Catalogue de la Librairie Poulet-Malassis et de Broise, imprimeurs-libraires-éditeurs.- Juin 1858.- 30 p. ; 19 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (27.I.2006)
Relecture : A. Guézou.
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Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur un exemplaire (coll. part. ) inséré dans le recueil des Poésies complètes de Leconte de Lisle publiées par Poulet-Malassis en 1858, avec une eau-forte dessinée et gravée par Louis Duveau.
 
CATALOGUE
DE LA LIBRAIRIE
POULET-MALASSIS ET DE BROISE
IMPRIMEURS-LIBRAIRES-ÉDITEURS

JUIN 1858

vers l'image agrandie (169 ko)

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LIVRES ÉDITÉS PAR POULET-MALASSIS ET DE BROISE

BIBLIOTHÈQUE MODERNE

La Bibliothèque moderne s'adresse par le choix des volumes qui la composent à tous les gens de goût, et par les conditions matérielles dans lesquelles elle s'exécute, aux lecteurs encore nombreux qui ne se résignant pas à voir dans un livre un objet éphemère de consommation, se plaisent à attacher une idée de durée aux instruments de leurs plaisirs ou de leurs travaux intellectuels. De toutes les bibliothèques en cours d'exécution qui se composent à la fois de nouveautés et de réimpressions, elle est celle qui a su associer la meilleure exécution matérielle, à la correction des textes, et au bon marché ; elle s'imprime sur papier d’Angoulême collé, dans un format in-12 qui tient, comme grandeur, le milieu entre l'in-8° et le format dit Charpentier. Le prix des volumes varie, suivant le nombre de feuilles, de 2 à 5 fr.
    
La Bibliothèque moderne, sans s'interdire les époques antérieures, est surtout consacrée aux productions des littérateurs de ce temps-ci : romanciers, critiques, historiens, poètes; à côté desquels prendront place beaucoup d'écrivains du XVIIIe siècle, dont les oeuvres, ou ne se trouvent plus dans le commerce, ou n'ont encore paru qu’incomplètes et sans travaux critiques suffisants. La nomenclature des livres qu'elle comprend aujourd'hui, suivie de celle de titres en préparation, la caractérise d'ailleurs suffisamment.

Les Oubliés et les Dédaignés, figures littéraires du XVIIIe siècle, par CH. MONSELET, 2 vol., 5 fr.

LINGUET - MERCIER - DORAT - CUBIÈRES - OLYMPES DE GOUGES - LE COUSIN JACQUES - LE CHEVALIER DE LA MORLIÈRE - LE CHEVALIER DE MOUHY - DESFORGES - GORGY - LA MORENCY - PLANCHER - VALCOUR - BACULARD-D'ARNAUD - GRIMOD DE LA REYNIÈRE.

« Le caractère commun de ces écrivains qu'on dédaigne et qu'on oublie, c'est qu'ils sont les véritables ardents et les véritables passionnés de la littérature. Ils représentent la variété, le mouvemen,. l'originalité, l'activité de la production intellectuelle.... Ils appartiennent les uns au lendemain, les autres au jour présent, et pas un ne relève de la veille.... Ch. Monselet a bien choisi les figures de cette galerie des inconnus et des oubliés.... Son récit ne sort jamais du mouvement que lui aurait donné le XVIIIe siècle. Il est tel que ses personnages auraient voulu le faire eux-mêmes, net et précis, comme ce qui est vrai ; spirituel et enjoué comme la confession de sens de gens d'esprit. Monselet a la main du XVIIIe siècle ; il en est le secrétaire accompli. Il peut se charger de sa correspondance d'outre-tombe. Il peut écrire ses mémoires aussi bien qu'Hamilton a écrit les mémoires du chevalier de Gramrnont. »

ÉDOUARD THIERRY (Moniteur du 4 juin 1857.)

« Charles Monselet est bien l'homme par excellence de cette époque ondoyante et diverse qui est la nôtre. Il est à la fois, poète et critique, philosophe et romancier.... C'est le charme principal et pénétrant de ces deux volumes, c'est ce qui fait qu'on lit tout d'une haleine ces biographies, tour-à-tour nnélancoliques et folles, comme les vies qu'elles reflètent.
 
Ces deux volumes dont la portée morale est incontestable bien que déguisée sous un perpétuel sourire font partie d'une bibliothèque éditée avec un soin typographique remarquable par deux éditeurs qui se sont donnés la mission originale d'imprimer à Alençon les livres les plus élégants de Paris. »

M. DE LESCURE (Gazette de France du 16 juin 1857.)


Lettres d'un Mineur en Australie, par ANTOINE FAUCHERY, 1 vol., 2 fr 50

« Êtes-vous allé en Australie. - Non. - Tant mieux pour vous. Prenez ce livre, et vous en reviendrez sans y être allé. -Enfin nous le tenons le voyageur par excellence, le voyageur de belle humeur et de bon sens, nous le tenons cet homme au coeur d'airain qui, lassé des admirations vulgaires a osé affronter ces spectacles qui donnent à la curiosité elle-même un air d'intrépidité. Aussi, comme il se dessine fièrement ce voyageur hardi qui est allé, sur la foi d'une espérance, faire un de ces pélerinages militants, où chaque heure est un combat. Comme il plaît parce qu'il l'ignore comme il instruit, parce qu'il n'en a pas la prétention ; comme il amuse sans le vouloir, et comme il touche sans y songer...... » 
   
Au bout de deux années, M. Fauchery passait pour un mineur sérieux. A force de fatigues il avait conquis ce titre de vieille et bonne main, qui est la noblesse des mines... Et toute cette force, tout ce courage, toute cette gaîté en pure perte.... Enfin il fallut s'arrêter. Notre mineur jette la pelle aux orties, et le voilà ouvrant à Melbourne, un café à la française, tenu par Antoine Fauchery, bacbelier ès-lettres, ès-arts, ex-collaborateur du Corsaire, ex-auteur de Calino, en société avec Théodore Barrière.

En voilà une chute, j'espère ! Jérôme Paturot, lui, s'arrêta au bonnetier. Antoine Fauchery, devait tomber ,jusqu'à l'épicier. Oui, épicier ! Quelle rude pénitence pour le railleur du Journal pour rire !

Après avoir débité pas mal de petits verres et plié pas mal de cornets. Antoine Fauchery se trouva pauvre comme devant. De tout ce qu'il avait emporté en partant, il ne lui restait qu'une chose, mais quelle chose ! Il ne lui restait que son sourire.

