ROBERT, Arnault (18..-18..) : Explication du Tableau chronologique de l'Histoire générale des peuples et de leurs cultes....- Cinquième édition.- Paris : Imprimerie Poussin, 1832.- 15 p. ; 20 cm.
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EXPLICATION
DU
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
DE
L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES PEUPLES
ET DE LEURS CULTES,

PAR M. ARNAULT ROBERT
Auteur de divers ouvrages chronologiques, et Membre de plusieurs Sociétés savantes

AU MOYEN DE LAQUELLE
ON PEUT CLASSER DANS SA MÉMOIRE, EN QUELQUES HEURES, L'ORIGINE DES PRINCIPAUX PEUPLES DU MONDE, ET LES RÉVOLUTIONS
 QUI ONT EU LIEU DANS LEUR HISTOIRE POLITIQUE ET DANS LEUR HISTOIRE SACRÉE,
EXPOSÉES L'UNE EN REGARD DE L'AUTRE.



INTRODUCTION.

Avant de développer le système de composition de ce tableau, il est peut-être à propos de donner une explication préliminaire ; la voici :

La science de l'histoire se considère de deux manières : ou l'étude qu'on en fait n'est que spéciale, suivant qu'on ne s'occupe que de l'une de ses branches quelconque, en particulier, comme l'histoire de France, l'histoire d'Angleterre, etc., alors on ne connaît que des faits isolés, dont les rapports avec les faits généraux ne peuvent être marqués ; ou cette étude est générale, suivant qu'elle embrasse à la fois toutes les parties diverses de l'histoire, ancienne et moderne, profane et sacrée, et l'on obtient alors cet avantage, que les faits, toujours comparés entre eux, soit dans les annales du même âge, soit avec les temps qui ont précédé ou suivi, présentent partout des rapports qui instruisent, ou qui satisfont la curiosité.

EXPLICATION.

MÉCANISME DU TABLEAU.


Le plan principal du tableau présente une chronologie de l'histoire générale ou universelle, ancienne et moderne, profane et sacrée, dont les branches nombreuses sont figurées par des fleuves ou échelles emblématiques, qui en marquent toutes les révolutions, toutes les fluctuations diverses. La largeur de ces fleuves augmente ou diminue en raison directe des conquêtes qui ont accru le domaine des peuples, ou des pertes qui l'ont affaibli. Les peuples conquis disparaissent sous la couleur des peuples vainqueurs ; mais si l'on veut suivre, encore après leur chute, leur histoire particulière, on se reporte alors à la chronologie générale ; nous en donnerons des exemples.

Les nuages qui recouvrent le sommet du tableau, considérés comme source, présentent en différens temps l'origine des peuples les plus anciens ; les époques sont marquées par des chiffres, dans les colonnes placées sur les deux côtés, auprès du cadre, et auxquels correspondent, de siècle en siècle, des lignes horizontales qui traversent le tableau.

On voit dans ces colonnes diverses manières de supputer les temps, selon qu'on veut suivre les années de la création, celles qui ont précédé Jésus-Christ, les olympiades, dont la première répond à l'an 3208 du monde, ou les années de Rome, qui commencent l'an 3230, époque de la fondation de cette ville. Toutes ces supputations sont combinées dans un système unique. A l'époque de J.-C. commence une nouvelle échelle des temps, qui succède aux anciennes, et descend jusqu'à nos jours : c'est l'ère dionysienne ou vulgaire.

Les chiffres que l'on trouve dans les fleuves, à côté de l'inscription des faits, en expriment les dates précises ; et, pour savoir à quels siècles appartiennent ces dates, on suit les lignes horizontales qui correspondent sur les côtés aux échelles des temps. Ainsi, si l'on trouvait dans un fleuve le nombre 25, ou le nombre 50, on suivrait la ligne horizontale placée au-dessus, et, si elle correspondait, par exemple, au 26e siècle (an 2500 du monde), on reconnaîtrait aisément que ces nombres 25, ou 50 exprimeraient les dates précises de 2525, ou 2550.

D'après cet exposé, il sera facile de nous suivre dans l'analyse explicative du tableau.

Recherchons d'abord les peuples de la plus haute antiquité, et faisons remarquer, en passant, que la chronologie ne pouvant s'appuyer que sur des traditions dont elle sert à fixer les époques, admet bien dans ses classifications toutes les découvertes réelles touchant l'origine des peuples , mais qu'elle repousse aussi toute espèce d'hypothèse et de controverse par la raison qu'il lui est impossible d'établir des rapports de temps et d'époques sur de simples conjectures. Cette science, qui n'est autre que celle des dates, et qui , par conséquent, n'admet point d'opinions, attend donc des découvertes positives pour accroître ou rectifier ses élémens, qui ne doivent jusque-là reposer que sur les traditions appelées classiques et vulgaires.

HÉBREUX.

Nous voyons sortir des nuages, à gauche, le fleuve des Hébreux, de couleur orangée, qui donne, suivant les livres de Moïse, l'histoire des premiers siècles de ce peuple. On y voit d'abord la succession généalogique des Patriarches, ensuite la chronologie des Juges, celle des Rois et celle des Pontifes qui ont gouverné le peuple hébreu ou juif, celle des Prophètes, et celle de tous lesfaits mémorables dans l'histoire de l'Ancien-Testament. Les schismes qui se sont opérés dans le culte judaïque en sortent, à gauche, sous la forme de fleuves, qui changent la couleur primitive. Au temps de J.-C. après l'an 3984 du monde, ce grand fleuve se divise, et présente, à gauche, le fleuve des Juifs et de leurs sectes diverses qui se continue nos jours, et à droite, un fleuve particulier consacré à l'histoire du Christianisme, qui comporte les chronoloqies des Papes, des Antipapes, des Conciles, des Schismes, des Sectes dissidentes et de tous les événemens remarquables dans l'histoire du Christianisme.

CHINOIS.

Ce peuple est d'une origine fort douteuse. Le fleuve rouge , à droite qui lui est consacré, commence l'an 1777 du monde, époque supposée du règne de Yao, son premier souverain. On le voit parcourir une longue suite de siècles sans éprouver aucun changement ; c'est que, pendant toute cette période, l'empire des Chinois ne fit aucune perte, et ne s'agrandit point par des conquêtes. Tout cet espace est rempli par une esquisse de l'histoire de leur culte. On y remarque, en l'an 3455 , l'établissement de la doctrine de Confucius, qui est une époque célèbre dans l'histoire du peuple chinois. L'an 52 de J.-C., Foé crée en Chine un nouveau culte qui dure encore. Depuis les premiers siècles du Christianisme jusqu'à nos jours, l'histoire religieuse des Chinois est continuée dans le fleuve de couleur verte des idolâtres ; mais leur histoire politique se retrouve dans le fleuve de la chronologie générale, de couleur bleue, qui est placé à droite. On y voit, qu'en l'an 1259 après J.-C., la Chine est envahie par les Mogols, nation tartare, qui, en l'an 1212 , avaient déjà soumis la Perse et l'Asie-Mineure. L'an 1368, les Mogols sont chassés de la Chine. Ce qui se rapporte ensuite à l'histoire politique de ce pays se trouve établi dans la, continuation du même fleuve, qui descend jusqu'à l'époque actuelle.

