à la jonction de la ligne de la Ferté-Maté, Bagnoles-les-Bains et Couterne, à 27 kilomètres d'Argentan, à 26 de Domfront, à 13 de la Ferté-Maté, à 16 de Flers, à 24 de Condé-sur-Noireau, à 14 de Rânes, à 12 de la Carneille, à 14 de Putanges et à 32 de Falaise. On compte à Briouze une soixantaine de bons hôtels, de restaurants et de cafés ; bureau télégraphique ; bureau des postes ; deux distributions de lettres par jour. En un mot, tout le confortable pour recevoir les voyageurs et marchands éloignés et les propriétaires, cultivateurs et marchands de la contrée, Briouze le possède comme peu de bourgades de son rang. C'est déjà quelque chose !

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TABLEAU
DES
FOIRES DE BRIOUZE

1° — Le premier Lundi de Janvier

Cette foire, de même que toutes celles de la localité, est généralement bien approvisionnée en bestiaux de toutes sortes. Cependant, on y trouve principalement et en grand nombre : bœufs, vaches, veaux, porcs et moutons gras pour la boucherie. Il s'y vend également beaucoup de viande de porc pour salaisons. — Crochet à la volaille et halles aux grains bien fournis. — Plants d'arbres fruitiers et légumiers, etc., etc. C'est la moins importante des foires de Briouze.

2° — Le lendemain de la Septuagésime
(Foire dite du Grand-Lundi)

Grand choix de bestiaux de toutes sortes ; spéciale surtout pour la vente de génisses amouillantes, bœufs, vaches, veaux, porcs et moutons gras ; viande de porc pour salaisons. — Important crochet à la volaille, bonnes halles aux grains, plants de toutes espèces, etc. Bonne foire.

3° — Le premier Samedi de Carême
(Cette foire est établie depuis le commencement du siècle.)

Bestiaux de toutes sortes en grande quantité, spéciale pour la vente de bœufs et vaches maigres (dits d'herbage), bœufs, vaches, veaux, porcs et moutons gras. — Plants de toutes sortes, etc. Il ne se tient ce jour-là ni marché ni halles, de même qu'aux deux autres foires suivantes, dites de Carême, qui ont lieu le samedi.

4° — Le Samedi précédant la Mi-Carême
(Foire dite de la Mi-Carême. — Etablie depuis le commencement du siècle.)

Quoique assez bien approvisionnée, cette foire est la moins importante des trois foires qui se tiennent pendant le Carême. Cependant, on peut y trouver facilement un bon choix de bestiaux de toutes sortes, dans le genre de la précédente foire et de la suivante. Plants de toutes sortes. Aucun marché ni halles.

5° — La veille du Dimanche des Rameaux
(Foire dite de Pâques Fleuries.)

Grand choix de bestiaux de toutes sortes pour la boucherie et l'élevage : vaches de bande et d'herbage ; bouvillons, vaches laitières ; porcs maigres et gras, moutons ; arbres et arbustes pour plantations tardives, plants légumiers, etc., etc. Ni halles ni marché.

6° — Le Mercredi de Pâques
(Foire dite de Pâques. — Existait sous le règne de Louis XIV.)

Cette foire est sans contredit une des plus importantes de Briouze et de la contrée, en raison de la grande quantité de bestiaux de toutes sortes qui s'y trouvent. Bon choix de vaches laitières, amouillantes et d'herbage ; bouvillons ; veaux gras ; veaux de bande et d'élevage ; porcs maigres.- et gras ; choix considérable de moutons. On trouve aussi à cette foire quelques chevaux de travail et d'élevage. Halles et marchés considérables ; important crochet à la volaille et au beurre ; graines printanières de toutes sortes. Cette foire est également bonne pour les étalagistes et marchands forains. Jeux et divertissements de toute nature. Nombreux promeneurs, etc., etc.

