Charles Baudelaire


Charles BAUDELAIRE, écrivain et poète français né à Paris le 9 avril 1821, décédé en cette même ville le 31 août 1867.
Oeuvres principales : Les Fleurs du mal (1857), Curiosités esthétiques (1868), l'Art romantique (1869). 
Les textes présentés sur cette page ont d'abord paru dans différentes revues et journaux : Le Monde littéraire, Le Corsaire-satan, L'Artiste, L'Esprit public, La Semaine théâtrale avant d'être repris en volume.

Morale du joujou (1853) : "Il y a bien des années, - combien ? je n'en sais rien ; cela remonte aux temps nébuleux de la première enfance, - je fus emmené par ma mère, en visite chez une dame Panckoucke. Était-ce la mère, la femme, la belle-soeur du Panckoucke actuel ? Je l'ignore. Je me souviens que c'était dans un hôtel très calme, un de ces hôtels où l'herbe verdit les coins de la cour, dans une rue silencieuse, la rue des Poitevins. Cette maison passait pour très hospitalière, et à de certains jours elle devenait lumineuse et bruyante..."

Comment on paie ses dettes quand on a du génie (1845): "L'anecdote suivante m'a été contée avec prières de n'en parler à personne : c'est pour cela que je veux la raconter à tout le monde.... Il était triste, à en juger par ses sourcils froncés, sa large bouche moins distendue et moins lippue qu'à l'ordinaire, et la manière entrecoupée de brusques pauses dont il arpentait le double passage de l'Opéra. Il était triste..."

Madame Bovary par Gustave Flaubert (1857) : "En matière de critique, la situation de l'écrivain qui vient après tout le monde, de l'écrivain retardataire, comporte des avantages que n'avait pas l'écrivain prophète, celui qui annonce le succès, qui le commande, pour ainsi dire, avec l'autorité de l'audace et du dévouement..."

Conseils aux jeunes littérateurs (1846) : "Les préceptes qu'on va lire sont le fruit de l'expérience ; l'expérience implique une certaine somme de bévues ; chacun les ayant commises, - toutes ou peu s'en faut, - j'espère que mon expérience sera vérifiée par celle de chacun..."

Les Drames et les romans honnêtes (1857) : "Depuis quelque temps, une grande fureur d'honnêteté s'est emparée du théâtre et aussi du roman. Les débordements puérils de l'école dite romantique ont soulevé une réaction que l'on peut accuser d'une coupable maladresse, malgré les pures intentions dont elle paraît animée. Certes, c'est une grande chose que la vertu, et aucun écrivain, jusqu'à présent, à moins d'être fou, ne s'est avisé de soutenir que les créations de l'art devaient contrecarrer les grandes lois morales. La question est donc de savoir si les écrivains dits vertueux s'y prennent bien pour faire aimer et respecter la vertu, si la vertu est satisfaite de la manière dont elle est servie..."

L'Ecole païenne (1853): "Il s'est passé dans l'année qui vient de s'écouler un fait considérable. Je ne dis pas qu'il soit le plus important, mais il est l'un des plus importants, ou plutôt l'un des plus symptomatiques. Dans un banquet commémoratif de la révolution de Février, un toast a été porté au dieu Pan, oui, au dieu Pan, par un de ces jeunes gens qu'on peut qualifier d'instruits et d'intelligents..."

Choix de maximes consolantes sur l'amour (1846) : "Quiconque écrit des maximes aime charger son caractère ; - les jeunes se griment, - les vieux s'adonisent. Le monde, ce vaste système de contradiction, - ayant toute caducité en grande estime, - vite, charbonnons-nous des rides ; - le sentiment étant généralement bien porté, enrubannons notre coeur comme un frontispice..."


retour
table des auteurs et des anonymes