Dictionnaire infernal ou Bibliothèque universelle...
par
Collin de Plancy
(1826)
 
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PLANCHES

Page de titre
DICTIONNAIRE INFERNAL, ou BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE, Sur les Etres, les Personnages, les Livres, les Faits et les Choses  QUI TIENNENT AUX APPARITIONS, A LA MAGIE, AU COMMERCE DE L'ENFER, AUX DIVINATIONS, AUX SCIENCES SECRÈTES, AUX GRIMOIRES, AUX PRODIGES, AUX ERREURS ET AUX PRÉJUGÉS, AUX TRADITIONS ET AUX CONTES POPULAIRES, AUX SUPERSTITIONS DIVERSES, ET GÉNÉRALEMENT A TOUTES LES CROYANCES MERVEILLEUSES, SURPRENANTES, MYSTÉRIEUSES ET SURNATURELLES ; PAR M. COLLIN DE PLANCY Deuxième édition, entièrement refondue, PLANCHES : ASTROLOGIE ; CHIROMANCIE ; CRANOLOGIE ; TOMBEAU DE DAGOBERT ; MÉTOPOSCOPIE ; PHYSIONOMIES HUMAINES ET ANIMALE COMPARÉES ; RÉCEPTION D'UNE SORCIÈRE ; DÉPART POUR LE SABBAT ET ARRIVÉE AU SABBAT, D'APRÈS TÉNIERS ; TALISMANS, PANTACLES, CERCLE MAGIQUE ; FRONTISPICE ; FAC SIMILÉ DU PACTE D'URBAIN GRANDIER ; FAC SIMILÉ DE L'ÉCRITURE DU DIABLE, AVEC LA SIGNATURE DES SEPT DÉMONS. PARIS. A LA LIBRAIRIE UNIVERSELLE DE P. MONGIE AÎNÉ, BOULEVART DES ITALIENS, N°. 10. 1826

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Frontispice Comme un colosse immense, enjambant les deux mers,
La Superstition règne dans l'univers
THOMAS.

C'est la Superstition foulant aux pieds la Raison, l'Humanité et la Nature. Elle est entourée d'êtres fantastiques effrayans, porte des oreilles d'âne, un bandeau sur les yeux, un poignard, une torches et des chaînes.
On l'a aussi représentée quelquefois sous les traits d'une vieille femme chargée d'amulettes, de chapelets, de grains bénits et de talismans.

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Astrologie Un astrologue un jour se laissa choir
Au fonds d'un puits. On lui dit : Pauvre bête
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête .
LA FONTAINE.

Ils y lisent pourtant ; et jadis on ne faisait rien sans les consulter. Pour tirer les horoscopes, ils se servaient d'une figure où ils enfermaient les douze maisons du Soleil (ou signes du zodiaque) dans douze triangles disposés comme on le voit sur la planche ci-jointe, entre deux lignes. Quelquefois on plaçait douze triangles entre deux cercles l'un dans l'autre. L'astrologue cherchait l'état du ciel à l'heure où la personne était née, traçait la figure de chaque planète auprès de la constellation avec qui elle se trouvait en conjonction, et prophétisait en conséquence. Voyez l'article Astrologie, tome Ier.

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Chiromancie Quid in man omnium signat ut noverin
singuli opera sua
JOB.

« Le ciel a mis dans votre mains le secret de vos destinées »


Il faut, comme on l'a dit, prendre la main gauche de la personne à qui l'on veut dire la bonne aventure, y chercher les lignes et les montagnes indiquées dans la figure ci-jointe, et les expliquer selon les principes de l'art que nous devons aux Bohémiens, quoiqu'il fût connu du temps de Job. Voyez l'article Chiromancie, tome II.

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Crânologie Mais cet homme avait le crâne
Dur comme celui d'un âne ;
Et l'on n'y imprimait rien
Qui pût profiter à bien.
Vieille chanson.