7° — Le lendemain de la Trinité
(Existait sous le règne de Louis XIV.)

Cette foire a beaucoup d'analogie avec la précédente, mais elle-lui est parfois inférieure. On y trouve cependant de très belles vaches laitières et génisses-amouillantes, bouvillons et vaches d'herbages, veaux gras, porcs, maigres et d'élevage, dits cochons de lait ; chevaux de travail, moutons gras, porcs pour la boucherie. Bonnes halles et marché. Importants crochets à la volaille et au beurre. Jeux et divertissements, promeneurs. Bonne foire pour les étalagistes et marchands forains. Graines potagères et fourragères, etc., etc.

8° — Le premier Lundi de Juillet
(Foire St-Pierre, dite Foire aux Faulx.— Existait sous le règne de Louis XIV.)

Quoique inférieure à la précédente, on peut cependant y trouver-les mêmes marchandises : rendez-vous habituel des moissonneurs et cultivateurs qui viennent y faire les derniers achats de faulx et accessoires pour les travaux de la moisson. Halles et marché considérables. Importants crochets à la volaille et au beurre. Jeux et divertissements. Promeneurs. Bonne foire pour les étalagistes. Marchands forains.

9° — Le Lundi précédent la Guibray
(Foire dite la Passée de Guibray.)

Cette foire, établie depuis le commencement du siècle, est le rendez-vous de passage et d'approvisionnement des marchands de bestiaux se rendant à la foire de Falaise et successivement aux foires Saint-Gilles de Flers, de Condé, de la Carneille et d'Athis. Grand choix de génisses amouillantes ; bestiaux de toutes sortes. Importants crochets à la volaille et au beurre, etc., etc. Halles et marché passables.

10° — Troisième Lundi de Septembre
(Foire dite Grande-Foire.)

Son origine remonte à l'année 1887. Quoique de création récente, cette foire a pris en peu d'années une grande importance. On y trouve, de même qu'à nos plus anciennes foires, une grande quantité de bestiaux de toutes sortes et de bonnes qualités : vaches laitières, porcs maigres et gras, moutons en grand nombre. Importants crochets à la volaille et au beurre. Halles et marché bien approvisionnés. Spécialité : on trouve en outre à cette foire une grande quantité d'oies et de canards pour les rôtisseries, que les restaurateurs viennent y acheter pour l'approvisionnement de la foire Saint-Côme de Durcet, qui se tient le dernier samedi de septembre, et pour la fête Saint-Côme, qui a lieu le lendemain. La grande foire tombe le lendemain de la fête locale de Briouze, qui peut compter au nombre des plus belles fêtes de la contrée. On y trouve de nombreux divertissements et curiosités et un grand nombre de promeneurs et d'amateurs, etc., etc. Très bonne fête et foire pour les étalagistes et marchands forains.

11° — Le Lundi après la Saint-Denis
(Dite foire Saint-Denis.)

Assez bonne foire. Bestiaux de toutes sortes. Halles et marché bien approvisionnés. Importants crochets à la volaille et au beurre. Porcs gras, lard pour salaisons, etc., etc.

12° — Le Lundi précédent le jour Sainte-Catherine
(Foire dite de la Sainte-Catherine. — Existait sous le règne de Louis XIV.)

Cette foire est à juste titre considérée comme la plus importante de Briouze sous tous les, rapports Spécialités : veaux de bande, génisses, bœufs, vaches, veaux, porcs et moutons pour la boucherie. Importants crochets à la volaille et au beurre. Halles bien approvisionnées. Choix considérable de plants d'arbres fruitiers et légumiers. Quantité considérable de viande de porc pour salaisons. Jeux et divertissements. Nombreux promeneurs et acheteurs. Nombreux étalagistes et marchands forains, etc. Très bonne foire.

13° — Le Lundi précédent le jour de Noël
(Foire dite le Grand Lundi de Noël. — Etablie depuis le commencement du siècle.)

