FLEURY, Jean-Joseph-Bonaventure (1816-1894) : Rindon : conte.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (04.II.2003)
Texte relu par : A. Guézou
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : norm 918) de Littérature orale de Basse-Normandie (Hague et Val-de-Saire) par Jean Fleury parue à Paris chez Maisonneuve et Cie en 1883 volume IX de la collection Les Littératures populaires de toutes les nations.
 
Rindon
conte recueilli par
Jean Fleury

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Il y avait une fois une bonne femme qui avait filé un gros paquet de fil. Elle avait bien envie d'en faire de la toile, mais les toiliers ne travaillent pas pour rien. Tandis qu'elle y rêvait un homme entre. - Je te tisserai ta toile pour rien, lui dit-il, si tu peux me dire mon nom en trois fois. Sinon, la toile sera pour moi. Veux-tu ?

La bonne femme lui donna son fil, mais quand il fut parti, elle eut peur. - Si c'était le Petit Capet (le diable) ! pensa-t-elle. Bon Dieu, bonne Vierge, aidez-moi à deviner son nom !

Il faisait un gros vent, qui gaulait les branches sèches dans les arbres. Elle s'en alla chercher des bûchettes dans le bois. Tout en ramassant les petites branches que le vent faisait tomber, elle écoutait, et il lui semblait que des voix parlaient dans le vent. On entendait comme un toilier qui faisait taquer son métier et chantait en riant :

Cllin, cllas, cllin, cllas !
La bonne femme qui est là bas,
Si o savait que j'eusse nom Rindon,
O n'serait pas si gênaee.

La bonne femme se douta bien que c'était son tisserand, elle retourna chez elle avec son faix de bûchettes et attendit sans trop d'inquiétude.

Vers le soir notre homme arrive.

- La toile est prête, mon nom maintenant ?

- N'est-ce pas Guillaume ?

- Vraiment nennin.

- N'est-ce pas Robert ?

- Vraiment nennin.

- C'est donc Rindon,

- Tiens, gueuse, v'là ta toile, dit le petit homme furieux en jetant la toile dans l'aire. Depuis on ne le revit plus.


Commentaire :

Ce conte, qui m'a été souvent répété dans mon enfance, est une version abrégée de Rumplestilzchen des frères Grimm. Dans le conte allemand, l'arrivée du visiteur est plus motivée et le nom plus difficile à deviner. Romania a publié une version picarde de ce conte recueillie M. Carnoy (t. VIII, p. 222) et une version lorraine recueillie par M. Cosquin (n° XXVII). C'est le fond du conte de Ricdin Ricdon, qui figure dans la Tour ténébreuse de Mlle Lhéritier (Cabinet des fées, t. XII), mais entouré de très longs développements, et de Kinkach Martinko, récit slovène, qui figure dans les Contes slaves traduits par M. Chodzko. Ici, il s'agit de filer des fils d'or avec du chanvre ; le petit homme porte une casquette rouge comme le Petit Capet haguais.


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