ÉGYPTIENS.

Après les Hébreux et les Chinois . les deux peuples qui occupent le premier rang dans l'antiquité sont les Egyptiens et les Assyriens. Nous commencerons par les Egyptiens. Leur fleuve, de couleur prend naissance l'an 1809 du monde, époque supposée de la fondation de la première monarchie, par Ménès, qu'on croit être le même que Mesraïm , petit-fils de Noé.

Au 20e siècle, on remarque la fondation de Thèbes et de Memphis. Au 24e et au 25e siècle, trois ruisseaux qui se détachent du fleuve indiquent l'émigration de Cécrops, qui passe en Grèce pour y fonder Athènes, celle de Cadmus, qui fonde Thèbes en Béotie, et celle de Danaüs qui passe à Argos. Le fleuve des Egyptiens n'éprouve aucun changement remarquable jusqu'à l'an 3459, époque de leur défaite par Cambyse, roi des Perses, auxquels ils sont entièrement soumis, et dont la couleur verte fait disparaître la couleur bleue des Egyptiens. L'an 3653, tous les pays de la domination des Perses, dans lesquels l'Égypte est comprise, sont soumis aux Grecs et aux Macédoniens réunis (consultez le fleuve des Grecs, à cette époque) ; on voit, en effet, dans le fleuve de la chronologie générale ou comparée, Alexandre-le-Grand soumettre l'Egypte l'an 3653. En continuant le même fleuve, on voit, l'an 3677, l'Egypte former un nouveau royaume ; elle fut donnée aut premier des Ptolémées, lors des divisions qui s'opérèrent après la mort d'Alexandre. L'an 3954, les Romains viennent, après les Perses et les Grecs, imposer leur joug à l'Egypte, qui reste sous leur domination jusqu'au temps de la division de l'empire romain entre Arcadius et Honorius, l'an 395 de J.-C. ; alors elle entre dans la composition de l'empire d'Orient, sous Arcadius, d'où elle ne sort que par la conquête des Mahométans, l'an 638 (voyez le fleuve des Mahométans, de couleur violette). Si l'on prend alors le fleuve des Mahométans pour suivre l'histoire de l'Egypte, on y remarque, en 868, l'établissement des Tulunides, qui y fondent un califat. Elle reste indépendante sous le gouvernement des Tulunides, des Fatimites, puis des Curdes ou Mamelucks, jusqu'à l'an 1517, que, soumise aux Turcs ottomans, elle devient une des provinces de leur empire.

ASSYRIENS ET PERSES.

L'empire des Assyriens, dont le fleuve rouge est situé vers le milieu dit tableau, paraît, suivant l'histoire, avoir été fondé par Nembrod, qu'on suppose fils de Cham, l'an 1809 du monde , pendant que Ménès fondait l'empire des Egyptiens. L'histoire de tous les peuples d'une haute antiquité, qui ont habité les premiers ces contrées orientales, se combine dans le fleuve qui les représente tous, celui des Assyriens. On voit dans ce fleuve les époques de la fondation des villes de Babylone, par Sémiramis, de Damas, par les Syriens, de Sidon, par les Phéniciens (voyez en même temps la chronologie générale). Les peuples de l'Asie-Mineure, Phrygiens, Troyens, Lydiens, qui doivent leur origine aux premiers, sont représentés par un fleuve de même couleur, qui touche celui des Assyriens, et s'y réunit.

Une esquisse de leurs cultes divers fait comprendre que les mêmes croyances religieuses régnaient dans tous ces vastes pays. L'an 2800, on y remarque la ruine de Troie, figurée par un ruisseau qui, du fleuve de l'Asie-Mineure, découle dans celui des Grecs. On voit ensuite l'Asie-Mineure passer sous la domination des Grecs, et accroître la largeur de leur fleuve. L'an 3275, les Mèdes, révoltés sous Arbace qui fait la conquête du royaume d'Assyrie, forment un empire indépendant. L'an 3360 , Babylone et Ninive forment aussi des états séparés.

L'an 3434, les Mèdes se réunissent aux Perses, dont l'origine paraît remonter à l'an 3100, suivant le fleuve de couleur verte qui leur est consacré. Babylone et Ninive conquises par Cyrus l'an 3453, viennent encore agrandir le domaine des Perses, de même que l'Egypte, soumise par Cambyse l'an 3459. Les Perses continuent ainsi de régner en Orient jusqu'au temps de la conquête d'Alexandre-le-Grand, l'an 3653 (voyez Macédoniens et Grecs).

GRECS.

Les Grecs, un peu moins anciens que les Egyptiens et les Assyriens, datent de la fondation de Sicyone, par Egyalée, l'an 1915. En descendant leur fleuve on voit Inachus fonder Argos, l'an 2127 ; plus bas, Lelex qui fonde Lacédémone, l'an 2406 , puis Cécrops et Cadmus, qui, venus d'Epypte , fondent en Grèce Athènes et Thèbes, Danaüs qui passe de l'Egypte à Argos, et les fondations successives des royaumes de Corinthe, d'Elis et de Mycène. De petits ruisseaux, placés à gauche, indiquent les émigrations des peuples de la Grèce qui sont allés habiter l'Italie. Le fleuve des Grecs s'augmente ensuite des conquêtes de Troie et de l'Asie-Mineure, et parcourt plusieurs siècles sans éprouver aucun changement ; mais, l'an 3445, les Grecs perdent l'Asie-Mineure soumise aux Perses par Cyrus. C'est à cette époque, et pendant le siècle qui a précédé et les deux siècles qui ont suivi, que l'on voit inscrits, sur le fleuve des Grecs, les noms de Thalès, de Pythagore, de Démocrite, de Socrate, de Platon, d'Aristote, de Zénon, de Pyrrhon, d'Epicure, dont les systèmes philosophiques ont marqué des époques dans l'histoire de la Grèce. La Thrace prend son origine vers l'an 3400 ; l'Epire paraît au siècle suivant.