Nous n'ajouterons rien à l'article Crânologie, t. II. Cette planche servira l'amateur dans la recherche précise des bosses, protubérances, ou organes découverts sur le crâne, et savamment expliqués par M. le docteur Gall. Voyez l'article Crânologie.

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Tombeau de Dagobert Quand Dagobert mourut,
Le diable aussitôt accourut.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi !
Satan va passer,
Il faut vous confesser ;
Hélas ! dit ce bon roi,
Ne peux-tu pas mourir pour moi ?
Chanson du roi Dagobert.


Le devant du tombeau de Dagobert, représenté dans la planche ci-jointe, est expliqué à l'article Dagobert, tome II. Ce tombeau est maintenant dans la basilique Saint-Denis, où M. Debray, architecte, l'a fait scier en deux, afin de montrer aux curieux le devant et le derrière. Les sculptures du devant sont pour le roi, le derrière est pour la reine.

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Métoposcopie Le front est un miroir où l'âme se déploie.
RACINE, fils.

La figure, dont nous ne dirons qu'un mot, est ici pour donner une parfaite intelligence de la métoposcopie (art de dire la bonne aventure par les rides du front). On voit quels sont la disposition et le nom de ces lignes. Voyez l'article Métoposcopie, tome IV.

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Physionomie humaine comparée à l'animale. Les quatre planches ci-jointes servent à préciser les ressemblances entre la figure de l'homme et celle des animaux. Platon ressemble, dit-on, à un chien de chasse, d'autres à un boeuf, à un lion, à un chameau, à un singe, à un aigle, à un pourceau, à un âne, etc., etc. Voyez l'articlePhysiognomomie, t. IV. vers l'image agrandie
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Départ pour le Sabbat,
d'après TENIERS.
Sur un vite cheval elles fendent les airs,
Prenant, dans l'horreur de ces tristes déserts,
La mensongère forme
D'un corbeau, d'un taureau, d'un bouc affreux à voir,
Ou d'autre bête énorme
Courant des Africains le barbare terroir.
G. GUAY, le Sabbat.

Il y a dans cette peinture du départ pour le sabbat des choses très-exactes. On voit la sorcière s'envolant par la cheminée, sur le manche à balai. C'était la manière la plus ordinaire de faire le voyage. Voyez l'article Sabbat, tome IV.
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Arrivée au Sabbat,
d'après TENIERS.
Le lieu est pâle, affreux, profane, déserté ;
De toutes parts s'y voit la mort, la cruauté ;
Là, les eaux avernales
Leur servent de boisson, là, l'objet odieux
Des ombres infernales
Trouble trompeusement leur aspect chassieux.
G. GUAY, le Sabbat.

Il paraît que l'assemblée n'est pas encore réunie. Pour tout ce qui se passe dans ces orgies nocturnes, voyet l'article Sabbat, tome IV.

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Réception d'une sorcière L'univers les redoute, et leur force inconnue
S'élève impudemment au-dessus de la nue ;
La nature obéit à leurs impressions ;
Le soleil étonné sent mourir ses rayons ;
Sans l'ordre de ce dieu qui porte le tonerre,
Le ciel, armé d'éclairs, tonne contre la terre ;
L'hiver le plus farouche est fertile en moissons ;
Les fleuves de l'été produisent des glaçons ;
Et la lune arrachée à son trône superbe,
Tremblante et sans couleurs, vient écumer sur l'herbe.
BRÉBOEUF.

Mais pour faire toutes ces merveilles il faut être sorcier, et pour être sorcier, se faire initier aux grands mystères. C'est cette initiation qu'un peintre a voulu représenter dans la planche ci-jointe. On y voit des choses de fantaisie, avec beaucoup de traditions. Voyez l'article Sorciers, tome IV.