Oui, son sourire ! il est revenu en souriant, il a  raconté à ses amis, comment il avait creusé et pioché deux ans durant sans rien trouver ; comment il avait vendu ses tables de bois marbré et son billard, et rompu ses balances trop loyales, et adjugé aux enchères ses bocaux de cornichons, et comment il était revenu, toujours le même, ayant autant d'esprit qu'auparavant, beaucoup plus d'instruction, un courage plus endurci et une pitié plus éprouvée !

M. Fauchery n'a pas trouvé étonnant qu'on ne lui ait pas voué de temple ni élevé de statue. Il sait que nous ne sommes plus aux temps des Argonautes, ces voyageurs faits dieux, et il va jusqu'à s'étonner, en souriant, toujours un souriant, d'avoir trouvé un éditeur. Il s'est donc vu imprimé, imprimé en beaux caractères et sur du beau papier. Il a pris un exemplaire de son odyssée ; il a marqué d'un pli prévovant les dangers à éviter et les fautes à réparer ; puis, avec le même courage, avec le même esprit, le même sourire, et l'expérience de plus, savez-vous ce qu'il a fait ! Il est reparti !

M. DE LESCURE (Gazette de France du 1er septembre 1855.)


Les Fleurs du Mal, par CHARLES BAUDELAIRE, 1 vol. (épuisé).
   
Une seconde édition de ce livre, qu'on peut considérer dès aujourd'hui comme un des monuments de la Langue et de la Poésie françaises, est en préparation. Elle contiendra six pièces nouvelles qui remplaceront celles que le tribunal de la Seine a condamnées.

« Rattacherai-je la forme d'un livre comme les Fleurs du Mal au souvenir de quelque forme littéraire. Je la rattache et je le rattache lui-même à l'ode que Mirabeau a écrite dans le donjon de Vincennes. Il en a l'audace, l'hallucination sombre, les beautés formidables et toujours la tristesse.... J'ai déja rapproché de Mirabeau, l'auteur des Fleurs du Mal. Je le rapproche du Dante, et je réponds que le vieux Florentin reconnaîtrait plus d'une fois dans le poète français sa fougue, sa parole effrayante, ses images implacables, et la sonorité de son vers d'airain.

ÉDOUARD THIERRY (Moniteur Universel du 14 juillet 1857.)

« Quels sont les sujets que le poète a traités ? L'ennui qui dévore les âmes promptement rassasiées des joies vulgaires et éprises de l'idéal ; - les fureurs de l'amour que font naître non les transports des sens, ou l'épanouissement d'un coeur jeune et crédule, mais les raffinements d'une curiosité maladive ; - l'expiation providentielle suspendue sur le vice frivole de l'individu, comme sur la corruption dogmatique des sociétés ; - La brutalité conquérante qui ignore les joies et la puissance du sacrifice ; - les âmes cupides qui fraudent et calomnient les âmes droites et contemplatives ; - Enfin l'orgueil qui se dresse contre Dieu, et qui même foudroyé respire avec délice l'encens des malheureux qu'il abuse, des sophistes qu'il enlace, des superbes qu'il enivre...... M. Baudelaire déjà connu par une traduction remarquable et consciencieuse d'Edgar Poë, et par deux volumes de Salons, verra son livre réunir les conditions de tout succès : injures passagères et suffrages durables. »

F. DULAMON (Le Présent, 23 juillet 1855.)

« Par la langue et le faire, M. Baudelaire, est de cette École qui croit que tout est perdu, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse ; mais par l'inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu'il a fini par s'y trouver seul, comme un lion d'originalité. Sensualiste,  mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n'être que cela, l'auteur des Fleurs du Mal va dans la sensation jusqu'à l extrême limite, jusqu'à cette mystérieuse porte de l'Infini a laquelle il se heurte, et de rage se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle. Figurez-vous cette langue, plus plastique encore que poëtique, maniée et taillée comme le bronze et la pierre, et ou la phrase a des enroulements et des cannelures ; puis, dans ces enroulements et ces cannelures d'une phrase qui prend les formes les plus variées comme les prendrait un cristal, supposez tous le piments, tous les alcools, tous les poisons, minéraux, végétaux. animaux, et ceux-là les plus riches et les plus abondants, si on pouvait les voir, qui se tirent du coeur de l'homme, et vous avez la poésie de M. Baudulaire, cette poésie sinistre et dolente, déchirante et meurtrière dont rien n'approche dans les plus noirs ouvrages de ce temps. Cela est, dans sa férocité intime, d'un ton inconnu en littérature. »

J. BARBEY D'AUREVILLY.

« La poésie de M. Baudelaire, profondément imagée, vivace et vivante, possède à un haut degré les qualités d'intensité et de spontanéité que je demande au poète moderne.

Il a les dons rares, et qui sont des grâces, de l'évocation et du la pénétration. Sa poésie, concise et brillante, s'impose à l'esprit comme une image forte et logique. Soit qu'il évoque le souvenir, soit qu'il fleurisse le rêve, soit qu'il tire des misères et des vices du temps un idéal terrible, impitoyable, toujours la magie est complète, toujours l'image, abondante et riche, se poursuit rigoureusernent dans ses termes.

Sa phrase poétique n'est pas. comme celle de M. Théodore de Banville, par exemple, le développement large et calme d'une penée maîtresse d'elle-même. Ce qui, chez l'un, découle d'un amour savant et puissant de la forme, est produit chez l'autre par l'intensité et par la spontanéité de la passion, puisque j'ai nommé M.Théodore de Banville, je rappellerai ce que je disais il y a un an, à propos de ses Odelettes : « Des deux grands principes posés au commencement de ce siècle, la recherche du sentiment moderne et le rajeunissement de la langue poétique, M. de Banville a retenu le second...  » Dans ma pensée, je retenais le premier pour M. Charles Baudelaire.

L'un et l'autre représentent les deux tendances de la poésie contemporaine. Ils pourront servir de bornes lumineuses à une nouvelle  génération de coureurs poétiques. »

CHARLES ASSELINEAU. (Revue Française.)

   
Poésies complètes de THÉODORE DE BANVILLE (Les Cariatides ; Les Stalactites ; Odelettes ; Le Sang de la Coupe ; La Malédiction de Vénus etc.), in-12, avec une eau-forte titre, dessinée et gravée par LOUIS DUVEAU, l vol , 5 fr.

