Paris ou le Livre des Cent-et-Un (1831-1834) : Avis au lecteur, Tome premier (1831).
Saisie du texte et relecture: S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (27.X.2003)
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AU PUBLIC, LE LIBRAIRE-ÉDITEUR.

C’EST surtout quand l'ouvrage qu'il annonce au public est pour lui un gage d'estime et d'amitié que lui donnent les auteurs, qu'un libraire a tout à gagner à leur laisser faire son Prospectus : voici comment a parlé du Diable boiteux (1) un journal qui, sous une forme légère, a le privilège de dicter, en matière littéraire, des arrêts presque toujours confirmés par le goût :

« Le plan de ce livre est très-simple. Il faut passer en revue le Paris moderne ; il faut le montrer tel qu'il est, incertain, fantasque, colère, impatient, pauvre, ennuyé, encore avide d'art et d'émotions, mais difficile à émouvoir, absurde souvent, quelquefois sublime ; il faut faire pour le Paris d'aujourd'hui ce que Mercier a fait pour le Paris de son temps, avec cette différence que cette fois les tableaux de moeurs seront rarement écrits sur la borne.

« D'ailleurs, Paris est moins populace, moins cabaret, moins grosse joie, moins littérature morte qu'au temps de Mercier. Paris aujourd'hui se parfume volontiers d'ambre, de musc ; sa barbe est faite avec soin, ses cheveux sont frisés, ses ongles sont faits avec art. Il faudra pour le peindre une autre plume que celle de Mercier.

« Quel écrivain pourrait suffire à ce Paris multiplié et tricolore ? qui suffirait à ces petites grâces, à ces vives colères, à ces passions fougueuses ? passions de vieillards, passions de jeunes hommes, passions de femmes, passions de héros. Paris tremble, Paris menace, Paris crie aux armes, Paris veut aller à la frontière, Paris veut rester en repos, Paris éclate de rire, Paris pleure et sanglote, Paris juste milieu, Paris extrême gauche, Paris extrême droite ; quel écrivain voudrait se charger de ce monstre !

« Eh bien ! donc, renoncez à l'unité pour une peinture multiple, appelez à votre secours toutes les imaginations contemporaines avec leurs coloris si divers : vive ou lente, joyeuse ou triste, bonne ou moqueuse, sceptique ou croyante, quelle que soit l'imagination de nos faiseurs, elle aura sa place dans ce livre, elle prendra un instant le manteau d'Asmodée, et elle ira partout, la pauvre fille, partout où peut aller un homme qui n'a peur de rien : à l'Opéra, à l'hôpital, au Palais-Royal, à Bicêtre, à la chambre des pairs et à la Maternité ; dans le couvent qui tombe, dans le boudoir qui se dépouille de ses tentures roses, chez l'artiste qui vend son violon pour payer son dernier dîner ; elle ira partout où il y a quelque chose qui meurt, pour porter secours à ce quelque chose, ou du moins pour pleurer sur ce pauvre rien qui s'en va. Laissez-la faire, l'imagination française ; elle secouera la poussière brillante de ses ailes sur toutes ces ruines, elle leur rendra pour vous leur fraîcheur primitive, elle vous fera pleurer ou sourire. Vous aurez mieux que le Diable boiteux de Lesage, croyez-moi.

« Vous aurez le Diable boiteux de tous les hommes qui écrivent, qui pensent, qui mordent, qui louent, qui observent, qui font de la prose ou des vers. Pas un nom ne manquera à cette réunion de tous les noms contemporains. Jeune ou vieux, classique ou romantique, pauvre ou riche, pourvu qu'il y ait esprit et observation, car il y aura bonne grâce à coup sur.

« A coup sûr aussi ce sera un livre bien fait, car il y aura lutte entre ces hommes réunis dans un si noble but, chacun s'efforçant de donner ce qu'il a de meilleur.

A côté de cet article qui expose déjà l'idée mère et la première partie du plan de ce grand ouvrage, nous citerons un organe plus grave, le Journal des Débats, qui fait loi en pareille matière.

« On ne redoutera pas, dans cette confluence « d'écrits partis de tant de mains, le choc orageux des opinions hostiles. Chaque opinion s'y révélera sans doute, car l'opinion est une des expressions ineffaçables d'un caractère d'homme ; elle descendra nue dans l'arène, mais elle y descendra désarmée. Plus de cent auteurs qui s'entendent pour jeter leurs pensées côte à côte dans le même livre, du fond de leur cabinet, se garderaient bien de violer entre eux les bienséances que l'élégance et le bon goût de notre caractère français prescrivent dans les discussions les plus animées. Il y aura beaucoup de noms propres dans l'histoire du Paris moderne, par la raison toute naturelle que Paris est plein de noms propres ; mais la personnalité, vive et plaisante quand elle pourra, n'y sera jamais offensante. Les auteurs n'en sont pas à savoir d'ailleurs que la saillie mordante qui égaie une soirée, ou l'expansion fougueuse qui remue une semaine, perdent l'une son sel et l'autre son entraînement, quand elles se prolongent au-delà de l'impression passagère qui les a produites ; et leurs signatures feront assez foi que les collaborateurs de ce drame à cent actes divers n'écrivent pas pour quelques jours.