La Grèce et toutes ses possessions sont conquises l'an 3626, par Philippe, roi de Macédoine (voyez ci-après).

MACÉDONIENS ET GRECS.

La Macédoine doit son origine à Caranus, qui a fondé ce royaume l'an 3170. Philippe II, l'un de ses rois, père d'Alexandre-le-Grand, ayant gagné sur les Grecs la bataille de Chéronée, l'an 3626, tous les états de la Grèce furent soumis à sa domination. Alexandre lui succède dans le gouvernement général de la Grèce. Aussitôt des conquêtes nombreuses viennent agrandir l'empire des Grecs (voy. la chronologie générale). L'an 3653, la Perse, tous les états qui en dépendent, même l'Egypte, sont soumis par Alexandre, et viennent, en changeant de couleur, grossir le fleuve des Grecs, qui, fort large en cet endroit représente un empire immense. L'an 3677 (voyez la chronologie générale), cet empire se divise, après la mort d'Alexandre, et forme les nouveaux royaumes de Macédoine et d'Egypte, et en 3683, à la suite de la bataille d'Ipsus , les royaumes de Pont, de Bythinie, de Pergame, de Syrie, etc. L'an 3838 , époque de la destruction de Corinthe par Mummius, tous ces états différens ont été successivement soumis par les Romains, qui dominent alors tout l'empire des Grecs (voyez toujours la chronologie générale, et la fin du fleuve des Grecs) ; quelques états, qui leur restent à conquérir, se soumettent un peu plus tard.

Ici s'interrompt le fleuve des Grecs, qui ne reparaît plus ; la gloire de ce peuple est passée.

L'an 395 de J.-C. (voyez la chronologie générale), Arcadius et Honorius se partagent l'empire romain. Arcadius règne en Orient ; il possède la Grèce et ses dépendances, et fixe son siége à Constantinople. Ce nouvel empire est lui-même divisé en 1204,  et forme l'empire des Latins et l'empire des Grecs : mais, l'an 1261, les Grecs mettent fin à l'empire des Latins. L'an 1453, le sultan Mahomet II envahit Constantinople et toute la Grèce, sous Constantin Paléologue ; et depuis la Grèce est restée soumise à la domination des Turcs Ottomans. Les Grecs ont fait diverses tentatives pour recouvrer leur indépendance ; elles ont échoué pendant longtemps, et n'ont servi d'abord qu'à rendre leur servitude plus insupportable. Enfin , une insurrection générale éclate en Grèce et dans les îles voisines du Péloponèse, en 1821 , et les Grecs ont été, pendant plusieurs années, en lutte avec les Turcs. La France a pris une grande part dans ce différend (voyez au fleuve de l'histoire de France, en 1827, l'intervention armée des trois puissances, et en 1828, l'expédition des Français en Morée) ; et la Grèce a acquis, sous la protection particulière de la France, un gouvernement libre et indépendant.

ITALIENS. ROMAINS.

A côté du fleuve des Grecs, à gauche, est le fleuve rouge des Italiens, dont les premiers habitans paraissent dans l'histoire vers le 22e siècle. Diverses petites branches ou ruisseaux, qui viennent se jeter dans ce fleuve, désignent les diverses colonies d'Arcadiens, de Thessaliens, de Troyens et de Paphlagoniens qui, partis de la Grèce ou de l'Asie-Mineure, viennent s'établir en Italie. L'an 3230, apparaissent les Romains, dont la nouvelle ville devient, quelque temps après, la capitale de toute l'Italie. Ils soumettent l'Etrurie l'an 3701, puis la grande Grèce, ou basse Italie, l'an 3716, puis l'Espagne, l'an 3778 ; alors toutes les possessions des Grecs, la Perse, la Syrie et l'Égypte, soumises-par les Romains, rentrent dans la composition de leur grand empire. Un siècle plus tard, l'an 3934, Jules César, après huit ans de combats met fin à l'indépendance des peuples de la Gaule (voyez  le fleuve de l'histoire de France). Ces contrées deviennent des provinces de l'empire ; et la Grande-Bretagne, conquise par les Romains, jusqu'à l'Humber, l'an 51 de J.-C., est encore érigée en province, l'an 84.

Le grand fleuve de l'empire des Romains descend, sans éprouver aucun changement, jusqu'à l'an 324, époque remarquable dans l'histoire par la conversion de Constantin-le-Grand, qui établit le Christianisme dans tous les pays de sa domination. Alors le grand fleuve des Romains, composé de tous les pays qu'ils avaient conquis, s'anéantit et disparaît sous la couleur orangée du fleuve des Papes, dont le domaine spirituel s'agrandit et s'étend dans tous les pays de l'empire.

Mais, pour continuer l'histoire politique des Romains, on se reporte, naturellement au grand fleuve de la chronologie générale. On y voit, en l'an 330 de J.-C., Constantin fixer le siège de l'empire à Constantinople, et en préparer ainsi la division prochaine, pendant que Rome continue d'être la capitale du monde chretien. Un peu plus tard, l'an 395, s'opère le partage de l'empire entre Arcadius, qui reste maître de l'Orient, et Honorius, qui gouverne l'Occident. L'an. 476  les Hérules envahissent Rome et mettent fin à l'empire d'Occident ; ils sont eux-mêmes soumis, l'an 493, par les Ostrogoths, dont la monarchie est anéantie ensuite par Justinien, empereur des Grecs ou d'Orient, l'an 553. Les Lombards succèdent aux Grecs, l'an 568, dans la possession de Rome ; enfin, l'an 755 (voyez le fleuve de l'histoire de France, en jaune, à côté de celui de la chronologie générale), Pépin le Bref, roi de France, met fin à la domination des Lombards, et à celle des Grecs qui conservaient encore en Italie l'Exarchat de Ravenne, et fait don au pape Etienne III (voyez le fleuve des Papes) des possessions qu'il avait conquises. C'est l'origine de l'état de l'Eglise, ou du pouvoir temporel des Papes, qui depuis ont gouverné exclusivemen t la ville de Rome.

De petits états s'étant formés en Italie, après le partage de l'empire de Charlemagne, sous Louis-le-Bègue, l'an 877, plusieurs appartiennent, depuis ce temps, à des princes de la maison impériale d'Allemagne, au-jourd'hui maison d'Autriche. Naples et la Sicile forment un royaume de puis l'an 1059. L'île de Sardaigne, réunie au duché de Savoie, érigé l'an 1416, et composé de l'ancienne Gaule cisalpine, forme aussi un royaume depuis l'an 1720 (voyez , pour tous ces faits, la chrondIogie générale, qui comporte aussi les evénemens du 19' siècle).

