Erckmann-Chatrian
ERCKMANN-CHATRIAN, nom formé par le duo de romanciers français Emile Erckmann (Phalsbourg, 21 mai 1822 - Lunéville, 14 mars 1899) et Alexandre Chatrian (Le Grand Soldat, 18 décembre 1826 - Villemomble, 3 septembre 1890).
Oeuvres principales : Hughes-le-Loup (1859), L'ami Fritz (1864), Histoire d'un conscrit de 1813 (1864), Histoire d'un paysan (1869),...
Les contes présentés ici sont extrait du recueil L'Illustre Docteur Mathéus (La Librairie Nouvelle, 1859) qui comprend une nouvelle réaliste (qui donne sont titre au recueil) et six contes fantastiques ou insolites :

L'Oeil invisible : "Vers ce temps-là, dit Christian, pauvre comme un rat d'église, je m'étais réfugié dans les combles d'une vieille maison de la rue des Minnesoenger, à Nuremberg. Je nichais à l'angle du toit. Les ardoises me servaient de murailles et la maîtresse poutre de plafond ; il fallait marcher sur une paillasse pour arriver à la fenêtre, mais cette fenêtre, percée dans le pignon, avait une vue magnifique ; de là, je découvrais la ville, la campagne ; je voyais les chats se promener gravement dans la gouttière, les cigognes, le bec chargé de grenouilles, apporter la pâture à leur couvée dévorante, les pigeons s'élancer de leurs colombiers, la queue en éventail, et tourbillonner sur l'abîme des rues..."

Le Requiem du corbeau : "Mon oncle Zacharias est le plus curieux original que j'aie rencontré de ma vie. Figurez-vous un petit homme, gros, court, replet, le teint coloré, le ventre en outre et le nez en fleur : c'est le portrait de mon oncle Zacharias. Le digne homme était chauve comme un genou. Il portait d'habitude de grosses lunettes rondes, et se coiffait d'un petit bonnet de soie noire, qui ne lui couvrait guère que le sommet de la tête et la nuque..."

Le Bourgmestre en bouteille : "J'ai toujours professé une haute estime et même une sorte de vénération pour le noble vin du Rhin ; il pétille comme le champagne, il réchauffe comme le bourgogne, il lénifie le gosier comme le bordeaux, il embrase l'imagination comme les liqueurs d'Espagne, il nous rend tendres comme le lacryma-christi ; enfin, par-dessus tout, il fait rêver, il déroule à nos yeux le vaste champ de la fantaisie..."

La Tresse noire : "Il y avait bien quinze ans que je ne songeais plus à mon ami Taifer, quand un beau jour, son souvenir me revint à la mémoire. Vous dire comment, pourquoi, me serait chose impossible. Les coudes sur mon pupitre, les yeux tout grands ouverts, je rêvais au bon temps de notre jeunesse. Il me semblait parcourir la grande allée des Marronniers à Charleville, et je fredonnais involontairement le joyeux refrain de Georges :..."

Messire Tempus : "Le jour de la Saint-Sébalt, vers sept heures du soir, je mettais pied à terre devant l'hôtel de la Couronne, à Pirmasens. Il avait fait une chaleur d'enfer tout le jour ; mon pauvre Schimmel n'en pouvait plus. J'étais en train de l'attacher à l'anneau de la porte, quand une assez jolie fille, les manches retroussées, le tablier sur le bras, sortit du vestibule et se mit à m'examiner en souriant..."

Le Chant de la Tonne : "L'autre soir, entre dix et onze heures, j'étais assis au fond de la taverne des Escargots, à Coblentz ; je contemplais dans une douce quiétude la foule qui s'agitait sous les poutres basses de la salle, le long des tables en chêne, et je me sentais heureux d'être au monde..."


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