« Voici donc un livre neuf, s'il en fut jamais ; neuf par la matière, neuf par la forme, neuf par le procédé de la composition qui en fait une espèce d'encyclopédie des idées contemporaines, le monument d'une jeune et brillante époque, l'album d'une littérature ingénieuse et puissante. Cette combinaison a trouvé du premier abord tant de sympathies dans les écrivains et dans les lecteurs, qu'elle a été signalée avec bienveillance dans la plupart des journaux, long-temps avant d'être suffisamment élaborée, et son titre même n'était pas fixé, que chacun l'inventait déjà.

« Il ne nous reste qu'à parler de ce qui est « personnel à l'éditeur M. Ladvocat, dans les circonstances qui ont donné naissance à cet ouvrage. Un dévouement consciencieux, et quinze ans consacrés aux devoirs de sa profession, ne l'auraient conduit qu'à sa ruine, si on le laissait succomber à la crise commerciale contre laquelle il lutte avec courage depuis long-temps ; mais il en retirait un fruit qui peut être estimé à plus haut prix que la fortune, il avait du moins le bonheur d'acquérir dans sa carrière, comme libraire et comme éditeur, d'illustres patronages et d'honorables amitiés. Le manuscrit sur lequel se fonde maintenant l'avenir de son établissement, est le tribut spontané de l'intérêt que les écrivains les plus distingués de nos jours portent d'un accord unanime à une maison qui a été pour quelques-uns d'entre eux le point de départ du talent, et le berceau de la gloire.

« Il est touchant, suivant nous, de voir les veilles de l'homme de lettres concourir avec un zèle infatigable à cette oeuvre de réparation ; et le public, toujours si favorable aux entreprises de M. Ladvocat, qui lui ont procuré tant de nobles jouissances, ne peut pas être insensible à un appel qui lui en promet de nouvelles, plus vives encore et plus appropriées aux émotions du moment, quand il s'y joint l'attrait d'une action généreuse. Nous sommes sûrs d'avance que le gouvernement éclairé d'une nation éclairée suivra de lui-même une impulsion qui lui est si naturelle. Rien ne caractérise avec plus d'éclat la régénération des peuples que la sympathie du pouvoir pour les arts, les lettres et le commerce, dont ils reçoivent leur principale splendeur. »

Dans l'impossibilité où se trouve l'éditeur de témoigner sa reconnaissance à la littérature contemporaine pour la bienveillance toute paternelle qu'elle lui a prodiguée, il se borne à imprimer l'engagement et la liste des hommes de lettres qui sont venus à son aide avec tant de zèle et de chaleur ; il conserve cette liste chargée de leurs noms, comme on conserverait des lettres de noblesse acquises sur le champ d'honneur.

« Les soussignés, voulant donner à M. LADVOCAT, libraire, un témoignage de l'intérêt qu'il leur inspire, dans les circonstances fâcheuses où il se trouve, par toutes les pertes qu'il a éprouvées depuis un an, ont résolu de venir à son secours en s'engageant à lui donner chacun au moins deux chapitres qui devront composer un ouvrage intitulé : le Diable Boiteux à Paris, ou Paris et les Moeurs comme elles sont. Ils invitent tous les hommes de lettres qui n'étaient pas présents à leur réunion, à venir se joindre à eux pour secourir un libraire qui a si puissamment contribué à donner de la valeur aux productions de l'esprit, et à consacrer l'indépendance de la profession d'homme de lettres. »

