Jean de La Ville de Mirmont


Jean de LA VILLE DE MIRMONT, écrivain français né à Bordeaux le 2 décembre 1886, mort à la guerre au front de Verneuil le 28 novembre 1914.
Oeuvres principales : Les Dimanches de Jean Dézert (1914), L'Horizon chimérique (1920), Contes (1923).
Les textes présentés sur cette page forment le recueil Contes (1920).

City of Benares : "Il arriva que le City of Benares, trois-mâts franc, devint un jour son seul maître après Dieu sous le ciel et la mer. L'aventure qui lui valut, sans autre mal, de perdre son équipage, n'a pas laissé de traces dans la mémoire des hommes..."

Les pétrels : "Il faut dire, avant toute chose, que les pétrels sont des oiseaux myopes. On attribue à cette infirmité congénitale l'incertitude de leur vol ainsi que leurs moeurs à la fois imprudentes et timides. Le fait même qu'ils vivent dans un milieu un peu flou et dont l'éclairage laisse à désirer expliquera peut-être, s'il ne l'excuse, l'entreprise hors du sens commun dans laquelle ils se jetèrent un jour sans raison valable..."

La mort de Sancho : "C'est un fait avéré - puisque le notaire et le curé, personnes dignes de créance, en ont témoigné - qu'Alonzo Quijano le Bon, plus connu sous le nom de Don Quichotte, décéda naturellement dans son lit, après avoir légué ses biens, meubles et immeubles, à sa nièce Antonia..."

Le piano droit : "Mlle Céréda déménageait. Elle avait fixé ce samedi-là depuis longtemps, mais négligé de fixer une heure au voiturier..."

Les matelots de la Belle-Julie : "Lorsque la Belle-Julie (pavoisée de brillantes couleurs) traversa pour la première fois la ligne équatoriale, chacun à bord but plus que de raison, au point que la perruche verte du timonier, demeurée muette depuis le désastre de Trafalgar, recouvra dans l'alcool le don de la parole sinon l'oubli de ses vieilles rancunes et cria par trois reprises en battant des ailes sur la corne d'artimon : «Chiens d'Anglais ! qu'on leur brûle la gueule !..."

Entretien avec le diable : "Il paraît difficile, vu le degré actuel de notre civilisation, de se représenter le Diable autrement que comme un monstre noir, aux yeux de braise, aux pieds fourchus, dissimulant des cornes de bouc sous un chapeau rouge et une queue velue dans un haut-de-chausses..."

L'orage : "Bien sûr, il allait pleuvoir ! Tout le présageait dans la nature, tout l'annonçait au coeur des hommes. Depuis le matin, une hirondelle sentimentale, échappée Dieu sait de quelle romance passée de mode, voletait au ras des pavés de la petite rue étroite où, parmi le crottin sec, picorait en sautillant la race turbulente et prosaïque des moineaux de gouttières..."

Mon ami le prophète : "L'hiver, cette année-là, s'annonça dès ses débuts comme une fort mauvaise saison, humide et tiède, sans courage dans ses convictions, sans héroïsme dans sa laideur. Depuis un mois et demi environ, ainsi que l'expliquaient les journaux les mieux informés, de continuelles dépressions au large de l'Atlantique et le vent d'ouest-sud-ouest poussaient d'interminables pluies sur les Iles Britanniques, et, jusqu'à Paris, sur toute la partie occidentale de la France..."


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