« Il y avait autrefois (je vous parle, de dix années), un jeune homme appelé Théodore de Banville : il était né avec toutes les qualités poétiques de l'improvisateur ; à peine il eut vingt ans, que déjà la langue française obéissait à ses caprices, à ses volontés d'enfant ! Cet enfant qui échappait ou plutôt qui s'arrachait à plaisir à l'influence heureuse des Méditations poétiques, aux murmures apaisés des Feuilles d'automne, abandonnait soudain les sentiers frayés par les nouveaux maîtres, et perdu dans les regains, dans les aubépines, sur les gazons, aux bords des claires fontaines d'une immense école huissonniére, il s'abandonne à toute sa rage poétique. O spectacle étrange et tout nouveau chez nous d'un poëme exquis en toutes sortes d'éléments contraires, mélange extraordinaire, ingénu, curieux de toutes les urbanités, de toutes les corruptions ! Vous ouvrez ces Stalactites, ces Cariatides, ces Odes funambulesques, ces poëmes absurdes, amoureux, harmonieux, d'une tristesse incroyable et d'une gaîté voisine de la folie... et soudain vous monte au cerveau un violent parfum de poésie antique qui se mêle et se confond avec toutes les mièvreries modernes ! Ici Pindare, et là M. Dorat lui-même ! Ici la Vierge et don Juan, l'orgie et l'idéal, les sens furieux, les aspirations divines, la table au cabaret tachée de lie et les âmes errantes dans le bleu ! Ces Poésies complètes de Théodore de Banville vous représentent un mélange, une satire, une élégie, un drame, un pandémonium de tous lus bruits, de tous les spasmes, de toutes les maladies que panent enfanter lesvlices, les vertus, les espérances, les désespoirs, les doutes, l'inquiétude et les turbulences de la vingtième année. Et si vous les lisez tous réunis dans ce très-magnifique et splendide volume, ces poëmes du nuage et du soleil, du printemps et de l'hiver, des chardons et des lis, dans lesquels la Maritorne et la Dulcinée ont des rencontres inattendues !

La source court au fleuve et la fange à l'égoût...
 
Si vous les étudiez dans leur ensemble infime et superbe, grotesque et charmant, ces poëmes nus et voilés. ces poëmes contemporains de la guerre de Troie et des trétaux de la foire ; qui descendent des poëmes d'Orphée... et s'arrêtent aux paillasses des Folies Nouvelles, ils vous donneront le vertige. On les voudrait brûler, on les voudrait orner d'or et de pierreries... »
                 
J. JANIN. (Débats du 22 octobre 1857.)

En recevant et en relisant le volume de Poésies dans lequel M. Théodore de Banville a réuni tous ses précédents recueils moins un (1), je me suis dit avec plaisir : Voilà un poète, un des premiers élèves des maîtres, un de ceux qui, venus tard et des derniers par l'âge, ont eu l'enthousiasme des commencements, qui ont gardé le scrupule de la forme, qui savent pour l'avoir appris à forte école, le métier des vers, qui les font de main d'ouvrier, c'est-à-dire de bonne main, qui y donnent de la trempe, du ressort, qui savent composer, ciseler, peindre. Ce poète, à travers tous les caprices de son imagination et de sa muse, ne s'est jamais relâché sur de certains points ; il a gardé, au milieu de ses autres licences, la précision du bien faire, et, comme il dit, l'amour du vert laurier.

Il procède de Hugo et d'André Chénier. Il affectionne l'Art grec, la sculpture, et nous en rend dans ses rythmes des copies et parfois presque des moulages. C'est d'une grande habileté, avec quelques excès. Je passe sur ce qui me paraît ou trop cherché, ou trop mélangé pour ne m'arrêter qu'à ce qui est bien. En poésie on peut lancer et perdre bien des flêches : il suffit pour l'honneur de l'artiste que quelques-unes donnent en plein dans le but et fassent résonner tout l'arbre prophétique, le chêne de Dodone, en s'y enfonçant. M. de Banville a de ces coups heureux où se reconnaît un archer vainqueur...

SAINTE-BEUVE (Moniteur du 12 octobre 1857.)

(1) Les Odes funambulesques (voir p. 22 de ce catalogue).


Couronne, histoire juive par ALEXANDRE WEILL, 1 vol., 2 fr.

« M. Alexandre Weill est un esprit original, curieux, un peu inquiet et remuant, mais plein tout à la fois de force et de souplesse. Il a effleuré les genres les plus divers : il a écrit sur la politique, sur la philosophie; il a fait des travaux sérieux, et des oeuvres légères, et partout il s'est signalé par d'excellentes qualités ; il a de la verve, de l'entrain, de la chaleur, un style d'ordinaire ferme, nerveux, entraînant.

Couronne, son dernier ouvrage, n'est peut-être pas le moins digne de remarque. C'est un roman, ou plutôt une nouvelle.

La donnée est intéressante.

Une juive d'Alsace aime un pauvre diable d'israélite, un maître d'école, jeune homme, dont l'âme est beaucoup plus belle que le corps. Fils d'un mendiant, il est repoussé avec dédain par les parents de Couronne, de bien minces seigneurs pourtant, de petits paysans qui visent à la bourgeoisie. Madame Riche maltraite sa fille, humilie le maître d'école ; mais elle s'efforce en vain d'éteindre un amour qui la révolte ; Couronne dépérit et se meurt de désespoir. A cette vue, la mère s'adouci,. l'amour maternel triomphe des préjugés, et Élias Seibel est agréé comme l'époux de l'aimable fille.
 
Ce sujet est traité avec tant d'amour et de passion, que l'auteur semble parfois plaider une cause personnelle et conter des aventures dont il a pu être le héros. L'ardeur des convictions philosphiques donne à cette dramatique histoire un intérêt soutenu et croissant jusqu'à la péripétie.
 
Chemin faisant, M. Weill nous offre de charmantes descriptions des lieux où viventc et agissent sespersonnages. Il nous peint les moeurs très peu connues des colonies juives de l'Alsace, leurs usages religieux, leurs fêtes héréditaires et leur position sociale au milieu des populations chrétiennes.

Ce roman ressemble parfois à un livre d'histoire, parfois à livre de polémique religieuse, mais toujours à une oeuvre grave et consciencieuse. Quand on a lu Couronne, on n'a pas seulement lu une anecdote, on s'est instruit ; l'esprit et le coeur ont gagné quelque chose. M. Weill pense et fait penser. Quel plus bel éloge ? »
    
ÉDOUARD FOURNIER (Patrie du 16 décembre 1857.)