GAULOIS OU CELTES, ET PEUPLES DE L'EUROPE OCCIDENTALE.

GAULOIS. FRANCS. FRANÇAIS.

Les Gaulois, qui sont inconnus dans l'histoire, avant le 24e siècle, sont représentés par un fleuve de couleur bleue, placé à gauche des Italiens. Une longue période de siècles s'écoule sans que l'on connaisse rien de leur histoire politique. Leur fleuve s'interrompt à l'an 3934, époque où les Romains font la conquête des Gaules et les divisent en provinces de leur empire.

Mais pour reprendre l'histoire des Gaulois, on consulte la chronologie particulière de l'histoire de France, de couleur jaune, à côté de la chronologie générale ; elle commence au 34e siècle, l'époque de l'émigration des Celtes, qui sont sortis de la Gaule pour aller fonder des établissemens en Germanie, et qui y ont donné naissance aux Francs, environ onze cents ans avant Pharamond. L'histoire des Gaulois se continue sur ce fleuve.

L'an 189 de J.-C., les Francs commencent à pénétrer dans la Gaule ; on les suit dans leurs guerres avec les Romains jusqu'au temps de leur constitution en monarchie, l'an 418, sous Théodomir, prédécesseur de Pharamond. L'avènement successif des divers souverains qui ont gouverné les Francs est établi sur le fleuve, avec ses dates, et se continue ainsi jusqu'à l'an 877 ; alors l'empire des Francs, qui se composait des Gaules, de l'Italie et de la Germanie conquises par Pépin-le-Bref et Charlemagne, est divisé sous Louis-le-Bègue ; et l'une de ces divisions, qui comprend les Gaules, reçoit le nom de royaume de France ; les Francs qui l'habitaient, ont pris, depuis ce temps, exclusivement le nom de François ou Français. On peut suivre encore après, en descendant jusqu'à nos jours, tous les faits importans de notre histoire. A l'an 1700, au temps de la première coalition de l'Europe contre la France, pour la succession d'Espagne, commence une longue série d'événemens remarquables, qui comprend la fin du règne de Louis XIV, le règne de Louis XV et celui de Louis XVI, le temps de notre première révolution, le règne de Napoléon, le retour et la chute de l'ancienne dynastie. On y voit tout ce qui se rapporte à l'histoire intérieure dus Français, de même que toutes leurs guerres, toutes les victoires qui les ont illustrés. Enfin, cette chronologie, après avoir marqué l'avènement de Louis-Philippe Ier, se termine à l'an 1832.

BRETONS. ANGLAIS.

Les premiers peuples qui ont habité les îles de la Grande-Bretagne paraissent remonter à une antiquité très élevée. Une tradition peu sûre a conservé les noms de quelques souverains qui régnaient, dit-on, sur les Pictes et les Ecossais, dans ces temps très reculés ; mais les autorités qu'on a recherchées à cet égard n'ont pas semblé assez graves pour qu'on les copiât dans le tableau de l'histoire générale. Comme ces peuples semblent avoir une origine commune avec les Gaulois et les autres peuples de l'Europe occidentale, qu'ils avaient d'ailleurs le même culte et des moeurs pareilles, on a jugé plus convenable de les grouper dans le fleuve des Gaulois (voyez ce fleuve).

Au temps de la domination des Romains sur les Gaules, les peuples de la Grande-Bretagne avaient déjà reçu l'influence des vainqueurs de l'Occident, et le culte des Romains commença à pénétrer chez eux lorsqu'il fut établi dans les Gaules, vers l'an 3934. Les Romains achèvent la conquête de la Bretagne jusqu'à l'Humber, l'an 51 de J.-C. (voyez le fleuve des Romains); alors ils y établissent des légions et des gouverneurs. L'an 84 de J,-C., la Grande-Bretagne devient province de l'empire (voyez la chronologie générale). L'an 395, l'empire est partagé ; Honorius régne en Occident; il rappelle les légions de la Bretagne. L'an 450 , les Saxons, peuple venu du nord de la Germanie, commencent à y pénétrer, et l'an 527, les Angles, autre peuple germain, viennent aussi s'y établir. Ils se divisent entre eux la Grande-Bretagne, et l'an 584, ils y fondent sept royaumes connus sous le nom d'heptarchie des Anglo-Saxons. L'an 827, Egbert-le-Grand, l'un des sept rois, met fin à l'heptarchie, et se constitue roi de toute l'Angleterre. L'Ecosse en reste encore séparée, puisqu'on voit, en l'an 839, Kenet II régner en Ecosse et soumettre les Pictes, peuple voisin. Les Anglais font la conquête de l'Irlande, l'an 1172. L'Ecosse se réunit à l'Angleterre, l'an 1603, lors de l'avènement au trône d'Angleterre de Jacques VI, roi d'Ecosse, successeur de Marie-Stuart, décapitée l'an 1587. Pour la suite de l'histoire d'Angleterre, voyez la chronologie générale.

ESPAGNOLS. PORTUGAIS.

Les peuples de l'Espagne ancienne et de la Lusitanie ou Portugal sont aussi regardés comme Celtes ou Gaulois d'origines ils avaient les lois et le culte des Celtes et des Bretons. Ils commencent à paraître dans le fleuve bleu qui est consacré aux Gaulois et aux autres peuples de l'Europe occidentale. Leur pays est conquis par les Romains l'an 3778, comme le marque un ruisseau qui se dirige du fleuve de l'Europe occidentale dans celui des Romains.

Pour la suite de leur histoire, on lit la chronologie générale. On y voit, à l'an 250 de J.-C., les Goths faire leur première invasion dans le midi de l'Europe, et pénétrer jusqu'en Espagne ; l'an 419, les Visigoths, issus des Goths, fonder une monarchie en Espagne ; l'an 713, les Sarrasins, disputer aux Visigoths la possession de ce pays, et cinq ans après, l'an 718, Pélage y fonder le royaume des Asturies. L'an 857, commence le royaume de Navarre ; l'an 914, le royaume de Léon ; l'an 1024, on voit s'anéantir la puissance arabe en Espagne ; l'an 1033, la fondation du royaume de Castille ; l'an 1035, celle du royaume d'Arragon ; l'an 1139, celle du royaume de Portugal. Enfin, l'an 1479, Ferdinand et Isabelle, réunissant leurs états, fondent le royaume d'Espagne. L'an 1640, le Portugal se sépare de royaume d'Espagne, sous Jean IV de Bragance. Pour la suite, continuez le fleuve.

GERMAINS, ET PEUPLES DU NORD DE L'EUROPE.