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Talismans et Pantacles Ces figures n'ont pas besoin d'explication. Les talismans sont des préservatifs certains, comme on sait. Les caractères qui environnent les deux figures de talismans sont écrits à rebours ; l'un contient ces paroles : Super aspidem et basiliscum ambulabis, etc. ; et l'autre celle-ci : Deus in adjutorium meum intende, etc.
Le pantacle est la figure qu'on trace à terre lorsqu'on veut appeler le diable, et dans laquelle on se place durant l'évocation.
Le cercle magique est la figure dans laquelle se place le diable quand il paraît. Il faut le tracer devant le pantacle, en se tournant vers l'Orient.

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Pacte d'Urbain Grandier
TEXTE

Domine magisterque Lucifer, te Deum meum et principem agnosco, et polliceor tibi servire et obedire quandiù potero vivere. Et renuncio alterum Deum, et Jesum Christum et alios sanctos atque sanctas, et Ecclesiam Apostolicam et Romanam et omnia ipsius sacramenta et omnes orationes et rogationes quibus fideles possint intercedere pro me ; et tibi polliceor quod faciam quotquot malum potero, et attrahere ad mala peromnes ; et abrenuncio chrisma et baptismum, et omnia merita Jesus Christi et ipsius sanctorum ; et si deero tuae servituti et adorationi ; et si non oblationem mei ipsius fecero, ter quoquo die, tibi do vitam meam sicut tuam.
Feci hoc anno et die,
URB. GRANDIER,
Extractum ex inferis.

TRADUCTION

Monsieur et maître Lucifer, je vous reconnais pour mon dieu et mon prince, et promets de vous servir et obéir tant que je pourrai vivre. Et je renonce à un autre Dieu, ainsi qu'à Jésus-Christ, aux autres saints et saintes, et à l'Église Apostolique et Romaine, à tous ses sacremens et à toutes les oraisons et prières par lesquelles pourraient intercéder pour moi ; et je vous promets que je ferai tout le mal que je pourrai ; que j'attirerai tous autres au mal. Je renonce au chrême, au baptême, à tous les mérites de Jésus-Christ et de ses saints ; et si je manque à vous servir et à vous adorer, et si je ne vous fais pas hommage trois fois par jour, je vous donne ma vie comme votre bien.
Fait cet an et jour,
URBAIN GRANDIER
Tiré des enfers

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Pacte des Démons avec Urbain Grandier
Nos pptens Lcfr, juvnte Stn, Blzbb, Lvtn, Elm, atq Astarot alîsq, hdie habems accept pct foederis Urb Grandr qui nobst ; et huic pollicem amorem mul. florem virginum decus mon. hon volup et op. fornicab triduo, ebriet illi cara er. Nobs offret semel in ano sag. sig. sub peds coculab sa Ecclae et nobs rogat ipsius erût ; q pact vivet an vig felix in trâ hom. et ven postea int nos maled D :
Fact in inf int coss daem,
SATANAS, BELZEBUB, LCFR, ELIMI, LEVIATHAN, ASTAROTH.
Sig pos. mag. diab et daem princp dom.,
BLBRTH, scrpt.

Cette pièce curieuse, et celle qui précède, nous viennent des archives de Poitiers, où elles étaient avant la révolution.

TEXTE ENTIER.

Nos praepotens Lucifer, juvante Satanâ, Belzebub, Leviathan, Elimi, atque Astaroth, aliisque, hodiè habemus acceptum pactum foederis Urbani Granderi qui nobis est ; et huic pollicemur amorem mulierum, florem virginum, decus monacharum, honores, voluptates et opes. Fornicabitur triduò ; ebrietas illi cara erit ; nobis offeret semel in anno sanguinis sigillum ; sub pedibus conculcabit sacra ecclesiae et nobis rogationes ipsius erunt ; quo pacto vivet annos viginti felix in terrâ hominum et veniet posteà inter nos maledicere Deo.
Factum in inferis inter consilia daemonum,
SATANAS, BELZEBUB, LUCIFER, ELIMI, LEVIATHAN, ASTAROTH.
Sigilla possuêre magister diabolus et daemones principes domini,
BAALBERITH, scriptor.

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