Lettres familières d'Italie à quelques amis, de 1739 à 1740, par CH. DE BROSSES, avec une étude littéraire et des notes par HIPPOLYTE BABOU. (Seule édition sans suppressions.) 2 vol., 6 fr.

La nouvelle édition des Lettres familières du Président De Brosses se distingue de celles que le public a déjà critiquées, par une fidélité scrupuleuse. On s'est contenté de rectifier avec soin les erreurs provenant d'une mauvaise lecture ou de fautes d'impression ; mais on n'a jamais pris la liberté, comme l'ont fait d'autres éditeurs, de rajeunir le style de l'auteur en remplaçant de vieilles expressions par de faux synonimes, ni d'éliminer certaines plaisanteries sur Ancône, sur le Pape, etc., etc., inspirées à Charles De Brosses par le goût et l'esprit du XVIIIe siècle.
 
La Notice de M. Hippolyte Babou dit en termes clairs et précis tout ce qu'il y a à dire sur le caractère et la vie de l'auteur. Quant aux annotations, elles sont justifiées par la nécessité de signaler au passage, dans un écrit sur l'Italie qui date d'un siècle, les changements survenus dans les moeurs, les erreurs d'attribution en fait d'oeuvres d'art, les déplacements successifs qui ont fait passer certaines statues et certains tableaux, des Églises et des Palais d'Italie, dans les divers Musées de l'Europe et les cabinets d'amateurs. Ces indications forment un complément, nécessaire à une bonne édition du Président De Brosses. Elles avaient manqué jusqu'ici aux Lettres familières.

L'Édition nouvelle a reçu de la critique un excellent accueil, comme le témoignent les extraits suivants d'articles publiés dans la Revue des Deux Mondes, dans Le Charivari, dans La Patrie, etc.

« On sait quel est le charme de cette correspondance familière où l'Italie du XVIIIe siècle revit avec toutes ses grâces et toutes ses finesses, décrite par un grave président à mortier, par un laborieux philologue, qui, se transformant pour nous parler des fêtes dle Venise ou des monuments de Rome, devient tout à coup le plus aimable des causeurs... Dans une Etude littéraire qui accompagne les lettres du spirituel président, M. Babou a nettement dessiné cette curieuse physionomie, et rendu justice à l'homme qui a su parler de la société italienne non-seulement en artiste, mais en observateur aussi élevé que pénétrant .»

(Revue des Deux Mondes.)

« La nouvelle publication de la librairie Poulet-Malassis est due aux soins éclairés et délicats de M. Hippolyte Babou... C'est un livre exquis à tous égards. La Notice dont M. Hippolyte Babou l'a fait précéder est d'un tour excellent et tout-à-fait, dans le genre des meilleures qu'on ait écrites au XVIIIe siècle même, avec une sobriété et une modestie qui étaient aussi de ce temps-là ; peut-être seulement s'arrête-t-il un peu trop tôt, mais c'est pour laisser parler son auteur et nous n'avons pas alors le courage de lui en vouloir. Il y a tant de verve, de finesse, d'esprit dans tout ce qu'écrit De Brosses, et, sous tout cet esprit tant d'idées ! C'est Voltaire voyageant en Italie, s'exaltant pour les arts, et dans son enthousiasme se trompant parfois de plume, et prenant à la place de la sienne celle de Diderot. »
     
ÉDOUARD FOURNIER. (Patrie du 16 décembre 1857.)

« Les lettres du Président De Brosses reparaissent aujourd'hui sous leur vrai titre et sous leur vraie forme. Elles viennent décorer une collection très-élégante et très-variée (la collection Malassis) qui semble être un retour heureux vers les jours d'une librairie meilleure, moins mercantile.

« Le soin de la nouvelle édition a été confié à M. Hippolyte Babou, critique de beaucoup d'esprit et de savoir. M. Babou a mis en tête des lettres une Notice excellente dans laquelle il apprécie De Brosses on ne peut mieux, ce qui ne l'empêche pas de rendre hommage en passant à la mémoire de Voltaire qu'il venge en très-bons termes du pamphlet misérable intitulé : Ménage et finances de Voltaire. M. Babou a rectifié plusieurs détails des lettres à l'aide de Notes qui lui ont été suggérées par les hommes les plus compétents, entr'autres par notre ami Gleire, le peintre éminent qui aime et connait l'Italie comme personne. »

ARNOULD FRÉMY. (Charivari.)


Mémoires du duc de Lauzun, publiés pour la première fois, avec les passages supprimés et les noms propres, introduction et notes de LOUIS LACOUR, 1 vol., 4 fr.

L'auteur, enfant, reçut ses leçons de politesse sur les genoux de madame de Pompadour ; ces leçons occupent les premières lignes des Mémoires ; entre ces lignes et les dernières, consacrées aux nuances d'un sentiment honnête et contenu, plusieurs centaines de pages renferment les détails de l'existence la plus romanesque d'un gentilhomme de la cour des rois de Louis XV et Louis XVI.

Des guerres, des disgrâces ministérielles, des intrigues de cour, des fêtes, des voyages, des épisodes tantôt touchants, tantôt gais et comiques, viennent par intervalles remplir la scène et lui donnent du mouvement et de la variété. Lauzun a connu tout le monde, il a tout vu, tout entendu pendant les trente plus curieuses années du dernier siècle.

Homme à la mode, il offre aux jeunes gens, jusqu'à sa mort, un type de suprême élégance. Ses saillies, ses jugements deviennent immédiatement des mots d'ordre, des arrêts, qui volent de bouche en bouche, s'inscrivent sur tous les éventails, se chuchottent derrière tous les paravents. Prône-t-il l'Angleterre,. le lendemain toiut ce qui porte un nom est anglomane ! Il se prend d'une belle passion pour les chevaux, Paris veut un  New-Market. Qui en serait le roi, si ce n'est lui ? Ainsi s établissent en France, par ses soins, ces courses qui sont aujourd'hui l'unique spectacle vraiment populaire.

Homme du monde, son nom est resté celui du plus vif, du plus spirituel, du plus fécond, du plus disert des causeurs. Ses Mémoires sont sa conversation même.

Homme de cour, on sait qu'il charma jusqu'à la reine Marie-Antoinette.
 