Le fleuve de couleur jaune, qui représente ces peuples, descend au travers d'un grand nombre de siècles, sans marquer aucun changement; car leur histoire politique est inconnue dans ces premiers temps.

Mais, au fleuve de la chronologie générale, on voit, à l'an 3870, la guerre des Romains contre les Cimbres et les Teutons, peuples de la Germanie ; l'an 3926, les Germains vaincus par César ; l'an 3972, Drusus, commencer ses campagnes en Germanie ; l'an 9 de J.-C., Varus vaincu par Hermann ; l'an 14, la victoire de Germanicus sur les Germains ; l'an 58, la guerre des Hermundures et des Cattes ; l'an 166 , la guerre des Marcomanes ; l'an 215, la ligue des Allemands contre l'Italie etc., etc. En descendant le fleuve, on voit les Francs (consultez aussi le fleuve de l'histoire de France), les Vandales, les Goths, les Huns, les Alains, les Suèves, les Bourguignons, les Saxons, les Angles, les Lombards, sortir de la Germanie, pour envahir tout le midi et tout le couchant de l'Europe.

C'est depuis le 9e siècle jusqu'au 12e, que naissent successivement, en Germanie et dans les pays voisins, l'état de Venise, le royaume de Pologne, l'empire d'Allemagne, lors du démembrement de l'empire de Charlemagne, le royaume de Bohême, celui de Hongrie, etc. Voyez la suite jusqu'à nos jours.

PEUPLES QUI N'ONT PAS DE FLEUVES PARTICULIERS.

Tous les peuples divers qui habitent le globe, et particulièrement l'Europe, ne peuvent recevoir chacun sur le tableau de l'histoire générale un fleuve particulier ; il faudrait composer ce tableau sur des dimensions trop étendues. Il suffit donc de présenter ceux qui doivent occuper les premières places et desquels naissent tous les autres. On a vu, par les exemples déjà donnés, comment on trouve, dans le fleuve de la chronologie générale, l'origine des peuples, ou plutôt des états modernes de l'Espagne, de la Germanie, de l'Italie, etc. Ces premières indications suffisent ; elles servent de point de départ, et l'on retrouve, en descendant le fleuve, tout ce qui se rapporte à l'histoire particulière de ces peuples. Si l'on veut s'occuper de quelque peuple qui n'est pas compris dans les exemples donnés sur cette notice, des Russes, par exemple, on cherche sur la chronologie générale, et l'on trouve, à l'an 862, l'origine de leur empire ; pour les Danois et les Suédois, c'est à l'an 78o ; pour les Norvvégiens, l'an 85o ; pour les Turcs Ottomans, l'an 1281 ; pour les Persans, l'an 1499, etc., etc. Le moyen de n'en perdre aucun, c'est de se reporter à la période de la chronologie générale, intitulée Formation des états modernes, qui commence au 9e siècle. On peut consulter encore, pour la chronologie particulière de chaque peuple, le petit Dictionnaire historique universel du même auteur.

INDICATIONS ESSENTIELLES.

Le travail des recherches est pénible, il exige des efforts, de la réflexion, de la mémoire ; on s'en dispense à l'aide du tableau de l'histoire générale, où tous les faits sont présentés à la fois, soit qu'on les considère isolément, soit qu'on les juge dans leurs rapports. Tout y est simple et facile. Il suffit, pour se diriger à coup sûr, de jeter les yeux sur les divisions caractéristiques des grandes époques, qui sont écrites sur les bords des deux grands fleuves, placés sur les côtés du tableau, et de choisir l'époque à quelle appartiennent les faits dont on s'occupe. Le premier de ces fleuves, à droite, est celui de la chronologie générale. Il présente, de haut en bas, d'abord l'époque que les historiens s'accordent à appeler Temps Incertains ; elle comprend tous les faits antérieurs au déluge d'Ogygès, et finit au 24e siècle. Une autre période commence ensuite, ce sont les Temps Héroïques ou fabuleux, un peu moins obscurs que ceux qui ont précédé ; les temps héroïques commencent vers l'époque de la fondation de Lacédémone et d'Athènes, et finissent au temps de Lycurgue, c'est-à-dire au 32e siècle. Les temps appelés Historiques leur succèdent ; ils commencent vers le temps de la fondation de Rome, et finissent à l'époque de Jésus-Christ, où commence l'Age d'or de la monarchie romaine. En descendant le fleuve, on trouve successivement le temps de l'Invasion des Barbares : c'est alors que les peuples du nord ont envahi tous les pays de l'Europe ; puis le temps de la Gloire des Sarrasins, le temps de la Formation des états modernes, les temps de la Féodalité, de la Chevalerie, des Croisades, etc. ; la dernière époque est celle de l'Illustration des Français. Sur le fleuve opposé, à gauche, celui des Hébreux, on lit aussi, de haut en bas, l'époque des Patriarches, celle de la République d'Israël, celle de la Monarchie judaïque, celle de la Captivité, celle de l'Aristocratie sous la présidence des pontifes de Juda, etc. Un peu plus tard, au temps du Christianisme, on voit les Papes élus par le clergé et le peuple de Rome, pendant environ cinq cents ans ; une période égale succède à celle-là, et les Papes sont élus ou approuvés par les rois et les empereurs, etc. Sur le côté opposé du même fleuve, à partir de l'an 3400 du monde, commence le temps de la domination des Perses sur les Juifs ; aux Perses succèdent les Grecs, et aux Grecs succèdent les Romains, dont la domination s'étend à la fois sur le fleuve judaïque, qui se sépare à gauche, et sur le fleuve des Papes, qui se dirige à droite. L'an 476 de J.-C. les Hérules viennent soumettre Rome et dominer sur le fleuve des Papes. Les Ostrogoths succèdent aux Hérules quelques années après, puis les Grecs, puis les Lombards, puis les Francs ou Français, sous Pépin et Charlemagne. Mais alors le fleuve acquiert une indépendance parfaite, par les dons de ces deux souverains ; et cette époque du pouvoir temporel et absolu des Papes se continue jusqu'à nos jours.

RAPPORTS GÉNÉRAUX QU'IL EST AVANTAGEUX DE SAISIR DANS LE TABLEAU DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE.

Déjà une foule d'aperçus généraux viendront frapper l'esprit, si l'on fait le parallèle des deux échelles caractéristiques des temps dont on vient de parler. Quelques rapports saillans, qu'il est essentiel d'établir encore pour donner l'intelligence parfaite du tableau, vont terminer cette explication.