Bestiaux de toutes sortes. Vaches laitières. Quelques vaches amouillantes. Grand nombre de bestiaux gras. Viande de porc pour salaisons. Importants crochets à la volaille. Plants d'arbres et de légumes. Fortes halles. Bon marché. Bonne foire.

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PRINCIPAUX MARCHÉS DE BRIOUZE

En dehors de ces treize foires annuelles, il se tient tous les lundis, à Briouze, un important marché aux bestiaux et denrées de toutes sortes.

On y trouve, selon les mois et les saisons, les mêmes quantités, les mêmes qualités, les mêmes genres d'animaux et les mêmes choix qu'aux foires indiquées dans le tableau ci-dessus. Il n'est même pas très rare de voir des marchés plus importants que les foires.

Voici les principaux :

Tous les lundis d'avril, sauf le lundi de la Quasimodo, les marchés valent souvent les foires de l'époque ;

Tous les lundis de mai et de juin, les marchés sont également bons ;

On peut citer encore : le troisième lundi de juillet, le troisième lundi d'août.

Une remarque à ce sujet est indispensable : Il peut arriver qu'il n'y ait que quatre marchés dans le mois d'août. Dans ce cas, le troisième est bon ; mais s'il y en a cinq, le quatrième lundi vaut une foire ordinaire.

Tous les lundis d'octobre, sauf le premier.

Pour bien se renseigner au sujet des marchés, il faut tenir compte des motifs suivants et de beaucoup d'autres qui amènent toujours une grande variation à l'endroit de leur importance.

Exemples : S'il y a coïncidence entre le marché de Briouze et une des foires de Domfront, qui se tiennent toujours le lundi, ou une autre foire marquante de la contrée, comme celles de la Ferté-Macé, Lassay, Mines, Argentan, Carrouges, etc., etc., évidemment le marché aux bestiaux s'en ressent.

Il en est de même des marchés qui précèdent ou qui suivent une des foires de Briouze.

Cette fâcheuse coïncidence qui se renouvelle vingt-six fois l'an, c'est-à-dire la moitié des marchés de l'année est très préjudiciable surtout aux marchés qui précèdent et qui suivent les trois foires dites de Carême qui se tiennent le samedi. Chacun sait aussi que le bon ou le mauvais temps, la concurrence qui résulte de la création récente de foires et de marchés voisins, le, bon ou le mauvais commerce, le temps de la moisson, l'abondance ou là disette des fourrages, etc., sont autant de motifs préjudiciables ou avantageux pour la tenue des marchés dans tous les pays et qu'il faut bien y penser sans trop s'y arrêter.

Ces contretemps n'existent pas toujours à la fois dans tous les pays. Les marchands étrangers sont toujours heureux de visiter Briouze par tous les temps, selon qu'ils ont besoin de marchandises pour les contrées lointaines. Ils savent qu'ils sont assurés d'y trouver toujours non seulement de bonnes marchandises à leur choix, mais encore bon accueil, bon gîte, bonne nourriture, bon café, et qu'ils emportent toujours un agréable souvenir de cette localité.

Que les cultivateurs et agriculteurs de notre pays n'oublient jamais qu'il est de leur plus grand intérêt de maintenir les foires et marchés de Briouze le plus possible en l'état prospère; chose qui ne peut avoir lieu que s'ils les fréquentent assidûment, ce qui leur est d'autant plus facile que ce centre renommé est à leur portée et à leur commodité. Qu'ils se souviennent que de temps immémorial ces foires et marchés furent des plus renommés de la belle province de Normandie, leur petite Patrie, et que la plupart des habitants de la localité, du canton et des environs, leur doivent leur fortune, leur revenu et leur aisance, comme il en est de même de la plupart des honorables marchands de bestiaux qui nous font l'honneur de les fréquenter.


NOTE :
(1) Ces foires existaient sous le règne de Louis XIV.

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