Lauzun a négligé, ou plutôt n'a pas eu le temps, de nous initier aux derniers événements de sa vie. Il arrête ses aveux plus de dix années avant sa fin. M. Louis Lacour les complète dans une introduction qui est en même temps une intéressante étude littéraire et une oeuvre de justice. Après avoir raconté la vie de Lauzun en dehors de ce que celui-ci a confessé dans ses Mémoires, M. Louis Lacour a discuté et refuté les critiques menteurs et intéressés qui, sous la Restauration, ont tenté de ravir à Lauzun les Mémoires paru sons son nom. Les plus longs détails de cette étude préléminaire sont consacrés aux dernières années de Lauzun, héritier du nom de Biron. On a suivi l'orateur sur les bancs de l'Assemblée nationale, le général aux camps des armées du nord, du midi et de l'ouest, le captif, de la rue des Piques à la Conciergerie, et de la Conciergerie à l'échafaud où le poussa non pas la haine de ceux qu'il venait de servir, mais celle de ses anciens amis, qui ne pouvaient pardonner à un ci-devant de ne les avoir pas suivis et de combattre dans les rangs (du peuple et pour la cause de la Révolution.
    
Dans le cours du volume, des notes nombreuses et variées ne laissent pas un nom, une circonstance, un usage, une allusion, sans une interprétation détaillée, enfin l'index général des noms de personnes et de lieux, qui clôt le livre, le rend aussi commode qu'utile à consulter.

Ces Mémoires, reçus à leur apparition avec une sensation immense, étaient cependant défigurés.Un grand nombre de passages supprimés, d'autres tronqués, la plupart des noms ou omis ou grossièrement altérés, tel est l'ancien texte. Dans notre édition, collationnée sur trois manuscrits, on ne trouve pas un nom douteux, pas une ligne en blanc.


Sophie Arnould d'après sa correspondance, et ses écrits inédits, par ED. et J. DE GONCOURT, 1 vol., 2 fr.

« MM. de Goncourt ont raconté la vie de Sophie Arnould, en style étrange, mais sans emphase, sans faire de morale déplacée, et sans essayer une de ces réhabilitations ridicules, si à la mode aujourd'hui. Les lettres de Sophie Arnould, qu'ils publient pour la première fois, peignent bien au vif la reine des impures, telle qu'elle fut, et donnent presque de l'estime pour sa personne.
 
Ces lettres écrites, pour la plupart, dans un âge avancé, et adressées à un ancien ami, témoignent d'une personne spirituelle, cynique, qui sait ce qu'elle a été et ne s'en fait pas accroire sur son compte, qui accepte les conséquences de la vie qu'elle a menée et qui a presque du sens moral à force d'avoir du bon sens. »
            
(Revue des Deux-Mondes, 15 mai 1857.)


Les Païens innocents, nouvelles, par M. HIPPOLYTE BABOU, 1 vol., 3 fr.

LA GLORIETTE - LE CURÉ DE MINERVE - LE DERNIER FLAGELLANT - L'HERCULE CHRETIEN, JEAN DE L'OURS - HISTOIRE DE PIERRE AZAM - LA CHAMBRE DES BELLES SAINTES.

Le livre de M. Babou n'est pas de ceux qu'on petit analyser dans la rigueur du mot. Les récits ne sont point, charpentés comme des drames, ni combinés comme des romans-feuilletons, pour la surprise finale : l'intérêt y est juste autant dans l'art que dans l'action. Il compose à peu près comme ces peintres harmonistes qui peignent tout à la fois et dont les tableaux, à mesure que l'effet est plus serré et que les détails s'accusent davantage, semblent s'avancer de l'extrême horizon jusque sous les yeux du spectateur. Le pinceau se promène presque simultanément sur le ciel. sur les terrains et sur la verdure ; la lumière se répand ; les localités se précisent, les figures surgissent, et le drame marche avec le paysage.

M. Babou a enrichi la géographie littéraire ;  il a découvert un pays inconnu, charmant, un Midi tout nouveau, aussi différent de la classique Cannebière que de la poncive Gascogne et de ses landes maussades. A vingt lieues des Pyrenées, entre Narbonne et Toulouse, il nous montre une vallée calme et verte, cachant ses habitations sous des massifs d'oliviers, riante comme un parc et fertile comme le champ d'une ferme-modèle, et rebondissant, en coteaux onduleux, verdoyants, étagés, d'où pendent des villages babillards et que couronnent des châteaux mystérieux ; une population alerte, intelligente, sympathique, vive comme la Grèce et paresseuse comme la Sicile, caustique le jour et superstitieuse la nuit. Aubergistes rusés, meuniers naïfs, curés débonnaires, bourgeois goguenards et chansonniers, paysans laborieux et raisonneurs, jeunesse amoureuse et chimérique : tout cela s'agite et babille, les femmes aux puits, les hommes aux champs, en pleine lumière du soleil et dans l'air du plus beau ciel et du plus pur qui se puisse voir de Carpentras à Taïti. Le travail mème dans cet heureux pays a quelque chose d'une fète : vignerons et laboureurs s'en vont aux champs par troupes et en chantant ; et, tout en retournant leurs terres ou en fumant leurs vignes, ils trouvent le temps de faire une malice à leur curé, malice innocente, car pasteur et troupeau sont trop bons amis pour se garder rancune. La nuit tient, ce petit monde gazouilleur s'endort et ronfle comme un dortoir d'innocents. A peine entendez-vous sous le vent le trot d'un cavalier solitaire. Et alors ce sera quelque spéculateur madré, le même que vous aurez vu a midi fumant nonchalamment sur sa porte et, qui à cette heure s'en va faire dans l'ombre sa moisson d'écus ; ou bien encore le Drac, le Trilby du Midi, chevauchant sur le bidet du meunier pour aller souffler des rêves aux filles ou lever ses droits sur les fournils.

Celte vallée, c'est la vallée de Diane ; ce pays qui donne envie de vivre et que l'on rêve comme un Eden de repos, de paresse et d'insouciance, c'est le Minervois.,...

.... Quant à la valeur de M. Babou comme écrivain, le lieu où je parle (La Revue Française) est plein d'échos qui répondront pour moi que c'est un conteur charmant. Un écrivain de race, un Nodier redivirus, chez qui l'instinct lucide du critique et l'érudition d'un littérateur consommé n'ont rien tué des grâces et de la verve du poète.

CHARLES ASSELINEAU.