L'attention se porte d'abord sur l'origine des peuples les plus anciens, que l'on voit naître successivement des nuages, symbole de l'obscurité, et le premier rapport que l'on aperçoit marque l'origine simultanée ou contemporaine des Assyriens et des Egyptiens, même celle des Chinois, si elle n'était point douteuse. Le même rapport établit les intervalles qui ont séparé la naissance des différens peuples : ainsi les Grecs sont moins anciens de deux siècles que les Egyptiens et les Assyriens ; les Italiens, de trois siècles , l'Asie-Mineure de cinq siècles, et ainsi de suite.

Un autre rapport s'établit un peu plus tard : on voit que pendant que Cécrops, Cadmus et Danaüs partaient de l'Egypte pour porter dans la Grèce un commencement de civilisation, et y fonder des royaumes, des peuples de la Grèce émigraient et se répandaient dans l'Italie. Alors se bâtissaient en Grèce, Athènes, Lacédémone, Thèbes et Corinthe. C'était vers le temps du déluge de la Thessalie, sous Deucalion (voyez la chronologie générale), et de l'établissement des Amphictions dans la Grèce, un siècle avant le temps de Minos, le législateur de la Crète ; c'était au temps de Moïse et de la conquête du pays de Chanaan par les Hébreux (voyez le fleuve des Hébreux). Tout cela se passait environ trois siècles avant la guerre de Troie.

Vers l'an 3000, on lit sur la chronologie générale les noms d'Homère et d'Hésiode ; en suivant jusqu'au fleuve des Hébreux la ligne horizontale qui marque le siècle, on trouve les noms de David et de Salomon ; ainsi les poésies d'Homère et celles de David se composaient à la même époque. C'était, comme le marque le tableau , deux cents ans après la guerre de Troie.

Si l'on descend encore un siècle, on voit Didon fonder Carthage dans le temps que Lycurgue donnait des lois à Sparte, et que les Perses commençaient à former un peuple. C'était deux siècles après l'établissement des Grecs dans l'Asie-Mineure, un siècle après Homère, et soixante-quatre ans avant la fondation du royaume de Macédoine par Caranus. Didon était contemporaine d'Athalie et du prophète Jonas.

Environ un siècle après cette epoque, Rome est fondée, vingt-deux ans après l'établissement des jeux olympiques, onze ans avant la première guerre messénienne, quarante-cinq ans avant la conquête de l'Assyrie par Arbace. Romulus, fondateur de Rome, était contemporain du poète Tyrtée et du prophète Isaïe.

Les rapports se multiplient à l'infini sur ce tableau ; mais, pour laisser à chacun le plaisir de les trouver, nous ne nous arrêterons , dans notre marche rapide au travers des siècles, que sur quelques époques des plus importantes.

Nous arrivons au grand fleuve placé vers le milieu du tableau, et qui change trois fois de couleur ; il représente les révolutions qui ont produit les trois grands empires du moyen âge : celui des Perses, celui des Grecs et celui des Romains. On voit l'empire des Perses se former d'abord de la réunion de ces derniers avec les Mèdes, qui s'étaient séparés de l'empire d'Assyrie près de deux siècles auparavant, ensuite de l'Asie-Mineure et des royaumes de Babylone et de Ninive, conquis par Cyrus quelques années après, puis de l'Egypte soumise par Cambyse, successeur de Cyrus. Tous ces faits se sont accomplis dans l'espace de vingt-huit années. C'était au temps de l'origine de la Thrace. Cyrus est celui qui rendit la liberté aux Juifs, soixante-dix ans après la captivité de Joakim ; il était contemporain de Daniel, de Pythagore et de Sophocle. Cambyse, fils de Cyrus, était contemporain de Démocrite, du prophète Zacharie, de Confucius, de Tarquin-le-Superbe et d'Anacréon ; il vivait environ cinquante ans avant Socrate, près d'un siècle avant Platon.

Aux Perses succèdent lesGrecs dans la possession de l'empire de l'Orient, deux siècles après leurs devanciers. On voit Philippe, roi de Macédoine, contemporain de Socrate, de Platon et d'Aristote, soumettre d'abord les Grecs ; puis Alexandre-le-Grand , vingt-sept ans après, au temps de Pyrrhon, de Zénon et d'Epicure, faire la conquête de tous les états qui avaient appartenu aux Perses. Dès le même siècle, on voit ce nouvel empire se diviser d'abord, à la mort d'Alexandre, et former les nouveaux royaumes de Macédoine et d'Egypte; puis, six ans après, à la suite de la bataille d'Ipsus, donner naissance encore aux royaumes de Pont, de Bythinie, de Pergame et de Syrie.

Moins de deux siècles après les conquêtes d'Alexandre, on voit les Romains mettre fin à ces nouveaux états, pendant le même temps qu'ils détruisaient Corinthe et Carthage. Les Romains, qui avaient soumis auparavant toute l'Italie et l'Espagne, font ensuite la conquête des Gaules sous Jules-César, un siècle après la conquête de la Grèce et de ses dépendances ; et, cent ans plus tard, ils font de la Grande-Bretagne une province romaine. On voit leur empire durer environ cinq siècles dans toute sa splendeur, perdre un peu de son lustre après Constantin, au quatrième siècle, et s'anéantir quelques années plus tard, lors du partage fait par Arcadius et Honorius.

Le grand fleuve de trois couleurs diverses, qui est l'emblême de ces trois grands empires, présente une durée totale d'environ neuf siècles ; les Perses l'ont dominé pendant deux siècles, les Grecs pendant un temps à peu près égal, et les Romains pendant cinq siècles.

La chronologie des Francs ou Français, donne aussi des rapports tout faits. Elle commence onze cents ans avant Pharamond , au temps d'Ambigat, chef des Gaulois, qui régnait alors sur toute la Gaule transalpine, à l'époque de la fondation de Bisance, aujourd'hui Constantinople, au temps de Dracon et de Solon, législateurs d'Athènes, au temps de la fondation du Capitole de Rome, par Tarquin l'Ancien, de la destruction de Tyr, et de la fondation de Marseille par une colonie de Phocéens. Ambigat était encore contemporain de Thalès, de Sapho, d'Esope et de Nabuchodonosor, qui détruisit Jérusalem; il vivait environ un siècle avant Cyrus. A cette époque, le culte des Druides était fort répandu dans l'Occident ; les Bardes, nos premiers troubadours, florissaient dans la Gaule ; c'était - dans ce pays, dont les ports faisaient un grand commerce avec les peuples de l'Orient, que se fabriquaient les étoffes et les armes brillantes des Romains; et la santonique , alors en usage à Rome et dans tout l'Orient, avant la découverte du thé, se recueillait sur les côtes du pays des Santons, aujourd'hui la Saintonge. C'est au temps d'Ambigat que s'est faite la première émigration des Celtes ou Gaulois qui sont sortis de la Gaule, et dont quelques-uns sont allés dans le nord de la Germanie donner naissance aux Francs.