MESSIEURS, ANGELOT.
ANDRIEUX, de l'Académie française.
ARAGO (Étienne).
ARNAULT (A. V.), de l'Académie française.
AVENEL.
BALLANCHE.
BALZAC.
BARTHELÉMY et MÉRY.
BAZIN (A.).
BEQUET (Étienne).
BÉRANGER.
BERT.
BERTHOUD (Henry).
BIGNAN (A.).
BILLIARD (Auguste).
BIZET.
BODIN (Félix).
BONJOUR (Casimir).
BOUILLY.
Madame la Comtesse DE BRADY.
BRIFAUT, de l'Académie française.
BRUKER.
BURETTE (Théodore).
CAPEFIGUE.
CARREL.
CASTIL-BLAZE.
CAUCHOIS-LEMAIRE.
CAVÉ.
CHALA5 (Prosper).
CHALES (Philarète).
CHARPENTIER.
Le Vicomte de CHATEAUBRIAND, de l'Académie française.
CHATELAIN.
COMTE (Achille).
CORDELIER DELANOUE.
COUSIN, de l'Académie française.
Le Baron CUVIER, de l'Académie des Sciences et de l'Académie française.
Madame la Duchesse D'ABRANTÈS.
D'ANGLEMONT.
DAVID (Paul).
Madame DE BAUR.
DE JOUFFROY.
DE JUSSIEU (A.), de l'Académie des Sciences.
DE JUSSIEU (Alexis).
DE JUSSIEU (Laurent).
DE KOCK (PAUL).
Le Comte DE LABORDE (Alexandre), de l'Académie des Sciences.
DELACROIX (EUGÈNE), peintre d'Histoire.
DELACROIX (JULES).
DELAMARTINE(Alphonse), de l'Académie française.
DELATOUCHE.
DELAVIGNE (Casimir), de l'Académie française.
DELAVIGNE (Germain).
DE LA VILLE (Alexandre).
DELRIEU (A).
DE MONGLAVE (Eugène). Madame DE MONGLAVE (Octavie).
D'ÉPAGNY.
DE PIXÉRÉCOURT (Guilbert).
DE PONGERVILLE, de l'Académie française.
DE RÉMUSAT (Charles).
DE SACY fils (Silvestre).
Le Comte DE SAINT-PRIEST (Alexis).
DE SALVANDY.
Madame DESBORDES-VALMORE (Marceline).
DESCHAMPS (Antoni).
DESCHAMPS (Émile).
DESNOYERS (Louis).
DESPRÈS (Ernest).
Le Comte DE VIGNY (Alfred).
DE VILLEMAREST.
DE WAILLY (Alfred).
DONNÉ.
DROUINEAU.
DROZ, de l'Académie française.
DUCANGE (VICTOR).
Madame DUCREST (Georgette).
DULAC.
DUMAS (Alexandre).
DULAURE.
DUPATY (Emmanuel).
DUPEUTY (Charles).
Le Baron DUPIN (Carles), de l'Académie des Sciences.
DUVAL.(Alexandre), de l'Académie française.
DUVAL (Amaury), de l'Académie des Inscriptions.
DUVIQUET.
ÉTIENNE, de l'Académie française.
FAZY (James).
FOUINET (Ernest).
Madame GAY.
GEOFFROY SAINT-HILAIRE, de l'Académie des Sciences.
Madame ÉMILE DE GIRARDIN (Delphine GAY).
GOZLAN.
GUIZOT.
HALEVY (Léon).
HUGO (Victor).
JACOB (le Bibliophile).
JAL.
JANIN (Jules).
JAY.
JOUY, de l'Académie française.
KÉRATRY.
LACROIX (Jules).
LAMARQUE (NESTOR).
LAYA, de l'Académie française.
LEBRUN, de l'Académie Française.
LHÉRITIER, de l'Ain.
LEMERCIER (Népomucène), de l'Académie française.
LENORMAND (Charles).
LEROY (Onésime).
LESGUILLON.
LIADIÈRE.
LOEVE-VEIMAR.
MAGENDIE, de l'Académie des Sciences.
MALITOURNE (Armand).
MARRAST (Armand).
MARTIN (Louis-Aimé).
MASSEY (Isidore).
MAZÈRES.
Mademoiselle MERCOEUR (Élisa).
MERLE.
MERVILLE.
MICHAUD, de l'Académie française.
MIGNET.
MONNIER (Henry).
MOREAU.
NISARD.
NODIER (Charles).
PARISOT.
PEYSSON (Joseph).
PICHOT (Amédée).
PIGAULT-LEBRUN.
PILLET (Léon).
POUQUEVILLE, de l'Académie des Inscriptions.
PYAT (Félix).
QUINET (Edgar).
E. ROCH.
ROLLE.
ROQUEPLAN (Nestor).
ROYER (Alphonse).
ROYER-COLLARD (H.).
SAINTE-BEUVE.
SAINTINE.
SAINT-MARC-GIRARDIN.
SCHEFFER , peintre d'histoire.
SCRIBE (Eugène).
SOULIÉ (Frédéric).
SOULIÉ (J. B.).
SOUMET, de l'Académie française.
SUE (Eugène).
Madame TASTU.
Le Baron TAYLOR.
Madame DE TERCY.
THIERS.
TISSOT, professeur au Collège de France.
VIDAL (Léon).
VIENNET, de l'Académie française.
VILLEMAIN, de l'Académie française.
VITET (L.).
YMBERT.


(1) Ce livre fut précédemment annoncé sous le titre du Diable Boiteux à Paris, les auteurs ont décidé qu'il n'aurait d'autre titre que celui de PARIS OU LE LIVRE DES CENT-ET-UN.


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