Vient de paraître

Essais sur l'époque actuelle. - Libres opinions morales et historiques, par EMILE MONTÉGUT, 1 vol., 3fr.

DU GÉNIE FRANÇAIS - LA RENAISSANCE ET LA RÉFORMATION - DES CONTROVERSES SUR LE XVIIIe SIÈCLE - DE LA TOUTE-PUISSANCE DE L'INDUSTRIE - DE L'INDIVIDUALITÉ HUMAINE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE - DE L'IDÉE DE MONARCHIE UNIVERSELLE - DE L'HOMME ÉCLAIRÉ. - DE L'ITALIE ET DU PIÉMONT - FRAGMENT SUR LE GÉNIE ITALIEN - WERTHER - HAMLET - CONFIDENCES D'UN HYPOCONDRIAQUE.

Pour paraître dans le courant de l'année 1858 .

CH. ASSELINEAU : La double vie, nouvelles, 1 Vol. - CH. BAUDELAIRE : Curiosités esthétiques, 1 vol.- MAXIME DUCAMP : En Hollande, lettres à un ami, suivies des catalogues des musées de Rotterdam, La Haye et Amsterdam, l vol.- CERVANTES: Nouvelles, traduites par Pierre Hessein et Filleau de Saint-Martin, nouvelle édition entièrement revue et corrigée, comprenant la nouvelle du Licencié Vidiera, traduite pour la première fois par Charles Romey. - LE CONTE DE LISLE : Poésies complètes (Poèmes antiques ; Poèmes et Poésies ; ouvrrages couronnés par l'Académie française ; Poésies nouvelles), 1 vol. - LE MARQUIS D'ARGENS : Mémoires, 1 vol. - LA GRANGE-CHANCEL : Les Philippiques, réimprimées sur l'exemplaire manuscrit du Régent, précédées de Mémoires pour servir à l'histoire de La Grange-Chancel et de sontemps, en partie écrits par lui-même, notes historiques et littéraires de M. de Lescure ; etc., etc.


LIVRES DE DIVERS FORMATS

La défection de Marmont en 1814, ouvrage suivi d'un grand nombre de documents inédits ou peu connus, d'un précis des jugements de Napoléon 1er sur le maréchal Marmont, d'une notice bibliographique avec extraits de tous les ouvrages publiés sur le même sujet, par RAPETTI, 1 vol. in-8°.  6 fr.

Ce livre a été honoré de la souscription de M. le Ministre d'État et de la maison de l'Empereur pour les bibliothèques de la Couronne.

« M. Rapetti a voulu que l'histoire en eût le coeur net sur Marmont. Il s'est dévoué à cela. Critique sagace et parole comptée quand il s'agit de l'appréciation des livres et des hommes, M. Rapetti, qui réunit la capacité étendue et diverse de l'historien au sens incessamment aiguisé du jurisconsulte, a été plus frappé que personne du caractère qu'offrent, ces mémoires de Raguse où l'inconsistance essaie d'être retorse et réussit à se montrer telle, et où les machiavélisme et les sophismes de la défense brouillent la faute pour la couvrir. Aux yeux de M. Rapetti, il y avait quelque chose de plus important ici que l'examen d'un livre, si approfondi d'ailleurs qu'il pût être, il y avait une justice à accomplir, et cette justice, elle est sortie de son intention. Il l'a faite. Consciencieux, travaillé, fouillé, positif comme une instruction criminelle, son livre nous paraît d'un péremptoire affreux pour l'honneur de Marmont, et nous croyons qu'après l'avoir lu, personne, ne reprendra pour la plaider à nouveau la cause du coupable défectionnaire d'Essonne, malgré la manie des circonstances atténuantes dont les sociétés sans force soutiennent leur faiblesse, et qui pour le moment s'introduisent partout, même en l'histoire.

Lorsque l'ennemi était à Paris et que la déchéance de l'Empereur avait été prononcée parun sénat rebelle, lorsque Napoléon n'avait pour toute ressource que son génie plus grand dans l'infortune, comme unc torche qui jette plus de feu quand une fois elle est renversée, et aussi l'idée terrifiante pour les étrangers que l'armée était toujours fidéle. Marmont qui commandait l'avant-garde la livra sans consulter personne et traita nuitamment avec Schwartzenberg.

Or, voilà ce qu'a dit M. Rapettii avec un impitoyable détail et une conclusion plus impitoyable encore.

L'ouvrage deM. Rapetti n'est pas uniquement un chef-d'oeuvre de discussion, de renseignement, de vue morale. Malgré une absence de composition que le sujet litigieux choisi par l'auteur explique et suffisamment justifie, c'est aussi une histoire où le sens politique se révèle autant que le sens moral et monte aussi haut. »

J. BARBEY D'AUREVILLY. (Le Pays, 16 mars 1858.)

« Il est de notre devoir de déclarer, en terminant, que ce livre de la Défection de Marmont en 1814 contient une étude complète du sujet. Nous constatons chez M. Rapetti un véritable talent d'historien : son style est, simple, pur et attachant ; il expose les faits avec une rare lucidité.

En écrivain sérieux. M. Rapetti a surtout laissé la parole aux pièces officielles, et son appendice n'est pas la partie la moins intéressante. de son livre. Une préface, qui a elle seule vaut tout un ouvrage, et une table préparée avec soin complètent ce volume, l'un des plus attachants qu'il nous ait été donné de lire. Nous y avons remarqué surtout une hauteur morale tout à fait supérieure aux étroites préventions de l'esprit de parti. Ce sont là des titres réels à l'intérêt, et les amis du beau langage n'attendaient pas moins de M. Rapetti, qui vient de leur donner, ce que le public est en droit d'exiger d'un esprit élevé, un bon livre, noblement pensé, purement écrit et en excellent français, chose rare dans tous les temps, mais surtout au notre.

CHAROLAIS. (Presse du 12 mars 1858.)

« Ce qui distingue surtout cette publication, c'est l'abondance des informations. L'auteur a consulté les ouvrages historiques, les mémoires du temps déjà publiés, les dépôts des archives, les bibliothèques particulières. et l'on doit à ses recherches la publication de diverses poésies ou lettres inédites parmi lesquelles on peut signaler les suivantes :

Une nouvelle relation de ce qui s'est passé aux Tuileries, du 28 au 29 mars 1814, lors du départ de Paris de l'impératrice régente et du roi de Rome ;

Une relation par un témoin oculaire, le général baron Pelet, es impressions de l armée à cette célébration allocution de l'Empereur : Soldats, l'ennemi nous a dérobé trois marches... ;

Une enquête par les généraux Gourgaud et Fabvier, sur les faits relatifs à la défection d'Essonne ;

Une lettre du duc de Wellington sur les circonstances politiques de 1815, pendant les Cent-Jours ;

Les Mémoires de Marmont ont désormais en cet ouvrage, pour l'époque de 1815, leur contrôle redoutable.