En descendant le fleuve, on voit la république de Marseille envoyer le savant Pithéas faire des découvertes dans le Nord, pendant le même temps que les généraux d'Alexandre se partageaient l'empire grec. On voit les Gaulois, qui avaient déjà battu les Romains près de l'Allia, les défaire encore, un siècle plus tard, auprès d'Arezzo, et pénétrer jusqu'en Thrace et en Galatie, pendant que les Romains soumettaient la grande Grèce et l'Espagne. On voit ensuite les Gaulois se joindre à Annibal pour faire la conquête de l'Italie, et, plus tard, les Gaules soumises par Jules César, cinquante ans avant la naissance de J.-C. C'est la treizième année de J.-C., et la dernière du règne d'Auguste, que les Romains fondent des académies à Autun, à Lyon, à Toulouse, et dans d'autres villes de la Gaule.

Vers la fin du deuxième siècle de l'ère nouvelle, on voit les Francs commencer les incursions dans la Gaule, au temps de Commode et de Septime-Sévère ; ils se liguent ensuite contre les Romains, et on les suit dans le cours de leurs guerres jusqu'au temps de leur constitution en monarchie, l'an 418, sous Théodomir, auquel a succédé Pharamond, deux ans après. A cette époque, le tribun Ursus détruit en Afrique les temples des païens, soixante ans après que l'empereur Julien l'Apostat avait permis aux Juifs de rebâtir Jérusalem. Les Alains, les Suèves, les Vandales et les Goths, autres peuples venus du nord de la Germanie, inondent la Gaule pendant le même temps. Mais vient Clovis, le premier de nos héros, qui repousse les barbares, met fin à la domination des Romains, et établit dans la Gaule la puissance des Francs, trois cents ans après leur première invasion. C'est au temps de la destruction de l'empire des Romains ou d'Occident, par les Hérules, sous Romulus Augustulus.

Le royaume des Francs est successivement divisé, affaibli par des pertes, et rétabli par des conquêtes, pendant les règnes qui ont suivi celui de Clovis, jusqu'au temps de Pépin d'Héristal et de Charles Martel, maires du palais sous les derniers rois de la première dynastie. Alors le royaume des Francs se consolide, et leur premier lustre commence à cette époque, vers le même temps que Mahomet, faisant ses conquêtes, prêche un nouveau dogme, et que des missionnaires chrétiens portent l'Évangile à la Chine et au Japon.

Pépin-le-Bref, successeur de Charles Martel, met fin à la première dynastie, et en commence une nouvelle. Son règne est marqué par de grandes conquêtes : il chasse les Sarrasins de la Gaule, défait les Lombards en Italie, et fait don au pape Etienne III de l'Exarchat de Ravenne, origine de la puissance temporelle des Papes. Charlemagne, qui lui succède, est l'un des plus grands rois du inonde, et marque une des plus belles époques de notre histoire; il détruit plusieurs empires, soumet toute l'Italie, l'Illyrie, toute la Germanie et une partie de l'Espagne : son empire devient immense ; le pape Léon III le couronne empereur d'Occident. Sous le règne de Charlemagne, les peuples de la Germanie commencent à embrasser le Christianisme. Louis-le-Débonnaire succède à Charlemagne. Les Normands, peuples du nord , brûlent Paris sous Charles-le-Chauve, fils de Louis, qui leur cède la Neustrie. Louis-le-Bègue, successeur de Charles-le-Chauve, divise le grand empire de Charlemagne, son bisaïeul, il cède l'Italie, qui devient un empire séparé, et la Germanie qui reçoit le nom d'empire d'Allemagne ; il ne conserve que la Gaule, exclusivement appelée, depuis ce temps, royaume de France, et les Francs prennent le nom de François ou Français. C'est à cette époque que la féodalité fut établie en France ; c'est pendant le même temps, que Photius opérait le fameux schisme de l'église grecque, que les Juifs rabbinistes, se séparant des Caraïtes, publiaient leur Talmud , ou loi orale ; c'est à la même époque que les Juifs et les Mahométans éprouvaient en Chine une persécution cruelle, à cause de leur religion.

Si l'on continue ainsi à mettre les faits en regard les uns des autres, on trouvera les rapports nombreux qui s'établissent partout d'eux-mêmes. En suivant jusqu'à nos jours le fleuve de l'histoire de France, on arrive à l'époque des Grands hommes, et à celle qui est caractérisée sous le nom d'Illustration des Français. On voit qu'au temps de notre célébrité et de nos conquêtes modernes, le fleuve des Français, considérablement agrandi, devient alors celui de tous les faits politiques de l'Europe ; on en juge mieux en continuant d'établir des rapports avec les autres fleuves.

Pour ajouter quelque intérêt à ce tableau, on a placé, entre le fleuve de l'histoire de France et celui de la chronologie générale, un petit fleuve de couleur rouge qui porte, siècle par siècle, les noms des hommes dont les productions remarquables ont marqué les différens âges de la science. Tantôt plus large, tantôt plus étroit, suivant les siècles plus ou moins féconds en grands hommes, il exprime d'une manière allégorique l'état des sciences, des lettres et des arts aux diverses époques de la civilisation. S'il est à regretter qu'en cet endroit l'espace ait manqué pour insérer toutes les célébrités possibles, c'est du moins un nouvel objet de comparaison, qui permet de faire encore des rapprochemens nombreux.

C'est ainsi que l'on découvre partout, sur le tableau de l'histoire générale, les rapports continuels qui existent entre les faits divers de l'histoire politique des peuples de tous les temps, et les événemens remarquables dans leur histoire sacrée.

DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES CULTES.

On a vu, dans le cours des fleuves qui occupent le sommet du tableau, l'histoire abrégée des cultes divers des peuples anciens ; on a vu les Romains faire la conquàte de toute l'Italie l'an 3701 et l'an 3716, celle de l'Espagne l'an 1778, de la Gaule transalpine l'an 3933, de la Grande-Bretagne l'an 51 de J.-C., et de toutes les possessions des Grecs, comprenant la Grèce, l'Asie-Mineure, la Syrie, la Perse, l'Egypte, etc. l'an 3838, et leur culte se répandre dans tous les pays de leur domination. Le fleuve des Romains, qui s'était agrandi de toutes ces conquêtes, se rapproche du fleuve du Christianisme, un peu après le temps de J.-C. Un nouveau dogme commence alors à se répandre dans toutes les vastes contrées de cet immense empire, et les Papes avaient fait de Rome la capitale du monde chrétien. Le grand fleuve des Romains commence à perdre de son étendue ; et, environ trois siècles après, l'an 324, époque de la conversion de l'empereur Constantin, il disparaît et se fond entièrement dans le fleuve des Chrétiens. Alors le sénat romain érige une statue d'or à Jésusl-Christ, l'empereur fait abattre les idoles et les temples des païens, le culte Druides est aboli dans l'Occident, et le Christianisme se répand dans tout l'empire. Mais déjà, depuis plus d'un siècle, les Gaules possédaient des évêques à Autun, Cambray, Lyon, Chartres, Marseille, Beauvais, Aix, Toulouse, Cahors, Albi, le Mans, Tours, Besançon, Périgueux, Amiens, Paris, Evreux , Bordeaux, Viviers, Rouen, Poitiers, Sens, Nantes, Soissons, Orléans, Meaux, Langres, Clermont, Metz, Bourges et Limoges.

