Pierre Louÿs par H. Bataille
Pierre Louis, dit LOUYS, écrivain français né à Gand le 10 décembre 1870 et décédé à Paris le 06 juin 1925.
Oeuvres principales : Les chansons de Bilitis (1894), Aphrodite (1896), La femme et le pantin (1898), Les Aventures du Roi Pausole (1901),....
Les textes présentés sur cette page, d'abord parus séparément, composent le recueil Le crépuscule des nymphes, 1925.
Textes établis sur un exemplaire de l'édition collective originale du Crépuscule des Nymphes publiée à Paris par les Editions Montaigne en 1925 dans la collection des lettrés avec des bois de Jean Saint-Paul.

Lêda ou la louange des bienheureuses ténèbres (1894) : "ON n'y voyait presque plus. Une invisible Artémis chassait sous le croissant penché, derrière les branches noires qui pullulaient d'étoiles. Les quatre Corinthiennes restaient couchées dans l'herbe près des trois jeunes hommes ; et l'on ne savait plus très bien si la dernière oserait parler après les autres tant l'heure était au silence..."

Ariane ou Le chemin de la paix éternelle (1894) : "OR, les Corinthiennes étant venues jusqu'à l'antre le plus profond, le plus sombre de toute la forêt, si déserté des bêtes et des hommes que le silence semblait lui-même s'y éteindre et laisser place à quelque chose de plus indicible encore, elles reculèrent d'un pas, levèrent leurs mains le long des tempes, et, sans voir, ouvrirent les paupières, et ouvrirent les lèvres, sans parler..."

La Maison sur le Nil ou Les apparences de la vertu (1894) : "AMARYLLIS s'étendit toute languissante sur la mousse, et du bout de sa branche de saule toucha la main du plus jeune homme. «A toi, dit-elle ; parle à ton tour, Clinias. je veux un conte de toi». Clinias hésita quelque temps. «J'ai retenu les légendes que tout le monde connaît ; mais je ne sais pas, comme Thrasès, les façonner selon mon esprit, ni comme toi les renouveler par la grâce des mots, Amaryllis. Je dirai ce que m'a raconté mon ami Biôn de Clazomène, à son retour d'Aethiopie..."

Byblis ou L'enchantement des larmes (1898) : "ET Amaryllis, entre les trois jeunes femmes et les trois philosophes, conta, comme à de petits enfants, cette allégorie fabuleuse : «Des voyageurs que j'ai connus et qui sont allés en Carie, ayant remonté le Méandre plus loin qu'on n'est jamais allé, ont vu le Dieu du fleuve endormi, au bord des eaux ombragées par les joncs. Il avait une longue barbe verte et son visage était ridé comme les rocs de ses berges grises d'où pendent des herbes pleurantes. Ses antiques paupières semblaient mortes sur ses yeux à jamais aveugles. Il est probable qu'aujourd'hui, ceux qui voudraient le voir encore ne le retrouveraient plus vivant..."

Danaë ou Le malheur (1895): "CE jour-là, il faisait beau. La tristesse laissée par le conte de la veille s'évanouit avec la brume ; les femmes coururent dans les bois ; il y eut sur le chemin de grands éclats de rire. L'exubérance de ce printemps faisait plier les branches des arbres et déborder les prairies le long des sentiers étroits. Les larges fleurs frôlées en passant laissaient des traces jaunes au bas des tuniques. Une mer de violettes baignait le pied des cèdres : les promeneuses s'y couchèrent en rond..."


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