(Bulletin international, du 1er avril 1858.)


Odes funambulesques (par THÉODORE DE BANVILLE), avec une eau-forte de Bracquemond, d'après un dessin de Voillemot, initiales et fleurons imprimés en rouge. 1 vol. in-8°.,  5 fr.

Il ne reste plus que quelques exemplaires de ce livre qui ne sera pas réimprimé dans les mêmes combinaisons typographiques.
 
« Commençons par le livre matériel avant d'aborder l'oeuvre poétique. Lorsque presque toutes les industries abaissées frelatent ce qu'elles vendent, voici un petit volumes qui mérite d'arrêter le regard qu'il attire, car il a un air que depuis longtemps les livres n'ont plus. Distingué, charmant, d'un goût typographique à la fois audacieux et sûr, ce petit volume justifie l'écusson placé en tête du frontispice avec son fabuleux dauphin et son aristocratique devise Non hic piscis omnium. « Ce n'est pas là le poisson de tous ! » Avec ce volume MM. Poulet-Malassis et De Broise ont prouvé que la notion des livres bien faits existait encore dans certains esprits, malgré le train et l'effacé du siècle, et que l'éditeur, après l'écrivain, après le poète, pouvait être un habile artiste à son tour. »

BARBEY D'AUREVILLY. (Pays du 21 mars 1857.)

« Le titre a de quoi inquiéter les esprits délicats. L'alliance est singulière entre Pindare et Debureau. Je ne puis pas me le dissimuler. J'ai senti moi-même un peu d'hésitation en écrivant l'épithète malsonnante, et en laissant le mot imprudemment découvert au point le plus apparent de ma phrase. Tel qu'il se présente, il explique assez vivement les choses. Imaginez une fantaisie de carnaval, puisque le carnaval souffre et permet tout. Le poète, un vrai poète, un poète enthousiaste et charmant est passé ce soir-làt par le théâtre des Folies-Nouvelles. Le lieu lui fait accueil. Il en est l'hôte bienvenu. Pierrot lui prête pour se travestir, un beau costume neuf, son serre-tête noir le mieux ajusté et ses plus fines pantoufles blanches. Voici le poète en habit de masque. Je suis Pierrot ! dit-il à son tour. Quel Pierrot ? Pierrot le funambule! S'il lui plaît de s'en vanter, ne le croyez pas. Le Pierrot de la comédie italienne, à la bonne heure ! ou Pierrot-Apollon, ainsi que Bracquemond l'a dessiné, assis sur un monticule, qui se donne des airs de Parnasse, le violon à l'épaule, l'archet sur le violon, faisant sauter en cadence tout un choeur de petits Faunes dansants, de Cupidon mêlés aux enfants capripèdes.

Et que joue le violon de Pierrot-Délien ? Toutes sortes d'airs railleurs et compliqués, ironiques et savants, de mélodies touchantes, interrompues et agacées par des taquineries bizarres. Odes funambulesques, le titre dirait tout, s'il ne disait pas trop et s'il ne tenait pas à appuyer sur ce qui est la moindre part du volume. Odes, soit, car celui qui l'a écrit est un lyrique. Rondeaux et triolets, parodies et ballades, tout y est plein du souffle qui rend les strophes harmonieuses. Le poète se calomnie lui-même avec son titre. Il a l'air de ne compter que ses stances bouffonnes, et il oublie les cinq satires qu'il publiait dans La Silhouette, en 1845-1846, sous le titre d'Evohé, Némésis intérimaire.

C'est là que l'on sent, non pas plus, mais pluss aisément qu'ailleurs, la main ferme, le procédé hardi, le rythme large et sans indécision de Théodore de Banville. Il y prend tous les tons à son gré. Il explique lui-même quelle est sa muse et par quels jeux elle s'est élevée à la satire. »

ÉDOUARD THIERRY. (Moniteur du 27 avril 1857.)


Paris et le nouveau Louvre, ode, par THÉODORE DE BANVILLE, in-8°., 50 c.

Même format et même typographie que les Odes funambulesques.


La Lorgnette littéraire, dictionnaire des grands et des petits auteurs de mon temps, par CH. MONSELET, 1 vol. in-16., 2 fr. 50 c.

Nous croyons inutile de reproduire ici des fragments de comptes-rendus de ce livre, un des grands succès d'esprit de ce temps, on le sait. Charles MONSELET, c'est Rivarol en 1858, remplaçant l'impertinence de parti-pris de l'écrivain grand seigneur, par la décision d'un critique doublé d'un poète et d'un romancier.


Du Génie français, par EMILE MONTÉGUT, 1 vol. in-16., 1 fr.

« M. Émile Montégut est un jeune écrivain pénétrant, nerveux, pourvu d'élévation et d'éloquence, mais malgré une indépendance de pensée que je me plais à reconnaître, il n'a pu se débarrasser complètement de certaines opinions reçues, et à côté des nobles élans et d'aperçus nouveaux, il tombe plus d'une fois dans la routine. Aussi M. Montégut conseille à tous les gouvernements de se méfier des réveils de l'esprit français ; il nous apprend que ces réveils sont plus fréquents que par le passé, et il ajoute, avec une pointe d'ironie, que la force de l'habitude, qui fit la longue sécurité des pouvoirs monarchiques, s'est beaucoup usée depuis soixante ans. Tout cela a été fort vrai, mais a cessé de l'être....
 
En somme le livre de M. Montégut est remarquable par le style, la verve, l'élévation, et ce serait une oeuvre tout-à-faith ors ligne, si l'auteur avait creusé plus son sujet. »

PAULIN LIMAYRAC. (Constitutionnel du 11 octobre 1857.)


Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, d'après ses papiers et sa correspondance, par HENRY DE LA MADELÈNE, 1 vol. in-12., 2 fr.

M. L. Ratisbonne termine ainsi le second des deux articles qu'il a consacré dans le Journal des Débats, à ce jeune homme héroïque qu'on a pu appeler un Fernand Cortès tuéau début.

