Auguste Villiers de l'Isle-Adam
Auguste, comte de VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, romancier, dramaturge et critique français né à Saint-Brieuc le 7 novembre 1838 et décédé à Paris le 18 août 1889.
Oeuvres principales : Contes cruels (1883), Axël (1885-1886), Tribulat Bonhomet (1887), Nouveaux Contes cruels (1888),... 
Les textes présentés sur cette page, pour certains d'abord parus en revue, composent en partie le recueil posthume Chez les passants : fantaisies, pamphlets et souvenirs publié par la Librairie de l'Art Indépendant en 1890 avec front. de Félicien Rops.
textes établis d'après la seconde édition augmentée publiée par G. Crès (1924).

L'étonnant couple Moutonnet : "Ce qui cause la réelle félicité amoureuse, chez certains êtres, ce qui fait le secret de leur tendresse, ce qui explique l'union fidèle de certains couples, est, entre toutes choses, un mystère dont le comique terrifierait si l'étonnement permettait de l'analyser. Les bizarreries sensuelles de l'Homme sont une roue de paon, dont les yeux ne s'allument qu'au dedans de l'âme, et, seul, chacun connaît son désir..."

Le Candidat par Gustave Flaubert : "Lorsque sur la dernière scène du drame, la toile est tombée, comme la nuit sur les coassements d'un marécage, le public du Vaudeville est demeuré, pendant un bon moment, comme interdit, et pouvant à peine en croire ses oreilles. J'ai un faible pour ce public, lequel est tout particulier. J'ai eu affaire à lui, naguère, et c'est toujours avec intérêt que je l'observe, à l'occasion...."

La Tentation de Saint Antoine par Gustave Flaubert : "Le grand artiste qui vient de nous donner cette oeuvre encore, la Tentation de saint Antoine a cette fois, par la double nature de sa conception, placé dans une situation fort singulière l'esprit de qui entreprend de juger ce livre avec quelque profondeur. Il importe de nettifier tout d'abord cette situation, afin de ne point tomber dans les verdicts obscurs et irréfléchis, dans les malentendus risibles, que ce sombre Songe littéraire a suscités chez les critiques proprement dits...."

Le socle de la statue : "Plusieurs, certes, en parcourant l'histoire suivante, apercevront, sous l'apparente fantaisie des épisodes, sous leur inévitable trivialité même, la figure du notoire personnage dont j'ai, peut-être, voulu parler. Et quelques-uns pourront s'étonner de me voir ainsi condescendre à plaisanter les débuts, le foyer natal et les origines d'un «grand homme» (estampillé tel, du moins, par des majorités négligeables)..."

Le réalisme dans la peine de mort : "Les considérants, d'un ordre très élevé, au nom desquels un projet de loi sur les exécutions à huis-clos vient d'être rejeté par la Cour d'appel de Paris m'encouragent à livrer aux méditations du public (à simple titre de «documents humains») les quelques notes suivantes, crayonnées place de la Roquette, sous les fumeuses lanternes de notre instrument de supplice, au cours de la dernière exécution : celle d'un anonyme..."

Le cas extraordinaire de M. Francisque Sarcey : "Jusqu'à présent, j'avais dû croire que le prince des critiques était une sorte d'excellent homme, doué d'une pondération de jugements et d'une fermeté de convictions rappelant d'autres âges. De plus, il avait fait partie, en 1876, de l'un des jurys qui me décernèrent, si j'ai bonne mémoire, un prix quelconque, et je m'imaginais, entre temps, lui devoir une vague reconnaissance. J'honorais donc en lui, malgré de légères dissidences littéraires, l'un des plus sympathiques maîtres du feuilleton théâtral, un homme incapable de malveillance ou d'injustice volontaires. - Passons sur ces illusions perdues..."

Peintures décoratives du foyer de l'Opéra : "Aujourd'hui, nous nous sommes trouvés, à l'Ecole des Beaux-Arts, en présence d'une série de peintures conçues par le même artiste, exécutées par lui seul, et dont l'élaboration n'a pas coûté moins de neuf ou dix années de persévérance. Il y a neuf ans, en effet, un événement vint préoccuper le monde des peintres modernes ; il s'agissait de représenter dignement l'art français dans un lieu qui, de sa nature, devait mettre l'oeuvre sans cesse en lumière, le foyer du nouvel Opéra. Cette tâche venait d'être confiée à un jeune peintre, déjà presque célèbre par de brillantes mais académiques promesses, et par quelques toiles estimées, M. Paul Baudry..."


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