Pour suivre l'histoire des cultes encore après cette époque, et pour se rapprocher de la nôtre, on consulte un autre fleuve placé entre le fleuve de l'histoire de France et celui des Papes, et dans lequel sont groupés, sous le nom d'Idolâtres, tous les peuples qui ne s'étaient pas convertis aux premiers temps du Christianisme. On en voit sortir successivement et à diverses époques, à gauche, les Frisons, les Bohémiens, les Danois, les Polonais, les Russes, les Hongrois, les Suédois, les Norwégiens, qui rentrent dans le fleuve des Chrétiens. Plus tard encore, ce sont les peuples de l'Amérique, qui , après le temps de leur découverte, reçoivent le Christianisme des Européens, et rentrent aussi dans le fleuve chrétien.

Au côté opposé du même fleuve, apparaissent les Mahométans, dont le fleuve, avec toutes ses ramifications, présente les conquêtes de leur culte ; on voit d'abord les peuples de la Chaldée, de la Perse, de la Phénicie, de la Palestine, de la Syrie, de l'Egypte, etc. , et ensuite ceux de l'Espagne, de l'Afrique occidentale, de la Sicile, etc. , qui étaient alors composés d'idolâtres, de Juifs et de chrétiens, rentrer dans le fleuve du nouveau culte. On, y remarque le petit fleuve du royaume de Jérusalem de couleur orangée, fondé par les Chrétiens au milieu des possessions des Mahométans, et dont la durée a été d'environ un siècle. Un peu plus tard, on y remarque encore les Ottomans, les Turcomans et les Mogols qui fondent les empires de Turquie, de la Perse moderne, et de l'Indostan, sur les débris du grand empire des Califes, premiers successeurs de Mahomet.
 
Les personnes qui aiment à s'occuper de tout ce qui se rattache à l'histoire du passé et même du présent, pourront consulter encore l'échelle chronologique des sectes dissidentes du Christianisme, établie au pied du Tableau de l'histoire générale, sur un plan accessoire. Cette échelle présente la filiation des sectes innombrables qu'a produites le Christianisme depuis son origine, et dont quelques-unes durent encore. Une première ligne qui traverse le tableau comporte, sur deux rangées, les noms des dissidences principales qui sont sorties immédiatement du Catholicisme. Dcs lignes, formées par des flèches, partent de ces sectes premières pour marquer la chaîne généalogique des sectes secondaires, dont les noms, avec les dates de leur origine, sont écrits sur le cours de ces lignes.

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OPINION DES JOURNAUX SUR LES PREMIÈRES ÉDITIONS DU
TABLEAU DE LA CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE.

Voyez :

le Journal général de la Littérature française, 3e Année, 1829, 3e Cahier.
le Journal des Débats du 21 Février 1829.
l'Album national du 4 Mars 1829.
le Bulletin universel des Sciences, livraison de Mars 1829.
l'Éclair, livraison de Mars 1829.
le Journal des savans, livraison de Mars 1829.
le Mentor du 7 Mars 1829.
le Courrier du 15 Mars 1829.
la Gazette de France du 20 Mars 1829.
le Mémorial, 6e Année, Tom XI, Mars 1829.
le Constitutionnel du 28 Mars 1829.
le Lycée, livraison d'Avril 1829.
le Journal de la Société de morale, fondé par M. de La Rochefoucault-Liancourt, Tom X, N° 66.
la Revue encyclopédique, ou Analyses raisonnées des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts. Tom XLI.
le Journal de Rouen du 29 Juin 1829.
le Journal du Havre du 27 Juillet 1829.
le Journal de la Normandie (Caen) du 2 Août 5829.
le Journal du Calvados (Caen) du 5 et du 9 Août 1829.
le Journal de la Manche (Saint-Lô) du 23 Août 1829.
l'Ami de la Charte (Nantes) du 18 Septembre 1829.
la Revue de l'Ouest (Nantes) du 23 Septembre r829.
le Journal de Maine-et-Loire (Angers) du 9 Décembre 1829.
le Défenseur de la Monarchie et de la Charte (Bordeaux) du 16 Avril 1830.
l'Indicateur (Bordeaux) du 29 Avril 1830.
le Propagateur (Bordeaux) du 29 Avril 1830.
le Mémorial Bordelais du mai 1830.
la France méridionale (Toulouse) du 13 Juillet 1830.
le Véridique (Montpellier) du 2 Septembre 1830.
le Phocéen (Marseille) du 27 Décembre 1830.
le Sémaphore (Marseille) du 15 Janvier 1831.
la Gazette du Midi (Marseille) du 4 Février 1831.
l'Écho de Vaucluse (Avignon) du 24 Mars 1831.
la Sentinelle Génévoise du 12 avril 1831.
la Gazette Vaudoise (Lauzanne) du 14 mai 1831.
l'Ami de la Charte (Clermont) du 4 Juin 1831.
le Journal du Commerce (Lyon) du 2 Juillet 1831 .
la Sentinelle nationale (Lyon) du 24 Juillet 1831.
le Précurseur (Lyon) an 9 Septembre 1831.
l'Impartial (Besançon) du 27 Novembre 1831.
le Courrier du Bas-Rhin (Strasbourg) du 19 janvier 1832.
l'Abeille (Amiens) du 21 mars 1832.
la Sentinelle (Amiens) du 28 mars 1832.
la Gazette de Picardie (Amiens) du 29 mars 1832.
le Courrier Lorrain (Nancy) du 5 avril 1832.
l'Indépendant (Metz) du 27 avril 1832.
le Patriote (Nancy) du 27 avril 1832.
l'Écho de Rouen du 18 Juillet 1832.

Voyez enfin la plupart des journaux politiques, littéraires ou scientifiques de Paris et des departemens


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