« En achevant cet article, nous sommes pris d'un regret. Nous avons un peu desséché, en l'abrégeant, l'émouvante et dramatique monographie dont M. Henri de La Madelène est l'auteur, et dont le comte Raousset de Boulbon est le héros. Contraint, pour ne pas dépasser les limites d'un article de journal, d'être plus court que M. de la Madelène, nous avons la chance de paraître plus long. Nous n'avons pu que raconter les principaux éléments de la vie si accidentée et si bigarrée du comte, nous avons dû supprimer le détail, et c'est le détail justement qui accentue une physionomie, qui fait qu'on s'intéresse à un caractère. Droiture, courage, énergie obstinée, indomptable, toute les qualités brillantes et fortes, M. de Raousset les avait ; homme d'imagination et de passion, il était capable pourtant de sang-froid, il avait le don du commandement et le coup d'oeil politique uni à l'esprit d'aventure. Pour s'en convaincre, il faut le voir de plus près que nous n'avons pu le montrer, aux prises avec les mille traverses de sa destiné, et dépouiller entièrement sa correspondance recueillie par M. de La Madelène, et qui n'a été ici qu'entr'ouverte.

Nous n'avons pas la prétention de faire du comte de Raousset un héros parfait, un exemple de vertu. Le comte lui-m^rme a marqué la limite ou il faut s'arrêter, je ne dis pas dans la sympathie, mais dans l'admiration. « Il est, dit-il, des natures exceptionnelles que leurs qualités et leursdéfauts entraînent dans des voies étranges. Il ne faut les juger qu'avec une grande modération.

Si l'on suit M. de Raousset-Boulbon avec sympathie jusqu au bout dans ses projets, il faut le dire. c'est que ce n'est pas sur un filon d'or, mais sur un filon de gloire qu'il s'acharne. Ce n'est pas pour les mines d'Arizona que M. de Raousset a couru à la mort, qu'il a refusé de s'y soustraire et l'a acceptée héroïquement après le naufrage de ses espérances. L'or, tout puissant qu il est, ne fait pas de martyrs : on ne meurtt pas par intérèt. Il y a des voyageurs qui rêvent d'envoyer pour fruit de leurs expéditions lointaines un produit rare, un animal curieux qui figure à Paris, avec le nom du donateur, au Jardin des Plantes ou au Musée. M. de Raousset, au prix de sa vie, rêvait d'offrir à la France un empire. Existence dévoyée et hasardeuse, âme inquiéte que le besoin d'activité dévorait, que le repos fatiguait, et à qui il était plus facile de donner un but extraordinaire qu'un but raisonnable à sa vie. Rien en lui d'étroit, de mesquin, de vulgaire ; c'est par là qu'il intéresse. Sa mort lui fait une auréole. Une enquête officielle a été ouverte sur les derniers événement de Guaymas ou périt M. de Boulbon. Quelle qu'en soit l'issue, on aura de la peine à trouver que les balles mexicaines ont bien fait de frapper ce noble coeur, et quelles ont eu raison de tarir, dans tout l'éclat de la force et de la jeunesse, ce beau sang chevaleresque égaré dans les veines d'un homme d'aujourd'hui. »

LOUIS RATISBONNE. (Débats du 1er novembre 1858.)


VIENT DE PARAITRE.

Philosophie du salon de 1857, par CASTAGNARY, 1 vol.in-8° sur papier vergé. 2 fr.


EN PRÉPARATION.

Emaux et Camées, par THEOPHILE GAUTIER, 2e édition augmentée, avec fleurons imprimés en noir et en rouge, et une eau-forte en-tête de E. Therond.

FURETIÈRE : Recueil des Factums du procès entre M. l'abbé Furetière, l'un des Quarante de l' Académie françoise, et quelques-uns des autres Membres de l'Académie, avec une introduction et des notes, par CH. ASSELINEAU. 1 vol. in-18 sur papier vergé.


PUBLICATIONS A PETIT NOMBRE.

Histoire du Sonnet pour servir à l'histoire de la Poésie française, par CH. ASSELINEAU, 2e édition, in-8°., 3 fr.

Tiré à 150 exemplaires sur papier vergé.


Jean de Schelandre, poète verdunois (1585-1635) étude littéraire suivie de la réimpression des Gayetés, d'après le seul exemplaire connu, par CHARLES ASSELINEAU, 2e édition in-8°., 3 fr. 50

Tiré à 120 exemplaires sur papier vergé.


Les Mémoires de Mme de la Guette, par HYPPOLITE BABOU, in-8°., 1 fr.

Tiré à 50 exemplaires sur papier vergé.- Cette spirituelle appréciation est imprimée même format et même papier que l'édition des Mémoires de Mme de la Guette, publiée dans la bibliothèque Elzeveriene de P. JANNET.


La vérité sur le cas de M. Champfleury, par H. BABOU, in-18., 30 c.

La carte à payer d'une dragonnade normande, en 1685, par LOUIS LACOUR, in-8°., 1 fr. 50 c.

Tiré à 100 exemplaires papier vergé.


Antoine Lemaître, par RAPETTI, ancien professeur suppléant au Collège de France, in-8°., 1 fr. 50 c.

Tiré à 200 exemplaires papier vergé.


Rimes loyales, par JOSEPH BOULMIER, in-18., 2 fr.

Intermezzo, poème de Henri Heine, traduit en vers français par PAUL RISTELHUBER, in-18., 2 fr.

Monographies marseillaises.- La Major, cathédrale de Marseille, par CASIMIR BOUSQUET, in-8°, avec planches, 8 fr.


PUBLICATIONS SUR LA BASSE-NORMANDIE.

Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses Seigneurs, par ODOLANT DESNOS, 2e édition publiée d'après les corrections et les additions manuscrites de l'auteur et annotée par M. LÉON DE LA SICOTIÈRE, suivie d'une bibliograpbie alençonnaise, de la Recherche de la noblesse de la généralité d'Alençon et d'autres pièces justificatives, 3 vol. in-8° de chacun 500 p.

Cette réimpression des Mémoires historiques sur Alençon, d'Odolant-Desnos, tirée à 410 exemplaires (350 sur papier vélin, 60 sur papier vergé) ; sera publiée en 6 livraisons de15 à 18 feuilles chacune ; le prix de chaque livraison, sur vélin est de 4 fr. et de 8 fr. sur papier vergé ; la première est en vente.



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